Je ne suis pas né sous la bonne étoile pour avoir eu les qualités ou les connaissances qui me permettaient de vraiment me démarquer des autres. De nature, j’étais quelqu’un de plutôt réservé et j’avais un peu de mal à m’intégrer aux autres. Cela dit, dans chaque domaine, il y a de ces personnes qui sont tout le contraire. Elles ont cette facilité d’adaptation et s’intègrent aux gens qui les entourent ultra facilement. Je ne sais pas si s’est inné ou on peut développer cette capacité à se fondre dans la foule et ainsi aider les autres, mais c’est quelque chose que Daniel Demers semble posséder depuis des années. Il va entamer sa 26e année de course cet été. Il a commencé à rouler sur les pistes de course en 1998. Je ne pensais pas que ma publication sur l’annonce de ma collaboration avec ce dernier allait rejoindre autant de gens, mais je dois me rendre à l’évidence que tout le monde l’apprécie au plus haut point, sans exception.
Un gentleman autant sur la piste comme pilote que dans les puits à donner une pièce à un autre pilote qui en a réellement besoin pour poursuivre sa soirée. Il peut même oublier son propre «char» de course et aller réparer celui des autres: «J’ai toujours cherché à aider sans hésiter. Même que des fois, je mets mes choses de côté pour aider quelqu’un et ça me fait plaisir. Ouin, c’est le fun à lire ces messages et ça fait du bien. Ils n’ont pas tort avec leurs expériences vécues». On voit que c’est important pour lui de rendre service et les témoignages ne manquent pas quand vient le temps de le remercier. Une véritable famille au sens large et ça vient prendre tout son sens quand quelqu’un comme Daniel y donne du sien.

On le sait tous que l’argent est le nerf de la guerre pour faire une saison complète en course automobile. Les décisions sont prises et les sorties sont décidées en fonction de l’apport financier de commanditaires. Sans eux, on peut littéralement faire une croix sur la saison. Dans le pire des cas, c’est une ou deux fins de semaine de course non prévues qui s’ajoutent à l’horaire. C’est ce qui a retardé le retour en piste de Daniel, mais il avait une fichue de bonne nouvelle à nous annoncer: «Un apport financier, une confirmation de commanditaires! Maxi-roule et Jimexs! Ce sont des commanditaires depuis plusieurs années. Je ne veux pas dire que j’attendais après eux autres, mais je veux plus dire que grâce à eux autres, je peux me permettre de faire la saison complète en Modlite. C’est d’ailleurs ça la priorité, de faire la saison Modlite pis toutes les courses qui vont être possibles de faire en Lightning. Si je n’avais pas eu ces commanditaires-là, j’aurais fait la saison en Lightning, mais grâce à ces deux commanditaires-là, je vais faire la saison complète en Modlite. C’est ça que je ne voulais pas dévoiler tout de suite sans avoir la confirmation de ces commanditaires-là».
Pour faire un choix plus éclairé pour la suite des choses, comme le calendrier des deux classes n’entre pas en conflit, il va pouvoir faire la totalité des deux championnats s’il le désire. Comme il me le mentionnait, il ne se met aucune pression quant à sa participation au championnat en Lightning Sprint, mais pour celui de Modlite Québec par exemple, c’est non négociable pour faire toutes les courses.
