Le cœur sur la terre battue : Jonathan Lemay lève le pied, mais pas la passion
Quand j’ai aperçu l’annonce à vendre sur la voiture Pro-Stock #35 de Jonathan Lemay, ma curiosité a tout de suite été piquée. J’ai donc contacté le pilote de Saint-Hyacinthe pour en connaître les raisons.
« L’année 2026 sera plus tranquille pour moi, explique-t-il. Je veux consacrer davantage de temps à ma famille. Mais j’ai toujours la même passion pour les courses ! »
Malgré cette pause, Lemay ne compte pas s’éloigner complètement du monde des ovales de terre battue. « Je vais continuer à aider Justin Chaput dans la série Farnham, et je vais probablement m’impliquer dans une équipe Pro-Stock. Et qui sait… peut-être que je reviendrai derrière le volant à l’occasion. »
L’amitié avant tout
Son ami et confrère Justin Chaput se souvient bien des débuts de Lemay et de son implication dans la série :
« Jonathan et moi, on a commencé à courir à temps plein en Pro-Stock à peu près en même temps. Lors de son année recrue à l’Autodrome Granby, je lui ai prêté ma voiture lors du dernier programme, après les qualifications, pour qu’il puisse remporter le titre de recrue de l’année. Depuis, nous sommes devenus de bons amis.
Son implication dans la série remonte à loin, dès les débuts avec Soleno, la première année, quand la série portait encore ce nom. À l’époque, c’est Dany Voghel qui la dirigeait. Depuis que c’est la série Farnham, Jonathan est l’un de nos principaux partenaires avec sa compagnie 35 Solutions.
J’ai toujours eu beaucoup de plaisir à le côtoyer sur la piste comme en dehors. C’est dommage qu’il prenne une pause, mais comme Mario Lemieux et son mentor François Adam l’ont fait, je ne serais pas étonné de le voir revenir un jour ! »
Une voiture qui a sa propre histoire
Sa voiture, toujours à vendre, n’est pas n’importe laquelle. « C’est une voiture que Rock Aubin avait préparée pour aller à Charlotte, construite sur un frame Raptor un peu limité, mais très bien montée. »
Lemay n’a que six saisons d’expérience comme pilote, mais son parcours est déjà bien rempli. « J’ai commencé à courir après m’être impliqué comme commanditaire principal dans la série Soleno Service Sanitaire de Farnham, fondée à l’époque par mon ami Dany Voghel. C’est à ce moment-là que l’envie de piloter a pris forme. »
Une amitié vieille de 35 ans
Dany Voghel, justement, garde des souvenirs impérissables de leur complicité :
« Jonathan est mon ami d’enfance depuis 35 ans. Il m’a commandité pour la première fois quand je courais en Procam Truck sur asphalte.
Quand j’ai fait le saut en Pro-Stock, notre première sortie au RPM Speedway s’est soldée par une deuxième place. À ce moment-là, je n’avais pas de garage — j’étais entre deux maisons. Jonathan, avec son grand cœur, m’a dit : “Mon chum, le char tu le mets dans cette porte-là, c’est la porte du char. Va m’en chercher d’autres !” Par la suite, il faisait même coucher un truck dehors pour que la voiture ait sa place dans le garage et soit prête pour chaque sortie.
En 2018, il s’est porté volontaire pour m’aider à organiser la série Soleno, qui est ensuite devenue la série Farnham.
En 2019, espérant enfin rouler côte à côte avec mon ami d’enfance, je l’ai mis en contact avec Frank Manceau. On a pu partager plusieurs souvenirs, et même deux garages de course ensemble. Il va me manquer, c’est clair. Un gars qui a tellement fait pour moi… c’est très dur. »
Une passion sincère et humaine
Depuis, Lemay s’est fait remarquer en décrochant le titre de recrue de l’année à Granby et au RPM Speedway, tout en connaissant de belles séquences à Cornwall.
De nature discrète, il se décrit comme un pilote solitaire :
« La course, tout comme le travail dans le garage, a toujours été pour moi un moyen de me ressourcer. Même si j’ai eu d’excellents coéquipiers, j’ai toujours aimé ces moments de calme où je peux me concentrer sur ma voiture. »
Peu de gens le savent, mais Lemay est aussi très superstitieux :
« Avant chaque départ, je fais toujours la même séquence : je m’attache dans le même ordre et j’enfile toujours mon gant gauche avant le droit. »
Mais au-delà des tours de piste et des rituels, ce sont les gens qui donnent tout son sens à sa passion.
« Ce qui me touche le plus, c’est de voir des spectateurs venir nous encourager, même si on n’est pas des grands champions. Certains croient en nous et ont de l’admiration pour ce qu’on fait. Ça donne l’impression qu’on change leur routine, qu’on les divertit. Et ça, c’est une belle récompense. » La Pro-Stock #35 prendra peut-être une pause, mais la passion, elle, ne s’éteindra jamais. Jonathan Lemay a encore de beaux projets à concrétiser et plusieurs amis à épauler.







