En espérant que vous avez complètement regardé la course de la Coupe NASCAR samedi soir dernier, le Pro Bass Shop 500 qui s’est déroulé au légendaire petit circuit ovale d’un demi-mille, vous avez certainement vu que les pneus y ont joué un rôle important.
En effet, dès les premiers vingt-cinq tours, certains pilotes ont dû entrer aux puits avec un pneu avant droit entièrement usé! Pas un peu usé…complètement usé…à la corde. Du jamais vu! Puis, le drame, Josh Berry (Mustang no 21) a été obligé de faire un arrêt d’urgence, le feu était pris dans le puits d’aile avant droit de son bolide! Berry a été sorti de son auto par les membres de son équipe. Évidemment, c’en était fini pour Berry…et ses chances de pouvoir continuer au championnat se sont envolées en fumée (pas de farce ici!). Trois courses, trois fois dernier!
Par après, plusieurs autres pilotes ont dû entrer pour des changements de pneus. Tous avec le même problème. En un temps, deux mouvements, plusieurs observateurs se sont mis à critiquer Goodyear, le seul fournisseur de pneus pour NASCAR aux États-Unis.
Il faut savoir que ce sont les pilotes et les équipes qui ont demandé à Goodyear de créer un pneu plus « mou » pour Bristol, une piste qui nous donnait d’excellentes images d’action dans le passé mais qui est devenue « ennuyante » depuis quelques temps. Souvenez-vous, il y a une dizaine d’années, il était presque impossible de trouver un billet pour une course de Coupe NASCAR à Bristol. Samedi dernier, il y avait des sections où l’on pouvait dénombrer des sièges vides en quantité appréciable.
Toujours est-il que vendredi matin, les voitures de la Coupe NASCAR utilisaient ce nouveau pneu de Goodyear en pratique et ce, avec succès et satisfaction. Mais il faisait chaud à ce moment-là, environ 27 degrés Celsius! Ironiquement, le thermomètre avait baissé autour de 16 degrés C le soir de la course. Et les pneus se sont usés rapidement.
Est-ce la température fraîche qui a causé cette détérioration? Selon Justin Fantozzi, le directeur international des compétitions de Goodyear, c’est très peu probable. Moi, je crois plutôt que ce sont les vitesses excessives, que ces pneus ont permis, qui ont usé les pneus rapidement. Du moins, si c’est ce que rapportent le gagnant Christopher Bell (Camry no 20) et le deuxième au finish Brad Keselowski dont les pneus ont tenu le coup, surtout à la fin de la course (qui fut relativement palpitante…un peu comme dans les années quatre-vingt-dix).
En effet, les premiers tours de piste se sont faits à la vitesse de l’éclair. Le tempo fut un peu ralenti lors du deuxième segment de l’épreuve et, sauf pour la vingtaine de derniers tours, celui-ci était redevenu normal ou presque! Notez qu’il y a quand même eu une trentaine de changements de meneurs pendant la course!
Quant à moi, j’ai une petite idée là-dessus! Croyez-moi ou non, j’ai un peu d’expérience dans les pneus (et ce n’est pas de la vantardise…). J’en fais de multiples rapports dans des publications spécialisées depuis plus de 35 ans et plusieurs manufacturiers m’ont invité dans divers programmes autour du monde incluant surtout des visites dans leurs installations. Parmi celles-ci, j’ai pu visiter les laboratoires du département de courses de Goodyear dans les anciens bureaux de la compagnie à Akron, Ohio. C’est là que j’ai appris que Goodyear fabriquait environ cinq modèles de base de pneus pour NASCAR avec plusieurs formules de gomme pour la bande de roulement. Et chacune de ces formules (secrètes, bien entendu) pouvait inclure plus de 47 ingrédients ! Et ça, c’était il y a une vingtaine d’années!
De plus, mes expériences en tant que reporter des puits lors des courses de NASCAR (dont Montréal) m’ont aussi appris que Goodyear émettait de sérieuses recommandations de pression de pneu et de réglages de direction, de carrossage (camber) et de chasse (caster) pour la course. Pourtant, il n’était pas rare de voir certaines équipes faire fi de ces recommandations et établir ses propres ajustements ! Je crois que cette hypothèse serait à explorer pour les techniciens de NASCAR. Toutefois, les premières inspections sur la voiture du gagnant (Bell) n’ont rien dévoilé d’irrégulier ce qui annule le besoin d’inspections plus poussées dans les labos de NASCAR. De toutes façons, tout semble indiquer que l’équipe de Bell a joué de prudence en ce sens, ce qui peut présumer qu’elle a suivi les recommandations de Goodyear à la lettre (selon les dires de Bell). Mais ce ne sont là que mes suppositions. Enfin, connaissant les politiques de NASCAR en ce qui a trait à la …politique (NASCAR n’apprécie pas et n’approuvera jamais les opinions politiques de ses membres et de ses pilotes, surtout à la télé), je me demande pourquoi il n’y a eu aucune réaction à la remarque de Christopher Bell lors de ses remarques d’après-course (en entrevue à la télé) en consacrant sa victoire à Charlie Kirk (le supporteur des Républicains et admirateur de Trump) « This one is for Charlie » Humm!