Le F-150 Tremor, presque un Raptor

Crédit photo : Éric Descarries

Pas un autre article sur le Ford F-150? Faudra s’y habituer car Ford a vraiment l’intention de traiter sa gamme F-150 comme une marque indépendante du constructeur. On n’a qu’à y constater les diverses variantes pour se rendre compte que Ford désire offrir un modèle de F-150 à une clientèle très variée. On commence par la plus simple version avec cabine courte et caisse courte pour se rendre aux FX4, Lariat de luxe, Raptor (et maintenant Raptor R!) de performance hors-route en passant par les version PowerBoost hybrides, les originaux King Ranch, les luxueux Platinum et Limited sans oublier les nouveaux Lightning et maintenant, les Tremor.

Ford a déjà utilisé le nom Tremor à plusieurs sauces tant avec les Ranger que sur les F-250. Cette fois, c’est au F-150 que l’ensemble sportif est appliqué. Mais qu’est-ce qu’un Tremor? C’est ni plus ni moins qu’un Raptor légèrement «dilué». Malgré ses propres ajouts esthétiques, il demeure un pick-up plus «mondain» facilement utilisable pour les tâches de tous les jours, plus que le Raptor puisse faire.

Le tout nouveau F-150 Tremor, presque un Raptor…

Le Tremor ne vient qu’en une seule version, un grand pick-up à cabine SuperCrew avec une caisse de cinq pieds. On le reconnaîtra à sa calandre toute noire incluant un «ovale bleu» noirci pour la circonstance. Évidemment, les concepteurs de Ford ont utilisé une couleur orange pour y ajouter certains accents et pour y peindre les deux crochets avant (un pick-up n’est pas un pick-up sans qu’il ait des crochets à l’avant du châssis). Le capot est une reproduction de celui du Raptor alors que des marchepieds fixes spécifiques à des excursions hors-route ont été boulonnés au bas de la caisse de la cabine. À l’arrière, le Tremor montre son pare-chocs spécifique avec deux crochets et ses échappements doubles. D’autres ajouts orangés et décalques au nom de Tremor viennent accentuer la finition de la camionnette.

Le F-150 Tremor dans les champs de Pépinor à Laval.

L’intérieur de la version Tremor devrait être identique à celle d’un F-150 bien équipé. Le tableau de bord y est très semblable avec une instrumentation vidéo affichant de très grands chiffres (surtout pour l’indicateur de vitesse) ce qui élimine le besoin d’un affichage de celle-ci par réflexion à l’intérieur du pare-brise. Bien entendu, il y a un impressionnant écran au centre du tableau de bord, une pièce d’une douzaine de pouces qui prouve son utilité avec la navigation et le système à 360 degrés qui montre le F-150 du haut des airs pour aider le conducteur à manœuvrer la grosse caisse dans les stationnements.

Sauf pour quelques détails de finition, l’intérieur du Tremor est très semblable à celui des autres beaux Ford F-150.

La finition intérieure est issue de celle des F-150 plus classiques mais on y verra des coutures aux couleurs orange alors que les superbes sièges baquet ont une inscription «Tremor» brodée dans les dossiers. Sans vouloir revenir en détail sur les multiples accessoires de F-150, je vous invite à lire certains de mes articles du passé (dont celui du 24 mars 2021 et certains autres). Vous y découvrirez aussi la console centrale avec un levier de vitesses qui peut se coucher à plat pour permettre le couvercle du compartiment central de se replier à plat et créer ainsi une véritable table de travail au centre.  

Les places arrière sont toujours aussi confortables et invitantes.

Si l’utilisateur relève le fauteuil des sièges d’arrière, il disposera d’un vaste plancher plat qui pourra servir au transport d’objets à l’abri des intempéries.

Encore une fois, soulignons que les places arrière demeurent très vastes et accueillantes et que les dossiers peuvent se relever pour offrir un plancher très utile pour y transporter de grands objets encombrants à l’abri des intempéries. On trouve aussi dans cet habitacle de multiples prises électrique et USB. Et des commandes pour le freinage électrique des remorques. Enfin, n’oublions pas la commande de manœuvrabilité de la remorque en marche arrière, un bouton rotatif combiné à la caméra de marche arrière qui permet au conducteur de mieux diriger la remorque en reculant! Quant à la visibilité, les grandes glaces permettent une vue saisissante des paysages, même pour les passagers d’arrière (je fais ici référence à un nouveau pick-up étranger qui n’offre pas un tel avantage pour ses passagers d’arrière!)

Un petit coup d’œil sur l’instrumentation du F-150 Tremor nous prouve l’efficacité de ses grands chiffres!

