Je ne sais pas pourquoi j’ai pris tant de temps avant de demander à conduire une Kia Stinger. Pourtant, cette auto, qui est sur le marché depuis plus d’un an, affiche une ligne superbe, surtout pour son prix! De toute façon, j’ai finalement pu mettre la main sur cette voiture sud-coréenne avec laquelle j’ai roulé près de 2000 kilomètres! En effet, c’est la Stinger que j’ai utilisée pour me rendre de Laval à la réunion annuelle de l’AJAC près de Toronto puis de voyager entre l’hôtel et le circuit de Canadian Tire Motorsport Park (anciennement Mosport) pour le concours de Voiture de l’année et pour mes petits déplacements locaux dans la région montréalaise incluant une excursion à Montréal.
Au départ, il faut que je vous dise que le style de cette auto m’impressionne. Au cas où vous le ne sauriez pas, le directeur en chef du design chez Kia (et maintenant Hyundai et Genesis) est Peter Schreyer qui a déjà occupé, dans le passé, un poste semblable chez Audi. On voit bien qu’il en a conservé la touche, la Stinger ressemblant plus à une belle Allemande racée qu’à une Japonaise aux lignes torturées. D’ailleurs, plusieurs observateurs et passants m’ont fait part de leur admiration pour la beauté de cette auto (y compris des gens de l’industrie même) sans savoir que c’était un produit Kia. Mais alors, vous allez me demander pourquoi n’en voit-on pas plus? C’est tout simplement une question de marché. Les consommateurs nord-américains passent de plus en plus des automobiles aux VUS. De plus, de base, c’est une auto à propulsion (comme tant d’Allemandes). Il est vrai qu’elle est livrable avec la traction intégrale (comme mon véhicule d’essai) mais trop de gens y voient une option trop coûteuse à l’achat. Ajoutons à cela la réputation douteuse que trop de journalistes ont donné à cette marque asiatique qui, avec le temps, c’est avérée très fiable. Toutefois, la valeur de revente souffre encore de cette ancienne réputation (alors que certaines Allemandes qui ont toute une histoire de fiabilité encore plus douteuse se revendent, même en piteux état, à des prix trop élevés…).
- Elle affiche certes une ligne racée, cette Kia Stinger ! (Photo Éric Descarries)
- Même de l’arrière, la Kia Stinger impressionne. (Photo Éric Descarries)
Je vous laisse donc juger de la ligne par vous-même. Passons alors à l’intérieur. Le tableau de bord peut vous paraître un peu simpliste mais surchargé. Pourtant, il propose un superbe bloc d’instrumentation très lisible et toute une panoplie de commandes à boutons facilement manipulables et surtout ergonomiquement placées. Et certaines sont même dédoublées sur les branches du volant. Je n’ai jamais trouvé joli l’écran placé debout sur le rebord de la planche de bord d’un véhicule. Il ressemble un peu à un écran plat de télé miniaturisée mais dans le cas de la Stinger, c’est moins évident. Puis, cet écran est facilement lisible et facile à utiliser. Quant à la console, malgré qu’elle me paraisse un peu large, elle est aussi typique que l’on veuille avec le levier de vitesse en son centre (en mode manuel, le conducteur peut utiliser les palettes au volant pour passer les vitesses de la boîte automatique ou rétrograder!). Certaines autres commandes, comme celles des sièges chauffants, sont aussi à cette console. Les sièges avant sont un peu enveloppants ce qui pourrait «serrer» un peu les occupants mais, dans mon cas, je n’en ai pas souffert.
Le tableau de bord peut sembler encombré, il est néanmoins facile à comprendre. (Photo Éric Descarries)
Quant aux passagers des places arrière, ils seront certes mieux traités que dans une berline sportive de la concurrence allemande vu qu’il y a beaucoup plus de place (ce qui est visible à l’œil nu). Toutefois, ce qui est aussi visible, c’est la qualité des matériaux utilisés pour la finition intérieure. Non pas qu’elle soit discutable sur la Kia mais elle ne fait pas aussi «riche» que celle de ses concurrentes. Enfin, l’espace cargo du coffre est impressionnant, du moins à première vue. Ce qui est agréable, toutefois, c’est que la Stinger soit une berline avec un hayon et celui-ci ouvre très grand afin de faciliter le chargement. Par contre, la lunette arrière de ce hayon diminue le champ de vision arrière.
- Les places arrière sont vraiment invitantes. (Photo Éric Descarries)
- Le grand coffre est facilement atteint grâce au hayon. (Photo Éric Descarries)
Mais ce qui devrait intéresser tout amateur de berline sportive, c’est la mécanique de la GT. Dans le cas de celle-ci, il s’agit d’un V6 à double turbo et injection directe de 3,3 litres qui fait 365 chevaux. Il vient avec une boite auto à huit rapports et, comme mentionné plus haut, de base avec un pont arrière à glissement limité ou, comme c’en fut le cas de ma voiture d’essai, avec la traction intégrale optionnelle. Plusieurs éléments mécaniques de la Stinger GT sont à considérer dont les puissants freins Brembo et les roues de 19 pouces retenant des pneus Michelin Pilot Sport impressionnants qui contribuent grandement à la tenue de route de la voiture. Soit dit en passant, récemment, le spécialiste des suspensions de BMW, Albert Biermann répondait au chant de sirène de Hyundai-Kia-Genesis et se joignait au trio sud-coréen ce qui expliquerait le comportement quand même remarquable de la Stinger.
