J’ai eu l’occasion de m’entretenir, au cours des derniers jours, avec Louis-Philippe Dumoulin, double champion de la série canadienne NASCAR Pinty’s. Nous avons discuté de la saison qui vient, mais aussi de l’avenir et des projets de Dumoulin Compétition.
La famille Dumoulin représente bien la Mauricie dans le milieu de la course automobile québécoise. Les premiers coups de volant de Louis-Philippe, dans la filiale canadienne du NASCAR, remontent à 2009 alors qu’il avait participé aux épreuves de Trois-Rivières et de Montréal. En 2011, avec des moyens limités, Dumoulin décrocha le titre de recrue de l’année, ayant participé à seulement 8 courses sur les 12 prévues au calendrier.
Un peu avant d’avoir obtenu son titre de recrue, Louis-Philippe a eu l’occasion d’établir des liens avec le président de Weathertech David MacNeil, puisqu’il avait agi à titre d’entraîneur pour son fils. MacNeil décida de faire le saut dans la série reine du sport automobile canadien comme commanditaire principal de Dumoulin et de la voiture 47, en 2012. Un partenariat bien établi qui continue depuis 10 ans.
La saison 2021
La préparation de la voiture 47, en vue de la prochaine saison, avance bien. L’accent a été mis principalement sur les ovales avec la préparation d’un nouveau bolide spécifique à ce type de circuit. Le calendrier, un peu particulier, de la saison 2020 a mis en évidence certains ajustements que l’équipe voulait apporter pour être plus compétitive sur ce genre de piste.
La majorité des équipes qui participent à la série Pinty’s ont deux voitures, une pour les circuits routiers et une seconde pour les circuits ovales.
Si rien ne change, le début de la saison est prévu le dimanche 23 mai, à Innisfil en Ontario, sur le Sunset Speedway. Cependant, comme moi, vous connaissez la situation particulière qui prévaut présentement chez nos voisins. La première épreuve de la saison est dans moins d’un mois et rien n’est certain présentement quant à la situation qui prévaudra dans cette région du Canada durement touchée par la pandémie.
Les dirigeants de la série Pinty’s ont prévu le coup, en se donnant une bonne marge de manœuvre, en espaçant de plusieurs semaines les quatre premières courses au calendrier. Celles-ci sont divisées en trois fins de semaine (23 mai, 19 juin et 18 juillet (2)). Cet été, 12 courses sont prévues dont certaines seront présentées lors d’un programme double.
La plus grosse fin de semaine de la saison sera celle du 28 août prochain. Dumoulin Compétition prendra part à un sprint de 3 courses en deux jours. Le samedi, l’équipe sera présente sur le circuit routier de ICAR et, le lendemain, elle prendra la direction de Vallée-Jonction pour participer à deux compétitions.
Il est toujours risqué de faire deux courses le même jour. En 2020, Louis-Philippe était en piste pour les deux épreuves du Sunset Speedway qui se tenaient la même journée. Il remporta la première mais, lors de la seconde, il a vu son moteur exploser, au 30e tour. Si sa mécanique avait lâché lors de sa première sortie, sa fin de semaine aurait été encore plus compromise et ce, même si l’équipe possède une voiture de rechange pour les ovales. Bien peu d’équipes en Pinty’s peuvent se payer le luxe d’avoir une voiture supplémentaire en cas de problème.
Louis-Phillipe Dumoulin est très satisfait du calendrier et des efforts des dirigeants de NASCAR pour la tenue d’une saison complète cette année. Il aurait été intéressant d’aller dans l’ouest, mais dans les circonstances actuelles, les efforts faits sont plus que louables, selon lui.
Avoir un calendrier complet est très important et permettra à l’équipe Dumoulin Compétition d’être rentable contrairement à l’année dernière. Louis-Philippe est très reconnaissant envers ses partenaires qui, dans le contexte actuel, lui sont restés fidèles pour l’aider à passer au travers de la crise. À ses dires, il doit une fière chandelle à WeatherTech ainsi qu’à Bellemare et à tous ses autres partenaires.
Son frère, Jean-François, n’a pas les ressources nécessaires cette année pour rouler à temps plein dans la série, il devrait participer à seulement une ou deux épreuves selon le budget qui sera mis à sa disposition.
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La série Pinty’s
Il faut l’avouer, la série Pinty’s, depuis quelques années, ne fait pas exception à la règle quant à la baisse de popularité du sport motorisé en général.
La bonne nouvelle, pour cette saison, est que 11 voitures sont confirmées à temps plein jusqu’à maintenant. Ajouter à cela, les pilotes à temps partiel qui feront leur apparition tout au long de l’année selon la région et le type de circuit. On peut dire, sans se tromper, que la qualité du spectacle pour l’été qui vient est pratiquement assurée.
