(Martinsville, Virginie) Partir de Québec pour venir à Martinsville en Virginie pour assister à l’avant-dernière fin de semaine de course de la saison nous a demandé environ 15 heures de route. Vous me demandez si cela en valait la peine, la réponse est bien simple : C’est un gros OUI en caractères gras !
Deux routes sont possibles (peut-être d’autres que je ne connais pas) pour venir ici. Vous pouvez utiliser la 95 et passer par New York, Philadelphie et Washington. Le meilleur trajet selon moi est de passer par l’Ontario et d’entrer aux États-Unis par les Mille-Îles en Ontario. Par la suite, la 81 vous dirigera directement ou presque vers Martinsville.
Nous sommes partis le jeudi vers l’heure du midi pour arrêter vers 10 heures le soir dans un trou perdu de la Pennsylvanie. Le vendredi matin, nous avons repris la route vers 9 h pour arriver à la piste vers 14 h 30. Pas évident de se retrouver, la salle de presse étant remplie à pleine capacité, nous avons été logés dans la « Press-Box » située au-dessus des estrades à l’entrée du virage. Comparativement à la salle de presse située au milieu de la piste, la vue que nous avions était tout simplement imprenable.
Avant d’aller plus loin, une petite leçon d’histoire

Martinsville Speedway, ce n’est pas n’importe quelle piste. On parle ici du seul circuit qui a accueilli des courses de la CUP à chaque saison depuis 1949, l’année de création de la série. L’histoire commence en 1947 quand H. Clay Earles, un homme d’affaires de la Virginie qui n’avait qu’une éducation de quatrième année mais un sens des affaires plus aiguisé que bien des diplômés universitaires, a construit un petit ovale de terre battue. À peine 750 sièges à l’origine, mais 6 000 spectateurs se sont déplacés pour la première course ! Earles était un homme dur, forgé par la Grande Dépression des années 30.
Ce qui me fascine le plus avec Martinsville, c’est que la présidence est restée dans la même famille depuis 1947. Clay Campbell, le petit-fils du fondateur, tient les rênes depuis 1988. Son grand-père avait compris très tôt quelque chose d’essentiel : sans les fans, t’as beau avoir des courses, ça ne sert à rien si personne n’est là pour regarder. Martinsville, avec sa forme unique de trombone et ses virages serrés, c’est un pan d’histoire vivante du NASCAR.
Mes premières impressions

L’idée que je me faisais du petit ovale d’un demi-mille surnommé le « paper clip » était complètement erronée. Je pensais que c’était beaucoup plus petit que ça ne l’est en réalité et qu’on aurait l’impression d’être coincé. Ce n’est vraiment pas le cas. Le milieu de l’ovale est certes beaucoup plus petit que le New Hampshire par exemple, cependant tout est bien aménagé. Assez impressionnant de voir les gros camions remorques entrer par le virage 4 entre les estrades. Ça demande beaucoup d’habileté de la part des conducteurs qui sont assistés par le personnel présent sur place. Simplement pour vous donner une idée, l’ovale de Sainte-Croix qui est un 5/8 de mille est plus grand que la piste de Martinsville.
Pour ce qui est de l’accueil, les gens sur place sont vraiment sympathiques et sont heureux de nous voir. Bien entendu, mon accent et mon anglais à l’occasion douteux trahissent mon origine. « Non je ne viens pas de France madame, je viens de Québec City ». Comment êtes-vous venu ici ? « Je suis venu en Nissan Kicks ». Combien de temps cela vous a pris ? « Ça m’a pris 15 heures ». Êtes-vous fou ? « Ça ben l’air que oui ! »
La course « Craftsman » du vendredi soir !

