Le Grand Prix d’Abou Dabi fête ses 10 ans en 2018
Depuis le milieu des années 2000, le Moyen-Orient s’est fait une place sur la scène internationale en course automobile et en moto. Les circuits de Sakhir, Dubai et Doha, tous inaugurés en 2004, ont été les pionniers.
Mais en 2007, des plans pour une expansion de la F1 dans cette région du globe a causé la création d’un festival F1 à Abou Dhabi. Celui-ci a été d’une telle popularité, la ville s’est vue octroyer un Grand Prix en 2009. Les locaux ont donc développé un terrain de 165 hectares sur l’île artificielle de Yas afin d’en faire un grand complexe incluant un hôtel adjacent à une marina, un parc d’attractions, des restaurants, une piste de karting et un circuit de calibre international modulaire d’une longueur maximale de 5,5 kilomètres en forme de revolver.
Une des particularités de la piste est la sortie des puits qui passe sous la piste au virage 1 avant de remonter directement à l’entrée du virage 3. Bruno Senna a effectué les premiers tours de roues d’une voiture de type F1 en octobre 2009 au volant d’une biplace à moteur Renault V10. Il s’agira du premier Grand Prix dont le départ se fait avant le crépuscule et l’arrivée à la noirceur complète, éclairée par le plus gros système d’éclairage permanent au monde.
Ayant le privilège de clore le calendrier, le Grand Prix d’Abou Dhabi a vu Lewis Hamilton obtenir la première position de tête de son histoire, au volant de la très améliorée McLaren Mercedes. Il n’a pu concrétiser en course, puisqu’un problème de freins l’a forcé à l’abandon au 18e tour. C’est l’Allemand Sebastian Vettel qui a remporté la victoire, donnant à Red Bull un quatrième doublé cette saison-là avec Mark Webber en 2e. Kamui Kobayashi, à seulement son deuxième Grand Prix, a également connu une course intéressante, puisqu’il a pu dépasser et rester devant le champion fraîchement couronné, Jenson Button pendant plusieurs tours. Giancarlo Fisichella a fait ses adieux à la F1 avec une lointaine 16eplace, notamment en raison d’une pénalité de passage aux puits.
L’édition 2010 s’annonçait chaude et relevée puisqu’une lutte à quatre pilotes était en marche pour le titre en cette finale de saison, du jamais vu. Fernando Alonso menait avec 246 points, 8 points devant Mark Webber, 15 devant Sebastian Vettel et 24 devant Lewis Hamilton. Une victoire donnant 25 points, ce dernier devait espérer un miracle pour terminer devant les trois autres.
Vettel a pris l’ascendant sur ses rivaux en prenant la position de tête en qualifications, avec Hamilton et Alonso tout juste derrière lui et Webber en 5eplace. Au départ un accident spectaculaire impliquant Michael Schumacher et Vitantonio Liuzzi a causé l’apparition de la voiture de sécurité.
Une fois la course relancée, Webber et Alonso ont chacun leur tour effleuré le rail à la sortie du virage 19, les faisant s’arrêter plus tôt que prévu. Ils sont sortis derrière un groupe s’étant arrêté au premier tour, dont Vitaly Petrov. Pendant ce temps, Vettel et Hamilton caracolaient en tête, bien que le dernier à s’arrêter, Jenson Button, ne soit dans leur pattes quelques tours. Alonso a tenté à quelques reprises de dépasser la Renault du Russe Petrov, mais sans succès. Webber a subi le même sort derrière l’Espagnol. Le trio a fini en 6e, 7e et 8e positions, séparés par 7 dixièmes de seconde. Devant, Vettel, Hamilton et Button ont monté sur le podium. Ce qui a procuré à l’Allemand son premier titre des pilotes, 4 points devant Alonso et 14 devant Webber. Il est le premier champion à mener le championnat une seule fois dans la saison, soit après la dernière course, depuis James Hunt en 1976.
Vettel est parti premier à nouveau en 2011, mais il n’a pu réitérer son exploit des deux saisons précédentes et a dû abandonner à la suite d’une crevaison au premier tour. C’était son seul abandon de la saison. La porte était alors toute grande ouverte pour Hamilton, qui a ainsi remporté sa première victoire à Yas Marina, terminant devant Alonso et Button. En terminant 4e, Webber a donné à Red Bull son seul balayage hors du podium en 2011.
Hamilton était de retour en première position sur la grille du Grand Prix 2012, après y avoir été évincé lors des deux éditions précédentes. Vettel, qui s’était qualifié 3e, a été forcé de partir des puits puisqu’il n’y avait pas assez d’essence dans sa RB8 pour rejoindre les puits après Q3. Red Bullen a profité pour changer les rapports de boîte et réduire les niveaux d’ailerons afin de donner à Vettel une fusée en ligne droite. Derrière Hamilton, il y avait Webber, Maldonado et Räikkönen. Ce dernier a mis de la pression sur Hamilton dès le deuxième tour. Au 9e tour, un accident impliquant Nico Rosberg et Narain Karthikeyan a forcé la sortie de la voiture de sécurité.
