Je suis une mère de courses ! Mon fils cadet avait 9 ans lorsqu’il a pris le volant d’une voiture Mini Sportsman faisant partie de la 1^ère cuvée de cette série et son frère, trop jeune encore pour courser, a pratiqué à bord de ce qui allait devenir sa voiture Mini Sportsman pour les années suivantes alors qu’il n’avait que 6 ans.

Je suis une mère de courses et je vous confirme que les commentaires furent nombreux. Combien de fois je me suis fait dire « Bien voyons, il est trop jeune, ça pas de sens de rouler à ces vitesses là. Tu n’as pas peur? » et tout ça avec un sous-entendu que je ne devais pas être consciente du danger pour les laisser pratiquer cette passion. Mes enfants ont dû amener des photos et vidéos à l’école; les professeurs ainsi que les amis et leurs parents ne les croyaient pas !

Des risques, bien entendu il y en a, mais je suis de ceux qui pensent que ces risques-là, à partir du moment où toutes les mesures sont prises afin que la sécurité soit à son maximum, peuvent survenir peu importe où nous sommes et quoi que nous fassions et j’en ai eu la preuve lors de l’accident sur la route d’un de mes fils.

Je vous confirme, les premiers tours de piste ont été quelque chose pour mon coeur de mère mais la fierté qu’ils avaient en sortant de leur voiture est venue rapidement calmer le tout. Bien qu’ils entameront leur 7^e saison de stock-car et leur 3^e saison en Légende Modifiée dans un monde d’adultes, je ne m’y fais pas encore; dès qu’ils embarquent en piste, mon cœur se met à battre à 100 milles à l’heure.

Longtemps, j’ai pensé que c’était la peur qu’ils se blessent. Aujourd’hui, je suis convaincue que c’est l’adrénaline, la même qu’eux ressentent quand ils entrent en piste, le désir qu’ils se réalisent et surtout que jamais ils oublient d’avoir du plaisir avant tout.

Vous dire que c’est toujours facile serait vous mentir mais il n’y a pas que les risques sur la piste, il y a le regard et les commentaires des gens. Mon plus jeune a été triple champion à 11 ans; deux championnats Mini Sportsman, un Slinghot Jr sur asphalte. Qui dit gagner, dit controverse. Les commentaires gratuits et méchants sur les réseaux sociaux ont été bien pires que la peur de le voir en piste.

Bien entendu, on ne regardait pas le nombre de tours qu’il avait derrière la cravate, lui qui conduisait depuis qu’il avait 6 ans, on ne regardait pas le temps de préparation que l’on mettait sur la voiture, la minutie de nos mécaniciens quant à chaque détail pour rendre la voiture performante. On parlait de triche, de voitures modifiées. Il ne pouvait pas juste avoir du talent et avoir en main une voiture performante. Ce bout-là, ouf….

Malgré tout ça, leur père et moi avons choisi d’enseigner à nos fils d’avancer sans égard aux commentaires souvent malveillants, nous avons choisi qu’ils apprennent à se faire confiance, à écouter les conseils des gens mais à ne pas perdre la confiance qu’ils avaient en eux. À ce jour, je crois toujours que j’ai fait le bon choix.

J’ai eu le privilège, de par mon travail de relationniste, de côtoyer d’autres mamans de courses. Que ce soit debout sur la remorque avec les bras dans les airs, montées sur les blocs de ciment, dans les estrades à filmer tout en criant ou sur le bord de la piste, parfois les yeux pleins d’eau, ces mères ont toutes le même objectif; que leur enfant se réalise pleinement dans un sport qui les passionne.

Je ne suis pas la seule à avoir vécu les déchirements que ça peut apporter. J’ai vu Chantal Perreault, la mère de Raphael Lessard, dont j’étais la relationniste à ses débuts, vivre avec de nombreux commentaires. On ne peut jamais s’en détacher totalement; ce sont nos enfants !

« La seule chose que je peux dire ,c’est qu’il faut être fait forte, se faire une carapace, revenir à la base, au pourquoi on est là et toujours rester positive sans jamais arrêter de croire que c’est possible d’arriver au plan A » me confie Chantal.

Et  il y a ces mères qui ont vécu la peur, qui ont vu leur progéniture impliquée dans des accidents parfois majeurs. J’étais aux premières loges lorsque Cindy Vallières a été impliquée dans un accident important, au dernier programme la saison dernière. J’étais auprès d’elle et de sa mère, France. Je l’ai vue paraitre forte, lui parler avec une douceur réconfortante mais trembler de tout son corps. Cette journée restera marquée dans le cœur de France.

« J’en tremble encore juste à y penser. Mon conjoint Mario en a eu des accidents depuis 1998, nous avons vécu des choses terribles mais j’ai toujours été capable de le revoir en piste sans problème mais MA fille…» avoue France.

Mais qu’est-ce qui pousse toutes ces mères à continuer, à accompagner leurs enfants dans ce monde de montagnes russes? Il n’y a pas mille réponses; le désir de les voir évoluer dans quelque chose qui les passionne, la fierté de les voir se relever après des durs coups et l’amour! L’amour inconditionnel qu’elles ont, que nous avons pour nos enfants.

En ce jour de la fête des mères, à ces Chantal Perreault (Raphael Lessard), Danielle Cliche (Etienne et Marc-André Cliche) France Forcier (Cindy Vallières), Manon Charland (Samuel Charland), Vanessa Labbé-Pelletier (Eliott Labbé-Pelletier), Sonia Godbout (Hugo Poirier), Véronique Morissette (Vincent Rivard) et toutes les autres mamans qui, tout comme moi, ont choisi de laisser leur peur de côté et de vivre avec leurs enfants cette grande aventure; je vous lève mon verre !