F1 à Singapour : le triomphe des négligés

Crédit photo : formula1.com

Avez-vous remarqué que le Grand Prix de Singapour a permis aux laissés-pour-comptes de s’illustrer pendant qu’il a fait la vie dure aux habituels “enfants chéris” ? Et que ça fait plaisir à voir !

Oh ! oui ! Car, enfin, qui n’aime pas Checo Perez ? Disons qu’on commençait vraiment à souffrir pour lui depuis quelques courses. Il se faisait éclipser par Max Verstappen, son coéquipier, tout en étant globalement moins bon que “bon deuxième”… De voir Perez gagner fait du bien ! Surtout de cette façon. Chaussée humide, circuit urbain impitoyable, pourchassé par Leclerc, il a mené de bout en bout, à la perfection. Ça fait tout chaud en dedans : parfois, ce sont les trop bons gars qui gagnent.

Inversement, Verstappen, le prince couronné du championnat (alors que ce n’est pas fini !), a eu l’air fou, il faut le dire. Mauvais départ. Puis dépassement absurde sur Norris. Max s’est lancé, un missile, a réussi, mais est passé tout droit comme un enfant d’école. Il a donc bloqué ses roues, brisé ses pneus et rentré chez papa pour les changer. Est-ce que vous vous souvenez quand vous étiez petit avoir gagné le concours de la plus longue “chire” avec votre bicycle, mais que vous aviez honte car votre pneu était sur la corde après ? – Même émotion ici.

À l’autre bout de la file, sur la ligne de départ, loin derrière, parmi les perdus d’avance, Ricciardo. Humilié une énième fois par Norris en qualification, dépouillé de sa place chez McLaren pour l’an prochain, potentiellement sans avenir, mine déconfite dans de multiples entrevues… il a soudainement doublé trois voitures au premier tour ! Le parfait “underdog” est passé à l’attaque ! Mais pas de rage incontrôlée, non. Patient, il a choisi d’attendre avant de passer aux pneus secs. Vraiment payant. Il s’est placé en fin de course en cinquième place juste derrière Norris qui le voyait sur ses pneus tendres, dans ses miroirs. Lando en était effrayé, il le racontera. Faut-il ajouter que Ricciardo a accompli tout ça dans l’ancienne voiture pendant que Norris roulait dans la nouvelle voiture améliorée ? La vengeance de l’opprimé, large sourire en entrevue, c’était du grand Daniel !

À l’autre extrémité du spectre… L’asphalte de la Marina Baie à Singapour était détrempé en début de course. Vous vous dites certainement que voici des conditions parfaites pour voir Hamilton exceller ? Et vous avez raison, moi aussi j’ai vu la vidéo de lui enfant en kart sous la pluie, c’était malade ! Mais de retour en 2022, il a plutôt fait un Latifi. C’est-à-dire, l’erreur qui rend le reste de la course plus intéressante pour les autres. Oui, le “grand champion international de course” était parti avec de réelles chances de gagner, mais pas quand on a frappé le mur comme il l’a fait. Ni quand on se fait dépasser par Verstappen – qui n’avait déjà pas une bonne journée – à trois tours de la fin parce qu’on a mal jugé un virage. Bon prince, Lewis s’est excusé auprès de son équipe après la course. Mais pas auprès de son ego, car il a dit qu’il ne s’en punirait pas.

Qui est l’ultime négligé qui s’est illustré aujourd’hui ? Non, pas Latifi, il ne faut pas exagérer. Mais l’autre : Stroll ! Il aime la pluie, Lance, on le sait. Mais cette année, ça ne paraissait pas souvent. Cette fois-ci, parti onzième, il a terminé sixième. Ce n’est pas rien,  devant Vettel,  devant Verstappen, sans taper le mur de l’étroit  circuit. Grâce aussi, il faut le dire, à une belle performance surprise des deux voitures Aston Martin que l’on croyait pratiquement décédées. Qui ont-ils copié cette fois ?

En revanche, une moins belle histoire pour un héros régulier. Combien de courses Leclerc devra-t-il commencer à la pole position sans la gagner ? Il part à point, comme la tortue dans la fable, mais il se perd en chemin. On comprend que la Ferrari est un bolide d’un tour, mais cette fois-ci, Leclerc était si près du but tout au long… Cruelle Singapour pour les enfants bénis par le talent !

Finalement, à travers ce Grand Prix qui a mis en lumières les hauts et les bas d’une foule de pilotes, nous nous rappelons que cette série, souvent un peu robotique, crée parfois de belles surprises. Et nous aimons.

Mais cela nous donne l’occasion de lever notre chapeau bien haut aussi, au contraire, à la constance : Fernando Alonso ! Avec son 350e départ en Formule 1, un record absolu, il roulait sa bosse de façon magistrale encore une fois. On peut toujours se fier sur lui. Malheureusement pas sur sa voiture qui l’a laissé tomber après 20 tours. Souhaitons-lui que la bonne performance de cette fin de semaine de la monoplace Aston Martin, son transport pour l’an prochain, n’était pas une anomalie. Prochaine course : Suzuka !

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