Sur le superbe circuit Spa-Francorchamps, nous avons vu défiler devant nos yeux une suite spectaculaire d’exploits et aussi de moments cocasses. La course marquait en même temps la fin de la pause de l’été, donc elle créait l’occasion d’un bilan du deux-tiers de la saison que, paradoxalement, elle a plutôt terni.
L’extraterrestre, le double-double et le train
Max Verstappen devait partir 14e sur son circuit préféré en raison de changements mécaniques. Grâce à un mélange de réflexes et de chance, il finit le premier tour en 8e position. De façon magistrale et dominante, il a dépassé tous ses adversaires, incluant son coéquipier, après seulement… 12 tours! Ensuite, il n’a fait qu’augmenter son avance, sous les yeux ébahis des spectateurs et sous les traits de plus en plus longs de son équipier Perez qui ne comprend plus seulement ce qu’il vit de course en course, avec ce coéquipier d’une autre planète.
Ce circuit est l’un des meilleurs circuits de la saison, donc, derrière, l’action ne manque pas non plus. Sébastien Ocon, qui semble parfois trop gentil et discret, dépasse deux voitures d’un coup, non pas une fois, mais deux fois pour réussir ce qu’on pourrait appeler un double-double.
Albon s’illustre de façon grandiose en défense, ramenant à la gare, comme une locomotive à cinq wagons accrochés à lui, les voitures de Stroll, Norris, Tsunoda, Zhou et Ricciardo pour récolter un précieux point.
La remontrance et le plan G
Sur ce circuit au mythique virage du Raidillon de l’Eau Rouge se trouve aussi les virages moins connus Les Combes où il y a en fait plus d’action. C’est là qu’Hamilton s’est puni lui-même en accrochant Alonso, préparant ainsi un instant cocasse quand, au tour suivant, Alonso a fait la remontrance d’un mouvement d’index à Hamilton garé en bord de piste.
Lando Norris a reçu un message radio qui lui demandait d’enclencher le Plan G. Alors que souvent il existe des plans A, B ou C, très peu de gens savaient qu’on pouvait se rendre jusqu’à la lettre G. Les gens se demandent s’il s’agit du plan Game Over de McLaren ou bien s’ils ont des plans jusqu’à Z.
En somme, une course fort intéressante sur un circuit extraordinaire que nul n’aurait l’idée d’enlever du calendrier, à part Stefano Domenicali, le grand patron de la F1. Mais une course qui assomme aussi. Je vous raconte pourquoi.
Bilan
Si on se rapporte à 2020-2021, la F1 nous martelait inlassablement que la nouvelle réglementation 2022 visait à créer des courses plus serrées avec plus de dépassements. Depuis le début de la saison, la F1 est beaucoup moins bavarde sur ce sujet. On pouvait bien être patient au début, par contre, après 14 courses sur 22, on mériterait un bilan sur l’atteinte de ces promesses. La F1 semble rester muette, alors je vais tenter un début de bilan.
Il n’y a à peine plus de dépassements par course en moyenne en 2022 par rapport à 2021 : environ 39 au lieu de 35. Du côté du championnat, il n’y a pratiquement plus qu’un seul pilote en position de finir premier et quatre qui peuvent espérer finir deuxième. À pareille date en 2021, il y avait deux coureurs luttant pour la première position, il y en avait cinq qui avaient une chance de finir troisième. Donc, la compétition est similaire ou moins corsée qu’à la saison dernière.
Toute cette nouvelle réglementation, tout cet argent, tout ce battage publicitaire, tous ces efforts de la part de ceux qui ont reconstruit les voitures pour en arriver à un résultat qui ressemble aux années de domination de Mercedes…
En fin de compte, en gagnant à partir de la 14e place en Belgique Max Verstappen vient asseoir sa domination et celle de Red Bull et, par le fait même, vient rendre la course au championnat moins serrée que l’an passé. Donc une victoire spectaculaire qui rend la fin de saison plus ordinaire et qui jette de sérieux doutes sur l’atteinte des promesses de la réglementation 2022. Évidemment, il restera des choses intéressantes : contempler les talents des meilleurs pilotes au monde, suivre les changements de pilotes, se pencher sur les luttes intermédiaires et, de grâce, vivre dans l’assurance que Spa-Francorchamps sera au calendrier pour l’éternité.