Les conseils d’un champion

Crédit photo : Facebook Keegan Leahy

Salutations à vous, amateurs de course automobile, amateurs de voiture et amateurs de « sim racing ». Quelle que soit votre passion ou votre intérêt qui fait que vous suivez le média de 360 Nitro.tv, nous sommes tous liés par des passions communes ou semblables. Je me présente pour cette première, Mathieu Tremblay, 32 ans et je suis de la rive-nord de Montréal. Comme plusieurs de nos lecteurs, j’ai commencé à suivre la course automobile très jeune, plus spécialement le NASCAR. Depuis mon enfance, je suis un passionné de cette série qui, avec les années, m’a amené à voyager du New Hampshire à Daytona en passant par Charlotte ou encore Talladega. J’ai redécouvert depuis quelques années l’intérêt de la formule 1 qui s’était estompée avec le départ de Jacques Villeneuve alors que plus jeune, c’était dans la routine familiale de se lever tôt le dimanche matin pour écouter les courses. Vient ensuite l’intérêt pour les autres types de courses tel que le rally, la série IMSA, le indycar, les séries de GT3 et j’en passe.

Mais si je me joins à la belle équipe de 360 Nitro.tv, c’est certainement pour mon intérêt pour la course mais surtout pour venir renforcer l’offre du média envers le sim racing au Québec qui, comme partout, a connu une ascension incroyable au cours des deux dernières années. J’ai commencé il y a moins de deux ans sur F1 rejoignant la LAS Esport sur console dans laquelle je suis rapidement devenu un membre de l’équipe d’administration pour m’impliquer dans cette structure. Étant un maniaque de stock-car, ça allait de soi que je fasse le transfert de la console vers le PC, plus spécialement sur iracing. J’ai rapidement pris la piqûre et, un an plus tard, je pense avoir rapidement progressé. Je me suis entouré de personnes passionnées et j’ai appris rapidement, tellement que j’apprécie l’expérience sur cette plateforme. Je course maintenant du côté de la série Lacroix Tuning de la LM Production ainsi que dans la FTSR, une série américaine. Ce sera donc avec plaisir que je serai régulièrement chroniqueur pour ce média pour vous offrir une vitrine sur certaines ligues, des évaluations d’équipements, vous faires découvrir certains de nos meilleurs pilotes dans le sim racing et j’en passe. J’ai, d’ailleurs, décidé de commencer avec un article sur un Canadien d’élite dans le domaine. Saviez-vous que le champion de la série eNASCAR Coca Cola est un jeune diplômé de la Nouvelle-Écosse? En effet Keegan Leahy, qui a terminé récemment ses études pour devenir météorologue, est devenu champion de la série à la fin de l’année 2021. J’ai eu le plaisir de m’entretenir avec lui pour qu’il nous parle de son parcours mais pour aussi donner quelques conseils autant aux pilotes plus expérimentés du monde virtuel que ceux qui sont à leurs premiers pas.

M.T : Salut Keegan, peux-tu nous parler tout d’abord de ton parcours du commencement dans le sim racing jusqu’à devenir champion sur iracing?

K.L : D’abord, j’aimerais dire en français aux québecois que j’aime beaucoup le français, le mien n’est pas si bon mais je fais beaucoup d’efforts pour apprendre. Je laisserai Mathieu traduire pour la suite. (Croyez-moi, il se débrouille beaucoup mieux qu’il le prétend) J’ai commencé sur forza motorsports où j’ai pu jouer à un certain niveau de compétition. J’aimais le fait de pouvoir personnaliser nos voitures et également de faire des réglages de voitures. J’aimais également faire du « time trial » et il y avait une voiture qui performait mieux que n’importe quelle autre sur une piste ovale. J’ai, à ce moment, utilisé mes habilités à faire des réglages sur une autre voiture qui pouvait se régler d’une certaine façon et battre tout ce qui se faisait jusqu’à présent. Ce fût ma première expérience à me retrouver au sommet d’un classement et ça m’a motivé à mettre du temps à devenir meilleur. Éventuellement, j’ai décidé de faire le saut sur iracing en raison de la nouvelle console XBOX qui a sorti en 2013 et comme mon équipement n’était pas compatible avec celle-ci, j’ai donc plutôt opté d’aller sur PC et d’une nouvelle plate-forme de sim racing pour moi. Étant fan de NASCAR, le choix était donc évident, j’ai été vers iracing. Je n’étais pas très bon au début, en raison des différences entre forza et iracing, ce dernier étant plus proche d’une simulation. J’ai commencé surtout dans la catégorie street stock et éventuellement j’avais l’objectif de me qualifier à ce qui est maintenant la Coca Cola Series, mais j’ai réalisé que j’étais encore loin du niveau de ceux que j’affrontais. J’ai travaillé fort jusqu’en 2016 pour progresser, j’ai donc tenté de me qualifier pour la série, je n’ai toutefois pas réussi à obtenir ma qualification, si je me rappelle bien, par seulement une place. C’était difficile à accepter d’être si près du but mais l’année suivante fût finalement la bonne alors que je me suis facilement qualifié pour la saison 2018. J’ai remporté la course de Phoenix à seulement mon deuxième départ et, par la suite, j’ai été plutôt constant. Mes habilités à préparer les réglages de la voiture m’ont souvent aidé et finalement l’an dernier, j’ai pu atteindre l’objectif d’être champion après un parcours en série mémorable. Je suis de retour cette saison en 2022 pour une cinquième saison déjà dans la série.