En ce qui concerne la caisse de 5,5 pieds, on peut y accéder en pressant le bouton de la caisse à la commande de déverrouillage (porte-clés) ou dans le panneau lui-même. Celui-ci s’abaisse et on peut même refermer de la même façon, avec le porte-clés ou en pressant sur la commande sur le panneau l  Comme vous pouvez vous y attendre, ce panneau de mon véhicule d’essai était équipé de cette géniale petite échelle escamotable et de la finition intérieure avec accessoires moulés dans celle-ci dont deux règles à mesurer, un support d’ordinateur, un support à crayons, des points d’ancrage pour utiliser des serres pour retenir des pièces afin de les couper et deux décapsuleurs!  La capacité de charge de cette caisse est de 1885 livres.

La caisse de 5,5 pieds peut sembler courte, avec le panneau abaissé, elle peut transporter de longs objets!

Les ingénieurs de Ford ont usé de beaucoup d’imagination pour rendre le panneau utile. En plus de l’escalier escamotable, notez les gravures à l’intérieur du panneau. Ce sont des outils de mesure et de rétention.

Sous le capot!

Maintenant, passons aux choses sérieuses, les éléments techniques! Parce que, jusqu’ici, je n’ai décrit que des accessoires plus décoratifs qu’utiles. Outre le fait que le Tremor propose des choix de réactions de la suspension sur et hors-route, il y a encore beaucoup à retenir de ce Ford. Tout d’abord, le seul moteur disponible dans le Tremor est le V6 Ecoboost à double turbo de 3,5 litres mais de plus grande puissance, soit de 400 chevaux! La seule boîte de vitesses disponible est toujours cette automatique à 10 rapports avec commande manuelle possible. La transmission de la puissance peut se faire par commande rotative au tableau de bord avec la possibilité de la propulsion seulement, de la motricité aux quatre roues en basse ou haute réduction et surtout le mode de motricité automatique aux quatre roues (un atout en hiver lorsqu’on ne veut pas jouer mécaniquement entre la propulsion et la motricité aux quatre roues). Pour les déplacements hors-route, il y a une commande pour choisir le type de terrain alors que l’approche Rock Crawl (escalade de roches) y est standard. On y trouve aussi Trail Control et surtout Trail Turn Assist, une commande qui «barre» la roue arrière intérieure lors de manœuvres très serrées dans un sentier, une fonction qu’on a d’abord découverte l’année dernière avec le Bronco. Elle permet des négociations plus serrées en virage très prononcé.

Ford fait appel à des pneus General Grabber hors-route pour équiper son F-150 Tremor.

Sous le capot du F-150 Tremor, on ne verra que le bien connu V6 biturbo EcoBoost qui, dans ce cas, fait 400 chevaux.

La suspension typique à la version Tremor y est très modifiée avec des ressorts recalibrés, des axes de fusée et bras supérieurs renforcés, des amortisseurs monotubes de Raptor à l’avant et double à l’arrière (pour 1,5 pouce de débattement de plus) en plus de jantes uniques de 18 pouces et de pneus General Grabber tout-terrain de 33 pouces. Le pont avant optionnel à glissement limité est du type Thorsen

 Sur et hors route

Tout d’abord, soulignons que ce type de camionnette est d’abord destiné à la clientèle américaine, surtout celle du sud-ouest pour qui les excursions hors-route sont une activité populaire (un peu comme les randonnées en motoneige au Québec). La suspension du Tremor réagit tout d’abord en douceur (ce qui rend ce F-150 très confortable avec une bonne douceur de roulement à vitesse régulière sur nos routes gravement endommagées). Toutefois, si l’on pousse un peu, les ressorts sont capables d’amortir les chocs les plus violents. Un court essai sur les routes de tracteurs de la pépinière Pépinor à Laval m’a permis de rouler jusqu’à plus de 85 km/h comme sur un tapis! L’agencement des pneus Grabber et des éléments mécaniques anti-patinage aide à se déplacer facilement dans terre molle ou la boue. Par contre, j’opterais quand même pour de bons pneus d’hiver pour les routes glacées en hiver.

