La très rare Volvo V90

Crédit photo : Éric Descarries

Comme le disait le grand Charles Aznavour dans sa célèbre chanson La Bohème : «Je vous parle d’un temps que les moins de vingt ans ne peuvent pas connaître…». Dans l’automobile, ce temps, c’était celui des grandes familiales, les belles «station wagon» américaines. À peu près tous les constructeurs automobile, surtout américains, avaient des versions «station» de tous leurs modèles sauf peut-être les Cadillac et Lincoln ( et même là, certains carrossiers transformaient de luxueuses berlines de ces marques en «station»). Soit-dit en passant, en Europe, on les appelait des «break»…d’où vient ce nom? Je ne sais pas mais ce que je sais, c’est que je n’ai jamais aimé le terme «familiale» utilisé au Québec pour ce style de carrosserie…

Toutefois, vers la fin des années quatre-vingt-dix, les «station wagon» sont disparues des catalogue. L’avènement du VUS venait subitement de détrôner la «station». Aujourd’hui, il ne reste plus que quelques constructeurs qui nous proposent un tel type d’auto dont, surtout, Subaru. Pour voir de belles «familiales», il faut se tourner vers certains constructeurs européens haut-de-gamme comme Mercedes-Benz ou encore…Volvo.

Volvo? Ben oui, Volvo! Il est vrai que la V70 ne figure plus au catalogue du constructeur suédois (maintenant dans le giron du chinois Geely) mais, oh surprise! voilà que son modèle supérieur, la V90 nous est reconduite. En effet, malgré le fait qu’elle ne fut pas disponible au Canada l’année dernière, la superbe familiale de Volvo fait un retour chez nous sauf qu’elle aura subi quelques transformations au cours de son «année sabbatique».

La familiale V90 de Volvo nous revient avec les modifications Cross Country.

La V90 Cross Country vue de l’arrière.

En effet, la Volvo  V90 a fait une brève apparition au Canada il y a quelques années mais elle ne fut pas commercialisée chez nous l’année dernière. Peut-être y préparait-on la version 2022 qui se distingue maintenant par sa finition Cross Country reprenant ainsi ce look plus «aventurier» de la familiale qui avait été popularisé par la V70. C’est finalement la seule version possible de V90.

La première fois que j’ai vu la V90, c’était en Suède alors que le constructeur nous y avait transporté pour des présentations médiatiques de la V60 et de son équivalent hybride. J’ai été aussitôt frappé par le superbe look de cette grande voiture. C’est là qu’on m’avait dit que la V90 était disponible au Canada mais sous commande spéciale. Aujourd’hui, elle fait partie du catalogue régulier de la marque mais, je le répète, qu’en finition Cross Country.

Celle-ci se reconnaîtra à sa suspension surélevée, les roues plus grandes, des carénages noirs autour des passages de roue et des bas de caisse et l’inscription B6 à l’arrière au lieu de T6 comme c’en était le cas pour les anciens modèles. B6 veut dire que cette Volvo à traction intégrale est mue par un moteur à quatre cylindres turbocompressé et suralimentée (par compresseur électrique) de 2,0 litres qui, désormais, est combiné à un petit moteur électrique de 13 chevaux et 30 li-pi de couple qui sert à la fois de génératrice de courant, de démarreur et de support au moteur thermique. Si l’ancienne formule T6 (aussi à quatre cylindres mais avec turbocompresseur et compresseur mécanique mû par entraînement par courroie) développait 316 chevaux, l’actuelle B6 ne fait «que» 295 chevaux. Notez, toutefois, que la B6 offre un peu plus de couple à 310 li-pi au lieu de 295. La boîte de vitesses est automatique, vous vous en doutiez et à huit rapports et la traction est, je le répète, intégrale.

Ce qui est difficile à voir, c’est l’exercice technologique de Volvo pour donner plus de puissance à ses moteurs thermiques.

Ce que j’ai toujours aimé des Volvo, surtout plus récemment, c’est l’intérieur de ces autos. La V90 Cross Country se distingue surtout par un intérieur superbe de belle construction et d’un design à la fois moderne mais discret. Le tableau de bord est d’une rare élégance avec un mélange équilibré de matériaux de qualité dont le bois et les baguettes de chrome. Il contient aussi une instrumentation numérique modulable (incluant l’affichage de la vitesse par réflexion à l’intérieur du pare-brise) qui est relativement facile à lire (sauf pour la jauge à essence dont le trait bleu tranche moins bien sur le fond noir) et un bloc numérique central pour la radio, la navigation et la caméra. Toutefois, malgré une importante révision de cet appareil, je le trouve encore un peu difficile à maîtriser. Il demande une attention particulière pour passer d’une fonction à l’autre et certains caractères sont parfois difficiles à lire. Disons que le nouveau propriétaire de Volvo V90 devra étudier son manuel d’instruction avant de pouvoir vraiment maîtriser cet «ordinateur». Incidemment, la sonorisation de la radio de cette Volvo était assumée par des produits Bowers and Wilkins haut de gamme.