J’ai vécu toute mon enfance et une bonne partie de mon adolescence à suivre mon père dans son aventure de la course automobile. Je suis au fait que d’avoir une voiture de course dans son garage coûte excessivement cher. D’autant plus que mon père était son propre commanditaire avec son garage de mécanique générale. Je n’étais pas dans ses souliers, mais quand Daniel a appris le support financier tant souhaité pour pouvoir poursuivre son désir d’être derrière le volant, il a dû sentir qu’une tonne de briques venait de s’enlever sur ses épaules. Outre le fait qu’il y a plus d’opportunité de courser de l’autre côté de la frontière avec son Modlite, c’est la chance de pouvoir être sur la piste en même temps que son bon chum Jean-François Leblanc qui a facilité sa décision: «Le choix Modlite est que ça fait plusieurs années que je course avec JF. C’est mon meilleur ami. On a coursé en Mini-Mod, en quatre-roues, en Sportsman, en Lightning. Pis l’année passée, lui, il a vendu son Lightning. Il a choisi de courser en Modlite parce qu’en Floride, y’a des Modlites, y’a pas de Lightning. Pis toute la saison passée, moi j’étais en Lightning, lui en Modlite, mais y’a quelques soirs où on n’était pas ensemble. Je trouvais qu’il manquait quelque chose. J’avais envie encore de courser contre mon meilleur chum, avec mon meilleur chum. C’est pour ça que j’ai priorisé le Modlite cette année. Grâce aux commanditaires, je vais conduire sa deuxième voiture».
C’est beau de voir à quel point les relations inter-personnelles peuvent influencer nos décisions. On ne sait aucunement ce que le futur nous réserve, mais tout porte à croire que Daniel a suivi son instinct et décidé de foncer dans le tas.
Le calendrier risque de s’alourdir durant l’été parce que des sorties aux États-Unis sont prévues. Tout comme disait Antonin dans mon texte précédant, c’est toujours bénéfique d’aller se mesurer aux meilleurs de la profession: «Ce que je n’ai pas dit aussi, est que moi pis JF, c’est vraiment le championnat Modlite Québec qui est la priorité. Mais on prévoit faire quelques sorties quand ça va adonner aux États aussi. L’année passée, on a essayé Brewerton, Fulton, Merritville pis on a ben aimé ça les différentes tracks.
Je n’ose pas imaginer toute l’expérience que Daniel et toute son équipe vont acquérir au cours de ces périples à l’extérieur. On ne peut pas cracher là-dessus. Même si le voyage ne se déroule pas comme prévu, il faut simplement voir ce que l’on peut en retirer et continuer d’avancer.
Le train d’enfer qu’est une saison de course automobile va s’entamer le 26 avril prochain avec la journée de pratique à l’autodrome Drummond. C’est un véritable rouleau compresseur où il n’y a pas beaucoup de temps d’arrêt. C’est du vendredi au dimanche, pour les équipes qui le veulent bien, et ça va s’arrêter quand ça va s’arrêter. Imaginez quand le pilote a la possibilité de faire deux classes pendant la même soirée, pendant plusieurs soirs: «Le championnat Modlite, j’pense qu’il y a 20 courses ou quelque chose de même pis Lightning, y’en 24. À Saint-Marcel, y’a toujours les deux parce que c’est deux classes locales. À Saint-Marcel, je vais toujours faire les deux classes. Je voulais faire toutes les Modlites pour courser avec mon chum, mais je peux faire toutes celles de Lightning aussi. Ça va dépendre comment ça va aller. Je ne m’attends pas à toutes les faire parce que ça fait 30 soirs de courses. On verra au fur et à mesure pour le Lightning».

Quand on dit que c’est très difficile de sortir les courses du gars, Daniel en est un bel exemple. Il est prêt à délaisser la mécanique de sa propre voiture pour aller donner un coup de main. Comme s’il n’en faisait pas assez!
