Les pilotes de la super Série DIRTcar Brett Hearn, Danny Johnson et Pat Ward de ce monde devront faire partie du passé dans quelques années pour laisser place à la jeunesse. On assiste à une effervescence de jeunes pilotes sur nos pistes de terre battue. Ils nous arrivent plus jeunes, brillants, talentueux et mieux préparés.
Les Michael Maresca, Demetros Drellos, Anthony Perrego, Matt Williamson, Mike Mahaney, Erick Rudolph, Jack Lehner, Max Mclauglin, pour n’en nommer que quelques-uns, sont pointés comme étoiles montantes dans la Série Super DIRTcar, un parcours souvent typique qui, une fois rendu au plus haut niveau de compétition, oblige les pilotes à performer tout en maintenant une constance dans les résultats.
Prenons l’exemple du jeune pilote Jack Lehner de Saratoga dans l’état de New York qui a gravi les échelons depuis 2018 à la vitesse de l’éclair. Lehner est passé de pilote Sportsman à pilote 358 Modifié pour finalement prendre part à la série Big Block dans la série Super DIRTcar en 2020.
Par le passé, les jeunes pilotes étaient des cibles faciles. Faire sa place n’a jamais été évident dans ce monde de compétition de testostérone puisque certains pilotes se donnaient souvent le droit de les intimider.
Aujourd’hui, on constate qu’ils ont du cran et ils ne se laissent pas intimider pour autant. Ils affichent un aplomb et un sang-froid qui bien souvent nous surprennent. Aux États-Unis, le jeune Derrick McGrew Jr de 13 ans démontre cette force de caractère en pilotant parmi les vétérans de la classe Big Block.
A cet âge, on les initie aux courses automobile même s’ils n’ont pas leur permis de conduire. Plus vite ils font leur apprentissage, plus vite ils risquent d’atteindre des sommets inespérés. Il y en aura toujours qui sortiront du lot, des exceptionnels.
Pour appuyer mes dires, rappelez-vous de l’exploit hors du commun d’un jeune pilote DIRTcar Sportsman âgé de 12 ans seulement. En effet, Tanner VanDoren a fait tourner bien des têtes en remportant la finale au Eastern States Weekend et le championnat de la piste Orange County Fair Speedway en octobre dernier. Tanner a fait ses débuts dans les classes Slingshot sur terre battue à l’âge de 5 ans avant d’atteindre la classe Sportsman.
Ce que VanDoren a accompli risque d’arriver plus souvent qu’on le pense puisque les mentalités évoluent en stock-car. Rappelons que la jeune Américaine Amy Holland de la classe Sportsman est vouée à un bel avenir.
Nos vedettes du Canada sont plus jeunes qu’avant. Pourquoi ?
Pour devenir un pilote aguerri, on habitue le jeune à courir dans des classes qui servent de tremplin avant d’aboutir dans des catégories de voitures plus puissantes. Brianna Ladouceur et les frères Even et William Racine sont des exemples. D’ailleurs, Even fera ses premiers tours dans la classe 358 Modifié lors de la prochaine saison.
Les pilotes nous parviennent généralement du karting, Modlites, STR, Lightning Sprints sans compter les Slingshot, de beaux exemples de classes qui permettent l’apprentissage.
A titre d’exemple, dans la classe Lightning Sprint, le pilote Tomy Moreau est considéré comme l’un des meilleurs pilotes nord-américains par le Central Missouri Speedway Hosts 2021 POWRi Lightning Sprint Nationals. Il y a également le pilote de Slingshot Bryan Préville qui a fait le saut dans la classe Sportsman qui gagne en maturité alors que le meilleur est devant lui.
De toute évidence, ces classes permettent, à force égale, de développer un jeune pilote. On exploite sa capacité à utiliser le maximum de puissance qu’il a à sa disposition.
Développer les compétences, son intérêt et son implication dans l’entretien de la voiture de course, sa facilité à transmettre le comportement de la voiture à son équipe de mécanos sont tous des prérequis pour connaître le succès.
