Avec la pénurie de pneus dans le domaine des courses, plusieurs équipes de course se demandent s’ils vont être en mesure de rouler bien longtemps. Les pneus HOOSIER sont tellement sollicités qu’on a peine à y répondre. En ce moment il n’y aurait plus de pneus avant de disponible d’ici le mois d’août, L’absence d’une matière première pour la fabrication des pneus serait la cause. Pour avoir parlé à plusieurs dans le domaine des courses, personne n’a de réponse et de véritable solution. Les pneus arrivent au compte-gouttes et on se croise les doigts pour le reste de la saison.
De plus, certains promoteurs de piste se sont dotés de directives pour les récalcitrants qui voudraient les contourner.
Des mesures pour mieux encadrer ceux qui voudraient déjouer le système. À titre d’exemple, si un pilote fait une crevaison, il doit le prouver par des photos et doit obtenir l’approbation du directeur de courses, s’il veut faire la demande d’un nouveau pneu.
Certaines pistes ont, de leur plein gré, diminué le nombre de tours pour pallier à ce fléau. Tout cela est bien beau, mais est-ce suffisant, car la réalité est tout autre, car on roule à fond de train pour certaines équipes et pour d’autres, c’est le rationnel qui l’emporte ? Certains font des choix parfois déchirants en diminuant les sorties ou carrément font une croix sur un championnat de piste. À cet effet, on assiste à une diminution dans la classe Modifié à plusieurs pistes.
Le promoteur de l’autodrome Drummond Yan Bussière mentionne : on assiste à une diminution du Car Count partout. Ce n’est pas facile pour tout le monde après deux années de pandémie, nous voilà avec cette pénurie de pneus et le prix de l’essence à la hausse en plus. Depuis le début de la saison, j’estime avoir perdu en moyenne 400 à 500 amateurs dans les estrades. Je l’avais prédit que ces deux années de pandémie nous feraient mal puisque plusieurs ont découvert autres choses.
Plusieurs se demandent pourquoi les grosses équipes roulent à fond de train. La raison est fort simple, ils utilisent des pneus de la saison dernière. On le sait, les grosses équipes étaient habituées de changer de pneu à chaque course, mais la donne a changé, puisqu’ils doivent eux aussi se soumettre aux mêmes directives, une fois leur inventaire écoulé. Un pneu est primordial pour espérer gagner, on a beau avoir une bonne voiture mais si les pneus sont usés, le résultat sera autre.
Pour ma part, j’ai diminué le nombre de tours à la piste de Drummond afin de contrer cette pénurie aux dépens de mon calendrier initial cet hiver. On ne connait pas l’avenir. On espère que cette pénurie se règle au plus vite souligne Bussière.
Pendant ce temps, de l’autre côté de la frontière, à la piste de Utica-Rome, vendredi soir, il n’y avait que 20 modifiés et à Grandview 19. À Bridgeport, la semaine dernière, aucun pneu de disponible. Chez les sprints, ce weekend, en Pennsylvanie, ils ont émis un communiqué pour mentionner aux équipes de course que ça allait être des shows up point dû au manque de pneu. Triste réalité n’est-ce pas ? Le dicton dit : si les Américains toussent, ici, au Canada, c’est la grippe.
Par ailleurs, le prix de l’essence coûte pratiquement le double et on attend d’autres hausses dans les prochaines semaines. Un impact majeur dans la tirelire des équipes de course contraintes de revoir leur situation. Il va de soi que le 500$ versé par Legault s’est volatilisé depuis belle lurette. Le pilote Pro-Stock de la région de la Beauce, Bruno Cyr, me confiait qu’un aller-retour à la piste de Cornwall lui coûte plus de 500$ en carburant, juste pour le déplacement.
Les impacts collatéraux de cette flambée de prix auront sans doute des répercussions sur les commanditaires. Avoir son nom d’entreprise sur une voiture est une chose, mais il y a des attentes au niveau de la visibilité. On s’attend à ce que la voiture prenne part à plus d’événements possibles et ça se comprend.
Les promoteurs voient leur coût d’opération augmenter, que ce soit le prix des assurances qui a doublé depuis la pandémie. La préparation de la piste est passée au double avec le prix du carburant. Il y a aussi le manque de main-d’œuvre. Vous êtes allés à l’épicerie dernièrement? Le coût des aliments a littéralement explosé et la liste est longue. En bout de ligne, qui paye ? Les amateurs, les promoteurs et les équipes de course. Une passion qui coûte de plus en plus chère surtout pour celui qui doit sortir l’argent qu’il a durement gagné durant la semaine.
Lorsque j’ai rejoint Bussière, il était du bord de la piste de Drummond à peaufiner la piste du Mini-Drome alors que la nouvelle catégorie Go-Kart, avec un aileron Outlaw Kart open CR500, faisait son entrée pour la première fois.
Je m’occupe de la piste depuis dimanche matin, la météo n’est pas clémente en ce début saison. C’est du temps et aussi de l’argent supplémentaire, avec le prix du fuel. Au bas mot, c’est le double en frais de carburant.
J’ai voulu connaitre quelle était la réalité de certaines équipes de course. Voici leurs commentaires.
