Le légendaire Chevrolet Suburban

Crédit photo : Éric Descarries

Que l’on soit amateurs de véhicules américains ou non, on ne peut nier que les constructeurs des États-Unis savent nous proposer des véhicules uniques (ou presque) sur le marché avec des prix, en général, abordables. Parmi ceux-ci, qui peut nier que la Chevrolet Corvette est le seul coupé GT exotique disponible à un prix presque raisonnable. Et qui peut nier que la Ford Mustang a toujours su se distinguer dans son créneau et ce, autour du globe (elle est, de nos jours, la voiture de sport la plus vendue au monde). Puis, il y a la Jeep Wrangler. Quoique certains croient que ce tout-terrain se soit acquis une réputation universelle que tout récemment, il ne faut pas oublier qu’il n’y a jamais eu un autre véhicule semblable capable de prouesses uniques à la portée de presque toutes les bourses. Et à ce groupe sélect, ajoutons le grand VUS Suburban de Chevrolet.

Ironiquement, le nom Suburban n’a pas toujours été unique à Chevrolet. DeSoto, Dodge, Plymouth, Studebaker, Nash, Chevrolet et GMC l’ont déjà utilisé. Si vous faites des recherches, vous découvrirez que le nom (Westchester) Suburban était, à l’origine,  une marque déposée de U.S. Body and Forging Co. de Tell City, Indiana, qui construisait des carrosseries de familiales en bois pour plusieurs châssis d’automobiles et de camions légers. Chevrolet a, en fait, été le premier à appliquer le nom Suburban sur une familiale basée sur un châssis de pick-up en en 1934 (en tant que modèle 1935). Dans ce cas, la carrosserie était tout faite de métal. Ce n’est que plus tard que la marque jumelle GMC l’a adoptée pour la perdre plus tard.

Aujourd’hui, seule la marque Chevrolet propose le modèle Suburban. Il y en a bien une version GM (Yukon XL) et Cadillac (Escalade ESV) mais le nom Suburban n’y est pas! Qui plus est, depuis 2021, nous en sommes rendus à une douzième génération de Suburban. Et, malgré la popularité de ce grand VUS (maintenant une version allongée du «gros» VUS Tahoe), celui-ci ne connaît que peu de concurrence sauf ses jumeaux Yukon XL et Escalade ESV et surtout le Ford Expedition Max (EL aux États-Unis et sa variante Lincoln Navigator L). Aucun autre constructeur ne propose un tel véhicule à une aussi grande échelle.

Le nouveau VUS Chevrolet Suburban Premier affiche une ligne redessinée.

Des VUS de cette dimension, il n’en existe pas beaucoup sur le marché.

Le Chevrolet Suburban Premier 4RM dont il est question ici vient d’être lancé en 2021. Encore une fois, il s’agit d’une version allongée du (aussi nouveau) Tahoe. On le reconnaîtra à son avant semblable à celui du pick-up Silverado de dernière génération. Mais alors que les deux camionnettes partagent des éléments mécaniques semblables, notons immédiatement que seul le nouveau Suburban a une suspension arrière indépendante (ce dont son rival Expedition dispose depuis quelques années déjà) qui est destinée à lui donner une tenue de route plus prévisible avec plus de confort avec, en prime, un plancher arrière plus plat pour plus d’espace pour les jambes des passagers de la dernière banquette et plus d’espace de chargement lorsque les sièges sont rabattus.

Le tableau de bord du Suburban est semblable à celui du Tahoe. Son instrumentation complète est surtout numérique.

Si la Cadillac Escalade décrite dans ce blogue, il y a quelques semaines, fait partie de la même famille, soulignons tout de suite que l’intérieur du cousin Suburban en est totalement différent. Ça se voit d’abord au niveau du tableau de bord. Alors que celui du Caddy était un véritable exemple de technologie avancée, celui du Suburban est plus conventionnel, si je peux m’exprimer ainsi. En fait, il est presque identique à celui du Tahoe avec des cadrans ronds (en image numérique) et surtout un écran central tactile multifonctionnel avec des commandes rotatives redondantes sous celui-ci. Je tiens à mentionner que le compteur de vitesse est également reflété dans le parebrise du côté du conducteur, un élément que je considère un important accessoire pour la sécurité.

Les places du centre sont dignes de celles d’une limousine. Les passagers y ont de la place et du confort.

