Ford Bronco deux portes, quatre cylindres

Crédit photo : Éric Descarries

Il y a quelques semaines de cela, je publiais dans ce blogue mes impressions sur la Ford Bronco à quatre portes. J’écrivais à ce moment-là que c’était ma deuxième expérience au volant de ce véhicule ayant déjà décrit en détail mon premier contact avec ce nouveau VUS tout-terrain lors de sa présentation médiatique l’été dernier. Mais il me manquait alors un essai de la version à deux portes de cette Bronco.

Pourquoi tant d’intérêt envers la version à deux portes? Je fais de l’excursion hors-route depuis des années et, dans la majorité des cas, j’y ai toujours vu des véhicules à deux portes. Dans le passé, il y avait bien quelques VUS tout-terrain à quatre portes dont des Land Rover mais ils étaient rares. Il aura fallu l’arrivée du plus récent Jeep Wrangler à quatre portes pour populariser cette configuration dans ces évènements.

La tout récente Ford Bronco en version à deux portes.

Personnellement,  je possède une Jeep TJ (Wrangler aux États-Unis) 1998 avec moteur à quatre cylindres et boîte manuelle à cinq vitesses. C’est un peu mon jouet. Ce véhicule plutôt «ancien» ne devient un véritable 4 x 4 qu’en tirant sur le levier mécanique au plancher afin d’enclencher le boîtier de transfert. C’est une camionnette un peu rudimentaire mais elle est fiable et amusante à conduire. C’est à partir de mes expériences avec cette Jeep que je base le texte qui suit.

La nouvelle Bronco vue de l’arrière.

Ford du Canada m’a donc confié cette Bronco à deux portes en cette deuxième semaine de mars. Mon but n’était pas de prouver que c’était un véritable tout-terrain (la situation ne me permettant pas de circuler hors-route) mais de constater si la version à deux portes était vraiment différente de celle à quatre portes. Première constatation, elle l’est!

Évidemment, la Bronco à deux portes est nettement plus courte que celle à quatre portes. Mais elle accepte quand même quatre  personnes à son bord. Comme on peut le voir sur les photos, l’avant est pareil à celui de la version à quatre portes. Quant à moi, je trouve que l’ajout des extensions de puits d’aile et de plusieurs autres pièces de carénage un peu surchargé, voire même presque caricatural. L’image de cette Bronco avec ses pneus vraiment surdimensionnés me semble un peu disproportionnée. En vérité, j’aurais espéré que Ford finisse par me proposer également une version plus dénudée et moins «ostentatoire» de la Bronco. Bien entendu, elle aurait pu être beaucoup moins chère (car celle qui figure ici  affichait un prix de plus de 65 000 $) ! Il en existe quelques versions moins équipées dont celle de base (40 499$) avec roues d’acier qui aurait peut-être pu correspondre à ma propre TJ mais…

Le quatre cylindres EcoBoost 2,3 litres de Ford animait ma Bronco d’essai.

Donc, avec la Bronco Badlands dont il est question ici, je me suis retrouvé avec un moteur à quatre cylindres EcoBoost de quelque 300 chevaux (il y a eu plusieurs estimations de la puissance de ce moteur selon les publications, de 270 à 350 chevaux…mais le point final semble être de 300 chevaux) et 325 livres-pied de couple. Ce moteur (semblable à l’EcoBoost que l’on a pu retrouver sous le capot des Lincoln MKC (maintenant Corsair) et des coupés et cabriolets Mustang) était combiné à une boîte mécanique que Ford annonce à sept rapports mais qui est vraiment une boîte à six rapports avec une fonction C pour Crawler (ou «rampeur») pour de la motorisation lente mais toute puissante en situation hors-route. Le boîtier de transfert électronique permettait le choix entre la propulsion, la motricité aux quatre roues régulière, la motricité aux quatre roues surmultipliée (Low 4) ou encore la fonction de traction intégrale automatique.

Ford a fait installer des Nokian Hakkapeliitta LT3 d’hiver sur ma Bronco d’essai.

