La famille Morin – la passion des courses se perpétue.

Crédit photo : Daniel Mailhot

Derrière chaque pilote se cache une équipe qui, bien souvent, travaille dans l’ombre et la famille Morin ne fait pas exception. J’ai eu la chance de partager des émotions avec la famille, lors des événements du Super DIRT Week, au Fairground de Syracuse, et je peux affirmer que la famille Morin est des plus respectées dans le domaine du Stock car.

Cette famille est le parfait exemple d’acharnement et du travail bien fait. Des travaillants qui se manifestent au travers d’une éthique et des valeurs, bien à eux. Des heures au garage afin de peaufiner la meilleure voiture possible à leurs pilotes. Une fois à la piste de course, chaque membre de l’équipe est rodé au quart de tour.    

Le pilote Martin Roy a fait confiance à la famille Morin tout comme Alain Boisvert et, maintenant, son fils Mathieu. Les Morin sont unis et loyaux envers leurs pilotes. Ils démontrent un réel engagement qui contribue aux succès de leurs pilotes.

J’ai vécu des moments forts avec la famille à Syracuse, quand leur pilote 73 Alain Boisvert a atteint la 3e place, dans le cadre de la 42e édition du Super DIRT Week, à Syracuse en 2013. On se souviendra de son manque d’essence sur la balance. Cette performance demeura la meilleure performance d’un québécois dans la classe 358 Modifié au Fairground.  

Également, avec Martin Roy, j’ai été témoin des nombreux tours, comme leader, sur le Moody Mile. Voir le numéro 90, en haut du tableau lumineux pendant 131 tours au total, dans les finales de la classe 358 Modifié fait de lui le meilleur Québécois, à ce jour. Classé 9e,il est le  meilleur pilote de tous les temps parmi les meilleurs pilotes Nord-Américains. Des moments inoubliables que j’ai partagés avec la famille Morin alors que j’étais aux premières loges, grâce au média 360Nitro.TV

Au-delà des courses, la famille Morin a vécu une période difficile, en février 2020, puisque le paternel Robert Morin a succombé à une leucémie foudroyante, diagnostiquée en janvier, soit la leucémie aiguë lymphoblastique. Un mois plus tard, Robert décédait suite à cette maladie incurable, après seulement quelques jours à l’hôpital. Il avait 73 ans.   

Le pilote Martin Roy était au garage avec Robert lorsque que le téléphone a sonné lui annonçant son diagnostic de leucémie. Un moment difficile partagé avec son ami. ‘Un homme d’une sagesse, même dans les moments difficiles, ajoute Martin.’

Lors mon entretien avec Martin, j’ai pu sentir, dans sa voix, que ce moment a été marquant. Des émotions intenses partagées spontanément, à la suite de ce coup de téléphone des plus dévastateurs.  

Son fils Steve a bien voulu me partager ceci: ‘c’est un énorme trou à remplacer. Certains membres de la famille ont trouvé cela très difficile.’

Je peux comprendre ce qu’ils ont vécu et la pensée de reprendre un semblant de vie, quand la personne aimée n’est plus là physiquement, n’est pas facile. Perdre Robert, c’est perdre toute référence à son passé. Heureusement, les courses, pour la famille Morin, sont une forme de guérison, si peu soit-il.

De son côté, Alain Boisvert déclare: ‘ce fut un choc de le voir partir si vite. J’ai été surpris, Robert était une bonne personne respectée et intègre avec de bonnes valeurs. J’ai eu la chance de le côtoyer et de faire partie de la famille et encore aujourd’hui. Robert était dédié à son sport. Il avait un sens d’humour, il m’a fait bien rire avec ses pas de danse. Les pistes devraient lui rendre un hommage car il le mérite’

Alain se souvient d’une petite discussion avec Steve à l’autodrome Granby. Ils ont échangé leur réalité et démontré leur intention de faire affaire ensemble, une fois la saison terminée. Alain précise: ‘je savais, à ce moment-là, que Steve avait donné sa parole. Ce fût un bon mariage. J’ai connu beaucoup de succès et de bons moments aux courses mais le crédit va à la famille Morin. Aujourd’hui mon fils Mathieu est en sécurité avec eux.’