La première course présentée fut celle de la série de camionnettes « Craftsman » remportée par Corey Heim qui pour l’occasion a visité pour une onzième fois le cercle des vainqueurs cette saison. J’ai passé proche d’écrire « cette semaine » au lieu de « cette saison », ça aurait été un peu trop intense.
Je pensais qu’il y aurait eu plus de personnes dans les gradins que ça, surtout que la saison tire vraiment à sa fin. J’ai regardé le départ de la course de la galerie de presse. La vue était tout simplement incroyable. On voyait très bien la piste au complet. Cependant, quand les premiers rattrapent les retardataires, la course devient plus difficile à suivre et on ne sait pas toujours à quel endroit regarder. On regarde dans le virage 1 pendant qu’un accident se produit dans le virage 4.
C’est vraiment impressionnant au départ de voir la meute prendre le premier virage à toute allure. Comme on dit, il y avait de la circulation.
La course Xfinity du samedi soir

Je me serais attendu à plus de gens dans les gradins. Ce ne fut pas le cas, pourtant la course offerte a fait le travail. C’est vrai que ce n’était pas très chaud, mais avec une course aussi importante avant la grande finale la fin de semaine prochaine, je me serais attendu à plus.
J’ai regardé plusieurs tours le long de la clôture à la sortie du virage quatre. Même avec des bouchons, le son des moteurs était très élevé. Une vraie torture auditive. Les derniers tours ont brassé, ce qui a mené à une prolongation de type « Vert – Blanc – Damier ».
C’est finalement Taylor Gray au volant de son bolide Toyota 54 de chez Joe Gibbs Racing qui a gagné sa passe pour le cercle des vainqueurs en décrochant sa première victoire en carrière dans la série.
Les 4 pilotes qui passent en grande finale sont : Connor Zilisch, Justin Algaier, Carson Kvapil et Jesse Love
Une petite parenthèse, Connor Zilisch a tellement remporté de courses cette saison que le nombre de drapeaux indiquant ses victoires prend énormément d’espace juste à gauche de son nom sur son bolide.
La grande finale de la fin de semaine

Lors de la présentation des pilotes avant le départ de l’épreuve reine de la fin de semaine, le « Xfinity 500 », ce qui a retenu mon attention est la relation amour-haine que le public a envers Joey Logano et Denny Hamlin. Ce sont les deux gladiateurs du bitume qui ont été les plus hués. Du côté des gradins, ceux-ci étaient bien garnis comparativement aux deux jours précédents. Ce n’était pas à guichet fermé selon moi, mais pas loin.
Dans les trois épreuves auxquelles nous avons assisté, il y a toujours un compétiteur qui traîne de la patte. J’ignore pourquoi, mais c’est comme ça. Cette fois-ci, ce fut le talentueux Casey Mears qui en a arraché tout le long de la journée. Tout droit sorti des boules à mites, Mears ne faisait pas le poids face à la compétition.
Le premier segment fut calme côté neutralisation, sans l’aide de tableau de bord électronique, j’aurais eu de la difficulté à suivre le classement tellement la circulation était dense. Par la suite, ce fut complètement autre chose. N’empêche que nous avons assisté à un marathon de près de 4 heures.
Les 4 pilotes qui passent en grande finale sont : Denny Hamlin, Chase Briscoe, William Byron, Kyle Larson
Les fameux « rotteux » de Martinsville

Si vous me demandez quelle est la tradition la plus sacrée du NASCAR, je vous répondrai sans hésiter : le hot-dog de Martinsville Speedway. Et ne venez pas me dire que c’est juste un hot-dog ordinaire ! Ce bolide culinaire, avec sa couleur rouge éclatante grâce à l’additif « Red-40 », fait partie intégrante de l’expérience NASCAR depuis plus de 50 ans. La marque Jesse Jones, c’est non négociable. D’ailleurs, quand la direction a tenté en 2015 de changer pour des saucisses Valleydale, les fans se sont tellement insurgés que la marque originale a dû être réintroduite en 2018. Clay Campbell, le président du circuit, a même déclaré que son grand-père reviendrait le hanter s’il changeait quoi que ce soit à cette recette sacrée. Servi sur un pain vapeur moelleux et garni de moutarde, de chili, d’oignons et d’une salade de chou style sudiste avec ce petit goût acidulé caractéristique, c’est la définition même du comfort food à l’américaine.
Maintenant, accrochez-vous bien : ce hot-dog légendaire coûte seulement deux piastres. Oui, vous avez bien lu, DEUX piastres ! Dans un monde où les concessions de stade vous arrachent facilement 10 ou 15 $ pour de la bouffe ordinaire, Martinsville tient bon avec un prix qui n’a pas changé depuis des décennies. Environ 70 000 de ces beautés sont vendues lors de chaque course.
Un pot-pourri de petites histoires

