Une 55ᵉ édition qui s’est terminée sous la canicule

Crédit photo : Christian Gingras

(TROIS-RIVIÈRES, 10 août 2025) La 55e édition du Grand Prix de Trois-Rivières s’est achevée dimanche dans des conditions météorologiques exceptionnelles. De ce côté, les dirigeants du Grand Prix, avec en tête Dominic Fugère, n’avaient rien à se reprocher. Les spectateurs, qui se sont présentés encore une fois en grand nombre, ont dû veiller à bien s’hydrater pour éviter les coups de chaleur. Malgré tout, certains ont peut-être préféré regarder la course à la télévision, bien confortablement installés dans un environnement climatisé.

Je peux le confirmer, lors de mes nombreuses séances d’exploration tout autour du circuit, je n’ai vu que des gens heureux, le sourire fendu jusqu’aux oreilles. J’ai laissé le soin à mon collègue Steve Bertrand de faire le résumé de la course de la série NASCAR Canada, présentée en début d’après-midi dimanche, pour vous relater différentes anecdotes et événements qui auront marqué ma fin de semaine dans ma ville natale.
Ranger triomphe dans une course mouvementée !

Hommage à Gilles Villeneuve

Depuis l’année dernière, les deux bolides « GM Paillé » arborent des couleurs différentes à Trois-Rivières. Cette fois-ci, le thème retenu pour 2025 était un hommage à Gilles Villeneuve. Marc-Antoine Camirand pilotait un bolide vert avec le logo « Skiroule » placé entre les deux ailes, juste en bas de caisse. De plus, le numéro « 96 » de Camirand était noir, entouré d’un cercle blanc.

De son côté, Andrew Ranger portait fièrement les couleurs rappelant le célèbre casque de Gilles Villeneuve lorsqu’il courait en Formule 1. Son numéro « 27 » utilisait la même police de caractère que celle de la Ferrari de Villeneuve.

Une chaleur accablante

Les conditions météorologiques ont constitué un défi majeur tout au long du week-end. Avec un mercure ressenti avoisinant les 40 °C, pilotes et mécaniciens ont dû composer avec des conditions particulièrement difficiles. Je pense notamment aux imposantes voitures de la série NASCAR Canada, qui participaient à une course de 60 tours. Malgré tout, la température était d’environ 27 °C au départ de la course.

J’ai été témoin, bien malgré moi, de quelques incidents impliquant des spectateurs victimes de coups de chaleur. Félicitations aux équipes de premiers soins, qui ont accompli un travail remarquable ce week-end pour venir en aide aux personnes en détresse. Les pompiers ont également joué leur rôle en sortant les boyaux pour rendre hommage à Sacha Distel (ceux de mon âge se souviennent de l’incendie à Rio) en arrosant joyeusement les spectateurs présents samedi dans l’estrade du stade, située à l’entrée du virage 1.

J’imagine ma charmante épouse adepte de la bienséance et du maquillage impeccable recevant une douche gracieuseté du service d’incendie. Elle aurait probablement invoqué quelques saints du ciel et donner une bonne baffe au premier pompier qu’elle aurait croisé!

Une dernière présence pour la série Nissan Sentra

Il était triste de voir les derniers tours de piste des Nissan Sentra au Grand Prix de Trois-Rivières. Cette série, qui a brillé pendant 10 ans, a fait un travail remarquable. Depuis que les Micra ont été remplacées par les Sentra, la série a franchi un palier. En 2024, elle semblait avoir atteint sa pleine maturité.

On le sait, les temps sont difficiles pour plusieurs constructeurs, dont Nissan, qui est en constante restructuration. En 2026, un nouveau modèle de Sentra fera son apparition sur le marché, mais l’option de la transmission manuelle ne sera plus disponible. Seule la transmission à variation continue équipera cette nouvelle version. Ainsi, en plus des défis de Nissan, présenter des courses avec des voitures à transmission CVT devenait pratiquement impensable.

Je profite de l’occasion pour saluer toutes les personnes impliquées de près ou de loin dans cette série au fil des ans. Un grand merci aux pilotes et à leurs équipes pour la qualité du spectacle offert.

La « Radical Cup Canada »

Je me répète, mais malgré la présence de seulement 12 bolides, la série « Radical Cup Canada » est mon coup de cœur de ce week-end. Elle mettait en vedette des prototypes ultralégers de la marque britannique Radical. Conçues pour maximiser le rapport puissance/poids et l’appui aérodynamique, ces voitures utilisent un moteur RPE dérivé de la moto Suzuki Hayabusa (1 340 cc ou 1 500 cc) développant environ 230 ch, pour un poids d’environ 620 kg. Dotées d’une boîte séquentielle à 6 rapports, d’un châssis tubulaire et d’une carrosserie en composite inspirée des prototypes LMP, elles atteignent le 0 à 100 km/h en un peu plus de 3 secondes et une vitesse de pointe avoisinant 237 km/h. Leur conception, axée sur la précision de conduite, en faisait des machines redoutables sur un tracé urbain comme celui du GP3R.

Cette série, introduite en 2022 par FEL Motorsports, vise à créer un championnat monomarque dédié aux prototypes Radical sur le sol canadien. Inspirée des compétitions similaires en Europe, en Australie et aux États-Unis, elle a rapidement trouvé sa place dans le calendrier national, avec des épreuves disputées sur des circuits emblématiques comme le Canadian Tire Motorsport Park, le Circuit Mont-Tremblant et le Circuit ICAR.

La renaissance de la Formule 1600

En 2024, il faut l’admettre, la Formule 1600 était décourageante à voir en piste, après des années de présence constante. Cette année, 23 bolides participaient à la troisième course du week-end. Si je ne m’abuse, il y en avait 27 lors de la première course.