Il va de soi que de faire 45 courses pendant l’année au RPM doit demander un effort exagéré pour réussir à arriver à la fin de l’année en un seul morceau. J’ai dit «exagéré», mais ce n’est vraiment pas négatif, mais plutôt pour vous démontrer à quel point les gens impliqués le font pour la passion du sport qui les anime. Je ne suis pas pilote ou mécanicien, mais je suis quand même capable de voir que le pilotage d’un Modlite est très différent de celui d’un Lightning. Il a fallu faire un choix! Il n’en demeure pas moins que le groupe en LS est une méchante belle famille: «En Lightning, c’est vraiment… ce n’est pas que je n’aime pas ça, parce que l’effet de vitesse, y’a pas grand-chose qui bat ça vraiment. Pis après les courses, on est plusieurs équipes avec des motorisés, pis on se fait des feux pis on se fait un party, la musique. C’est toujours le fun en Lightning après les courses. C’est vraiment une belle gang. Mais le choix de Modlite, c’est vraiment de courser avec mon chum JF le plus souvent possible». J’ai bien hâte de voir comment l’un va tirer le meilleur de l’autre. Ça risque d’être une bataille à l’interne.
Ça fait plusieurs années que je me promène et assiste à des soirées de courses. C’est vachement impressionnant la vitesse que ces bolides-là peuvent atteindre. Avec les deux ailes sur le bolide, la moindre petite erreur, aussi minuscule soit-elle, peut être fatale. Ce qui rend le spectacle palpitant et les courses très excitantes. De son côté, la catégorie Modlite est une classe qui s’en va dans la bonne direction et le peloton ne cesse de grossir. Deux mondes, deux réalités: «J’aime les deux. Les deux, les conduites sont différentes. C’est la même mécanique, mais la conduite est vraiment différente des deux. Le Lightning, c’est fou comment ça va vite. Quand les gros blocs sont venus à Drummond, les Lightnings étaient plus rapides qu’un gros bloc. Ce n’’est quand même pas rien comme petit véhicule. En Modlite, c’est autre chose. C’est une autre conduite, plus technique, mais j’aime vraiment les deux».
Un beau dilemme qui laisse place à une satisfaction différente dépendant de quel volant tu as entre les mains. Peu importe le choix qu’il va décider de prendre, je suis persuadé que l’adrénaline va rester. Seulement, elle va être multipliée par dix quand il sera à bord de son Lightning.
Comme s’il n’avait pas assez de travail à faire comme ça, il va devoir faire toute la besogne deux fois parce qu’il compte faire les deux classes au RPM Speedway. C’est quelqu’un qui est clairement aimanté envers les courses: «À Saint-Marcel, c’est un défi de switcher d’un à l’autre. Des fois, ça peut être un petit désavantage mais, en même temps, ça peut être un avantage aussi en débarquant d’la piste. Tu peux vraiment voir où est-ce que le collant est, où est-ce qu’il y a la meilleure ligne versus ceux qui embarquent pis qui n’ont pas viré depuis une heure ou deux». Comment fait-il pour assimiler autant d’informations en peu de temps? C’est quelqu’un qui se laisse transporter par la vague qu’est la course automobile. Je ne vois pas autre chose.
Quand on parle de saison de course, il ne suffit pas seulement de parler de pièces à changer sur la voiture ou du nombre de gallons d’essence à mettre dans son «trailer» pour la prochaine fin de semaine. C’est certain que les pilotes passent la majorité de leur temps dans leur garage pour faire en sorte que l’auto soit droite avant d’aller aux courses. Je me demande seulement à quel genre de sacrifice ils font face. Pour Daniel, tant que le goût va y être, il va continuer de courser: «Les sacrifices sont que je vais avoir plusieurs fins de semaine de courses. Des fois, juste une course dans une fin de semaine. Des fois deux. Je pense que ça arrive deux fois où j’en ai trois. Le vendredi à Granby, le samedi à Drummond et le dimanche à Cornwall. Ça va prendre une bonne préparation dans la semaine, être prêt d’avance. On fait souvent en début de semaine un soir ou deux. On va au garage et on prépare nos chars ensemble. On s’assure que l’on ne manque de rien, qu’il n’y a rien de brisé et on se prépare pour le vendredi ou le samedi pour aller aux courses. C’est un peu ça mes sacrifices. J’ai envie d’le faire. Je n’ai pas de conjointe à la maison, donc, je peux me permettre d’le faire».