(Keegan Leahy lors des séries de la saison 2021) Crédit : Twitter Keegan Leahy

M.T : Comment la passion pour le NASCAR et la course s’est développée?

K.L : Je ne me rappelle pas comment tout est parti tellement ce fût naturel de m’y intéresser. Ma mère me disait que même à deux ans j’écoutais déjà le NASCAR. Mais je dirais que le type d’amateur que je suis s’est développé au fil des années. Très jeune, j’aimais les voitures jaunes, j’ai ensuite aimé les accidents et le drame. Je suis devenu un grand fan de Jeff Gordon lors de mon adolescence et finalement en continuant mes études, j’ai commencé à m’intéresser à l’aspect de la physique et de l’ingénierie. C’est d’ailleurs pour ça que j’ai commencé à m’intéresser à la formule 1 également.

M.T : Quelle est la différence entre un très bon pilote sur iracing et ceux qui atteignent le niveau de la Coca Cola Series?

K.L : Plusieurs des pilotes de la Coca Cola Series conduisent en réalité de la même façon car, au fond, il n’y a qu’une seule bonne technique de conduire sur iracing pour être vraiment rapide. Les pilotes de la série vont souvent tourner le volant de la même façon pour utiliser les pneus au maximum sans trop glisser. Les meilleurs pilotes vont également être à la limite de l’adhérence en sortie de virage en travaillant beaucoup le volant jusqu’à être légèrement en dérapage contrôlé.

(La voiture 2022 23XI de Keegan) Crédit : Twitter Keegan Leahy

M.T : Tu conduis maintenant pour l’équipe 23XI, comment est-ce de conduire pour cette formation et comment est ta relation avec Denny Hamlin?

Quand j’ai commencé dans la série, je ne voyais pas ça aussi gros et je le voyais plus comme un passe-temps. À ma seconde saison, ils ont invité des équipes de esport et des propriétaires d’équipes (dans les réelles séries du NASCAR) pour qu’ils deviennent des équipes officielles dans la série. Il y a vingt équipes de deux pilotes mais les équipes sont entourées de beaucoup de personnes pour le côté technique et malgré tout, nous travaillons souvent au-delà de l’équipe de deux. Comme actuellement, je travaille beaucoup avec Bobby (Zalenski) et Mitchel (De Jong), ce dernier est vraiment mon coéquipier chez 23XI.  J’étais, au départ, avec G2 Esport, c’était à ce moment un repêchage et il n’y avait pas l’aspect de la négociation et des appels téléphoniques. C’était une superbe organisation dont j’étais partisan puisqu’ils sont bien connus dans le monde du esport. Ils ont éventuellement malheureusement quitté la série et j’étais donc agent libre à la saison suivante. Lorsque la période des agents libres a débuté, j’ai reçu un appel le matin d’un numéro inconnu qui provenait de Charlotte. Évidemment, j’ai fait le lien que ça devait être relié à la série et lorsqu’au bout du fil on m’a demandé « Hey est-ce que je parle avec Keegan? » j’ai immédiatement reconnu la voix de Denny Hamlin, ça n’a pas été long avant de dire oui. En y repensant, j’étais le premier pilote que 23XI engageait puisqu’il n’y avait toujours pas de pilote, à ce moment, d’annoncer en Cup Series! (Rire). J’ai une belle relation avec Denny, il est maintenant plus occupé mais lors de la période du covid, nous avons souvent pratiqué ensemble pour le pro invitationnal où j’ai agi comme éclaireur pour lui. Au final, nous nous sommes beaucoup aidés mutuellement car il m’a énormément aidé surtout sur l’aspect de la qualification. Il y avait quelque chose qui me manquait à ce niveau, que ce soit dans mon tour de sortie ou comment maximiser la température des pneus, ce fût très bénéfique pour ma saison.

M.T : Les accidents font partie de la course et je me rappelle d’un conseil que tu m’as donné à savoir comment aborder ces situations, même lorsqu’on sent que nous ne sommes pas responsables, pourrais-tu m’en parler?

K.L : J’ai eu des hauts comme mon championnat l’an dernier mais j’ai eu aussi des bas, des accidents dans des circonstances particulières dans des moments importants et c’est difficile lorsque ça arrive. Mais il faut savoir sortir de cet état d’esprit et réaliser qu’il y a plusieurs choses hors de son contrôle. Mais au final, il faut se concentrer sur ce qu’on peut faire de mieux car souvent les choses arrivent vite et nous avons l’impression qu’il n’y a rien à faire. Toutefois, quand on prend le temps de regarder à nouveau, on réalise souvent qu’on aurait pu faire des choses différentes. Que ce soit de ralentir un peu plus tôt, d’être un peu plus à droite ou plus à gauche ou d’avoir fait la manœuvre dans la ligne droite plutôt que dans le virage, ce genre de chose, il y a toujours des petites choses que nous pouvons faire de mieux et ce, même si ça ne finit pas mal. Parfois dans une situation qui a passé proche de mal finir, il peut y avoir quelque chose à apprendre. C’est la meilleure façon d’apprendre, être très sévère envers soi-même plutôt que de chercher à blâmer les autres.