La suspension avant est indépendante (ce qui différencie la Bronco de la Wrangler) mais celle d’arrière consiste d’un pont rigide avec ressorts hélicoïdaux. Toutefois, comme mentionné précédemment avec la Bronco à quatre portes, cette Ford a une direction à crémaillère ce qui le différencie grandement des Jeep Wrangler ! Et, pour la saison hivernale, Ford avait changé les pneus d’origine de la Bronco pour des pneumatiques d’hiver Nokia Hakkapeliitta LT3. 

Le tableau de bord de la Bronco.

L’intérieur de la Bronco à deux portes a un tableau de bord semblable à celui de la version à deux portes. Encore une fois, l’instrumentation tient plus du jeu vidéo que de ce que l’on attend d’un véhicule. J’interviens un peu ici car je n’ai pas aimé ce genre d’information qui, chaque fois que je consultais les cadrans, il me fallait me concentrer.  

Il faut un moment pour s’acclimater à l’instrumentation un peu spéciale.

La commande des fonctions du boîtier de transfert. Remarquez, au levier de vitesses, la vitesse «C». C’est le fameux septième rapport…

Évidemment, pour monter à bord (notez qu’il n’y a pas de marchepied), il fallait vraiment «grimper» à bord. Je m’y attendais. Mais pour accéder aux places arrière, il fallait un peu plus d’acrobatie. Cependant, les places arrière étaient un peu moins inconfortables que prévu. Je n’aimerais peut-être pas rouler des heures à l’arrière mais pour un court trajet, ce ne serait pas si mal! Quant à l’espace pour les bagages, il n’est pas très grand. J’ai eu besoin de ce compartiment de chargement pour y transporter des pneus (il n’y avait de la place que pour quatre pneus dans un ordre difficile à décrire) ce qui m’a demandé de rabaisser les dossiers d’arrière. Mais ceux-ci ne se replient pas à plat!

Les places arrière sont généreuses mais pas assez confortables pour une très longue distance.

Ah oui! Pour atteindre ce compartiment, il faut ouvrir la porte arrière vers la droite ce qui nous oblige de la contourner pour aller du côté du trottoir… et il ne faut pas qu’il y ait un autre véhicule stationné trop près! Autre point qui m’a agacé, les portières  de côté n’ont pas de cadre pour la glace. Or, lorsqu’on descend celle-ci, ce panneau vitré n’est pas trop solide dans la porte. S’il est rabaissé à mi-chemin, il vibrera sur une route endommagée!

Le compartiment des bagages de la Bronco.

Le même compartiment avec les dossiers de siège arrière rabattus.

Sur la route

Voici donc la partie intéressante. Avec environ 300 chevaux sous le capot et une boîte de vitesses manuelle, je m’attendais à conduire un VUS sportif. Ce n’en est pas nécessairement le cas. En fait, cette Bronco à deux portes n’est pas désagréable à conduire mais…Faut dire que les accélérations ne sont pas si glorieuses. Passer du point mort à 100 km/h peut demander jusqu’à neuf, voire dix secondes. Explication? La Bronco Badlands à deux portes pèse plus de 4700 livres! Vous avez bien lu! Près de 5000 livres (2268 kilos!) Si j’y compare ma vieille Jeep, celle-ci ne pèse que 3300 livres! (La Wrangler de base de 2022 pèse environ 4000 livres). D’ailleurs, une fois en vitesse de croisière, on sent que cette Ford est vraiment pesante!

Mais ce poids contribuerait-il à la tenue de route relativement confortable? J’ai moins senti de déplacement de la caisse sur des routes vraiment endommagées. Une chose est sûre, la direction à crémaillère est nettement plus précise que celle à billes de la Wrangler. Cependant, même avec le toit rigide, il y a du bruit dans l’habitacle à vitesse de croisière. On peut se parler mais il y a un important bruit de fonds. Autrement, la visibilité y est très bonne. Les reprises sont rassurantes si l’on sait manier le levier de vitesses dont les déplacements sont très courts et précis. Le passage des rapports émet un son de butoir bien audible mais on sent très bien la précision de la boîte. Le freinage, lui, ne m’a pas surpris mais il ne m’a pas déçu. Disons qu’il est dans la bonne moyenne. Les pneus Nokia se sont avérés plus silencieux que prévu!