Le tableau de bord est d’un design élégant mais il y a encore du travail à faire pour rendre l’instrumentation et les accessoires plus conviviaux.

La console centrale possède ses propres caractéristiques. Tout d’abord, pour faire démarrer l’auto, il faut tourner la clé intégrée (le courant vient de la clé électronique des mains du conducteur) au centre de cette console, un peu à la manière que l’on faisait avec les Saab dans le temps (c’était, nous disait-on alors, un élément de sécurité car, dans le cas d’un accident, le conducteur pouvait se blesser la jambe de droite en frappant la clé de contact au tableau de bord et, plus tard, à la colonne de direction!). L’autre caractéristique que je crois unique à Volvo, c’est que le conducteur doive passer par le Neutre avant d’enclencher la boîte de vitesses en Reverse ou en Drive! Pourquoi? Sais pas!

Les places arrière sont généreuses en espace.

Mais, d’un côté moins «chiâleux», je dois vous souligner que les sièges, surtout ceux d’avant, sont très confortables grâce, entre autres, aux multiples réglages possibles. Qui plus est, toute la sellerie y est de grande qualité! Les places d’arrière sont aussi confortables et offrent beuacoup d’espace pour les jambes et la tête. Et la visibilité y est très bonne tout le tour pour tous les occupants. Enfin, étant une familiale, cette voiture présente un grand coffre (dont le hayon arrière peut s’ouvrir en passant le pied sous le pare-chocs). Petit détail intéressant, cette Volvo destinée aux parcs de presse avait une grille protectrice entre le compartiment  cargo et celui des occupants pour éviter que les objets transportés soient projetés vers l’avant en cas d’impact!

L’espace de chargement de la V90 est imposant…pour une automobile. Notez le grillage de protection entre le compartiment cargo et celui des passagers.

Sur la route

Au départ, je dois vous dire que la Volvo V90 Cross Country ne se présente pas comme une voiture de sport. Dès que l’on prend place derrière le volant, on se rend vite compte qu’il s’agit d’une automobile de grandes dimensions. Mais son comportement routier est très agréable. L’auto est relativement silencieuse, sa suspension, malgré son apparence de VUS, est suffisamment souple pour procurer un roulement stable et peu troublé par les défauts de la route. La direction est précise et le freinage, même si la pédale semble un peu spongieuse, est solide et rassurant.

Quant à la question de l’accélération et aux reprises, on sent que le petit moteur est bien à la hauteur de la situation. Passer de 0 à 100 km/h demande moins de sept secondes. Mais, de croire que la V90 est un véhicule tout-terrain, il y a une limite. La voiture a beau avoir une garde au sol de plus de 20 cm, elle n’a pas été créée pour attaquer des sentiers exigeants. Toutefois, on appréciera facilement ses capacités de vous conduire au chalet en hiver dans une neige profonde. Par contre, ma voiture d’essai était équipée de pneus Pirelli Scorpion Zero au dessin peu agressif. En passant, la capacité de remorquage de la Volvo V90 Cross Country est de 750 kilos (soit environ 1600 livres).

Dire que tout a bien été ne serait pas la vérité. Je dois l’avouer, j’ai vécu une drôle de situation dès mes premières heures au volant de cette auto. En effet, en décélérant au bout de l’Autoroute 13 afin de prendre la courbe vers la 640, la voiture s’est placée en mode «Limp Home» ce qui veut dire que je ne pouvais accélérer alors que l’auto refusait d’aller plus vite que 60 km/h. Après deux ou trois tentatives de redémarrer le véhicule, le moteur a repris vie et le reste de la semaine d’essai s’est déroulé sans anicroche (sauf que le témoin du moteur, qui s’était allumé lors de l’incident, s’est subitement éteint…). Un rapport en conséquence a été soumis aux gens concernés et j’ose espérer avoir une explication sous peu. Notez que ce genre de situation peut se reproduire pour toute marque de voiture…

En ce qui a trait à la consommation (cette auto préfère l’essence Super, soulignons-le), je n’ai pu faire mieux que 14,4 l/100 km alors que l’ordinateur de bord indiquait 10,9 l./100 km. Il faut dire que la majeure partie de mes déplacements se sont faits en situation urbaine. Disons que je suis un peu déçu de cette consommation. Il doit y avoir une explication…

Le prix de base de la Volvo V90 Cross Country est de 69 552$ mais avec les nombreuses options dont celles de la sonorisation et des ensembles de luxe, ma voiture d’essai affichait un prix qui tournait autour des 80 000 $ plus les frais de transport et de préparation de quelque 2015 $. Outre le petit pépin du début de la semaine, j’ai bien aimé mon expérience. J’aime les voitures de cette dimension et celle-ci ne m’a pas déçu. Le plus gros problème, c’est que cette Volvo fait partie du créneau des autos les plus chères sur le marché. Sa concurrence est un peu limitée vu qu’elle ne se compose que d’une poignée d’autos dont l’Audi A6 Allroad et la Mercedes-Benz Classe E All Terrain.
Mais alors, où donc sont passées les familiales à prix abordable?

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