Les bons et les mauvais coups de 2021 en Formule 1

Crédit photo : Formula1.com

La saison 2021 de Formule 1 est terminée et les écuries reprendront rapidement le boulot dans les premières semaines de l’année pour mettre au point les monoplaces 2022, très très différentes de celles que nous avons connues dans les dernières années. Ça veut dire que c’est le bon temps de revenir sur la saison 2021 et de vous partager quelques coups de coeur et aussi quelques coups de gueule. Évidemment, cette liste est très personnelle et la vôtre est probablement différente. Et c’est tant mieux. N’hésitez pas à m’en faire part dans les commentaires.

Mention spéciale

Avant de débuter, je tiens cependant à décerner une mention spéciale à un événement annuel qui se déroule ici-même au Québec. Le Grand Prix de Trois-Rivières a réussi au mois d’août dernier à organiser son weekend de course, malgré les incertitudes de la crise sanitaire et l’absence de pilotes internationaux. Et les amateurs de course de la province ont eu droit à un spectacle enlevant sur la piste, malgré l’impossibilité pour eux de côtoyer les pilotes et les artisans dans les paddocks. L’ajout du Défi Urbain au programme avait créé beaucoup de scepticisme au moment de l’annonce mais le résultat a été spectaculaire et la catégorie a gagné plusieurs adeptes parmi les amateurs présents. Bravo à l’ensemble de l’organisation et aux bénévoles qui ont fait preuve de beaucoup de résilience et d’acharnement pour nous offrir un GP3R en 2021.

Coups de coeur

Le jeune pilote britannique Lando Norris a connu un début de saison extraordinaire avec McLaren, avec plusieurs podiums à la clé. Ses performances étaient si remarquables qu’il a même occupé le troisième rang du classement des pilotes pendant plusieurs semaines, éclipsant Bottas et Perez, pourtant équipés de voitures drôlement plus rapides. Sa deuxième moitié de saison a été moins spectaculaire, entre autres à cause de la progression rapide de Ferrari. Il a finalement terminé au 6e rang du classement, alors que Sainz le devance par 4,5 points et qu’il marque un petit point de plus que Leclerc. Norris est rapide, intelligent et a pleinement confiance en ses moyens.

Pierre Gasly a lui aussi impressionné en 2021 avec des performances qui dépassaient souvent les capacités de sa voiture. D’ailleurs, il a marqué trois fois et demi le nombre de points de son coéquipier (110 vs 32). Dans n’importe quelle écurie, c’est un signe qui ne ment pas. Souvent retrouvé en Q3 avec les meilleurs et flirtant régulièrement avec le Top 5 en course, le pilote français a fait absolument tout pour prouver qu’il mérite une meilleure voiture. Malheureusement pour lui, les portes de Red Bull semblent s’être refermées derrière lui pour de bon mais espérons qu’il pourra trouver un meilleur volant dans les prochaines années.

Les partisans de Max Verstappen méritent également qu’on souligne leur énergie, leur présence et leur visibilité. La mer orange prend de l’ampleur partout en Europe et commence même à s’étendre au-delà du vieux continent. On croyait avoir tout vu avec leur forte présence dans le fief de Red Bull en Autriche mais l’«ancien nouveau» Grand Prix des Pays-Bas a été le théâtre d’une célébration de la F1 comme on en avait rarement vu. Clairement, cette énergie rejaillit sur le nouveau champion du monde, qui a réussi cette année à vaincre l’énorme pression d’une fin de semaine à la maison pour dominer son Grand Prix national du début à la fin.

Il faut aussi souligner l’acharnement de Lewis Hamilton qui, malgré quelques mauvais résultats, un écart parfois plus grand qu’espéré au classement, un coéquipier pas toujours utile et surtout des stratégies douteuses de son équipe, a continué à travailler d’arrache-pied pour amener cette lutte au championnat jusqu’au tout dernier tour de la saison. Son éthique de travail est irréprochable et en grand champion qu’il est, il utilise à bon escient tout le pouvoir que ses titres lui confèrent. L’obtention de plus de 100 victoires et plus de 100 positions de tête va demeurer pour très longtemps un exploit hors du commun.

Coups de gueule

On ne peut terminer cette saison sans parler de la direction de course, avec Michael Masi à sa tête. Oui, le championnat était relevé et les décisions ont souvent été difficiles à prendre. Personne n’envie le poste que Masi occupe dans un contexte comme celui-là. Mais pendant toute la saison, nous n’avons jamais senti que les décisions étaient basées sur le même livre de règlements, course après course. L’interprétation changeante des règles, l’«invention» de règles au gré des conséquences des gestes commis et l’interventionnisme des chefs d’écurie pendant les courses ont fait passer la F1 comme une organisation de second ordre, ou pire encore. La courte pause hivernale devra servir à faire un (très) grand ménage dans la façon de gérer les courses et les règlements.

Plus une déception qu’un coup de gueule, les performances d’Aston Martin ont été difficiles à avaler en 2021. L’écurie, dans sa nouvelle mouture, est pourtant pourvue de ressources financières et techniques importantes. Vettel, quatre fois champion du monde, devait insuffler une énergie gagnante à l’équipe et épauler Stroll Jr pour qu’il puisse atteindre un nouveau niveau de pilotage en F1. Au final, rien de tout ça n’est arrivé. La voiture était mal née et l’équipe n’a jamais réussi à corriger ses défauts, Vettel n’a pas été à la hauteur de son expérience et Stroll est demeuré complètement anonyme pendant toute la saison.

Quelques nouveaux circuits ont fait leur apparition au calendrier cette saison et d’autres encore ont été modifiés pour améliorer le spectacle. Dans plusieurs cas, on a ajouté des courbes inclinées (banking) pour augmenter la vitesse de passage. Je n’aime pas cette tendance. Entre autres, les courbes inclinées du nouveau tracé de Zandvoort sont à mon point de vue ratées. Au lieu d’une inclinaison raisonnable toute en douceur, on a créé une sorte de trou dans lequel les voitures entrent et sortent dans une trajectoire artificielle, qui ne permet finalement pas beaucoup plus de dépassements et de spectacle. La très légère inclinaison ajoutée au circuit d’Abu Dhabi est une alternative qui me semble plus raisonnable, si on décide qu’on doive vraiment ajouter de ces courbes.

Enfin, je termine en dénonçant le fait que l’écurie Haas ait participé à cette saison 2021 avec une motivation nulle, des interventions minimales et un compte bancaire presque vide. Je comprends que l’équipe voulait se concentrer sur la saison 2022 et elle avait annoncé dès le départ que la voiture 2021 ne serait pas améliorée en cours de saison. Pour moi, une telle attitude est inacceptable à ce niveau du sport automobile. Essentiellement, nous avons eu droit à une saison à 18 voitures, plus 2 chicanes mobiles. On a sacrifié la première année de Mick Schumacher en F1, en espérant qu’il puisse avoir quand même trouvé une façon d’apprendre. Les contrats d’écurie devraient spécifier qu’une équipe doit mettre tout en oeuvre pour compétitionner au plus haut niveau, quelles que soient les circonstances. Voilà, on attend maintenant avec impatience les premiers essais hivernaux avec les nouveaux bolides construits aux spécifications 2022. Il sera très intéressant de voir comment se construira la nouvelle hiérarchie des écuries avec ces nouvelles voitures. En attendant, profitez bien de la pause hivernale.

Chroniqueur / Photographe
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