Elliot Gamache: un pilote au talent brut

Crédit photo : Pierre Chamberland

On le sait tous qu’une saison de course, tout comme les nouvelles qui peuvent la constituer, est remplie de rebondissements. Quand les occasions se présentent, c’est au pilote de les saisir et de sauter dans le train pendant qu’il passe. Elliot Gamache a connu une saison 2025 tout à fait exceptionnelle et personne ne peut mettre en doute son talent de pilote de course. Il a réussi de bonnes performances en bonnes performances et les défaillances mécaniques ont été très peu nombreuses pour l’empêcher d’aller de l’avant. Dans une émission de Flash Info Magazine de mes collègues, on apprenait que le jeune pilote de 17 ans allait avoir l’opportunité de piloter la voiture modifiée 4K, propriété de Jasmin Léveillée, pour les derniers programmes de la saison. Je ne suis pas en mesure de dire à quel point il a travaillé fort pour obtenir cette chance, mais disons qu’il est entré dans la ligue nationale des courses sur terre battue par la grande porte. Peu importe ce qui va advenir des résultats au Super Dirt Week 53 à Oswego, juste le fait d’avoir été présent est signe qu’il a le talent et la constance pour bien «performer»

         Avec une performance étincelante pendant les 100 tours en classe modifiée lors de la dernière journée du Clash au Short Track au RPM Speedway, le 27 septembre dernier, il vient, sans aucun doute, de sécuriser son volant pour la saison prochaine. Non seulement c’est un rêve qui se réalise pour lui, mais d’avoir cette opportunité aussi tôt dans sa jeune carrière est quelque chose d’inattendu:

«Comme tu le dis, c’est un rêve qui se réalise pour moi. Je suis gonflé à bloc juste à l’idée de piloter un de ces engins. Je n’aurais jamais pensé avoir cette chance aussi tôt, et même dans toute ma carrière. C’est pourquoi je suis extrêmement reconnaissant envers Jasmin Léveillée et tous les gens qui m’ont permis de me rendre aussi loin».

Elliot ira rejoindre quelques pilotes déjà bien établis sur le circuit des courses sur terre battue dont Félix Roy, Chris Raabe et Steve Bernier qui ont déjà reçu l’appui de monsieur Léveillée par le passé. Un beau mélange de fougue, de talent et de savoir-faire dans un peloton ultra relevé et de fichues belles luttes seront à prévoir pour la prochaine saison.

         Si je fais le parallèle avec le hockey, un joueur qui connaît de bons moments dans la ligue américaine va probablement accélérer le processus pour atteindre le grand club. C’est exactement ce qui s’est passé cette saison avec Elliot. Il n’a pas cessé d’accumuler les podiums et chaque fois qu’il prenait le départ dans une finale, il faisait écarquiller les yeux. Je ne suis pas devin, mais même si la saison n’avait pas été une copie conforme de son talent de pilote de course, je suis pratiquement convaincu qu’il aurait sauté à pied joint sur une pareille occasion: «Oui, c’est sûr que si j’avais traîné le lunch comme on dit cette saison, je n’aurais peut-être pas eu cette opportunité maintenant. Mais heureusement, ce n’est pas le cas. Je connais présentement ma meilleure saison en Sportsman. Donc, le moral et la motivation de l’équipe sont très bons. Mais même si on n’avait pas eu les résultats espérés, je ne crois pas que j’aurais refusé une offre pareille». Sachant que les opportunités ne pleuvent probablement pas comme un spécial sur le café à votre épicerie préférée, je n’aurais pas compris s’il avait regardé le train passé. Cela ne veut pas dire qu’il va connaître du succès instantanément dans ses nouvelles bottines, mais disons que le tapis rouge s’est déroulé en plein devant ses yeux. Alors, à lui d’en profiter.

         Il va de soi que de graduer dans une classe supérieure va indubitablement changer la routine du pilote. Comme dans la vie de tous les jours, on s’adapte et on apporte certaines modifications dans notre approche vis-à-vis le défi qui nous attend. Je ne vois pas pourquoi cela serait différent en course automobile. Le choix logique serait d’y apporter des changements, mais du côté de Gamache, il ne semble pas être stressé plus qu’il ne le faut: «Sur moi, j’ai recommencé l’entraînement physique que j’avais débuté l’hiver dernier pour la saison qui arrivait et sur la voiture, j’ai un très bon préparateur de voiture. Donc, je ne suis pas inquiet». J’adore la confiance que ce gars-là dégage. Il doit fortement inspirer confiance autour de lui. Comment voulez-vous que l’équipe ne soit pas au même diapason que son pilote quand il affiche autant d’assurance en lui ? Très très hâte de le voir évoluer dans une classe où les erreurs sont impardonnables. Comme il en fait très peu, ça risque d’être un véritable feu d’artifice sur la piste.