Pourquoi y aller avec un petit pot-pourri (pas certain que c’est la bonne expression) de toutes sortes de petites histoires survenues durant le week-end. Ceux qui me connaissent savent que je suis un amateur de nains de jardin ou des gnomes. Et bien mon dieu, je ne pensais jamais en rencontrer un vrai de vrai de mon vivant. Cependant, dans mes souvenirs d’enfance, je ne croyais pas (tel qu’illustré dans la photo), qu’un gnome pouvait être aussi gros et souriant.
Je n’ose même pas imaginer comment on aurait pu sortir du stationnement avec notre Nissan Kicks à traction avant (probablement le seul exemplaire présent de ce type de bolide à des kilomètres à la ronde). Si la pluie était venue hanter (plug ici sur l’Halloween) notre fin de semaine, nous aurions possiblement été en problème. Nous étions garés dans une pente assez abrupte que notre bolide n’aurait jamais pu gravir. J’exagère à peine, mais il aurait fallu coucher les bancs et dormir sur place.
Mon collègue photographe, Christian Gingras, a assisté aux célébrations de la position de tête décrochée par William Byron. Christian aime bien observer ce que les autres personnes ne voient pas. Il s’est amusé à compter le nombre de fois que Byron a changé de casquette lors des prises de photos. Tenez-vous bien, il en a dénombré 17. Oui, Byron a changé de « calotte » 17 fois. C’est un peu normal d’une certaine façon, car il est de plus en plus difficile pour les écuries d’avoir un seul commanditaire pour espérer faire le calendrier complet.
Il semble y avoir un côté très religieux en Virginie. Pour se rendre de l’hôtel situé à Roanoke à une heure de la piste, nous devions emprunter la route 220. Sérieusement, il devrait y avoir une église à tous les deux milles. Ça n’a aucun sens. Même quand on est arrivés dans le stationnement des médias dimanche matin, il y avait un chapiteau du « Speedway Ministry » dans lequel se tenait une messe avec orchestre et tout le tralala. Nous avons même eu droit à un solo de guitare pendant que nous sortions notre équipement de notre bolide. Le déroulement de la cérémonie semble s’être déroulé sous le signe de la bonne humeur.
Il semblerait que le damier soit très à la mode cette année. En effet, plusieurs dames arboraient fièrement le look drapeau à damier que ce soit au niveau du soulier, du pantalon ou même de la « blouse ». Cependant, attention, cela ne convient pas à toutes.
La sécurité tout autour du circuit était assurée par les shérifs. J’ignore qui fait les embauches, mais certains semblaient souffrir d’embonpoint qui les empêcherait certainement de partir à la course après un criminel. J’imagine qu’ils ont d’autres habiletés leur permettant d’appréhender les voleurs.
En conclusion

J’aurais pu mettre encore plus de fleurs ou agrandir le contenu de mon pot-pourri, mais je vais m’arrêter là. Nous avons passé une excellente fin de semaine moi et mon collègue Christian Gingras à découvrir un coin de pays que nous ne connaissions pas.
La foule à Martinsville est très différente de celle que j’ai pu connaître jusqu’à maintenant. Malgré une température plus « frette » que d’habitude, nous partons d’ici avec de beaux souvenirs et une image différente de celle que nous avions du NASCAR.
Que les dieux bénissent les rois de la course et Martinsville !