Mon véhicule d’essai était équipé d’une belle sellerie noire en cuir et de commandes électriques pour les sièges d’avant séparés par une immense console de rangement. Toutefois, malgré qu’il s’agisse de la finition Premier de luxe avec touches de finition en «bois» d’érable, cet intérieur ne semble pas aussi luxueux qu’il aurait dû l’être. Par contre, il est spacieux comme aucun autre véhicule ne peut l’être. Les passagers du centre pourront jouir d’un débattement confortable pour les jambes et la tête en plus du chauffage des sièges. Le grand toit panoramique optionnel aidera à éclairer l’habitacle.

Les places tout à l’arrière sont fort possiblement les plus confortables de ce type de véhicule.

Là où le Suburban gagne le plus de points, c’est au niveau des places tout à l’arrière (ce Suburban était à sept passagers alors qu’une version à huit passagers est livrable). Celles-ci sont parmi les plus confortables du segment et, encore une fois, grâce à la nouvelle suspension arrière indépendante, le plancher plat accorde plus de place pour les jambes et surtout l’accès à la troisième banquette.

L’espace de chargement peut être modulé selon les besoins de l’utilisateur. Il peut être caverneux!

Cette troisième banquette est composée de deux sièges (trois places) qui se rabattent par commande électrique pour laisser encore plus de place au chargement en cas de besoin. Et si l’on rabat les dossiers des places du centre, on obtient un espace de chargement plus grand qu’avec les Suburban du passé. C’est, pour ainsi dire, une sorte de pick-up avec toit rigide! Incidemment, pour ouvrir le hayon arrière, on peut utiliser la commande électrique de la poignée ou un balayage du pied sous le pare-choc à la hauteur de la lumière projetée sous la forme de l’emblème Chevrolet (il faut parfois le chercher, surtout en plein jour!).

Le moteur qui équipait mon Suburban d’essai était ce magnifique et silencieux six cylindres en ligne Duramax de 277 chevaux.

GM Canada avait vu à remplacer les pneus toutes saisons du Suburban par des Continental IceContact de 22 pouces!

Si le Suburban est disponible, de base, avec un V8 à essence de 5,3 litres de 355 chevaux ou une version optionnelle de 6,2 litres de 420 chevaux, GM Canada a choisi de me confier la toute nouvelle version à moteur diesel Duramax, celui-ci étant un six cylindres en ligne (!) de 3,0 litres de 277 chevaux mais avec plus de 460 livres de couple, une puissance semblable à celle du plus gros V8. Toutefois, ce six cylindres (le même que j’ai pu apprécier dans l’essai du Cadillac Escalade) est plus économique que les V8 au niveau de la consommation, bien entendu! La seule boîte de vitesses disponible demeure l’automatique à dix rapports. Je répète encore une fois que la suspension est désormais indépendante aux quatre roues alors que les énormes pneus Continental Ice Contact (d’hiver, puisque nous sommes très près de la date butoir pour l’installation de tels pneus au Québec) 275/50R22 devraient s’occuper de notre sécurité pour la saison froide qui vient. Évidemment, ce Suburban était à quatre roues motrices (ou à traction intégrale automatique) sur commande manuelle électronique. Techniquement, ce Suburban devrait peser un peu plus de 6000 livres (2700 kilos). Malheureusement, les documents de GM n’indiquaient pas encore la capacité de remorquage de mon véhicule d’essai mais d’autres références indiquent que la version à propulsion du Suburban avec le diesel serait de 8000 livres alors que celle de la même camionnette avec la motricité aux quatre roues serait de 7800 livres. Toutefois, GM vient d’annoncer de nouvelles spécifications pour les Silverado à moteur diesel ce qui pourrait changer celles des Suburban avec le même moteur. À suivre…

Sur la route

Bien entendu, il ne s’agit pas d’un véhicule ordinaire ici. Le Suburban est une camionnette toute indiquée pour les gens qui ont à l’utiliser en fonctions commerciales ou encore pour les gens avec de grosses familles qui aiment voyager. Car pour voyager, voilà un véhicule idéal qui accueille facilement ses passagers en tout confort et même en grande sécurité. La visibilité y est agréable et on y jouit de beaucoup de débattement et de rangement. On peut aussi en vanter le chauffage et la climatisation.

Question performances, par contre, malgré tout son couple, j’ai senti que le six cylindres n’était pas aussi rapide que le plus gros V8. Ses accélérations de 0 à 100 km/h demandent plus que huit secondes mais qu’importe, le Suburban n’est pas un sports car! Ses reprises étaient plus convaincantes par contre. Toutefois, ce sera l’article idéal pour descendre en Floride avec la «petite gang» tout en tirant la remorque. Et le freinage m’a paru à la hauteur de la situation (quoique je ne l’ai pas expérimenté avec une remorque). Quant à la direction, alors que je l’ai sentie tendre mais relativement précise, ma compagne assise à mes côtés trouvait que je la corrigeais souvent ce qui provoquait certains mouvements de la carrosserie. Par contre, la visibilité est parfaite pour le conducteur. L’éclairage des phares est bon aussi.