Robert n’est plus mais pas question d’arrêter leur passion des courses pour autant. Le désir du paternel, de perpétuer cette passion, était de passer le flambeau à son fils Steve. Ce dernier continue l’œuvre de Robert. Il a passé tout près d’un demi-siècle à arpenter les pistes de course. Mécanicien de profession, il a partagé, en famille, sa passion pour les courses.

La course est un moment de rassemblement pour la famille et les amis. A la blague, Steve me disait, qu’à la fin de la saison, tout le monde est fatigué et se tape sur les nerfs mais à l’aube d’une nouvelle saison, tout le monde a hâte de retourner aux courses. 

Robert a eu sa propre équipe 09 faisant courir plusieurs pilotes, au fil du temps. Dans les années 1970, il a eu le pilote Bedo Boisclair et, par la suite, dans les années 1980 Rock Racicot, Luc Picard et Richard dans la classe Late Model. Début des années 1990, Robert se lance dans l’aventure des Modifiés. Les pilotes Richard Salvas, Mario Lajoie, Mark Hitcock et Denis Labonté, Steve Poirier, Marc Nadeau, Robert Ranger ont été ses pilotes. La compétence des Morin était reconnue et ils ont commencé à travailler pour des pilotes tels que Marc Nadeau, Robert Ranger, Martin Roy et le duo père fils Alain et Mathieu Boisvert.

Martin Roy se souvient d’avoir demandé à Robert, en 1995, de lui donner sa chance mais les Morin étaient déjà pris. Toutefois, Martin réussit à obtenir leurs services de 2003 à 2011, à la suite du retrait de la compétition du pilote Robert Ranger en 2002.

‘Roy qualifie ses 8 saisons couronnées de succès grâce à une équipe professionnelle, 5 étoiles, qui mutuellement croyait au potentiel de tous. J’ai que de bons souvenirs de la famille Morin. Des BBQ lorsque je coursais à Plattsburgh, le camping à Syracuse. Ils ont vu naître et grandir mes enfants. D’ailleurs, la fille de Steve, Charlotte est amie avec Jérémy et Félix.’

Il avait le support inconditionnel de sa conjointe Suzanne, passionnée tout autant, qui prenait soin que rien ne cloche. Elle était à l’avant-garde du système d’handicap lors de son apparition. Peu de gens pouvaient s’y retrouver mais rien n’était laissé au hasard avec Suzanne. Steve donne l’exemple: ‘il y avait ma mère et la conjointe du pilote Claude Brouillard, Sylvie Richard, qui comprenaient ces équations et rien ne leur échappait.’ 

Aujourd’hui, mécanicien de profession, Steve est à l’image de son père et, le soir venu, il retourne au garage afin de peaufiner des pièces pour bâtir des voitures de course. A titre d’exemple, dans un temps de pandémie, il a fabriqué 6 Slingshots, 1 STR, 2 Sportsmans incluant la mécanique et prêts à courser, ainsi que 21 différentiels. Le pilote Jérémy Roy, le fils de Martin, possède un body qui a été fabriqué par Robert Morin.

Charlotte est la troisième génération de la famille qui a fait ses débuts dans le monde des courses, comme pilote à bord d’un Slighshot JR. A sa première saison, à l’âge de 14 ans, elle a remporté le titre de recrue de l’année à l’autodrome Granby et à l’autodrome Drummond, en plus de remporter le championnat. Elle fera ses débuts, en 2021, en Slingshot SR et sera supportée par le soutien inconditionnel de la famille, dont sa mère Isabelle. A l’image de la famille, Charlotte est impliquée dans l’entretien des voitures de course.

Dans les membres de l’équipe de course on retrouve Yan Mailloux, Jacob Teasdale et Stéphane Quirion qui, jusqu’à cet hiver, était un membre important de l’équipe.  Le sport automobile est devenu un élément essentiel où on nous apprend à gagner et non  le contraire. Dans ce sens, la famille Morin a vécu une perte mais leur passion pour les courses n’est pas éteinte pour autant et la tradition se perpétue.

Chroniqueur / Photographe
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Archives de Steve Brillant

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