François Bernier
C’est une problématique pour tous. Heureusement, nous avons un inventaire limité pour pallier temporairement à la difficulté d’approvisionnement. On doit faire aussi avec les grandeurs disparates avec lesquelles on a accès. Je me demande bien où vont les grandeurs standards par contre pour ajuster notre « stagger » ?
Johnny Allaire
Une chance, l’an passé, pour les 3 jours de courses à Cornwall, nous avions acheté 5 pneus neufs arrière droit et gauche. Nous avons été capables de commencer l’année avec de bons pneus mais, présentement, mon problème, c’est le pneu avant droit. Nous roulons avec les pneus de la saison dernière alors ils sont pratiquement finis. Nous ne sommes pas capables de nous en procurer chez nos fournisseurs, que ce soit Alain Léveillée ou SD Performance. Dominic Lussier essaye fort de me trouver une solution pour être en mesure d’avoir un pneu avant droit. Si je n’ai pas de pneu, j’estime qu’il nous reste 3 à 4 programmes de courses et après, on laisse ça dans le garage, jusqu’à quand on pourra acheter un pneu avant droit.
Sébastien Gougeon
Les pneus avant droit se font déjà rares. Nous n’en avons pas de trop. On est en mode économique. Dès le début de l’année, nous savions qu’on serait incapable de faire toutes les courses. Malheureusement, c’est Granby qui écope, vu la distance (gaz). Nous allons prioriser le championnat Auclair et la coupe Mederick. On va se concentrer sur les samedis à Drummond et St Marcel.
Mathieu Desjardins
À ce jour, je ne course pas beaucoup avec la pluie, donc je n’use pas beaucoup les pneus. On a 1 pneu à chaque trois courses. Sauf qu’on n’en a pas en avant droit, aucun pneu disponible, va falloir mettre des D400 à Drummond, c’est certain si ça continue, c’est un problème !
Patrick Picotin
J’ai dû me battre pour pouvoir avoir un pneu avant intérieur, après un accident. Il y avait juste des hard, donc je suis désavantagé à toutes les courses. Nous avons décidé de faire juste les grosses courses, encore là, on est désavantagé, car on doit faire 6 courses. J’étais rendu là la semaine dernière afin d’obtenir un pneu neuf et y avait juste des trop gros. J’ai un neuf, mais pas bon pour moi et on n’a pas le droit de l’échanger à une autre équipe.
C’est bien plate, mais je pense à serrer ça pour cette année, en plus que les pistes étaient censées être collantes, mais ce n’est pas trop le cas à date !
Mathieu B-Laramée
On ne participera pas au GP3R, je sais qu’il y a beaucoup d’engouement pour cet événement mais, pour ma part, le principe de mettre une voiture adaptée spécialement pour tourner à gauche, sur un circuit routier, ne me rentre pas dans la tête et ne m’attire pas tant que ça. Je ne suis pas fermé à l’idée d’y participer un jour mais, pour le moment, je dois être encore trop un puriste pour aller courser sur le circuit. Disons que cet événement n’aidera en rien la cause des pneus surtout pour les pneus avant, car Hoosier n’en vend tout simplement pas à Bicknell. Ils sont d’une extrême rareté et, sur l’asphalte, ça use encore plus vite ! Ce que je trouve déplorable, c’est que les courses sportives soient réduites, à Granby, de 30 à 25 tours et de 32 à 25 tours à Drummond, comme si 5 et 7 tours changeaient réellement quelque chose ! Tant de préparation à chaque semaine pour si peu de tours à 40$ l’entrée ! Je suis assommé !
Dany Gagné
Je n’ai pas de spare tire pour en avant gauche et faut faire attention pour ne pas user trop vite les autres parce que c’est dur d’en avoir. Le prix du fuel pour se rendre aux courses coûte le double, donc on réduit les sorties. J’étais supposé faire la série 358 de 9 courses, mais là, je dois abandonner à cause du prix du fuel. Dans cette série, il y a 3 ou 4 fois où on doit faire 6h de route pour se rendre à chacune des pistes.
Yvan Rivard
Nous avons assemblé, mon frère et moi, un Bicknell TBR neuf qui attend dans le garage pour courir en Modifié. On a dépensé 50,000$ cette saison et l’auto est toujours dans le garage par faute de pneus. C’est frustrant ! Nous avons réussi à acheter 2 pneus de Alain Leveillé et l’on doit attendre. Pis là, en plus, les gars de l’asphalte vont courir en Sportsman pendant que moi, je n’ai pas de pneu, vraiment pas drôle. Mais vraiment, qui des grosses équipes pourraient aider les petites équipes dans un contexte de pénurie ? Nous, le monde des courses, qui s’entraident au besoin ? Je ne suis plus sûr de cela !
Lucien Beauregard de Plante Racing
Nous sommes vraiment préoccupés par les pneus. Pour l’instant, on est ok disons que la pluie de la fin de semaine passée nous a aidés et pas seulement nous. Pour le GP de Trois-Rivières, la seule chose que nous savons, on va faire les courses qualificatives. Il y a les pneus, mais il y a aussi les coûts d’essence et de diesel pour les remorques que l’on doit considérer. On le voit par le car count et les équipes doivent faire des choix.