Le V6 biturbo de la Stinger se montre comme une superbe pièce technologique. (Photo Éric Descarries)
Sur la route
Si la majeure partie de mes impressions de conduite au volant de la Stinger GT proviennent de plus de douze heures sur autoroute surtout sur la soporifique 401 ontarienne qui commence à se dégrader (expliquant ainsi les multiples chantiers de construction qui en ralentissent le flot) et qui sert plus au camionnage nécessaire à l’économie de notre pays (du moins en ce qui concerne le Québec et l’Ontario), j’en ai appris beaucoup en conduisant cette voiture. Si c’est une question de performance, on peut dire que la Stinger GT est capable d’accélérer de 0 à 100 km/h en moins de cinq secondes et que ses réactions de reprise pour dépasser sont nettement au-delà de nos attentes. Par conséquent, on peut aussi dire que la Stinger GT est une voiture très rapide. Et sa tenue de route équivaut presque à celle d’une de ses concurrentes allemandes sauf pour un pont arrière à bras multiples qui manque un peu de stabilité sur pavé inégal. En ce qui a trait au freinage, dois-je vous rappeler que la GT est équipée de systèmes Brembo?
Toutefois, sur un long parcours, c’est une berline qui procure silence de roulement et confort. La visibilité n’y est pas mauvaise sauf pour la lunette arrière du hayon que j’ai trouvée, je le répète, trop petite et trop inclinée. Toutefois, j’ai bien apprécié le régulateur de vitesse adaptatif mais ses réactions lorsque la voiture retrouvait le champ libre, étaient un peu lentes. En ville, disons que la voiture est un peu plus encombrante et pas toujours facile à garer même si le conducteur peut se fier aux caméras pour l’aider. Encore une fois, la visibilité arrière réduite et même le rayon de braquage un peu serré ne viennent pas en aide.
La consommation ne m’a pas étonné affichant une moyenne de 9,5 litres aux 100 kilomètres durant ma semaine d’essai (carburant super recommandé). Toutefois, même si ce n’est pas nécessairement un gros problème sur autoroute, le réservoir d’essence de quelque 60 litres peut s’avérer petit en utilisation urbaine. Ce qui n’est pas petit, par contre, c’est le prix. Mais il n’est pas hors de portée pour un amateur de belles berlines. Si une Stinger de base à moteur turbocompressé à quatre cylindres et à propulsion débute à 39 995 $, une GT (Édition 20e Anniversaire) avec V6 biturbo et traction intégrale comme celle dont il est question ici se vend 51 495 $.
J’ai peut-être attendu un peu longtemps pour mettre la main sur une telle Stinger. Mais, comme on dit, je n’ai rien perdu pour attendre. Le véhicule m’a vraiment impressionné. J’espère qu’il se distinguera une fois de plus au concours de Voiture de l’année de l’AJAC…et pourquoi pas, gagner une deuxième fois de suite?
Le fer dans la plaie
Comme je vous l’expliquais la semaine dernière, je vois mon petit monde de l’automobile s’effriter lentement mais sûrement. J’y ai même mentionné la disparition de l’Autodrome St-Eustache, un endroit de ralliement pour les mordus de sensations automobiles ou camions. Eh bien, pour retourner le fer dans la plaie, je suis passé la semaine dernière sur la route 148 où se trouve l’entrée principale de l’ex-Autodrome et voici ce que j’y ai vu. À ceux qui croient que c’est un coup monté et que l’autodrome revivra de ses cendres, voici la première partie de ce qui y est vraiment monté : un pylône de fils électriques fort probablement d’Hydro-Québec! Tout au fond du terrain (qui donne sur le chemin de la Rivière Nord), j’y ai aussi vu une maison fraîchement démolie. Elle était en ligne droite avec l’Autodrome… On aura tout compris…
P.S., on a commencé à tester sur le «nouveau» circuit ovale à ICAR…en remplacement de l’Autodrome.
(Photos Éric Descarries)
Mille excuses
Enfin, un mystère s’éclaircit! Cette semaine, j’ai reçu du serveur tumblr plusieurs commentaires qui m’avaient été adressés sur ce blogue. Ils étaient tous en retard si je me fie à leur sujet (il n’y avait pas de dates). C’est alors que j’ai compris pourquoi je n’avais jamais de réponses à mes questions! Malheureusement, cela m’a empêché de répondre à tous ceux qui voulaient des suggestions concernant des pneus d’hiver l’année dernière. J’espère qu’ils n’ont pas été insultés. D’autre part, trop de gens m’écrivent sous le couvert de l’anonymat et je n’ose pas répondre sans savoir à qui je m’adresse. J’espère pouvoir régler le problème un jour…identifiez-vous, s’il-vous-plaît!
Le blogue d’Éric Descarries est disponible ici : https://blogueericdescarries.tumblr.com/