        

Maintenant que l’on en sait un peu plus sur les plans de la prochaine saison de l’équipe du numéro 20, il devenait impératif de savoir où le déclic s’est fait pour Elliot pour qu’il décide de conduire des voitures de course. Les courses automobiles marchent main dans la main avec les histoires familiales. Si on compte ses années en karting, en slingshot et maintenant depuis quelques saisons en sportsman, il en est à sa 13e saison comme pilote:

«Mon père a toujours été là-dedans. Donc, dès que je suis né, j’étais déjà dans le monde des courses. Ça a été le coup de foudre au premier regard. Quand je n’étais pas aux courses, je jouais avec mes petites voitures. Mon père a ensuite fait l’acquisition d’un kart pour mes 5 ans et depuis, j’ai toujours eu un volant entre les mains».

S’il n’y a pas de paternel ou de grand-père qui ont gravité autour des courses de stock-car dans la famille, je ne vois pas comment le petit-fils peut s’en sortir. Comme plusieurs, il a eu la chance d’avoir une bonne étoile au-dessus de sa tête et le voilà à sillonner les pistes de stock-car sur terre battue au Québec.

         Autant que ceux et celles qui veulent se rendre en formule Un et atteindre un jour les plus hauts sommets dans le sport automobile, les pilotes sur terre battue choisissent également de faire leurs premiers tours de piste en karting. C’est visiblement une excellente école pour apprendre les rudiments du métier de pilote de course. Par la suite, il y a la classe Slingshot qui devient une deuxième option plus qu’intéressante pour amorcer sa carrière sur la terre battue:

«J’étais beaucoup trop jeune en karting, mais en slingshot, la compétition était très serrée. Donc, je te dirais de t’assurer de faire les plus beaux tours possibles et d’apprendre à conduire pour les autres et en groupe, étant donné qu’on était parfois une quinzaine sur de petits circuits. En gros, c’est pas mal ça que m’a apporté le slingshot».

Sans dire que c’est un passage obligé quant à la formation d’un pilote de course, il faut admettre que c’est une formule gagnante puisque plusieurs pilotes ont y amorcé leur carrière. On a qu’à penser à Félix Roy et Daphné Hébert.

         La personne qui est assise derrière le volant de sa voiture doit faire les efforts nécessaires pour s’adapter à sa nouvelle catégorie. Je comprends qu’il faut peser sur l’accélérateur et tourner à gauche à chaque virage, mais c’est beaucoup plus que ça. C’est sans compter le travail physique que le pilote doit faire pour lui permettre d’être au sommet de son art. Non seulement ce sont des voitures qui se pilotent complètement différemment, mais le fait que le peloton peut atteindre 40 voitures a été une grosse adaptation aussi à faire pour Elliot et son équipe:

«Il n’y en a pas une en particulier qui demande plus d’adaptation que les autres, mais la vitesse, la grosseur des voitures, les toutes nouvelles pistes et, en plus de ça, tu rajoutes un peloton de 30 parfois même 40 pilotes. C’est pas mal ces points-là les grosses différences, je te dirais».

Je ne dis pas qu’il n’y a pas de travail en arrière de tout ça, bien au contraire, mais visiblement qu’il a fait le sien parce que ça l’air tellement facile quand il est sur la piste. Un petit coup de pédale et hop le dépassement est fait. Il est prêt pour la grosse classe et les ténors vont devoir l’avoir à l’œil parce qu’il risque d’en mettre plein la vue.

         Il faut forcément qu’il y ait une flamme à l’intérieur de soi pour nous tenir aussi captivés par la passion qui nous anime. Je ne veux pas être dans les paddocks quand une soirée se termine mal par exemple…lolll Chose certaine, Elliot adore la compétition et il aborde chaque week-end de courses avec le désir de remporter la victoire:

«La soif de gagner. Je suis quelqu’un qui adore la compétition et je suis toujours allé aux courses avec l’objectif de gagner. Le feeling après une victoire est incroyable. C’est pourquoi je donne toujours mon 110% à chaque sortie. Ensuite, ça me permet de vivre de très beaux moments avec ma famille, mes amis, etc».

Je crois sincèrement qu’il faut se bâtir une sorte de carapace pour éviter que toutes les critiques ou flèches faites à notre endroit nous atteignent et nous fassent abandonner notre passion. Je ne crois pas que c’est de l’arrogance que d’avoir ultra confiance en ses moyens, mais étant donné qu’il y met toute son énergie pour réussir, tout le mérite lui revient.

