Il y a des marques que je trouve difficiles à aborder. Mitsubishi est l’une d’elles. On entend moins souvent parler de Mitsubishi que de la plupart des autres marques de ce monde automobile. Et pourtant, ce nom est une véritable «vache sacrée» au Japon. Mitsubishi (qui signifie «trois losanges») est un des plus importants «keiretsu» (conglomérats) du Japon. Si vous allez dans ce pays, vous y verrez le nom Mitsubishi partout tant dans le domaine des banques, du financement, de l’atomique, de la chimie, de l’électricité, de la photo (Nikon appartient à Mitsubishi) qu’à celui de l’auto. Parfois, je suis intimidé par tant de capacités…
Mitsubishi a commencé dans le domaine de l’auto en 1917 mais c’est au début de 1970 que la marque a été identifiée comme constructeur automobile au point de vue mondial. À cette époque, Mitsubishi a cru bon de s’associer à d’importants constructeurs dont Chrysler qui fit appel à ce partenaire pour des voitures et des motorisations au cours des années quatre-vingts. Aujourd’hui, Mitsubishi fait partie du trio Nissan-Renault-Mitsubishi tel que créé par le maintenant «célèbre» Carlos Ghosn. Le constructeur a connu des heures de gloire en Amérique du Nord durant les années quatre-vingts et quatre-vingt-dix surtout avec de robustes VUS comme le Pajero…
Puis, il y a eu une sorte de période de ralentissement pour la marque surtout aux États-Unis. Toutefois, au Canada, la situation était différente, plus glorieuse. Il y a donc eu une séparation des opérations nord-américaines et Mitsubishi Canada est devenue indépendante de l’administration américaine. Entretemps, la marque est devenue l’alliée de Nissan et Renault au Japon ce qui explique pourquoi certains nouveaux modèles de la marque soient maintenant issus de cette union. Le tout nouvel Outlander, dont il est question cette semaine, est un des premiers résultats de cette nouvelle organisation.
Le tout nouveau Outlander de Mitsubishi attire l’attention avec son avant stylisé!
En effet, l’Outlander 2022 repose désormais sur une plateforme Nissan, dans ce cas, celle que l’on retrouve sous le petit VUS Rogue. Voilà ce qui explique la disparition du moteur V6 du catalogue des Outlander. Mais, ce Mitsubishi conserve une identité qui lui est propre et c’est pourquoi l’Outlander 2022 est disponible avec la capacité de sept passagers…ou presque!
Toutefois, l’arrière fait plus «mainstream», plus reconnaissable…
En ce qui a trait à l’apparence extérieure du nouvel Outlander, je vous laisse la juger par vous-mêmes. Vous remarquerez certes que le design de l’avant est plutôt original avec ses phares placés sous les clignotants. Pour plusieurs, ce dessin fait plutôt «Star Wars» mais il n’est surtout pas déplaisant. Qu’importe, on reconnaît aussitôt un Outlander lorsqu’on en croise un (ce qui n’est pas la caractéristique de la plupart des marques!). Par contre, pour le reste, l’Outlander reprend le même thème que la plupart de ses concurrents sauf qu’il présente un empattement un peu plus allongé question de pouvoir accommoder ses sept passagers.
Toutefois, c’est vraiment à l’intérieur que l’Outlander se distingue de ses concurrents (Toyota RAV4, Ford Escape, Chevrolet Equinos, Hyundai Santa Fe, Kia Sorento et autres) incluant son proche cousin, le Nissan Rogue. On pourrait dire que c’est dû au fait qu’il puisse accueillir sept personnes à son bord (on y revient) mais en vérité, c’est surtout grâce au dessin de son tableau de bord et surtout à sa sellerie et à sa finition intérieure.
Le tableau de bord de l’Outlander est très élégant!
Oui, le tableau de bord est différent. On pourrait lui reprocher un air un peu classique mais les designers de la marque lui ont ajouté des touches personnelles qui le distingueront de l’approche de plusieurs concurrents. Comme l’on peut s’y attendre, l’instrumentation informatisée «vidéo» est minutieusement disposée dans une «niche» devant le conducteur alors que le centre de la planche de bord est occupé par un écran de bonnes dimensions. Mais dans le cas de la version haut de gamme qui m’a été prêtée par Mitsubishi Canada, on remarquera d’abord la finition de bois à la base de cette planche de bord et la finition de la sellerie de cuir de cet habitacle. Celle-ci est encore plus remarquable dans les motifs en losange des sièges. Question détails, j’ai apprécié la projection du compteur de vitesse dans le pare-brise ce qui, selon mon opinion, devrait être obligatoire sur toutes les autos.
Les places du centre sont relativement généreuses.
Si l’on ne change pas la position originale des sièges du centre, leurs occupants jouiront de beaucoup d’espace pour les jambes. Cette banquette du milieu peut se transformer en deux sièges individuels si l’on abaisse l’appui-bras central qui incorpore des porte-gobelets. Ces sièges peuvent se déplacer sur rails pour certains ajustements. Toutefois, ces rails servent aussi à déplacer les sièges pour atteindre les place toutes à l’arrière. Et c’est là que ça se gâte! Pour transformer l’Outlander en véhicule à sept passagers, les ingénieurs de la marque ont dû sacrifier de l’espace pour les jambes de leurs passagers. La dernière banquette à deux places est, heureusement, repliable dans le plancher ce qui peut donner beaucoup de place aux passagers du centre. Mais si elle est déployée…elle n’est utile que pour deux enfants! Et même là, les sièges du centre doivent être avancés ce qui diminue de beaucoup l’espace pour les jambes de leurs passagers!
