À la croisée des chemins?

Crédit photo : Cédrick Thivierge

Dernièrement j’ai entendu certaines remarques d’amateurs et de gens près du milieu de la course laissant sous-entendre que la carrière de Raphaël Lessard risque de se terminer rapidement et ce, dans un avenir très rapproché.

Un instant S.V.P !!!!

Personnellement, ça me fâche d’entendre ce genre de commentaire gratuit. Je dois vous avouer qu’à la base je suis un personne terre à terre avec une légère tendance vers le négatif. À mon avis, il est encore trop tôt pour lancer ce genre d’affirmation. Alléguer que la carrière du jeune Beauceron risque de se terminer rapidement alors qu’il est âgé seulement de 17 ans n’a pas de sens. Il ne faut pas oublier, étant trop jeune, qu’il ne peut pas piloter sur tous les types de circuits Nascar.

En général, les Québécois ont tendance à dénigrer le talent et les gens qui réussissent parce qu’on les envie ou encore en ayant le raisonnement qu’on est né pour un petit pain. « Si quelqu’un réussit, c’est parce qu’il a fait de quoi de croche, voyons c’est certain », une réaction typiquement québécoise selon moi.

Un autre commentaire lu récemment disait ceci : « Au États-Unis, si tu donnes un coup de pieds sur une canne il va en sortir dix des Raphaël Lessard » … (Pause) … Ça se pourrait en effet qui si on donne un coup de pieds sur une canne aux États-Unis qu’il en sorte un bon paquet de pilotes Nascar. Cependant, si on donne un coup de pied sur une canne au Québec, je ne suis pas convaincu qu’il en sortirait dix Raphaël Lessard de la dite « cacanne ».

Pourquoi ? C’est bien simple, ça prend du courage et un dévouement incroyable pour faire ce que la famille Lessard fait présentement pour que Raphaël accède aux plus hauts échelons du stock car. Le tout en y mettant énormément de temps, d’efforts et d’argents. On ne peut que saluer tout le travail accompli! Ce n’est pas tous les parents qui seraient prêts à s’impliquer autant, même en ayant un budget sans limite.

Revenons à la réalité

Nous assistons depuis quelques saisons à un changement de garde majeur à ce qui a trait aux pilotes Nascar. William Byron était âgé de 19 ans lorsqu’il a remporté en 2017 le championnat de la série Xfinity. L’année suivante, il a fait le saut à temps plein en coupe « Monster Energy ». La différence entre les deux séries étant énorme, sa première saison ne fût pas facile. Cette année grâce à sa nouvelle association avec Chad Knaus, en plus de l’expérience acquise en 2018, Byron commence à prendre sa place en laissant présager un futur prometteur.

Il est certain qu’à un tel niveau de compétition tout devient une question d’argent. Le clan Lessard est tout à fait conscient que les saisons à venir seront cruciales tant qu’à l’avenir du jeune pilote. Raphaël arrive à moment crucial de sa carrière où les 3 ou 4 prochaines années seront déterminantes quant à son avenir en sport motorisé.

Selon moi, il est encore trop tôt pour dire que sa carrière est terminée ou qu’elle est minuit à minuit moins une. Qui sait ce qui peut se passer dans les prochaines années. Il est fort probable que Raphaël ne soit pas en coupe « Monster Energy » à l’âge de 20 ans. Mais s’il roule à temps plein en « Gander Outdoors Truck Series » ou en « Xfinity » d’ici là, cela serait déjà un accomplissement et qui sait ce qui pourrait arriver par la suite.

Manque de couverture

Bien peu de médias au Québec s’intéressent à la course auto. D’ailleurs j’en profite pour leur rappeler qu’il n’y a pas que la « formule un » sur la planète terre. Il existe d’autres séries, « Ben oui », qui en prime offrent un spectacle de bien meilleure qualité. Celles-ci mériteraient une plus grande attention.

Une main, c’est trop pour compter les médias au Québec qui traitent de sports automobiles avec sérieux. On en parle juste quand il y a un accident ou qu’il se produit un évènement hors du commun. Même encore là, le curling, le patinage artistique et le golf semblent passer en priorité pour le télédiffuseur officiel du Nascar au Québec. Les amateurs de courses sur ovale sont souvent laissés pour compte et doivent se rabattre sur des canaux anglophones. Pourtant lorsqu’elles sont disponibles en français, la description et l’analyse des courses sont d’une excellente qualité. Le manque de visibilité, ici même chez nous, ajoute à la complexité pour la recherche de commanditaires pour tout pilote automobile. La troupe de Raphaël Lessard n’y échappe pas et en est directement victime. C’est assez paradoxal quand même quand on sait que le Québec est très chauvin par rapport à ses athlètes et artistes.

Une entreprise qui paie pour de la publicité veut tirer le maximum des sommes investies. Malheureusement ici avec le peu d’intérêt de certains médias vis-à-vis la course auto (excluant la formule 1), il est difficile pour une compagnie de placer de gros montants en course auto.

Faites un sondage auprès des gens autour de vous qui s’y connaissent un peu en sport auto, vous verrez qu’il n’y a pas beaucoup de personnes qui connaissent Raphaël Lessard. J’ai quelques amis qui sont amateurs de formule un depuis plusieurs années qui ne connaissent même pas le jeune Beauceron. Alors imaginez comment une entreprise peut penser à aider le clan Lessard quand elle ne sait même pas à la base qu’il existe.

Si les épreuves de la série de camionnettes auxquelles Raphaël a participé avaient été diffusées sur le diffuseur francophone officiel de Nascar au Québec, cela aurait sûrement été profitable à aider à le faire connaître et peut-être même attirer de nouveaux commanditaires. Cela aurait permis aussi d’attirer plus de téléspectateurs du fait qu’un dès leur est dans la grande ligue. J’imagine que cela doit être difficile de chambarder une grille horaire pour présenter une course un vendredi soir. Peut-être aussi qu’ils ne détiennent pas les droits pour cette série, mais cela aurait été une bonne chose d’aller les chercher. Pourtant, ça ne semble pas difficile de publier des nouvelles plus au moins intéressantes sur un joueur de hockey qui est entrain de jouer au golf dans un champ de fraises tout en s’exprimant de façon plus ou moins claire.

Un pilote américain a énormément de visibilité, car les trois catégories principales de Nascar ainsi que le ARCA sont toutes présentées à la télévision. En prime, elles le sont en direct et non pas deux semaines après que la course ait eu lieu et que tout le monde connaît les résultats. Sur les canaux spécialisés, les épreuves sont souvent présentées en reprise.

La vie est un combat

Cette phrase s’applique parfaitement à l’avenir de Raphaël Lessard en course automobile. La famille Lessard doit se battre pour faire progresser Raphaël et le faire connaître au maximum tout en trouvant assez de budget pour lui permettre du temps de pistes de qualité. Malheureusement, Il n’est pas né du bon côté de la frontière. Cependant, ici au Québec les efforts ne sont peut-être pas là de la part des certains médias pour aider à faire connaitre nos pilotes et les faire progresser vers le haut. Comment voulez-vous qu’une entreprise investisse dans Raphaël Lessard si elle ne sait même qui il est et qu’en plus elle ne connaît pas l’importance qu’occupe le Nascar chez nos voisins du sud. On est bien loin de la belle époque de Players.

Que les dieux bénissent les rois de la course!

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Archives de Francois Richard

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