           Je suis toujours curieux de savoir ce que les pilotes doivent bien se dire en fermant les yeux deux secondes avant d’embarquer sur la piste. Peu importe, la classe dans laquelle tu évolues, tu te dois d’avoir ton moment à toi, uniquement à toi afin d’être 100% focus sur ce que tu te dois de faire pour rallier l’arrivée en un seul morceau. Pour Elliot, c’est le meilleur moment pour se motiver et de peser sur le champignon dès que le vert tombe:

«C’est quelque chose d’assez courant en fait. Pour ma part, c’est souvent pour faire de la visualisation de la course qui s’en vient et juste avant que le vert se donne, j’aime bien me faire un p’tit speech de 2-3 mots pour me « crinquer « ».

Je ne voudrais surtout pas être le pilote juste en avant d’Elliot sur le départ et manquer le mien. C’est sûr que je risque de voir des étoiles. Même si les courses sont ce qu’elles sont et qu’il peut arriver n’importe quoi sur la piste, il faut être dans de bonnes dispositions pour éviter le plus possible les mauvaises surprises.

         La façon de se comporter sur la piste, des dépassements audacieux, mais calculés, se débrouiller d’une façon déconcertante dans le trafic sont bons nombres d’éléments qui peuvent définir la personnalité d’un pilote. Le processus pour trouver un surnom à un pilote devient alors très facile. Tout peut partir d’une simple discussion autour de la table ou d’un petit moment bien tranquille dans le garage à changer une pièce défectueuse sur la voiture. Le Missile ? D’où ça provient ce surnom-là?:

«Un jour, on discutait mon père et moi sur un surnom et tous les deux étant des fans finis de Brett Hearn, on s’est dit que la seule chose qui pouvait arrêter un jet c’était un missile. Donc, on est restés avec ça».

Je n’arrête pas de le dire que les souvenirs que l’on peut en tirer d’une veillée de courses ou d’une simple conversation que ça vaut tout l’or du monde. Tout ce qui va rester imprégné de cet instant-là, va être le surnom. Imaginez le temps de qualité qu’Elliot et son père vont passer autour d’un feu de camp en plein été en se remémorant les bons souvenirs. Je crois sincèrement que ce moment-là peut nettement dépasser la belle victoire qu’Elliot a eue en modifié au RPM Speedway. Pas que la victoire ne veut rien dire, loin de là, mais disons que de se rendre compte que l’on a été capable de se rendre jusque-là, avec l’aide du paternel… c’est juste magique.

         On ne se le cachera pas mais vivre que pour les courses, ça doit laisser des traces dans la vie de tous les jours. Il faut s’investir à temps plein dans le sport pour que le jeu en vaille la chandelle, quitte à sacrifier quelques activités sociales au passage. La chance qu’a Elliot d’avoir un père qui est une sommité dans le domaine de la course automobile, en termes de préparation de voiture, a de quoi laisser sa conscience tranquille:

«Elle change celle des personnes qui nous entourent. Quand on n’est pas aux courses, on parle de courses. Des fois, c’est source de conflits étant donné qu’il a déjà conduit ça. Il n’hésite pas à me dire ce que je dois faire de différent et bien des fois on n’est pas d’accord sur des choses mais, la plupart du temps, son expérience en course automobile m’aide à devenir meilleur et comme je te l’ai dit plus tôt, je ne suis pas inquiet avec la voiture car je sais qu’il est l’un des meilleurs dans le business».

Je ne sais pas si Elliot a brûlé des étapes pour se rendre où il est présentement dans sa carrière, mais quand tu as tous les outils pour bien réussir entre les mains, il ne faut pas s’étonner de le voir aux avant-plans. Et comme il semble avoir une très bonne tête sur les épaules, il laisse le succès venir à lui.

         Une autre histoire de racontée! Un pilote au talent brut qui risque d’aller loin et de connaître du succès si on lui en donne la chance. Avec la performance qu’il a connue au RPM Speedway à bord de la voiture 4K, je n’ai aucun doute dans mon esprit qu’il va répéter l’exploit de gagner une course en classe modifiée un jour. Peut-être plus vite que l’on pense!

Une chose sûre est que la prochaine saison va être palpitante à souhait avec l’ajout d’Elliot dans un peloton déjà très relevé. Je ne voudrais pas m’avancer, mais je mettrais un p’tit deux piastres sur son objectif numéro un lors de la prochaine saison: celui de recrue de l’année.

Bonne saison !!!

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