Le Grand Prix de Trois-Rivières célébrait cette année sa 50e édition. Pour l’occasion, on a ramené en piste quelques voitures de Formule Atlantique, la série qui a fait les beaux jours du GP3R et qui lui a probablement offert ses plus beaux souvenirs. Mais on n’a pas non plus oublié l’ADN de l’événement, qui fait qu’on remplit la piste de voitures de courses de toutes sortes du soir au matin, sans relâche. F1600, CTCC, Super Production, Atlantique, Nissan Micra et NASCAR, il y en avait pour tous les goûts.
Je participe à l’événement de façon régulière depuis environ 20 ans, comme spectateur. Je n’y vais pas nécessairement tous les ans (les vacances entrent parfois en conflit) mais si l’agenda est libre, je vais y faire un tour. Abordable et facile d’accès, le GP3R est toujours un bel événement. Et pour moi, le mot qui le définit le plus est assurément la passion.
Je n’aborderai pas l’aspect de la compétition dans cet article, ni le fait qu’un trop petit nombre de voitures ont pris part aux courses de Formule Atlantique, ni le fait que la météo a un peu assombri le début du weekend (au propre et au figuré). Je me concentrerai sur le coeur de cet événement, la passion pour la course automobile.
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Pour la première fois cette année, j’ai pu vivre le weekend de course un peu plus de l’intérieur. Comme photographe/journaliste, j’ai pu côtoyer de plus près les acteurs de ce grand happening: les bénévoles, les permanents, les pilotes, les signaleurs, les mécaniciens, les équipes et ceux qui les supportent, les officiels, les autres photographes et journalistes et bien sûr les amateurs, ceux qui remplissent les gradins.
Et à chaque fois, de mes interactions avec chacun de ces acteurs se dégageait énormément de passion.
Comment expliquer autrement le fait que des centaines, voire des milliers de personnes acceptent de donner plusieurs journées entières à contribuer au bon déroulement du GP3R? Chacun a le sourire, quelle que soit la tâche à réaliser, et il faut voir la camaraderie qui règne dans les équipes pour comprendre que le Grand Prix devient une famille temporaire pour la majorité d’entre eux.
Le service aux clients, quels qu’ils soient, devient le moteur de toute leur action. Ils suivent les règles mais utilisent leur gros bon sens lorsque la situation le demande. Le bien-être et la satisfaction des gens qu’ils croisent est la priorité. Et ils le font avec passion. Que ce soit un papa qui doit changer une couche d’urgence ou le mécanicien d’une équipe qui a un besoin particulier, ils trouveront la solution. Avec passion.
Il y a aussi la passion des signaleurs et des travailleurs de piste. Bénévolement, ils assurent la sécurité de tous les intervenants, malgré tous les dangers inhérents à la course automobile (et ils sont nombreux!). J’admire toujours les pompiers qui se tiennent prêts à intervenir sous leur gros uniforme lourd et chaud, sous le gros soleil ou en plein milieu d’un orage. Ou les signaleurs, passionnés de course mais qui sont confinés à un seul virage pendant toute la fin de semaine, souvent sans accès à un écran géant ou à un point de vue intéressant sur la course. Ils y sont pourtant, vivant intensément le moment et présentant toujours (ou presque) le bon drapeau à bonne voiture au bon moment.
Bien sûr, il ne faut pas non plus oublier les équipes de course et leurs membres, qu’ils soient mécaniciens, relationnistes de presse, préposés aux pneus et tout le reste. Pour la majorité, la paie est très petite, voire même inexistante. Rares sont ceux qui le font à temps plein, et chacun doit aménager son horaire de travail, utiliser ses jours de vacances et sacrifier les vacances familiales pour vivre leur passion, celle de participer au simple objectif de faire avancer une voiture le plus vite possible sur la piste, parfois avec succès mais plus souvent qu’autrement avec la déception d’une mauvaise course en bout de ligne.
Il faut aussi voir travailler toute l’équipe permanente du Grand Prix, sans relâche, toujours au téléphone ou au walkie-talkie, à faire des dizaines de milliers de pas par jour pour veiller à chaque détail sur le terrain, pour que le grand ballet que constitue l’organisation d’un tel événement se déroule correctement, du moins assez correctement pour que les spectateurs n’y voient que du feu. Encore une fois, la seule chose qui les anime est la passion de la course, la passion de leur événement, la passion de leur ville, qui rayonne grâce à leur travail acharné.
Et je poursuis avec mes collègues de la salle de presse. Pour eux aussi, la journée commence tôt et elle se termine tard. Les photos doivent être triées, choisies et traitées avant d’être publiées, les textes doivent être écrits pour rendre compte des résultats. Souvent, ces photos et ces textes seront travaillés dans la salle de presse, devant un écran de télévision pour suivre les courses, sans qu’il ne soit possible de vivre la course pour vrai, sur le bord de la piste, comme tout bon amateur de course. Pour certains, c’est la passion de la photo ou du journalisme qui les anime. Mais pour la majorité, c’est une passion combinée qui les fait vibrer tout au long du weekend. J’ai pu m’en rendre compte en ayant de multiples discussions sur le bord de la piste, entre deux épreuves, à côté d’un trou dans le grillage. Plusieurs d’entre eux sont avant tout des amateurs de course, qui ont développé une passion pour la photographie afin de pouvoir conserver de précieux souvenirs de ces bolides et de leur environnement.
En terminant, il serait inadmissible d’oublier les amateurs, ceux qui y sont année après année, sous la pluie ou sous un soleil brûlant, dans le froid ou en pleine canicule, analysant les trajectoires de chaque voiture, vêtus de chandails aux couleurs de leur pilote favori. Ils aiment le bruit des voitures, les odeurs qui s’en dégagent lors d’une course âprement disputée, l’adrénaline du départ, l’anticipation des dépassements et ils ont toujours cette passion pour suivre chaque geste des pilotes sur les écrans géants et sur la piste.
Le Grand Prix de Trois-Rivières a toujours été, et est encore, un des seuls endroits où toutes ces passions peuvent être rassemblées pour en faire un tout encore plus fort. La cohabitation constante, obligée et souhaitée en même temps, entre les amateurs, les équipes et les pilotes, entre les bénévoles et les membres des médias, crée un événement unique qui transpire la passion, partout et toujours. Bravo au GP3R de continuer à nous offrir un si bel événement année après année.
Bravo Christian, très bon texte de fond qui parle d’autre chose que la course… Cette passion que tous partagent un peu c’est le « fuel » de cette industrie qui se bat pour garder la tête en dehors de l’eau. Avec des textes comme le tien et de très belles photos, tu contribues, à ta manière, à alimenter cette passion qui nous permettra de parler du merveilleux monde des courses pendant encore des années.