Ayant tenu le fort depuis de nombreuses années alors que la plupart des autres constructeurs avaient abandonné le segment des pick-up intermédiaires, le constructeur d’origine japonaise Nissan nous ramène son vénérable Frontier avec une toute nouvelle image. Toutefois, cette camionnette a conservé plusieurs caractéristiques du passé ce qui ne sera pas sans plaire aux amateurs de véhicules plus traditionnels!
Mon premier contact avec le Frontier s’est fait au Festival des Essais de l’Association des Journalistes Automobile du Canada (AJAC) au complexe Canadian Tire Motorsports Park (Mosport) en Ontario en octobre dernier. Dès le premier coup d’œil, je fus attiré par ce véhicule. Au départ, j’étais très content de voir qu’enfin, après presque quinze ans avec la même allure, le Frontier était de retour avec un design capable de se mesurer à celui des véhicules de la concurrence actuelle!
Le nouveau Frontier affiche une ligne plus moderne mais tout aussi robuste que dans le passé!
En effet, ce qui frappe le plus au niveau du Frontier 2022, c’est son look contemporain avec une large calandre d’allure agressive et des phares effilés au dessin presque félin. Le reste de la carrosserie reprend un peu le thème des Frontier du passé. Mais ce dessin rejoint facilement celui des autres camionnettes du genre actuellement sur le marché. En d’autres mots, le nouveau Frontier…c’est l’ancien Frontier servi à la moderne! Et c’est tant mieux. Incidemment, le Frontier 2022 est livrable avec une cabine King Cab ou Crew Cab, cette dernière étant plus utile aux acheteurs plus «automobilistes». La finition King Cab permet l’utilisation d’une caisse de six pieds (1,82 mètre) alors que la Crew Cab, comme c’en est le cas pour cet article, ne vient qu’avec une caisse de 5 pieds (environ 1,5 mètre).
La version Crew Cab ne vient qu’avec une caisse courte.
Avant de parler de l’intérieur, analysons la base mécanique de ce Nissan. Techniquement, le châssis cadre du nouveau Frontier ressemble beaucoup à celui de la génération précédente (et c’est peut-être tant mieux car plusieurs amateurs de pick-up intermédiaires en aimaient déjà la configuration). Suspension avant indépendante et pont arrière rigide avec rails parallèles, c’est la configuration que reprend le Frontier. Toutefois, le moteur V6 est désormais la version de 3,8 litres qui a déjà été présentée sous le capot de ce pick-up l’an dernier. Il fait 310 chevaux et 281 li-pi de couple ce qui se mesure très bien à la concurrence (dont les Toyota Tacoma, Ford Ranger, Chevrolet Colorado, GMC Canyon et Jeep Gladiator). Cette fois, par contre, il ne vient qu’avec une boîte automatique mais au moins, à neuf rapports! Le boîtier de transfert n’a pas de fonction automatique alors l’utilisateur doit opter pour la propulsion ou la motricité aux quatre roues à rapport normal ou surmultiplié (Hi-4 et Lo-4) choisie grâce à un bouton rotatif au tableau de bord. La suspension (de configuration relativement traditionnelle) est épaulée d’amortisseurs Bilstein spécifiques au modèle Pro-4X qui me fut prêté par Nissan Canada. Les pneus d’origine de mon véhicule d’essai avaient été remplacés par des pneus d’hiver (réglementation oblige) Continental IceContact 265/70 R17.
Le tableau de bord du nouveau Frontier peut sembler un peu «old school», il conserve une allure robuste dans un contexte moderne.
Outre le nouveau look extérieur plus moderne, le nouveau Frontier présente un intérieur redessiné à la fois plus moderne mais aussi traditionnel. Heureusement, la finition en elle-même est plus élaborée que dans le passé. Décidemment, cet habitacle de Frontier est plus chic, plus moderne, moins austère. Le tableau de bord, sans être un exemple de styling, est facilement décrit par son aménagement classique mais plus élégant. L’instrumentation est regroupée dans une niche bien placée devant le conducteur. Elle se compose de cadrans du genre vidéo facilement lisible avec un écran d’information plutôt graphique mais très compréhensible. Le volant typiquement Nissan retient quelques commandes électriques (redondantes). Le centre de la planche de bord est occupé par un grand écran servant à diverses fonctions dont le système de navigation et la radio alors que les commandes manuelles du chauffage sont placées sous cet écran. Rien de révolutionnaire mais tout y est facilement accessible et manipulable. La commande du choix de motricité s’y trouve juste à côté. De l’autre côté de la colonne de direction (ajustable de haut en bas mais pas télescopique!) se trouve une prise de courant de 120 volts.
