Grand-Prix du Canada 2023: Mon pèlerinage annuel

Il y a 35 ans, je foulais le site du Circuit Gilles-Villeneuve. A l’époque, pour bien suivre une course sur place, il fallait comme accessoires : des longues-vues, un chronomètre, un appareil photo et une radio AM/FM. Aujourd’hui, en 2023, un iPhone suffit ! C’est fou comme les temps ont changé.

En 2023, le Grand-Prix du Canada ne passera pas à l’histoire. La course était ennuyante, mais bon, un Grand-Prix du Canada, c’est comme écouter la radio, il peut y avoir une super bonne «toune» et la suivante très plate! C’est tout ou rien au Canada. Soit une course extrêmement spectaculaire et inattendue ou, comme cette année, d’un ennui terrible.

La surprise attendue n’a pas eu lieu. J’ai rêvé de la première victoire de Alonso avec Aston Martin, mais non, abonné au podium depuis le début de la saison, le vétéran continue sa série de podiums sur la deuxième marche. Verstappen, et surtout sa Red Bull, était imbattable, vraiment au-dessus du lot cette conception de Adrian Newey. Hamilton revient aux avant-postes depuis la refonte totale de la Mercedes W14, ce dernier renoue avec le podium.

La lutte qui a pimenté la course était celle menée par un surprenant Alexander Albon qui, tout comme Gilles Villeneuve à Jarama en Espagne en 1981, a retenu une meute d’enragés. Albon lui, a terminé à une superbe 7e place, son coéquipier chez Williams avait abandonné ayant des problèmes mécaniques en début de course. Toute une performance qui fera du bien à l’équipe Williams.

Est-ce que le Canada mérite la Formule 1?

Malgré une course globalement ennuyante, est-ce que l’on mérite encore la Formule 1 au Canada ? Mais tant que la plus grosse série de courses automobiles planétaires sera à 45 minutes de chez moi, j’y serai, car l’ambiance et de voir ces fusées sur roues en piste devant nos yeux est une expérience unique.

Mon collègue, François Richard, a écrit un texte qui se disait choquant qui, en fait, était un excellent résumé accompagné de commentaires très intéressants, sans rancune 😉

Ce n’est aucunement une compétition mais, de mon côté, j’aurai un commentaire plus acerbe. Est-ce que le Canada mérite son Grand-Prix ?

J’en suis de moins en moins sûr. Honnêtement ce week-end, l’organisation et les installations n’étaient pas à la hauteur des « standing modernes » de la Formule 1 d’aujourd’hui. J’en suis gêné par moment si on se compare au reste du monde. N’oubliez pas que chaque diffusion d’une course de Formule 1 est un événement mondial au même titre que les jeux Olympiques ou le Mondial de Football, et ce, 23 fois par saison. C’est un vrai championnat du monde ! Est-ce qu’on peut se comparer au reste du monde maintenant… j’en doute.

Certes, les pilotes adorent Montréal, c’est connu, l’accès facile à la ville à  proximité, le côté « bon vivant » des Québécois, les amateurs sont aux rendez-vous en grand nombre du vendredi au dimanche, beau temps mauvais temps etc… Mais est-ce que le site est à la hauteur des standards modernes de la F1?

Vendredi, la première séance d’essai a été arrêtée après 5 minutes, panne de la diffusion télé, nécessaire à la sécurité. Chose que je n’ai jamais vue en 35 ans de présence. La FIA a pris le temps de préciser que c’était la responsabilité de l’organisation locale. Donc, première tuile gênante.

Que dire des scrum de fin de journée, le vendredi. C’était triste de voir les pilotes sous les parapluies tenus par les attachés de presse. La pluie tombait extrêmement fort, j’en conviens, même les journalistes étaient tristes à voir, mais quel manque de respect pour l’image des pilotes qui représentent d’énormes compagnies devant les médias du monde entier. Ça aussi j’ai trouvé ça gênant quand j’ai vu ces images dans les différents médias télé. Sûrement qu’un endroit approprié aurait été nécessaire dans cette extrême situation.

Oui, l’organisation du Grand-Prix a investi dans les infrastructures des garages, plusieurs millions… mais soyons francs, malgré ces garages plus modernes et les installations pour les invités VIP etc… tout ça est bien… mais en arrière des garages, ça demeure des installations plus proches du camping que des villages avec installations permanentes qui les accueillent maintenant sur les Grand-Prix modernes. L’arrière des garages demeure semblable aux installations d’il y a 20 ans !

Allez jeter un coup d’œil sur les sites qui accueillent le grand cirque en 2023. Juste pour comparer une pomme avec une pomme, oublions les budgets illimités d’Arabie Saoudite, Bahreïn, Abu d’Abi et le Qatar. Allons-y, Texas a construit un superbe complexe de sports motorisés pour accueillir la classe reine, entre autres, Miami fabrique un village dans le Hard Rock Stadium, la Chine a des installations loin de l’ambiance de camping tout comme Singapour et que dire de ce qui nous attend lors du premier Grand-Prix sur la strip à Las Vegas.

Cette épreuve n’est pas éternelle et nous sommes encore chanceux de l’avoir, je ne souhaite aucunement sa disparition, j’en serais des plus déçu. Mais comme mon humble texte le dit, sommes-nous encore à la hauteur des standards modernes qui accueillent la F1 ailleurs dans le monde, j’espère que notre charme passera par-dessus tout.