Un week-end déchirant au New Hampshire

Crédit photo : François Richard

Nous voilà rendus à la quatrième position de mon top 5 de la saison 2025. Comme je vous l’ai mentionné la semaine dernière, ce classement est basé uniquement sur les événements auxquels j’ai assisté cette année. Cette quatrième position nous ramène à une fin de semaine particulière de septembre qui m’a laissé un goût à la fois sucré et amer.

Qui l’aurait cru ? Le « magic mile » de Loudon au New Hampshire, ce circuit que j’ai visité une vingtaine de fois au fil des ans, nous a enfin offert une fin de semaine digne de ses grandes années. Finis les caprices de dame nature qui venait gâcher le party année après année. Pour cette première manche de la ronde des 12 des séries éliminatoires, le 20-21 septembre 2025, mère nature avait décidé de nous ficher la paix. Résultat : des gradins bien plus garnis qu’à l’habitude, des sourires partout, et l’impression de revivre l’époque glorieuse où il fallait s’inscrire sur une liste d’attente juste pour avoir des billets.

Quinze mois que NASCAR n’était pas revenu au New Hampshire depuis juin 2024. On sentait que les gens en avaient long à dire et qu’ils étaient contents d’accueillir ce grand cirque. La devise du New Hampshire, « Live free or die », ça résumait pas mal l’attitude des gens de la région : fiers, accueillants, et toujours prêts à jaser avec des étrangers. Quand on leur disait qu’on venait du Québec, ils étaient vraiment contents de voir qu’on avait pris le temps de venir chez eux.

Un samedi de petites anecdotes mémorables

Le samedi a commencé fort. 8h15 du matin, on s’est pointés devant le « hauler » des accréditations pour récupérer nos passes. Petite file d’attente, rien de dramatique. Sauf que pour une raison mystérieuse, l’ouverture était cédulée à 9h00, soit 15 minutes avant le début de la première course. Les employés de NASCAR attendaient patiemment que la populace arrive pour répondre à la demande. On a été chanceux, en moins de 10 minutes on avait nos précieux accès plastifiés. Mais la file s’était sérieusement allongée pendant ce temps-là.

Ensuite, il y a eu l’épicerie. Provisions obligent. On cherchait un Super C, un Maxi, quelque chose de familier. Évidemment, ces bannières n’existent pas de ce côté de la frontière. On s’est rabattus sur un Wal-Mart bizarroïde du côté de Concord. Mission accomplie, mais pas sans une rencontre mémorable aux caisses automatisées. La dame responsable nous incitait fortement à prendre un maximum de sacs de plastique. Elle nous a confié qu’elle était récemment allée en terre québécoise et qu’elle ne comprenait pas pourquoi on n’avait pas de sacs. Dans un anglais quelque peu boiteux, je lui ai expliqué que la belle province était en mission pour sauver la planète. Elle m’a relancé en me demandant dans quoi on mettait nos poubelles. Elle nous a même offert de prendre des sacs supplémentaires, nous laissant sous-entendre qu’on faisait pitié de ne pas en avoir chez nous.

Ryan Blaney a fait le boulot dimanche

Le dimanche, c’était le temps des choses sérieuses avec le Mobil 1 301. Ryan Blaney a livré toute une performance. Le pilote de l’équipe Penske a dominé en menant 116 des 301 tours et en prenant les commandes pour de bon au 263e passage. Josh Berry lui a mis une pression d’enfer dans les 39 derniers tours, mais Blaney a géré ça comme un pro pour décrocher sa troisième victoire de la saison, la 16ème de sa carrière.

Joey Logano avait décroché la pole position, William Byron a complété le podium en troisième place. Six pilotes en séries éliminatoires se sont retrouvés dans le top 10, mais c’était plus difficile pour Tyler Reddick (21e) et Bubba Wallace (26e) sur ce tracé exigeant.

Le pincement au cœur

Mais voilà, tout n’était pas parfait dans ce beau week-end. Pendant qu’on vivait nos plus belles heures à Loudon, l’Autodrome Montmagny présentait les grandes finales des séries NASCAR Canada et ACT LMS Québec XPN World. Marc-Antoine Camirand décrochait son troisième championnat en quatre ans. Jeff Côté était couronné champion de la série ACT.

Je dois vous avouer que ça m’a fait un petit pincement au cœur de ne pas être à Montmagny. C’est dommage que les deux événements aient été cédulés la même fin de semaine. Je connais quelques « Quebecers » qui ont eu à faire le choix difficile de venir au New Hampshire au lieu d’aller à Montmagny.

Une pensée pour « The Biff »

En écrivant ces lignes, impossible de ne pas avoir une pensée pour Greg Biffle. Quelques heures à peine avant la publication de ce texte, « The Biff » a tragiquement perdu la vie dans l’écrasement d’un avion privé à Statesville en Caroline du Nord. Il était accompagné de son épouse Cristina, de son fils Ryder et de sa belle-fille. Aucun survivant. Greg aurait célébré ses 56 ans cinq jours plus tard.

Loudon était un des circuits que Biffle connaissait par cœur. Au fil de sa carrière, il y a accumulé des performances solides, démontrant son talent sur ces pistes courtes et techniques qui ne pardonnent aucune erreur. Champion de la série Craftsman Truck en 2000, champion de la série Busch (maintenant Xfinity) en 2002, Biffle a connu une carrière remarquable en Cup Series avec 19 victoires en 515 départs sur 14 saisons complètes. Son meilleur classement au championnat ? Une deuxième place en 2005, derrière Tony Stewart, après une saison exceptionnelle de six victoires. Il a terminé six fois dans le top 10 du classement final et a été nommé parmi les 75 plus grands pilotes de l’histoire du NASCAR en 2023.

Au-delà des statistiques, Greg Biffle était reconnu comme un compétiteur féroce doublé d’un grand cœur. Sa passion pour la course automobile l’a mené jusqu’à l’âge de 52 ans, effectuant son dernier départ à Talladega. Le monde de la course automobile a perdu l’un de ses grands ambassadeurs. Repose en paix, Biff.

En conclusion

Cette fin de semaine mérite amplement sa quatrième position. D’un côté, on a vécu une expérience extraordinaire à Loudon avec une ambiance retrouvée, des conditions parfaites et une course de haut calibre. De l’autre, on a manqué des sacrés historiques sur le sol québécois. C’est ça aussi, la vie de passionné : faire des choix difficiles et vivre avec un petit regret dans le fond du cœur.

Mais une chose est certaine : que ce soit à Loudon ou à Montmagny, le sport automobile était en feu cette fin de semaine-là.

Que les dieux bénissent les rois de la course et ne manquez pas ma troisième position la semaine prochaine !

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