Piloter une F1: un grand rêve réalisé

Crédit photo : Christian Gingras

Depuis très longtemps, j’ai ce rêve bien ancré d’un jour piloter une Formule 1, une vraie. Quand j’ai commencé à y penser, une compagnie offrait cette expérience à Shannonville, avec de vieilles F1, probablement du début des années 80 à cette époque. D’autres entreprises l’offraient aussi, en Floride notamment. Bien sûr, le coût d’une telle aventure ne permettait pas au jeune homme que j’étais alors de réaliser son rêve.

Quelques décennies plus tard, le jeune homme est devenu un jeune retraité de 57 ans, avec un peu plus d’argent disponible pour ce genre de truc. Comme il n’est jamais trop tard pour réaliser ses rêves, c’est avec beaucoup de joie que j’ai découvert la compagnie LRS Formula il y a quelques années. Basée en France, sur le circuit de Magny-Cours, cette firme semble être la seule à offrir en ce moment un stage de pilotage F1, avec de vraies F1 relativement récentes. Leur écurie inclut plusieurs de ces bolides mais les trois qui sont présentement accessibles aux clients sont une Benetton B198 (1998), une Prost AP04 (2001) et une Williams FW33 (2011). Magny-Cours est le circuit principal de ces stages mais on peut aussi réserver pour une expérience à Barcelone, Portimao, Paul-Ricard et quelques autres. Visitez le site web de LRS Formula pour en savoir plus sur les forfaits disponibles et les coûts associés à chacun de ces forfaits.

Préparation de l’expérience

Après avoir convaincu mon ami Georges, grand amateur de course et ancien pilote de karting et de monoplace, de se joindre à moi pour cette expérience hors du commun, nous avons réservé nos forfaits respectifs pour le 27 septembre 2023 sur le circuit Nevers Magny-Cours. Pour Georges, 5 tours dans la Prost AP04 et pour moi, 7 tours dans la Williams FW33. Notre ami Pascal est notre précieux accompagnateur, qui nous permettra de conserver quelques souvenirs photographiques de cette grande expérience.

Après un peu moins d’un an d’attente, d’espoir, de questionnements, de stress, d’anticipation, la journée tant attendue est maintenant terminée. Laissez-moi vous en raconter l’essence. En partant, disons seulement que la journée de Georges a été moins mouvementée que la mienne, et c’est tant mieux pour lui.

En matinée, nous avions droit à deux séances de 15 minutes en Formule Renault 2.0, des mini-F1, après un briefing technique avec nos instructeurs du jour. Les sessions en Formule Renault étaient bien sûr prévues afin de nous laisser s’acclimater aux monoplaces et au circuit. Déjà, ce sont des voitures qui donnent beaucoup de sensations et qui permettent d’expérimenter les freins au carbone et une accélération puissante grâce au poids minimal des voitures (un peu plus de 500 kg), avec environ 200 chevaux sous le capot.

Ma première voiture (la #12) avait un embrayage et/ou un démarreur défectueux. Après un essai infructueux, il a donc fallu qu’on la démarre en me poussant. Après quelques tours fort amusants, on m’a fait entrer aux puits pour m’avertir que j’étais un peu trop agressif au freinage et que je devais être plus «doux» dans mon pilotage, ce que j’ai bien sûr tenté d’appliquer à la fin de cette première session.

Dans la deuxième session, j’ai donc été plus doux, cette fois avec une autre voiture (la #8), en raison des problèmes de la #12. Tout s’est bien passé jusqu’au dernier tour, où j’ai fait une bête erreur en rétrogradant dans une chicane, ce qui a fait passer le train arrière devant, résultant en un 360° sur l’asphalte, sans dommage. Une expérience de plus dans ma journée, qui n’allait pas être la dernière!

Le grand moment

Après le repas, c’était au tour de notre stage F1. Après un briefing où les instructeurs ont insisté sur le fait que ces voitures étaient très difficiles à apprivoiser et qu’il fallait se concentrer sur l’expérience et non sur la performance, Georges a été le tout premier pilote à s’élancer dans la Prost AP04 pour ses 5 tours. Puisqu’il avait un peu d’appréhension avant d’embarquer, il a donc piloté prudemment, comme un chef, en ramenant la voiture à bon port. Super expérience pour lui au final.

Pour ma part, qui ne fait jamais rien comme les autres, j’ai embarqué dans la voiture avec un peu beaucoup trop de confiance et ai reçu une bonne grosse claque d’humilité dès la première épingle, au virage Adélaïde, me retrouvant dans le bac à gravier après un freinage un peu trop timide et une vitesse un peu trop grande en sortie de virage. Rien ne sert de vous dire que je me parlais très (très) fort en attendant les secours pour me sortir de ma fâcheuse situation.

Heureusement, j’ai eu droit à un «mulligan» pour continuer ma route après le dépannage. Merci à la géniale équipe de LRS Formula pour cette deuxième chance.

Mes tours suivants se sont déroulés sous le signe de la prudence, sachant très bien que c’était ma dernière opportunité. J’ai seulement tenté de prendre tout le plaisir disponible dans les accélérations foudroyantes et les freinages hallucinants de cette incroyable machine de guerre qu’est une F1. Mes passages en courbe ont été plus prudents, même si j’ai tout de même pu apprécier les chicanes rapides à leur juste valeur (et à vitesse plus raisonnable).

La conclusion d’une journée spéciale

Au final, ce n’est absolument rien comme le simulateur, mes temps au tour (non chronométrés) ont été BEAUCOUP plus lents que j’aurais pensé mais le plaisir d’avoir vécu les sensations procurées par cette «brutalité technologique» restera gravé dans ma mémoire pour le reste de ma vie. Absolument aucun mot ne peut décrire ce «feeling», absolument rien. En prenant place à bord d’une F1, on constate rapidement que rien n’est fait pour nous rendre confortable. C’est petit, c’est serré, on sent la chaleur et le bruit du moteur juste derrière nous et les vitesses atteintes dans les virages rapides font peur. Évidemment, je suis bien conscient qu’avec des tours et des tours derrière la cravate, on pourrait probablement devenir plus à l’aise mais une chose est sûre, piloter une F1 est extrêmement difficile. Cette expérience m’a fait réaliser à quel point ces pilotes sont talentueux.

Georges et moi sommes d’accord sur le point suivant. On pensait faire cette expérience pour dire qu’on l’avait fait, pour être dans un club sélect des personnes ayant piloté une F1 dans leur vie. Mais au final, ça n’a rien à voir avec le fait de l’avoir fait. Mais plutôt tout à voir avec le fait d’en avoir vécu les sensations nous-mêmes, d’avoir maintenant en nous ces sensations complètement indescriptibles. Jamais je ne regarderai une course F1 de la même manière. Ces gars-là sont complètement fous!

Pour ma part, ç’a aussi été un grand moment d’humilité, moi qui en ai sûrement besoin d’un peu plus dans ma vie de tous les jours. En ce sens, cette journée de rêve aura aussi été utile.

Je suis aussi extrêmement reconnaissant d’avoir pu partager ce grand moment avec mon ami Georges et mon ami Pascal, ce dernier ayant pris la majorité des photos qui accompagnent cet article. Ils ont été les compagnons idéaux pour une telle expérience. Merci les gars.

Pour tenter l’expérience, allez consulter le site web de LRS Formula. Ce n’est évidemment pas donné mais c’est une expérience unique qui restera gravée à jamais dans votre mémoire. Je vous le garantis.

Photos: Pascal Thibault et Christian Gingras

Chroniqueur / Photographe
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