Il y avait bien sûr des vétérans en piste, mais cette série a pour mission première d’ouvrir les portes à la relève en leur offrant une visibilité maximale. Qui sait ce qui peut arriver par la suite ? Oui, l’argent reste le nerf de la guerre en course automobile, mais parfois, avec un peu de chance et en étant au bon endroit au bon moment, tout peut basculer.

Une demande en mariage

Mon collègue photographe Christian Gingras a vécu une expérience particulière samedi après-midi, quelques minutes avant la présentation de l’hymne national en « Radical Cup Canada », prêt à plier bagage, Christian a été abordé par une bénévole qui lui a proposé un mandat inattendu : immortaliser une demande en mariage surprise après l’hymne. Pas de détails, pas de plan… juste un « tu te présentes sur la piste et tu verras ». Intrigué et un peu joueur, il a accepté.

Mais, voulant en savoir plus, il a posé LA mauvaise question… au futur marié lui-même, sous les yeux de la future fiancée, qui se trouvait juste derrière. Oups. Heureusement, si elle a entendu, elle mérite un Oscar pour sa réaction. L’instant magique s’est déroulé comme prévu, et le photographe est reparti avec une belle histoire… et une leçon : toujours vérifier à qui l’on parle avant un moment top secret.

Les rois de la fin de semaine

Bien entendu, on ne peut passer sous silence la présence de la série reine du sport automobile canadien, j’ai nommé « NASCAR Canada ». Encore une fois, les équipes ont répondu à l’appel avec un total de 29 voitures en piste.

La Belle Province était bien représentée, avec 19 des 28 pilotes inscrits originaires du Québec, soit près de 68 % du plateau (que voulez-vous, je suis un homme de chiffres). Cette domination s’est concrétisée lors des qualifications, où les huit premières positions ont été monopolisées par des Québécois, une première dans l’histoire de l’événement. Marc-Antoine Camirand, au volant de sa voiture #96, a décroché la pole position en établissant un nouveau record de piste (1:06.377), devançant Andrew Ranger et Alex Tagliani dans un trio de tête entièrement québécois, séparé par seulement 0,356 seconde.

Les héros locaux Louis-Philippe et Jean-François Dumoulin, natifs de Trois-Rivières, ont particulièrement attiré l’attention des spectateurs. Le premier, partant 4e, visait une troisième victoire au GP3R, tandis que le second promettait de « tout donner » malgré sa 12e position de départ.

Pourquoi pas un top 5 ?

Avant de conclure, je me suis dit pourquoi pas un top 5 ? Alors, voici mon top 5 de la fin de semaine :

Cinquième position : La fin de la série Nissan Sentra
Comme je l’ai écrit plus haut, la fin de cette série laissera un vide immense dans le milieu de la course automobile au Canada. Plusieurs amateurs se rappellent encore des belles années de la série « GM Players » du début des années 90. J’espère que dans 20 ans, on se souviendra encore des bolides Nissan qui ont marqué les dix dernières années.

Quatrième position : La série F1600
Une Formule 1600 en santé ne peut qu’être bénéfique pour le monde de la course en général. C’est une porte d’entrée idéale pour découvrir les talents de demain, tout en permettant à une catégorie de pilotes de continuer à vivre leur passion, quel que soit leur âge.

Troisième position : Les bolides de la « Coupe du maire »
Difficile de ne pas avoir les yeux écarquillés face aux Ferrari, Lamborghini, McLaren et Porsche présentes en piste pour la Coupe du maire. Oui, elles étaient peu nombreuses, mais elles ont fait rêver à chacun de leurs tours.

Deuxième position : La « Radical Cup Canada »
Je sais, je l’ai déjà dit, c’est mon coup de cœur de la fin de semaine. Mais je le répète : cette série a un immense potentiel qui ne demande qu’à être exploité. Il faut absolument que les voitures de la « Radical Cup Canada » soient de retour pour la 56e édition l’an prochain.

Première position : Les bénévoles qui font vivre le GP3R


Malgré la chaleur et les aléas d’un événement comme le GP3R, les bénévoles ont encore une fois répondu à l’appel. Qu’il s’agisse des conducteurs de navettes VIP, des responsables de la salle de presse ou des nombreuses personnes en charge de la sécurité, leur travail est colossal. Sans eux, c’est simple, il n’y aurait pas de Grand Prix. Un seul mot : « Chapeau » !

En conclusion

Ce n’est jamais parfait, car la perfection est rare en ce bas monde. Cependant, le petit garçon qui a grandi dans la paroisse Saint-Philippe, à 15 minutes à pied de la piste, éprouve toujours un plaisir nostalgique et bien vivant à couvrir son Grand Prix.

J’ai tant de souvenirs d’être venu aux courses avec mes parents, d’avoir fait des tours de piste à « full pin » sur mon petit vélo orange, en m’imaginant rouler avec mes idoles de l’époque. Plus de 45 ans plus tard, me voici dans la salle de presse, à écrire ce texte et, à l’occasion, à partager mes humbles photos. Quel chemin parcouru depuis mon petit vélo jaune orangé !

Le Grand Prix est important pour Trois-Rivières, et pour aucune raison il ne doit disparaître. Je sais que pour certains, il représente tout ce qu’ils détestent, mais pour d’autres, il signifie tellement.

Je le sais, je n’ai pas pu traiter toutes les séries présentes cette fin semaine. J’en suis profondément désolé.

Que les dieux bénissent les rois de la course et longue vie au Grand Prix de Trois-Rivières !

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