Une mauvaise soirée au bureau peut très vite arriver, mais avec toute la discipline qu’il semble vouloir mettre dans son approche dans le but d’avoir une voiture compétitive à chaque soir, c’est un pari qui vaut la peine d’être pris.
D’apprendre que les principaux commanditaires renouvellent leur entente pour la prochaine saison doit certainement donner un second souffle dans toute la préparation nécessaire. Dans le cas contraire, Daniel m’a rassuré qu’il n’aurait pas accroché son volant pour autant: «Non! Si je n’avais pas eu de commanditaires, j’aurais probablement coursé juste en Lightning Sprint. Ce n’est pas des commanditaires qui vont m’empêcher de courser parce que je ne suis pas prêt pour arrêter. Tant que je vais avoir le physique pour courser, tant que la santé va suivre, je ne m’attends pas d’arrêter». Je n’étais pas en face de lui quand je lui posais mes questions, mais je pouvais déceler chez lui que l’étincelle était toujours présente et qu’il était simplement prêt pour une autre saison de course.
Aux portes de sa 26e année de compétition, Daniel a toujours le feu sacré. Son partenaire de course, Jean-François Leblanc a passé l’hiver en Floride pour tester les ajustements sur les deux nouvelles voitures que l’équipe aura cette saison. Daniel me disait que l’équipe ne partira pas complètement de zéro et croit fermement que ça va être un gros gros plus quand la saison va commencer. Pour ce qui est de sa motivation personnelle, quand c’est le temps d’aller aux courses, on va aux courses: «À chaque fois que je vais aux courses, je me sens vivant. Je ne sais pas, l’adrénaline que ça donne. C’est toujours plaisant que ce soit en quatre-roues l’hiver, en Modlite, en Lightning, en n’importe quoi. Préparer une voiture de course, embarquer tout le stock, l’équipement, les outils, arriver aux courses, débarquer tout ça, c’est toujours beaucoup d’ouvrage, mais quand t’embarques sur la track, pis que tu es à un tour que le vert tombe, y’a pu rien autour. T’a beau avoir des amis dans l’estrade, des spectateurs, de la famille, tu tombes comme tout seul. Le but est de dépasser le plus de monde possible. C’est vraiment une passion. Je n’ai pas d’intérêt pour le golf ou plein d’autres sports. Mais pour la course automobile, c’est le feeling. Même si j’ai dormi trois heures la veille, je vais être aux courses pis je vais courser pareil. Ça me tient allumé».
Avec tout le travail fait par JF pendant la saison morte en Floride, Daniel est gonflé à bloc. Les voitures semblent de plus en plus rapides sur la piste. Avec des pilotes très compétitifs au sein du peloton, ça va être une guerre de tous les instants.
J’aurais aimé être en face à face avec lui pour me faire réaliser à quel point il est quelqu’un de transparent et qui est honnête envers lui-même, conscient de ses propres limites. J’ai l’impression que l’on n’a pas fini de le voir sur la piste autant avec son Modlite qu’avec son Lightning. Pour la saison qui vient, rien de moins que le championnat Modlite Québec qui est dans sa mire: «Objectif précis est d’aller chercher le championnat Modlite. Y’a plusieurs pilotes compétitifs, ça va être difficile. Des victoires et des podiums le plus possible mais avant tout, c’est de ramener l’auto sur ses 4 roues à chaque fois. Finir, c’est pas mal le principal. Je pense que c’est en finissant les courses qu’on peut avoir des championnats. T’as beau gagner deux fois, mais si tu scrappes ton char 4 fois, ce n’est pas ça qui donne des championnats. Terminer les courses, plus de podiums possibles, autant en Modlite que Lightning».
Ça été une conversation plus qu’enrichissante et je crois que mon texte, mon histoire va le refléter. Un gentleman! Ce n’est pas plus compliqué que ça!
Bonne saison mon chum !!!