J’ai fait plus de déplacements en situation urbaine que sur autoroute et les dimensions plus réduites de cette Bronco m’ont bien servi en ville, surtout pour le stationnement. Seule note déplaisante, les rampes de la galerie sur le toit sont un peu trop hautes pour que ce véhicule puisse entrer dans mon garage «tempo» malgré le fait que j’ai fait relever les pattes avant de la structure.

J’aurais aussi bien voulu «déshabiller» la Bronco en lui enlevant les demi-toits (ce qui semble facile) et les portières. Mais le moment n’était pas bien choisi. Les portières ne devraient peser «que» 50 livres et j’ai lu qu’elles s’enlevaient facilement mais qu’il fallait être deux pour les replacer. Et, semble-t-il, elles se placent facilement dans le «coffre» ce qui peut être pratique. Spécifions ici que les rétroviseurs demeurent en place sur le cadre de pare-brise de la Bronco ce qui n’en est pas le cas avec une Wrangler. 

Question consommation, cette Bronco à quatre cylindres m’a donné une moyenne de 13,2 l./100 km alors que l’ordinateur de bord indiquait 12,3. Les documents de Ford font mention d’une moyenne de 14,1 (14,7 en ville, 13,3 sur autoroute) alors que la publicité y va de 11,7 et 10,7… Au moins, elle peut rouler avec de l’essence régulière. Si l’on passe au prix, «grâce» à un groupe d’options 334A (régulateur adaptatif, sièges avant et volant chauffants, navigation, caméra à 360 degrés et plus) de 5500 $, les sacs des toits et portes de 450 $, le protecteur du compartiment de cargo de 150 $, les carpettes supplémentaires de 200 $ , l’ensemble de remorquage de 600 $ , le clavier de déverrouillage de 250 $, la protection de la calandre de 150 $, la galerie sur le toit de 495 $, la sellerie de cuir et vinyle de 2295 $ et la taxe de climatiseur et le prix du transport et de la préparation de 1900 $, le prix de base de la Bronco à deux portes passe de 52 994 $ à 65 084 $ ! Un peu cher? Allez voir la concurrence (qui est plutôt limitée au Jeep Wrangler et au Land Rover Defender  s’il n’est question que des tout-terrain à deux portes) et comparez!

C’est dommage que la Bronco de base des années soixante, un véhicule vraiment rudimentaire, soit passée de ce qu’elle était à ce qu’elle est aujourd’hui mais, c’est là où nous en sommes rendus aujourd’hui! Toutefois, dans les circonstances actuelles, la version à deux portes de la Bronco demeure un véritable véhicule de loisir et de sport!

D’autres Bronco à venir…

C’est au prochain Salon de l’auto de New York qui se déroulera durant la deuxième semaine d’avril que sera présentée officiellement au grand public la version Raptor encore plus élaborée de la Bronco, une sorte de réplique au Rubicon 392 de Jeep. La Bronco Raptor sera alors mue par un V6 EcoBoost biturbo de 3,0 litres de 400 chevaux (fort possiblement celui qui animait autrefois les Lincoln Continental). Le Raptor ne viendra qu’en version à quatre portes et le prix de base actuellement annoncé au Canada serait de 101 090 $. Il n’y a pas si longtemps, Ford dévoilait une version Everglades du Raptor avec des prises d’air surélevées et plus encore. Ford nous avait prévenu, il y aurait toute une panoplie de Raptor et de Bronco à venir. Ce n’est donc pas fini!  Ce sera certes un dossier intéressant à suivre!

La version Raptor de la Ford Bronco!

(Photo Ford)

Pas encore le temps des pneus d’été ! Même si la loi vous le permet, il ne serait pas sage d’installer immédiatement vos pneus d’été ou, pire encore, de performance. En effet, l’hiver n’a pas encore dit son dernier mot, vous saurez me le dire au cours des prochains jours! Moi, j’attends toujours à la troisième, voire même quatrième semaine d’avril avant de faire cette opération. C’est d’ailleurs à ce moment que j’installerai de nouveaux pneus Nokian Outpost sur ma Jeep!

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