Nascar Canada… Pas de place à l’erreur !

Crédit photo : François Richard

J’avoue avoir eu de la difficulté à décider du titre de cette chronique, dont le but est de faire un retour sur la saison que vient de nous offrir la série NASCAR Canada. La première sous l’ère d’Alan Labrosse, qui, à vrai dire, n’a pas vraiment pu laisser sa marque puisque, lors de son arrivée, plusieurs décisions avaient déjà été mises de l’avant pour 2024.

Mais avant de vous parler de 2024, marquée par le second championnat en trois ans de Marc-Antoine Camirand (No. 96), je vais revenir sur le dernier week-end de course de la série présenté à Montmagny.

Un grand succès pour Montmagny !

L’idée de présenter un programme de course divisé en deux journées était géniale. D’ailleurs, de nombreux amateurs ont répondu à l’invitation en se rendant sur place en mode camping. En ce qui concerne la météo, la journée de samedi fut assez agréable, tandis que pour dimanche, il valait mieux porter une petite laine. 

Dans mon texte précédent, je vous ai parlé du programme de course de samedi, je vous épargnerai donc cette étape. La journée de dimanche a débuté par une séance d’autographes à laquelle la foule a bien répondu. J’en ai profité pour discuter avec plusieurs personnes, dont le commanditaire principal de Martin Goulet Jr. (No. 83), qui en était à sa première participation dans la série canadienne. Pour ajouter au bonheur de ses supporters, Goulet a placé sa monture en neuvième position sur la grille de départ, juste à côté du champion en devenir, Marc-Antoine Camirand (No. 96). 

Alex Labbé (No. 36) et Kevin Lacroix (No. 74) avaient l’honneur de lancer la meute pour le départ de l’épreuve de 250 tours XPN. Ils étaient accompagnés sur la deuxième ligne par Raphaël Lessard (No. 7) et Andrew Ranger (No. 27). Le premier segment a été dominé par Labbé (No. 36) et Lacroix (No. 74), qui ont mené pendant l’ensemble des 125 tours. Cependant, l’histoire fut différente dans la seconde partie pour le pilote de la voiture 36, dont les pneus rendaient la tenue de route capricieuse. 

De leur côté, Andrew Ranger (No. 27) et Dave Coursol (No. 54) ont vu leur journée de travail se terminer abruptement après un accrochage au milieu de l’épreuve. 

La majorité des gens retiendront de cette journée la victoire de Lacroix (No. 74) et le championnat de Marc-Antoine Camirand (No. 96). À mon avis, celui qui a volé la vedette est Will Larue (No. 45). Parti du 12ᵉ rang, il a su gérer sa course avec brio, préservant sa monture tout au long des 250 tours. Il a habilement remonté la meute pour se retrouver en deuxième position vers la fin du deuxième segment. Il aura donné du fil à retordre à Kevin Lacroix (No. 74) jusqu’à la toute fin. Alex Guénette (No. 39), Mathieu Kingsbury (No. 9) et l’expérimenté Donald Theetge (No. 80) complètent le top 5.

Sentiment de satisfaction

Les sourires fusaient de toutes parts après la course. L’équipe de Camirand était folle de joie. La plus grande satisfaction venait des gens de l’autodrome Montmagny. Ils peuvent sortir de cette première visite officielle de la série NASCAR Canada (si ma mémoire est bonne, la dernière visite de la série CASCAR remonte à 2002) la tête haute. L’autodrome a dû ajouter des estrades temporaires pour répondre à la demande. Les spectateurs étaient au rendez-vous, et les équipes de course ainsi que les pilotes les ont bien récompensés lors de la séance d’autographes matinale. 

Avec ce succès, il est presque certain que la série numéro un du sport automobile canadien y sera de retour en 2025. Est-ce que ce sera pour clore la saison ? Personnellement, j’alternerais entre les Maritimes, l’Ontario et le Québec. Si les dirigeants de NASCAR Canada voulaient terminer la saison de manière positive et sur une bonne note en vue de la prochaine saison, ils ont visé juste en allant à Montmagny. Félicitations à toute l’organisation. »

Un mot pour Kevin Lacroix

Je comprends la déception de Kevin Lacroix (No. 74) de ne pas avoir remporté le titre. Dans un calendrier de seulement 13 courses, la marge entre perdre et gagner un championnat est très mince. Dans l’ensemble, Lacroix a connu une saison exceptionnelle avec six victoires, dont les trois dernières épreuves de la saison. Ce qui a coûté cher au pilote de la voiture 74, c’est sa 28ᵉ place en début de saison à Bowmanville ainsi que sa 23ᵉ place à Trois-Rivières. À cela s’ajoute la malchance que ces deux mauvais résultats soient survenus lors des courses où le nombre d’inscrits était le plus élevé en 2024. Si cela était arrivé à Edmonton (12 inscrits) ou à Saskatoon (14 inscrits), les dégâts au classement auraient été moins importants. »

Les 3 amigos !

Je ne parle pas ici du film de 1986 mettant en vedette Chevy Chase, Steve Martin et Martin Short. J’avoue que plusieurs d’entre vous ne doivent même pas savoir de quoi je parle, car après tout, ce film approche les 40 ans… ça ne me rajeunit pas ! Je fais plutôt référence ici aux trois gladiateurs du bitume qui se sont partagés l’ensemble des victoires en 2024. Kevin Lacroix (6), Marc-Antoine Camirand (4) et Andrew Ranger (3) sont les seuls à avoir visité le cercle des vainqueurs cette saison. En 2023, cinq pilotes différents avaient remporté des épreuves, dont Ken Schrader, Alex Tagliani et Treyten Lapcevich. 