(Un accident qui a impliqué la voiture 45 de Keegan en début de saison 2022) Crédit : Twitter Keegan Leahy

M.T : Comment es-tu devenu un expert dans l’aspect de préparer des réglages de voiture?

K.L : Il faut avoir tout d’abord beaucoup d’intérêt et de passion pour devenir bon dans quelque chose. Je dirais que cet aspect est ma plus grande force, certainement que mon pilotage est bon mais il faut mettre beaucoup de temps pour exceller dans l’aspect des réglages pour que ça devienne un peu comme une seconde nature. Quand je vais dans le garage c’est naturel, je sais où je m’en vais pour faire un changement spécifique. Ce n’est pas différent que d’apprendre la guitare ou la planche à roulettes, il faut aimer ce qu’on fait et être passionné. Après, pour ce qui est des réglages, il faut avoir les connaissances, il faut donc lire tout comme les personnes impliquées dans la course. Dans la réalité, vous allez apprendre que le « camber » est très important, comme les hauteurs de la voiture, que ce soit pour le centre de gravité ou l’aérodynamique, ce sont toutes des choses qui affectent beaucoup votre vitesse. La plupart des gens ont des idées préconçues mais il faut faire des tests, faire ses expériences. J’ai une mentalité axée sur la physique avec mes études mais il faut sortir de cet état d’esprit et se fier sur ce qu’on apprend en faisant ses expériences.

M.T : Quel conseil donnerais-tu à quelqu’un qui commence sur iracing?

K.L : Ayez vos propres objectifs et ce n’est pas obligé de faire la série Coca-Cola Series. C’était mon objectif et, pendant longtemps, je n’avais pas ce qu’il fallait et c’est ce qui a amené son lot de frustrations. Si vous coursez avec des amis dans une ligue, ça peut être suffisant pour avoir du plaisir. Fixez-vous des objectifs réalistes et réalisables, quelque chose pour avoir du plaisir dans votre parcours pour y parvenir.

M.T : Quel conseil donnerais-tu à des pilotes plus expérimentés, un pilote avec un bon niveau mais qui voudrait s’améliorer encore?

K.L : Que ce soit pour atteindre la Coca Cola Series, une autre série esport ou tout simplement atteindre un objectif personnel, loin de mon but d’en faire une publicité, mais vous voudrez peut-être prendre des cours avec des entraineurs comme nous offrons avec Virtual Racing School. Vous pourrez comparer vos télémétries avec des professionnels, regarder leurs reprises et avoir leurs conseils. C’est quelque chose qui m’a beaucoup aidé de prendre le temps de regarder les reprises pour voir ce que les meilleurs faisaient. Soyez humbles, je l’ai été et ce fût très bénéfique, n’hésitez pas à affronter des meilleurs que vous également. Du côté technique, tout revient à être sur la limite des pneus sans la dépasser, vous ne voulez pas glisser. C’est la clé du succès, c’est plus facile à dire qu’à faire mais je souhaite le meilleur des succès à tous.

(La bague de champion offerte par la série eNASCAR Coca-Cola) Crédit : Twitter Keegan Leahy

M.T : Quelles sont les erreurs que tu vois le plus souvent chez un débutant et chez un pilote plus expérimenté?

K.L : Pour les débutants, c’est souvent une question d’aller chercher la bonne ligne, de ressentir la voiture. Il faut entrer dans le virage toujours de la même façon en collant le mur extérieur, avoir un bon angle pour aller chercher le virage et le faire doucement. Plusieurs restent loin du mur en entrée et ça change votre angle d’attaque d’un tour à l’autre. Pour ce qui est des pilotes expérimentés, si vous êtes sous les 5000 de irating, c’est sûrement que vous n’êtes pas encore tout à fait à la limite des pneus comme on parlait plus tôt. Vous tournez peut-être trop tôt, vous ne poussez peut-être pas assez les pneus arrière, ce genre de chose. Pour conclure, j’aimerais remercier Keagan Leahy pour sa générosité. Je vous invite à le suivre lors des courses de la série eNASCAR Coca Cola Series. Que vous soyez un pilote débutant ou expérimenté, vous pouvez également prendre des cours avec lui grâce à Virtual Racing School. En terminant, je vous invite à consulter mes prochaines chroniques sur le sim racing et merci à 360 Nitro.tv pour cette belle visibilité pour cette passion qui rejoint de plus en plus d’amateurs de course qui peuvent vivre, à leur tour, la passion de la course automobile du confort de leur chez-soi.

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