Le pilote de Sprintcar Jordan Poirier ainsi que la jeune Sabrina Blanchet pilote de courses de motoneige sur glace et sur terre battue sont deux beaux exemples.
On apprend à devenir un pilote complet en développant de l’aptitude et de l’attitude. Plus le jeune grandit, plus son degré de compétition augmente. Les jeunes doivent être adaptés au niveau de la maturité et de la force physique et mentale.
Les frères Roy, Félix et Jérémy, suivent les conseils de leur père Martin Roy, ancien pilote NASCAR qui a connu ce qu’est la force mentale.
A un jeune âge, l’encadrement des parents joue un grand rôle primordial dans leur développement. Être attentif, recevoir les émotions, les soutenir, être réaliste, utiliser le bon langage, leur donner du feedback positif, les impliquer dans le garage à apprendre les rudiments de la voiture, l’entretien, les ajustements, le balancement, tout compte.
Une école de vie qui devient un mode vie !
Parlez-en aux parents des Raphaël Gougeon, Elliot Gamache, Mathew Robidoux, Benjamin Boissonneault et la famille de Stéphane Messier, Manuel, Danick, Stéphane et bien d’autres…
A cet âge, tout est fragile. On doit leur donner confiance et les introduire à la compétition tout en misant sur le plaisir, créer l’atmosphère la plus propice à l’apprentissage. C’est plus complexe qu’on le pense mais, en retour, les parents ressentent beaucoup de fierté. Je pense aux parents de Josianne et Maxime Plante et les parents de Xavier Buissière. Oui, je sais, j’en oublie.
Une vision réaliste.
Pour avoir parlé à certains parents, un des prérequis afin de permettre de courir, c’est le résultat scolaire. Pourtant, à cet âge, on se voit déjà coureur automobile professionnel. C’est d’ailleurs ce que Dominic Lussier, promoteur de l’Autodrome Granby, préconise pour ses fils. Après tout, les courses, ça se mérite, c’est un privilège!
Contrairement aux courses sur asphalte, les pilotes sur terre battue ne peuvent compter sur des programmes de course, tels que des modèles de développement, de structure, de filière ou d’encadrement. À part quelques séminaires, le stock-car est nettement en retard à ce niveau.
Le pilote NASCAR Andrew Ranger avec son école de conduite de Sanair est un bon exemple dont on doit s’inspirer.
L’arrivée de simulateurs révolutionne le monde des courses. Les jeunes bénéficient d’un nouveau moyen virtuel qui favorise leur développement de connaissances de base sur la plupart des configurations avant même de s’élancer sur une vrai piste de course.
Ces simulateurs ont fait leur preuves dans la préparation pour nos deux porte-étendards québécois, Raphaël Lessard dans la série Gander RV & Outdoors et Alex Labbé dans la série Xfinity en NASCAR.
Autre constat, généralement les jeunes viennent de générations de familles de pilotes automobile ce qui leur donne un avantage. Car, le savoir est transmis de père en fils. Gorden Clair en fait partie puisqu’il est de la troisième génération d’une famille de pilotes sur terre battue. Les frères Alan et Alex Therrien ont bénéficié du savoir du paternel Clément et de bien d’autres.
Pour un nouveau qui veut atteindre les hautes sphères de courses automobile, la famille se doit de se présenter avec une valise remplie de billets verts afin d’obtenir tous les ingrédients nécessaires dans le développement accéléré du jeune. Le pilote québécois de Formule 1, Lance Stroll, en est un parfait exemple.
La présence de plus en plus évidente des média peut être stressante. Cela demande une certaine préparation. En fait, cela exige une certaine maturité afin de s’exprimer adéquatement devant les caméras.
Il ne faudrait pas oublier l’aspect des commandites. Reconnaître l’importance et favoriser l’implication dans la recherche de commandites seraient bienvenu. Je sais, ça fait énormément de choses pour un jeune qui veut débuter dans le sport automobile. Mais, en retour, ce qu’il en retirera, entouré de sa famille et de ses amis le servira dans certaines sphères de sa vie.