La présence d’un Alex Tagliani à temps plein a cruellement manqué. En plus d’être un sérieux prétendant à la victoire à chaque course, il aurait pu venir brouiller les cartes en grappillant des points précieux à ses compétiteurs qui se battaient pour le titre.

Le nombre d’inscriptions inquiétant ?

On ne se le cachera pas, la course automobile traverse une période de turbulences. Je crois que cela s’est ressenti dans la série NASCAR Canada. En excluant la course de Montmagny, seulement 7 compétiteurs ont participé à l’ensemble des courses en 2024. En 2023, 12 bolides avaient pris part aux 14 épreuves du calendrier. Cela représente tout de même 5 voitures de moins cette saison, avec une course en moins au programme. 

Un autre indicateur qui peut susciter des interrogations est le nombre de voitures inscrites à chaque course. Pour bien comprendre le phénomène, quoi de mieux qu’un petit tableau :

AnnéeNombre coursesPilotes Temps pleinNbr pilotes avec au moins une courseNbr inscription Max pour une courseNbr inscription Min pour une courseNbr Total InscriptionNbr inscription moyenne par course
2023141260301832223
2024137 (-41,6%)64(+6,66%)3112272 (-15,5%)21 (-8,7%)

Note : Au moment d’écrire ce texte, les statistiques officielles de la course de Montmagny 2024 n’étaient pas encore disponibles.

Il y a plusieurs éléments à retenir dans ce tableau qui soulèvent des questions sans pour autant provoquer la panique. Comme mentionné précédemment, le nombre de pilotes ayant fait l’ensemble des épreuves a diminué de 5, soit une baisse importante de presque 42 %. Avec une course en moins en 2024, on aurait pu s’attendre à un écart moins marqué. Cependant, on note une légère hausse d’environ 7 % du nombre de participants ayant fait au moins une course en 2024 par rapport à 2023. 

En ce qui concerne le nombre maximal d’inscriptions, cette statistique n’est pas très représentative pour comparer 2024 à 2023. Toutefois, la différence entre les courses avec le moins de participants est préoccupante. Les courses de Saskatoon et d’Edmonton ont vu 18 bolides en piste en 2023, tandis qu’en 2024, ce nombre est passé à 14 et 12 respectivement. Est-il encore pertinent pour la série de se rendre dans ces deux villes ? Les coûts de déplacement sont énormes pour les écuries, mais la foule d’Edmonton répond toujours positivement à l’appel. 

Finalement, le nombre total d’inscriptions est en baisse de 15,5 % en 2024, en partie à cause de la réduction du nombre de courses. Cependant, même avec une course en moins, on peut penser que le chiffre aurait quand même baissé, car la différence avec 2023 reste significative. La moyenne d’inscriptions par course peut sembler trompeuse, mais elle affiche tout de même une baisse de près de 9%.

Quel est l’avenir de la série ?

Loin de moi l’idée de faire de l’âgisme, mais seul Ranger (39 ans en novembre) et Lacroix (35 ans) sont parmi les 7 pilotes à temps plein cette saison à être âgés de moins de 40 ans. Il est indubitable que la relève doit prendre sa place en ayant des volants à temps plein, je pense ici à un Raphaël Lessard ou encore à un J.P. Bergeron. 

Dans l’ensemble, le spectacle offert a été excellent et l’accessibilité des pilotes rend la série attrayante pour les amateurs. Cependant, si la tendance se maintient, celle-ci pourrait devenir plus une discipline événementielle qu’un championnat. Je m’explique : les pilotes le font déjà présentement. Ils choisissent de participer à un calendrier partiel en fonction de leur budget, mais aussi selon la visibilité qu’ils obtiennent pour leur commanditaire. Une saison complète dans la série canadienne représente une dépense conséquente. Dans le contexte économique actuel et dans un monde de plus en plus vert, il pourrait devenir de plus en plus difficile de compléter un calendrier entier. Par contre, cela ne signifie pas que le nombre d’inscriptions pour une course pourrait être faible. Si le calendrier est conçu de manière à attirer un maximum de participants, tout devrait bien se passer. 

La saison 2024 aura été marquée par l’arrivée d’Alan Labrosse, qui n’a malheureusement pas pu laisser sa marque comme il aurait dû, car le dossier de la saison qui vient de se terminer était déjà réglé avant sa nomination. À mon avis, les effets de l’arrivée de Labrosse se feront sentir beaucoup plus en 2025. Labrosse s’est déplacé tout au long de la saison sur les différents circuits et était présent lors des moments importants. En faisant sentir sa présence de cette manière, cela démontre qu’il prend son rôle au sérieux. Il ne pourra en sortir que du positif, c’est certain

En conclusion 

J’ai hâte de voir comment se dérouleront les prochains mois, quelles décisions seront prises et à quoi ressemblera le prochain calendrier. La saison 2024, dans l’ensemble, a encore une fois été haute en couleur, même si elle n’a pas été parfaite. La série NASCAR Canada demeure la discipline reine du sport automobile canadien. C’est certain, elle a besoin d’un peu d’amour pour confirmer sa position, mais toutes les pièces du casse-tête sont bien présentes pour que cette série atteigne les plus hauts sommets.

Que les dieux bénissent les rois de la course !

Chroniqueur
À propos de l'auteur
Archives de Francois Richard
Scroll to top