Je ne m’en cache pas, j’ai de la difficulté avec les véhicules électriques. Est-ce que c’est parce que je suis un mordu de mécanique ou est-ce cette crainte de la «panne sèche» qui me hante? Je ne le sais pas. Toutefois, du moment que je prends le volant d’un véhicule électrique, je suis plus concentré sur la réserve du «carburant» que sur ses performances. Mais, «je me soigne». Du moment où je peux conduire une auto électrique, je n’en manque pas l’opportunité. C’est ce qui m’est arrivé la semaine dernière alors que Hyundai Canada m’a confié une toute nouvelle Ioniq 5 à «quatre roues motrices».
Évidemment, c’est d’abord le style du véhicule qui a d’abord attiré mon attention. Il faut avouer qu’elle est superbe cette auto. Pour certains, elle n’est peut-être pas aussi excitante mais au moins, elle affiche des lignes originales. L’auto que l’on voit ici est dérivée du prototype de Hyundai dévoilé au Salon de l’auto de Francfort en 2019. Le directeur des studios de design de Hyundai, Sang-Yup Lee (autrefois de Bentley où il a travaillé sur le VUS Bentayga et GM où il a collaboré à la Camaro 2010) affirme que l’inspiration initiale vient de l’étude de style Pony Coupe d’Italdesign de 1974 (bien avant que le constructeur sud-coréen arrive chez nous)! Remarquez que les phares et les feux sont des DEL.
Cette étude de style de Hyundai du nom de …Pony, inspiration pour la Ioniq 5, date de 1974!
Quant à moi, je retrouve dans ce design un peu des études de style des années quatre-vingt-dix. Qu’importe, il a réussi à nous donner une autre opinion de la marque et je crois qu’elle réussira à influencer bien des gens au cours des prochaines années. Notez que mon modèle d’essai avait une peinture argent «satinée». En passant, un observateur m’a fait remarquer que le design de cette auto lui rappelait les Dodge Omni et Plymouth Horizon des années quatre-vingt…hummm!
La Hyundai Ioniq 5 vue de devant affiche une ligne plutôt futuriste…
Le même thème futuriste se poursuit à l’arrière.
Que dire de ce tableau de bord simple et dénudé pourtant attrayant!
Le design intérieur de cette Ioniq 5 Ultimate, un modèle multisegment (VUM) selon le constructeur, était aussi moderne et spectaculaire mais en même temps, peut-être plus modeste que luxueux. Notez que, pour ouvrir les portières, les poignées ressortent d’elles-mêmes (un système qui ressemble à celui des Jaguar et des Range Rover). Dès que l’on se glisse derrière le volant, on voit un tableau de bord d’une grande simplicité, presque rectiligne avec un long écran rectangulaire devant le conducteur. Évidemment, il n’y a pas beaucoup d’instrumentation mais elle est toute en affichage vidéo. Celle-ci est facilement lisible et j’ai bien apprécié l’affichage de la vitesse par réflexion à l’intérieur du pare-brise. Par contre, sauf pour quelques commandes, tout doit passer par les images vidéo et cette approche peut provoquer de la distraction au conducteur. Par exemple, il n’y a pas de commande physique pour le chauffage ou la ventilation des sièges avant. Il faut passer par les pages vidéo à l’écran! Par ailleurs, il n’y avait pas de grosse console embarrassante (la plus petite console y était coulissante) entre les sièges ce qui fait un plancher plat qui aide au débattement des jambes.
Les places arrière sont généreuses grâce au long empattement de la Ioniq 5.
Alors que la finition intérieure est irréprochable, elle demeure modeste tout comme le dessin de la sellerie des sièges en cuir (qui étaient très confortables, soit-dit en passant). Les sièges d’arrière sont aussi chauffants alors que leurs dossiers sont rabattables pour ajouter de l’espace de chargement au coffre. Celui-ci n’est pas très creux et son plancher est plutôt élevé. Il y a un petit espace de rangement sous le plancher mais il est très occupé par le cric et l’amplificateur pour les haut-parleurs. En passant, le capot du coffre avant s’ouvre mais il n’est pas très pratique. Il est plutôt occupé par un autre coffre qui contient le câble pour recharger la batterie. Si vous êtes vraiment mordu de disposition technique, le fond de ce deuxième coffre s’ouvre et il découvre le moteur électrique d’avant, l’autre étant caché à l’arrière. Ah oui! Cette Ioniq était équipée d’un grand toit vitré panoramique.
Le coffre peut sembler vaste mais il faut composer avec un plancher plutôt élevé qui en diminue le volume de chargement.
Ne comptez pas sur le coffre avant puisque son espace est consacré à un coffret pour le fil de recharge et à quelques réservoirs d’accessoires.
Le cordon de la recharge utilise une grande partie de la place à l’avant.
Parlant de batteries, celles-ci sont disposées sous le plancher de l’auto. On sent dès que l’on en prend le volant que la voiture est lourde (environ 4700 livres) mais au moins, le centre de gravité y est très bas. Le système électrique est de 800 volts ce qui devrait demander environ 25 minutes de charge avec un chargeur de 150 kWh, 18 minutes avec un chargeur de 250 kWh. Avec un chargeur de niveau 2, il faut plutôt compter sur environ 6 heures si les batteries sont presque vidées. Et si vous n’avez que la prise de 110 volts avec le chargeur portatif…armez-vous de patience. Dans mon cas, avec 100 km de charge restante (le maximum serait de 412 km par temps beau et chaud) et la prise de 110 volts, l’indicateur au tableau affichait un temps de recharge de…50 heures et 45 minutes! Heureusement, un de mes amis a un chargeur de niveau 2 et j’ai réussi à charger la batterie aux trois-quarts en quelque trois heures… Petite remarque ici à Hyundai. Ce serait apprécié d’éclairer la prise de courant de la voiture et fort possiblement la fiche au mur car ce n’est pas facile de brancher les prises le soir venu.
