F1 à Monza : se dépasser sans dépasser

Crédit photo : Formula1.com

La course sur le circuit de Monza nous apprend cette fin de semaine que de modifier la grille de départ n’est pas une façon efficace de compenser pour le trop grand écart qui existe entre les écuries, mais qu’une appendicite bien placée peut nous donner la chair de poule.

Dépassements artificiels

La F1 aura beau tenter de rendre plus juste la compétition en plaçant derrière, sur la grille de départ, les monoplaces qui changent trop souvent de moteur ou de transmission, les écuries dominantes en sont à peine affectées. Sur le podium, on retrouve les mêmes que la course précédente : Max, Charles et George. Cela nous amène à penser que Max Verstappen pourrait changer de moteur à chaque course et gagner tout de même. Il pourrait partir de la dernière place, partir des puits ou bien il les rejoint après avoir fait son épicerie.

Certes, reléguer Sergio Perez, Carlos Sainz Jr et Lewis Hamilton loin derrière, sur la ligne de départ, nous offre le plaisir de les voir dépasser plusieurs adversaires. Mais des adversaires pas mal plus lents. Donc un plaisir un peu vide. Personne n’est sur le bout de sa chaise de les voir passer devant une Alfa Tauri en quatorzième place ou une Williams en neuvième place conduite par un pilote de réserve à sa première course de F1… Attendez ! Quoi ?

Dépassement personnel

Nyck De Vries, qu’il s’appelle, ce pilote de réserve qui a peut-être écrit une page d’histoire aujourd’hui. Vivons avec lui l’aventure. Il remporte le championnat de Formule 2 en 2019, mais se voit fermer la porte de la Formule 1. Un peu trop vieux et intégré dans une famille Mercedes déjà bien remplie, on le relègue à la Formule E. Sauf qu’il remporte ce championnat de 2020-21… Sa récompense est de ronger son frein comme pilote de réserve pour les écuries propulsées par Mercedes. Vendredi dernier, Nyck se fait la main en pratique libre dans une Aston Martin, sans se douter de ce qu’il l’attend. 

Le samedi, il doit participer à une émission de télévision et déjeune tranquillement. Une demi-heure avant la pratique libre du samedi matin, il apprend qu’il va remplacer Alex Albon chez Williams souffrant d’une appendicite. Sous le choc, il fait la pratique, puis tout de suite en après-midi, la qualification, où il finit treizième, devant son coéquipier Latifi qui, lui, s’illustre encore une fois… dans le mauvais sens.

Une fois les diverses pénalités appliquées, Nyck apprend qu’il partira huitième… avec une Williams. Il ne dort pas de la nuit. Un mélange de stress et d’excitation, racontera-t-il. Son père étant à Monaco, il saute dans sa voiture et roule jusqu’à Monza. En marchant vers le garage, Nyck croise son père. Ils n’ont pas le temps de se parler, ils ne font que pleurer. Le rêve d’une vie qui se réalise. Max Verstappen qui le connaît bien va vers lui et lui dit de profiter du moment et de ne pas trop réfléchir. M. De Vries gagne en courage à l’approche de la course. 

Il mène en réalité une première course phénoménale, tenant le fort jusqu’à la fin pour terminer neuvième. Il a tant mal aux épaules qu’il a besoin d’aide pour sortir de la voiture. Ce qui fera dire à George Russell, après la course, qu’il s’agit d’un exploit beaucoup plus grand que sa course unique pour Mercedes en 2020, car Nyck De Vries a remporté des points à sa première course de Formule 1… dans une Williams. Ce beau moment offert par le hasard nous donne l’espoir d’une série de Formule 1 qui ne crée pas, à coup de règlements, un spectacle creux, mais crée, grâce au dépassement de soi, de nouveaux héros à admirer.

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