Le moteur diesel est un véritable avantage pour ce grand VUS. Il est puissant mais il est aussi silencieux qu’économique. Le seul désavantage vient avec le ravitaillement. À la plupart des postes d’essence, l’espace réservé à la pompe du carburant diesel a une flaque ou des taches d’huile (carburant diesel) dans laquelle le conducteur doit marcher pour remplir son camion. Les semelles alors enduites de carburant peuvent souiller les carpettes de la camionnette et il s’ensuivra une odeur de diesel dans le véhicule.

Par contre, pour la consommation, on peut remercier ce type de moteur pour son économie. Dans mon cas, ayant utilisé le Suburban à demi en ville, à demi sur autoroute, j’ai obtenu une consommation de 9,8 l/100 km (EnerGuide Canada annonce une consommation moyenne de 12,0…). Mais, allez-vous me dire, l’option d’un moteur diesel est généralement très coûteuse, près de 10 000 $! Mais ce n’est pas le cas de ce Chevrolet alors que les documents de GM m’indiquent une surcharge de 3 245 $ pour ce Duramax dans le Suburban !

Question de prix, sachez qu’un tel Chevrolet (Premier) affiche un prix de base de 79 548 $. Ajoutez à cela 1995 $ pour les marchepieds rétractables automatiques, 1725 $ pour le grand toit ouvrant de verre panoramique, 400 $ pour la console centrale amovible, 1195 $ pour la peinture spéciale à trois couches, 1030 $ pour le régulateur de vitesses adaptatif, 3245 $ pour le moteur diesel Duramax, 2265 $ pour les belles jantes en aluminium de 22 pouces, 160 $ pour l’illumination en forme d’emblème Chevrolet au sol, 2295 $ pour la stéréophonie aux passagers d’arrière, 1895 $ pour les avertisseurs de sécurité et 100 $ pour la (toujours aussi ridicule) taxe fédérale d’accise pour le climatiseur. GM offre un rabais de 1250 $ sur l’ensemble des options. Ajoutons enfin 1950 $ de frais de transport et préparation et on en arrive à un prix de 96 528 $ (plus taxes).

Disons qu’à ce prix, le grand Suburban turbodiesel n’est pas donné. Cependant, il s’agit ici d’un véhicule de haut luxe mais surtout un véhicule d’application spéciale avec un usage plus spécifique. On pourrait facilement dire qu’il s’agit ici d’un véhicule recommandable…si on en a vraiment besoin. C’est pourquoi plusieurs Suburban se voient confiés une tâche commerciale!

Une autre légende nous a quittés.

Bob Bondurant (27 avril 1933-12 novembre 2021)

(Photo Archives)

Une autre légende du sport automobile des années soixante nous a quittés cette semaine. Bob Bondurant, plus récemment connu pour ses écoles de conduite de performance, a déjà été un des membres de la spectaculaire équipe de Shelby Racing qui ont gagné si souvent avec les fameuses Cobra et Ford GT40 tant en Europe qu’en Amérique. Il a même permis à Shelby de gagner le championnat mondial de la FIA en catégorie GT grâce à sa victoire aux 12 Heures de Reims avec la Cobra Daytona en juillet 1965.

J’ai personnellement connu Bob Bondurant, la première fois en 1984 ou 1985 alors qu’il me conduisait des pistes d’essais de Ford à Dearborn à mon hôtel de Detroit où je demeurais pour assister alors au Grand de Formule Un de cette époque (il s’est perdu trois fois!). Puis, j’ai revu Bob plusieurs autres fois puisqu’il était aux services de Ford lors de la présentation de nouveaux modèles du constructeur à diverses pistes. La dernière fois que je l’ai vu, c’était à son école au Firebird Speedway en Arizona pour une présentation de nouveaux pneus Goodyear, je crois. C’était au début des années 2000, me semble-t-il. Bob, un homme relativement timide, faisait partie de ces pilotes de cette légendaire époque dont plusieurs sont aujourd’hui disparus. Il en reste encore mais, les hommes et femmes de cette époque sont aujourd’hui d’un âge avancé. On doit s’attendre, malheureusement, à en perdre d’autres au cours de prochains mois… 

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