Pour Louis-Philippe, la présence de la série RS1 d’Avion Motorsports ne représente pas une concurrence directe à la Pinty’s puisque celle-ci est présentée dans l’Ouest canadien. Les voitures sont sensiblement identiques avec cependant moins de puissance motrice. Composée principalement d’anciens pilotes Pinty’s, celle-ci pourrait, sur certains points, servir d’inspiration pour la série reine canadienne. Andrew Ranger y participera d’ailleurs cette saison. Le calendrier comprend six sorties réparties sur 5 fins de semaine débutant le 19 juin et prendra fin le 18 septembre.
Pour ceux qui me lisent régulièrement, vous savez que je remets souvent en question le fait que les voitures de la série Pinty’s ne soient pas identiques à ce qui se fait comme bagnole du côté américain et même Mexicain au niveau de certaines séries de développement. Selon Louis-Philippe, le changement ne s’est jamais opéré, puisque les voitures américaines (K&N entre autre) coûtent trop cher à rouler et à entretenir. Ce qui viendrait en quelque sorte réduire, de façon drastique, la rentabilité des écuries. Par contre, rien ne pourrait empêcher que les autos utilisées ici puissent avoir un « look » différent qui se rapproche de nos voisins du sud.
Dumoulin Compétition
L’équipe est toujours ouverte pour la location de voiture. D’ailleurs, le téléphone sonne en ce sens et des discussions sont en cours présentement pour avoir un second pilote qui participerait, à temps partiel. Avec toute la préparation que cela exige, il est cependant trop tard pour penser ajouter un bolide à temps plein.
Lors de mes recherches, j’ai découvert que Marc-André Bergeron, ancien joueur de hockey et maintenant homme d’affaires bien connu dans la région de Trois-Rivières, est propriétaire de la voiture 47 de Dumoulin Compétition. Cependant à cause des restrictions liées à la COVID, quant au nombre de personnel qu’une équipe peut avoir sur les lieux lors d’un évènement, il a cédé sa place à André Marchand, fabricant du moteur de la voiture.
Louis-Philippe est maintenant âgé de 42 ans. Avant la COVID, son objectif était de prendre sa retraite vers l’âge de 47 (le choix de son numéro a peut-être un lien?). Cependant, il ne ferme pas la porte à étirer un peu plus sa carrière pourvu que les commanditaires suivent. Par la suite, il espère continuer à opérer son équipe en louant ses bolides à d’autres pilotes qui désirent être compétitifs. Par contre, il sera toujours important d’avoir des retombées intéressantes pour lui et ses partenaires, sur l’investissement.
Une présence en Camping World ou en Xfinity ?
Pour ceux qui s’en rappellent, Louis-Philippe avait participé aux éditions de 2011 et 2012 de la présentation de la série Xfinity à Montréal. Il avait même tenté, en 2012, juste avant la course de Montréal, de se qualifier pour l’épreuve de Watkins Glen, mais en vain.
Alors j’ai questionné L.-P. à savoir s’il était intéressé, un jour, de courir de nouveau dans la série Xfinity ou même en Camping World. La réponse a été, sans équivoque, hors de question pour lui de participer à une course en ayant entre les mains un bolide qui lui permettrait uniquement de jouer le rôle de figurant.
Il a beaucoup de respect pour ce qu’accomplit, présentement, son bon ami Mario Gosselin avec qui il a remporté le championnat Pinty’s en 2014. Il croit que le travail accompli, cette année, par DGM Racing et Alex Labbé sera payant dans les années à venir, surtout avec les ajustements qui seront apportés aux autos dans la série. Il y aura moins de différence au niveau de la puissance des moteurs, ce qui donnera plus de chance aux équipes qui ont des budgets plus restreints.
En conclusion
Comme l’ensemble des pilotes québécois, Louis-Philippe a bien hâte de sauter dans sa monture et retourner en piste. Même, s’il n’est pas trop passionné par la simulation, il voue un grand respect aux passionnés de la discipline. Il arrive, à l’occasion, qu’il se serve d’un simulateur pour apprendre un nouveau circuit.
Lorsque je lui ai parlé, il revenait d’une séance de karting chez PSL Karting situé, non loin de chez lui, à Pointe-du-Lac. C’est cette façon qu’il privilégie pour rester concentré et garder la forme.
Dumoulin semble assez confiant quant à la tenue du GR3R cette année. La vaccination avance quand même à bon rythme. La présence du centre de vaccination dans la bâtisse industrielle située en plein cœur du circuit ne semble pas être un enjeu selon lui, il a pleinement confiance à Dominic Fugère quant à la tenue de l’évènement.
La feuille de route de ce talent d’ici en course automobile est impressionnante, elle inclut plusieurs années de « coaching » à l’école de conduite de Jim Russell avec entre autre Ferrari. Soyez assuré que Louis-Philippe Dumoulin sera encore, pour plusieurs années, un acteur important du sport automobile québécois. Que les dieux bénissent les rois de la course !