En raison de deux légers accrochages ayant endommagé son aileron avant, Vettel s’est vu obligé de s’arrêter à la fin du 11e tour. 9 tours plus tard, c’est Hamilton qui s’arrêta, sur le bord de la poste et pour de bon, après que son moteur ait cessé de fonctionner. Cela a permis à Räikkönen de prendre la tête, avec un Alonso en feu qui remontait sur lui. Lotus a tenté de lui dire, ce qui a mené au meilleur classique de communications radio à mon avis ‘’Leave me alone, I know what I’m doing’’, littéralement ‘’Laissez-moi tranquille, je sais ce que je fais’’. Au 39e tour, Sergio Pérez a été poussé hors-piste par Paul di Resta, et en revenant il a percuté la Lotus de Grosjean, qui a été à son tour poussée sur Webber. Ces deux derniers ont subi d’importants dégâts qui ont mis fin à leur course.
La voiture de sécurité est alors revenue en piste. Vettel avait déjà remonté jusqu’en 4e position, mettant de la pression sur Button, derrière Alonso. Celui-ci en a profité pour se détacher et rejoindre Kimi. Mais il était trop tard pour l’Espagnol, il s’est contenté du deuxième rang à moins d’une seconde de Räikkönen, devant Vettel qui a fini par passer Button à trois tours de la fin.
En 2013, Mark Webber a inscrit sa seule pole à Abou Dhabi, sa dernière en carrière incidemment, accompagné sur la première ligne par Vettel. Du côté du vainqueur précédent, Kimi Räikkönen, les choses ne s’annonçaient pas aussi jolies qu’en 2012, puisqu’il a été disqualifié de la qualification en vertu d’une flexion anormale du plancher de sa Lotus. Le Finlandais est entré en collision au premier virage avec la Catherham de Giedo van der Garde, brisant sa suspension. Ça a été le seul abandon de la course, plutôt insipide, remportée par Sebastian Vettel, plus de 30 secondes devant Mark Webber, avec Rosberg qui les a rejoints sur le podium.
L’année suivante, Bernie Ecclestone a décidé que la dernière manche de la saison 2014 donnerait le double des points habituels. Ainsi, le vainqueur gagnerait 50 points, le second 36, le troisième 30 et ainsi de suite. Les deux prétendants étaient les coéquipiers Mercedes Lewis Hamilton et Nico Rosberg. Ce dernier partait en pole, avec Hamilton à ses côtés. Le Britannique a connu un meilleur départ que l’Allemand et s’est rapidement mis en tête de la course. Celui-ci a malheureusement connu un bris de sa batterie de récupération d’énergie, ce qui lui faisait perdre 160 chevaux. Ne pouvant tenir le rythme, il s’est fait passer d’abord par Felipe Massa, puis par Valtteri Bottas, pour ensuite dégringoler en 14e place, à un tour de Hamilton, qui a remporté son premier titre avec Mercedes.
Rosberga connu un meilleur sort en 2015, puisqu’il a acquis sa deuxième pole de suite aux Émirats Arabes Unis. Hamilton, Räikkönen et Pérez le suivaient. Après quelques tours, Rosberg a mis un écart de plus d’une seconde entre lui et Hamilton, rendant ce dernier incapable de déployer son DRS. Un reste de course plutôt insipide a assuré un doublé Mercedes dans cet ordre, avec les deux Ferrari derrière, Räikkönen devant Vettel.
Rosberg est arrivé à Yas Marina avec une avance de 12 points sur Hamilton en 2016. Il pouvait donc se contenter d’une troisième et être tout de même assuré du championnat. C’est le champion des deux dernières saisons qui partait en pole, avec le meneur 2016 à ses côtés. Après un départ correct de la part de tous, la course est restée plutôt linéaire, jusqu’aux cinq derniers tours, alors que Vettel s’approchait à moins d’une seconde de Rosberg, lui-même à quelques mètres de Hamilton. La situation, bien qu’intense, est demeurée inchangée jusqu’au drapeau à damiers. 34 ans après son père Keke, Nico Rosberg est devenu le deuxième fils de champion à être lui-même champion, le dernier étant Damon Hill en 1996.
Il a ensuite surpris la planète entière en annonçant sa retraite en pleine gloire, âgé de seulement 31 ans. Jenson Button en était aussi à sa dernière course en carrière, mais il a dû s’arrêter après un bris de suspension au 13etour.
Lewis Hamilton ayant remporté le titre 2017 à Mexico, deux courses auparavant, toute la place était ouverte pour Valtteri Bottas et il a su profiter de cette chance. Il a inscrit un nouveau record de piste en qualifications, et il a mené pratiquement de bout en bout devant Hamilton. Pour donner une idée du manque d’action au cours de la course, à l’exception de Daniel Ricciardo qui partait 4e et a été obligé d’abandonner, les positions 1 à 11 en qualifications sont restées inchangées à l’arrivée. Le seul réel changement étant Alonso qui a dépassé Massa pour terminer 9e. C’était la dernière présence du Brésilien en F1, lui qui a pris une retraite bien méritée après 15 saisons actives.
Malheureusement pour les fans, il s’est passé plus de choses lors des deux premières éditions que dans les cinq dernières. Il reste à espérer que le fait que les championnats sont maintenant scellés rendra les pilotes plus agressifs en cette fin de saison et donner aux spectateurs une course à la hauteur de leurs attentes. Est-ce que la dixième édition sera aussi pimentée que 2009, 2010 et 2012. Nous le saurons le 25 novembre.