Les places arrière sont dans un environnement spartiate mais on y trouve un certain confort grâce à l’espace pour les jambes et le débattement pour la tête.
L’utilisateur peut replier les dossiers des sièges arrière pour créer un plancher plat pour transporter du matériel à l’abri des intempéries.
Quant à la console, elle occupe le centre du plancher et retient le levier de vitesses de la boîte automatique (il n’y a plus de boîte manuelle au catalogue) et des porte-gobelets…rien de plus! Les deux sièges baquets d’avant sont aussi confortables que possible mais, là encore, sauf pour le chauffage des coussins, rien de plus ordinaire. Il en va de même pour les places arrière, confortables avec beaucoup d’espace pour les jambes mais pas très élégantes. Leur dossier se replie pour former un plancher à plat et la lunette arrière a, en son centre, une petite ouverture glissante.
La caisse (courte) du Frontier Crew Cab serait plus utile en hiver avec une toile ou un couvercle amovible ! Notez la prise de courant dans le flanc de droite.
La caisse de ce Nissan Frontier Crew Cab est un peu courte avec seulement cinq pieds de plancher (environ 1,5 mètre). Par contre, elle peut être équipée d’un système d’arrimage bien pensé alors que mon véhicule d’essai y avait aussi une prise de courant de 120 volts. Le hayon s’ouvrait avec facilité avec une chute bien amortie. Ce qui est intéressant, c’est que la caisse plus longue de la version King Cab peut accepter jusqu’à 1610 livres de charge! Cependant, en ce qui concerne la capacité de remorquage du nouveau Frontier, il faut se contenter de 6720 livres (3048 kilos) ce qui est un peu moins que celle des Colorado et Canyon de GM ou du Gladiator de Jeep qui se permettent une charge de 7650 livres (3470 kilos) !
Mais, est-ce que ces petits «désavantages» rendent le Frontier si désagréable à conduire? Non, loin de là. Par contre, il faut aimer l’attitude «petit truck» que propose toujours ce Nissan. Pour accéder à l’intérieur, il faut savoir «grimper» dans l’habitacle. La garde au sol y est assez haute. Une fois derrière le volant, le V6 démarre facilement, même avec des températures bien sous les 20 degrés sous zéro, les conditions météo qui ont prévalu durant ces impressions de conduite. Ce moteur pourrait s’annoncer un peu rugueux, il devient vite souple et silencieux en se réchauffant. Et la boîte de vitesse à neuf rapports fonctionne à merveille, tout en douceur (heureusement que Nissan n’a pas essayé de lui greffer une de ces affreuses boîtes CVT!). Ses accélérations sont à la hauteur de la situation soit moins de huit secondes pour atteindre le cap des 100 km/h au départ arrêté. Les reprises sont tout aussi rassurantes (vive la boîte à neuf rapports!). J’ai laissé le choix de la motricité en quatre roues motrices toute la semaine car il y a neigé beaucoup et fréquemment. Je n’ai donc aucunement souffert de manque d’adhérence. Par contre, lorsque je devais braquer la direction, le Frontier produisait ce qui est communément connu comme «Crow Hop», c’est à dire des secousses alternant du pont avant au pont arrière alors que les différentiels réagissaient alternativement au glissement. Rien d’alarmant, c’est tout-à-fait normal sur pavé sec, une situation qui ne se produit pas ou peu quand le terrain est glissant ou qu’il offre moins de résistance. Par contre, je me suis plaint du rayon de braquage trop grand à mon goût. Pour garer la camionnette dans un centre commercial (ou dans mon abris d’auto à la maison), il m’a fallu me reprendre en deux points pour y arriver!
Le seul moteur disponible dans le Frontier est le V6 de 3,8 litres. Toutefois, notez que l’ouverture du capot est un peu basse!
Autrement, le Frontier est très facile à conduire. Sa conduite en situation urbaine est presque facile vu son encombrement restreint…sauf pour les manœuvres de stationnement telles que décrites plus haut! Autre petite remarque inusitée, l’ouverture du capot y est très restreinte. C’est à peine si l’on peut s’y glisser pour les entretiens mécaniques incluant la vérification des liquides! Sur autoroute, j’ai trouvé la direction un peu dure mais précise. Je n’ai jamais senti de déviation de la tenue de cap. Et le niveau sonore des pneus n’est pas envahissant. Je n’ai pas fait d’excursions hors-route avec ce nouveau Frontier (ce que peu d’acheteurs feront, de toute façon…) mais j’ai bien cru que mes déplacements hivernaux dans la neige allaient me donner toute l’information nécessaire à la rédaction de ces impressions de conduite.