Avouons-le, les places tout à l’arrière sont surtout conçues pour les (petits) enfants!
Évidemment, tout cela a une incidence sur les capacités du coffre. Celui-ci est bien si la dernière banquette est repliée. Il est immense et utile si tous les sièges d’arrière sont repliés. Mais il est minuscule si tous les sièges sont en place. Ce qui est notable, c’est que les designers de Mitsubishi ont vu à créer un espace sur mesure pour ranger la toile cache-bagages si celle-ci doit être retirée (quand la dernière banquette est en place!). Heureusement, le hayon s’ouvre et se referme grâce à un moteur électrique.
Si les sièges sont tous déployés, il ne reste plus beaucoup de place pour les bagages !
En ce qui a trait à la mécanique…elle est désormais typique à Nissan, le nouveau partenaire de Mitsubishi. Donc, le moteur du nouvel Outlander est désormais un quatre cylindres de 2,5 litres qui fait 181 chevaux et 181 li-pi de couple, le même qui anime le Nissan Rogue. Il n’est pas turbocompressé mais éventuellement, Mitsubishi nous proposera une version PHEV (partiellement hybride électrique) du véhicule qui en améliorera la consommation. La seule boîte de vitesses disponible est, vous vous en doutez, une transmission à variation continue (CVT) qui a souvent provoqué des critiques négatives. Toutefois, Nissan nous assure que tous les problèmes y ont été réglés (…le temps nous le dira…) Principalement à traction avant, la motricité peut passer aux quatre roues selon les conditions auxquelles celle-ci est soumise. Un atout pour le climat hivernal québécois…L’Outlander peut remorquer jusqu’à 2000 livres. Curieusement, mon véhicule d’essais était chaussé de pneus Nexen sud-coréen 255-45R20 !
Mon mécano et grand ami Giovanni analyse avec précision ce compartiment moteur se demandant comment il devrait se préparer à toute réparation!
Sur la route
Au départ, je vais l’avouer, j’ai aimé les sensations de conduite du Mitsubishi Outlander. Non, ce n’est pas une «bombe» au point de vue performance. Passer de 0 à 100 km/h peut demander jusqu’à neuf secondes…sinon plus. Mais les reprises sont un peu meilleures, plus rassurantes. Il faut dire que l’Outlander est un véhicule de près de 3900 livres! Toutefois, sur une longue distance, le véhicule est très stable avec une direction précise et un certain silence de roulement (toujours selon les conditions du revêtement). Il est surtout très confortable avec des sièges bien conçus. La visibilité y est aussi bonne tout le tour.
L’Outlander a aussi été conçu pour du déplacement hors-route. Mais il y a fort à douter que plusieurs propriétaires d’Outlander utilisent leur véhicule pour ce faire sauf pour atteindre leur chalet dans les bois ou pour certaines excursions dans des sentiers un peu exigeants ou pour certaines situations en hiver. Mitsubishi a quand même vu à répondre à ces demandes plus exigeantes avec une commande rotative à la console pour de telles circonstances.
En utilisation urbaine, l’Outlander demeure facilement manipulable alors que le stationnement y est facilité par les aides à la conduite (de ce modèle de luxe). La suspension qui semble plus douce sur autoroute deviendra plus ferme sur les revêtements endommagés des petites rues de la grande ville. Mais l’Outlander n’est pas si encombrant en situation urbaine.
En ce qui a trait à la consommation, j’ai obtenu une moyenne de 9,8 l/100 km avec mon calcul à la pompe alors que l’ordinateur de bord indiquait…8,6 ! Mes déplacements ont été partagées moitié route, moitié ville. Je me demande ce que serait la consommation en situation hivernale. Le prix de base d’un Outlander débute à quelque 31 998 $ pour la version ES de base. La finition SEL affichera un prix de 40 208 $ alors qu’une GT Premium comme mon véhicule d’essai sera disponible à 42 178 $.
Est-ce possible qu’en 2021, on voit encore des fautes de français aussi fragrantes sur des produits aussi sophistiqués?
Éventuellement, j’aurai l’opportunité de conduire la version hybride (PHEV) du même véhicule qui devrait être plus économique en carburant. J’espère que d’ici ce temps, Mitsubishi aura vu à corriger l’affichage en français des messages au centre d’information entre les deux cadrans principaux. La traduction y est…disons bâclée ce qui ne devrait pas faire l’orgueil de la faction française de Nissan-Renault-Mitsubishi!
Enfin, si vous vous arrêtez chez un concessionnaire Mitsubishi, vous n’y verrez que des nouveautés car le constructeur japonais a récemment revu toute sa gamme incluant la petite Mirage économique, le VUS compact Eclipse Cross et, bien entendu, l’Outlander et son équivalent PHEV à venir!