Le maximum de recharge que j’ai pu obtenir avec le cordon de 110 volts était de 100 % mais il ne se traduisait que par une autonomie de 339 kilomètres avec une température extérieure d’environ 5 degrés Celsius!
Question technique, la Hyundai Ioniq 5 affiche une puissance combinée de l’équivalent de 320 chevaux (99 chevaux pour le moteur avant et 221 chevaux pour celui d’arrière) et 446 li-pi de couple. Évidemment, pas besoin de boîte de vitesses ici et avec un moteur à l’avant et un autre à l’arrière, vous aurez compris que ce serait l’équivalent d’un véhicule à quatre roues motrices. Les pneus équipant l’auto étaient des Continental d’hiver de dimension 255-45 R20 (pas mal gros, n’est-ce pas?).
Mon mécano de confiance, Giovanni, a réussi à ouvrir la plaque amovible dans le coffret avant pour y découvrir une partie principale des éléments techniques avant de la Ioniq 5. Plus simple que de la mécanique, il s’agit plutôt d’éléments électroniques auxquels je n’y comprends pas grand-chose!
Histoires de voitures électriques
Tous ceux qui possèdent ou qui ont conduit une voiture électrique ont une histoire à raconter. Voici la mienne. Après avoir pris possession de la Ioniq 5 avec environ 280 kilomètres de charge. Je me suis dirigé vers Val David pour le lunch puis, je suis revenu à Laval. Le soir même, en branchant le chargeur, l’écran m’a montré qu’il ne restait que 100 km de charge et qu’il faudrait…50 heures et 45 minutes avec la prise de 110 volts pour charger les batteries. En fait, le lendemain, lorsque j’ai vu qu’il n’y avait qu’environ 80 km de nouvelle charge ajoutée, je me suis rendu chez un ami qui, lui, a un chargeur au 220. Lorsque j’ai branché la Hyundai, l’indicateur marquait un besoin de presque six heures pour tout charger. Trois heures plus tard, j’avais une charge d’un peu plus de 280 kilomètres. Le lendemain, j’ai été au gym et j’ai laissé la Ioniq au stationnement avec 284 km de charge restante. Deux heures plus tard, je suis revenu à l’auto sous un soleil radieux. Croyez-le ou non, sans avoir été branché, l‘indicateur marquait alors une réserve de…306 kilomètres! Le seul fait que le ciel s’était dégagé avait fait grimper la réserve! J’ai chargé l’auto tous les soirs (nuits) durant le reste de mon essai. Lorsque j’ai été reporter l’auto lundi matin, le même indicateur inscrivait une réserve de 304 kilomètres avec 100% de recharge. Une fois rendu à mon point de remise, soit quelque 25 kilomètres de chez nous, le même indicateur marquait une réserve de…302 kilomètres! Il faisait un peu plus chaud… c’est le seul facteur que j’ai eu comme explication.
Avec autant de variations, comment se débarrasser de cette crainte de la panne? Surtout que, selon les documents de Hyundai, la Ioniq 5 devrait avoir une réserve de 414 kilomètres à pleine charge! Sur la photo, vous verrez qu’à 100% de charge ( à une température près de 0 degrés Celsius), l’autonomie de l’auto ne serait que de 339 kilomètres ! Mon problème demeure le même. Si je veux me rendre chez mon fils (de Laval à Amos, soit quelque 560 km), la Ioniq 5 ne sera pas le véhicule idéal. Et je ne verrais que Mont-Laurier comme étape de recharge (surtout avant d’attaquer le Parc de la Vérendrye quoiqu’il y ait deux bornes actuellement à Montcerf-Lytton à l’entrée sud du parc et qu’on serait à installer des bornes au Domaine dans le parc même!) et cela pourrait prendre de 40 minutes à plus de trois heures…si les bornes ne sont pas occupées!
Outre cela, la Ioniq est une auto intéressante à conduire. Sa suspension n’est pas trop ferme et sa direction est relativement précise…sauf que son rayon de braquage est trop grand pour garer l’auto facilement dans un stationnement de centre commercial.
Alors que le prix de base d’une Ioniq 5 à traction seulement tourne autour des 45 000 $, le modèle Ultimate AWD se vend 60 999 $ auxquels il faut ajouter 1825 $ de frais de transport et préparation pour un total de 62 824 $. Évidemment, il manque les taxes en plus de la taxe fédérale d’accise de 100 $ pour le climatiseur. En ce qui a trait au rabais provincial, selon ce que j’ai pu voir sur le site du gouvernement, il ne s’appliquerait pas à la version Ultimate illustrée ici. Mais pour les Essential de base et Preferred, ce serait de 8000 $. Ce n’est donc pas le cas de mon véhicule d’essai. Mais, comme on a pu le voir au cours des derniers jours, ces offres devraient changer…à la baisse! Pour plus de précision, vaut mieux consulter le vendeur! Dans mon cas, j’ai bien aimé mon expérience au volant de la Ioniq 5. J’avais vraiment le goût de conduire cette auto. Ses accélérations sont convaincantes (moins de sept secondes pour grimper de zéro à 100 km/h), les «reprises» sont rassurantes (le moteur électrique a tellement de couple!), la conduite est précise, la visibilité est bonne (même sans l’essuie-glace à la lunette arrière)…tout joue pour l’Ioniq 5! Mais je suis encore sceptique en ce qui a trait à son autonomie. Les résultats sont trop variables. Je suis bien conscient que l’électricité, c’est la voie de l’avenir…alors je vais attendre un peu pour voir si les batteries à près de 1000 km d’autonomie sont prévues pour bientôt…