Les pneus d’hiver Continental Ice Contact se sont avérés plus silencieux que prévu sur le Frontier. Ils sont parfait pour les routes glacées mais heureusement que le Frontier est à quatre roues motrices pour la neige profonde.
En ce qui a trait à la consommation, ce Nissan Frontier m’a donné des résultats de 17,8 l/100 km ce qui est nettement plus que les 12,3 (13,7 en ville et 10,6 sur autoroute) de l’Energuide de Ressources Canada. Toutefois, à la défense du Frontier, il faut dire qu’il a fait, durant cet essai, des froids arctiques autour de Montréal en plus de chutes de neige notables qui ont su appliquer beaucoup de résistance aux roues de la camionnette.
Le Frontier Crew Cab Pro-4X 4 x 4 qui m’a été confié par Nissan Canada affichait un prix de 47 498 $ auquel il faudrait ajouter 2000 $ pour l’ensemble de luxe dont une sellerie de cuir et une radio avec sonorisation supérieure, la peinture nacrée de 300 $ et les frais de transport et préparation de 1950 $ ce qui porte la facture finale à 51 748 $…plus les inévitables taxes.
En fait, Nissan semble avoir conservé un petit air rustique et traditionnel au Frontier ce qui n’est pas mauvais en soi. Le véhicule se comporte plus comme un plus ancien Frontier avec ses défauts et ses qualités. Mais ce comportement plaira, j’en suis certain, à de nombreux amateurs de la marque qui seront fiers d’en vanter l’attitude plus «p’tit truck» du Frontier. En effet, il a un comportement robuste mais précis. N’est-ce pas ce que plusieurs d’entre nous recherchons?
Les nouveautés de la semaine
Nous n’avons pas eu de Salon de l’auto encore une fois cette année. Dommage car les constructeurs n’arrêtent pas de nous dévoiler des nouveautés que nous aurions aimé découvrir à un de ces évènements. Juste cette semaine, il y en a eu au moins deux d’importance, le nouveau grand VUS Toyota Sequoia et la version Raptor du Bronco auxquelles il faudra ajouter un autre dévoilement des pneus finlandais Nokian concernant, cette fois, trois produits.
Toyota vient de dévoiler les images de son tout nouveau VUS pleine grandeur Sequoia. Reprenant un peu le thème amorcé par les lignes de l’aussi récent pick-up Tundra, c’est sans surprise que nous apprenons qu’il sera mû par un moteur V6 biturbo hybride de 3,5 litres faisant 437 chevaux avec un couple de 583 li-pi combiné à une boîte automatique à 10 rapports. Ce nouveau Sequoia sera disponible au début de l’été. On en connaîtra les prix à ce moment-là (tout en gardant à l’esprit que la version actuelle débute à plus de 70 000 $)
En même temps, Ford vient de lever le voile sur une autre version Raptor tant attendue, celle du tout récent Bronco. Plus orienté vers les clients et amateurs du sud-ouest américain, ce Raptor intéressera certainement plusieurs acheteurs du Québec ne serait-ce que par son plus puissant moteur V6 biturbo de 3,0 litres avec mode Baja qui réduirait le décalage turbo, ses capacités de remorquage plus impressionnantes, sa suspension plus poussée ses ponts plus robustes et sa garde au sol plus élevée de 4,8 pouces (pour un total de 13,1 pouces). On pourra commander ce véhicule en mars prochain pour livraisons au début de l’été. On n’a pas encore le prix mais ce sera certes moins cher que de monter soi-même un Bronco à ce niveau. Et il aura une garantie!
Enfin, ce n’est pas encore l’hiver…2022-23 mais, le manufacturier finlandais Nokian vient de dévoiler son nouveau pneu d’hiver Hakkapeliitta R5 qui sera aussi livrable (l’automne prochain) en version EV pour autos électriques et SUV pour VUS. Ce pneu, sans crampon, se distingue par une bande de roulement avec cristaux microscopiques aidant à l’adhérence. Il y a aussi d’autres technologies à dévoiler concernant cette nouvelle famille de pneus ce que je ferai plus tard.
En même temps, Nokian nous a fait connaître ses nouveaux pneus d’hiver C4 (avec crampons) et CR4 pour fourgons de livraison surtout…
… et son prototype (étude de style) Green Step dont les matériaux spécifiques sont récupérables à 93 %. Nokian a souligné, en même temps, que d’ici 2030, quelque 50% de tous les matériaux entrant dans la production de ses pneus seront récupérables!