Sur nos routes, le Tremor est stable et, surprise, très doux et confortable. Il est capable d’accélérations de 0 à 100 km/h en moins de six secondes alors que ses reprises sont des plus convaincantes (grâce à la boîte à dix rapports). Dans le cas du Tremor (comme dans celui de toutes les versions haut de gamme des F-150), le son du moteur est «camouflé» en son de V8 dans la cabine. On peut l’entendre quand les glaces sont fermées et qu’on appuie à fond. Le son du V8 (Enhanced Engine Sound) est reproduit par les haut-parleurs de la sonorisation. Évidemment, ce son est quand même d’un volume raisonnable mais il est impossible de l’accentuer ou de le diminuer, voire même de le fermer. Autrement, l’habitacle demeure très silencieux. La direction est relativement précise, ce qui est surprenant pour un véhicule du plus de 5600 livres. Quant au freinage à quatre disques, j’ai pu en vérifier la puissance afin d’éviter une collision! Une chance que ce freinage est puissant!  Bien entendu, on ne fait pas affaire avec une voiture de sport ici. Toutefois, pour les longues randonnées, c’est tout simplement idéal. Et si l’idée vous vient d’attaquer un sentier hors-route «raisonnable», vous constaterez que le Tremor y est bien à l’aise.

Question remorquage, on ne peut nier que les constructeurs américains y sont devenus de véritables champions. Dans le cas du Tremor, celui-ci est capable de tirer jusqu’à 10 900 livres alors que le V6 procure, généralement, une consommation nettement plus raisonnable que les pick-up des générations précédentes.

Comme vous pouvez le constater, il y a beaucoup à dire sur les F-150 de tout acabit. Par contre, il reste deux autres points à souligner dont la consommation. Alors que l’indicateur au tableau de bord marquait une moyenne de 13,5 l./100 km, mes calculs à la pompe m’ont donné un chiffre de 14,7 ce qui n’est pas très loin. Les documents d’EnerGuide Canada mentionnent qu’ils ont réussi une moyenne de 13,2 avec 14,3 en ville et 11,8 sur route. Le mieux que j’ai pu faire sur route tournait autour de 12,5 (selon l’indicateur au tableau de bord) ce qui, somme toute, est raisonnable.

Le deuxième point, c’est le coût du véhicule. Alors que le prix de base d’un F-150 4 x 4 SuperCrew flotte autour des 58 500 $, cette version Tremor avait pour 25 520$ d’options (dont le groupe 402A du Tremor qui vaut, à lui seul, plus de 16 000 $, le grand toir ouvrant vitré de 1750 $, l’ensemble électrogène de 2 kW qui vaut 1300 $ et surtout l’équipement Co-Pilot 360 Active 2.0 de 2100 $ qui inclut la possibilité Blue Cruise (une sorte d’auto-conduite que je n’ai pas mis à l’essai…). Ajoutez à cela la sonorisation Bang & Olufsen de 800 $ et autres options en plus des frais de transport et 1995 $ ce qui totalise 86 015 $. Pas donné…mais qu’y pouvez-vous? C’est «le prix du marché»! N’oubliez pas que les F-150 demeurent en grande demande!

Enfin, tel que mentionné en début d’article, sachez que Ford a finalement lancé la version R du Raptor avec un V8 de quelque 700 chevaux! Il concurrencera donc le Ram TRX (avec un V8 de 702 chevaux). Le prix? Les deux se vendent au-delà de 100 000 $ ! «La vie des gens riches et célèbres!»

(Merci à Pierre Archambault de Pépinor pour l’utilisation de sa pépinière)

J’ai profité du Tremor pour rejoindre mon ami et petit constructeur automobile Michel Pigeon. Il a un fort penchant pour les Ford et une ballade dans ce F-150 inusité ne pouvait le laisser indifférent! En même temps, j’ai voulu voir sur quoi il travaillait. Ses reproductions de Ford GT40 sont maintenant acceptées des administrateurs provinciaux ce qui lui a permis la production d’une certaine quantité de cette Ford légendaire. Mais, il n’a pas encore abandonné les Cobra. D’ailleurs, il m’a confié qu’il allait attaquer aussitôt que possible la construction d’une Ford GT et d’une Cobra pour lui-même. En attendant…

Un amateur de Cobra ne peut que se réjouir d’une telle photo. Merci à Michel Pigeon!

Regardez bien à la droite de la photo. Vous y verrez le capot d’une Ford GT en construction.

D’autre part, si vous vous souvenez de mon reportage d’il y a deux semaines sur l’équipe Miller-Taylor (Audi S3) que j’avais été photographier au Canadian Tire Motorsport Park mais qui n’avait malheureusement pu finir sa course dans le championnat Michelin Pilot, bien voici un meilleure nouvelle. La même équipe a finalement gagné dans sa catégorie le week-end dernier au circuit de Lime Rock. J’en suis fier vu que le design de la livrée est un travail de mon fils Guillaume….

L’équipe de Chris Miller et Mickey Taylor a finalement gagné une épreuve de l’IMSA Michelin Pilote Challenge, cette fois à Lime Rock…

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