Un bolide américain

Crédit photo : François Richard

Depuis l’apparition de l’automobile à la fin du 19e siècle, plusieurs modèles ont marqué l’histoire de l’Amérique.  Les premiers noms qui nous viennent à l’esprit sont le Model T de Ford qui a révolutionné le monde industriel moderne en donnant naissance aux chaînes de productions et la célèbre Jeep apparue au cours de la Seconde Guerre mondiale qui changea complètement la façon de se déplacer en terrain accidenté.

Il serait prétentieux de placer sur un pied d’égalité la Chevrolet Corvette avec la Ford T ou la Jeep.  La Corvette n’aura rien apporté de nouveau dans les livres d’histoire. Malgré cela, elle est, depuis son apparition sur le marché en juin 1953, le fer-de-lance de l’industrie automobile américaine.

Un peu d’histoire

Crédit photo: Francois Richard

La première génération de Corvette, la C1, est née du crayon du Harley J. Earl, chef de design chez General Motors. Le prototype fut présenté à New York au début de 1953 au salon «General Motors Motorama» tenu à l’hôtel Waldorf-Astoria. Elle était la première voiture de grande série avec une carrosserie en fibre de verre.

L’origine du nom Corvette est l’idée d’un des membres du département des relations publiques de Chevrolet qui cherchait un nom débutant par la lettre C.  Il provient donc d’une recherche exhaustive dans un dictionnaire tel que proposé par Myron Scott.

Originalement, le logo était composé de deux drapeaux, le premier à l’effigie de celui des États-Unis et le second contenant l’insigne de Chevrolet ainsi qu’une fleur de Lys. Cependant, étant donné qu’il est interdit d’utiliser le drapeau étoilé a des fins commerciales, celui-ci fut rapidement remplacé par un drapeau à damier. L’emblème est sensiblement resté identique au fil du temps.

De génération en génération (C1 à C8)

Crédit photo: Francois Richard

Depuis son lancement, le bolide a eu droit à huit générations différentes. La toute dernière, la C8, fut lancée en 2019 (nous reviendrons à cette génération plus loin dans l’article).

C11953-1962  De 1953 à 1957, la voiture n’affichait que deux phares avant seulement. Elle était équipée d’un moteur à six cylindres en ligne de 3,9 litres développant 160 chevaux combiné à une transmission automatique à deux rapports.   À partir de 1958, deux phares additionnels ont été ajoutées.  L’auto était disponible à partir de 1955 avec un V8 de 4,3 litres fournissant 195 chevaux qui a évolué jusqu’à un 5,4 litres de 360 chevaux.
C21963-1967  La seconde génération apparue en 1963 fut la plus courte en termes d’années. Surnommée la Stringray, elle est devenue célèbre par sa lunette arrière divisée en deux parties lors de son lancement en 1963. L’année suivante ce dessin fut abandonné. Cette génération  fût aussi celle incorporant des phares avant escamotables qui furent la marque de commerce du bolide pendant plusieurs années.   La mécanique de la C2 a énormément changé durant sa courte période d’existence passant d’un V8 5,4 litres à ses débuts à un moteur de 7 litres (V8).
C31968-1982  La troisième génération est celle qui aura été celle qui sera restée sur le marché le plus longtemps. Apparue en pleine période de l’âge d’or des Muscle Car,  la voiture n’était cependant pas de taille avec la compétition mécaniquement parlant même si elle était dans un créneau bien particulier avec un design avant-gardiste.  
  Dès 1969, la cylindrée du moteur passe de 5,3 à 5,7 litres pour le V8 «Small Block». Le sommet en puissance fut atteint avec la mécanique 427 ZL-1 qui développait alors 430 chevaux. Seulement trois ZL1 furent produites. Elles sont parmi les Muscle Car les plus rares. En janvier 2019, une ZL-1 fut vendue à l’encan pour plus de 1 million $ US.   La C3 a passé au travers  la crise du pétrole du début des années 70 faisant chuter la puissance de son moteur à 165 chevaux pour la version de base en 1975. Lors de la dernière année de production de cette version en 1982, le moteur affichait une puissance de 200 chevaux avec un moteur à injection et il était combiné à une boîte de vitesses à quatre rapports.
C41984-1996  Cette quatrième génération lancée en 1984 fut une refonte majeure pour la Corvette. Il n’y a pas d’erreur, il n’y pas eu d’année modèle 1983. Son design, moderne pour l’époque, a été largement inspiré par la C3. Les mécaniques utilisées pour la première année furent des configurations L83 de 1982 utilisées dans la C3. Cependant, dès l’année suivante, un nouveau moteur à injection électronique (TPI)  fut utilisé. Celui-ci sera la seule mécanique disponible jusqu’en 1990. Durant cette période, plusieurs exemplaires furent offerts en édition spéciale. Par contre, la nomenclature String Ray fût abandonnée au grand dam de bien des amateurs. Lors de la dernière année de production de cette génération, une version Grand Sport disponible en versions coupé et cabriolet fût mise sur le marché. Offerte en nombre limité, elle est encore très recherchée aujourd’hui par les collectionneurs. En 1996 Chevrolet introduit la Grand Sport en versions coupé et cabriolet (produites à seulement 1 000 exemplaires au total soit 810 coupés et 190 cabriolets).Quelque 330 000 exemplaires de la C4 furent fabriqués de 1984 à 1996. C’est un véhicule qui n’était pas très reconnu pour une grande fiabilité. Lors de sa dernière année de production, sa silhouette bien qu’âgée de 12 ans était encore au goût du jour.
C51997-2004  Fini la voiture grand public. La sortie de la C5 en 1997 venait confirmer le virage pris les années auparavant par la C4. La Corvette, bien qu’accessible par rapport à la concurrence, n’est définitivement plus une voiture grand public. Celle-ci est maintenant désignée comme la voiture de prestige de Chevrolet dont le rôle principal est d’attirer les acheteurs chez les concessionnaires. La Corvette est maintenant classée comme voiture de classe Grand Tourisme Même si, officiellement, la C5 fut produite de 1997 à 2004, elle restera sur le marché jusqu’en 2007. De 2005 à 2007, elle porta le nom de Corvette Classic puisqu’à partir de 2005 la C6 était disponible. Avec une puissance maximale variant de 345 à 405 chevaux, elle pouvait franchir le cap de 0 à 100 km/h en moins de 5 secondes tout en offrant une consommation d’essence combinée de 10,5 litres aux 100 km, cela, sans compter sa vitesse maximale qui pouvait atteindre de 274 à 300 km/h. La Z06 apparue en 2001, version haute performance de la Corvette, était équipée du moteur LS6 de 5,7 litres développant un impressionnante cavalerie de 385 chevaux lui permettant d’approcher les 300 km/h. La version compétition de la C5, la C5-R inscrite dans différentes séries d’endurance dont Les 24 Heures du Mans, permit à la marque de prendre une place importante dans le monde de la course automobile.
C62005-2013  La C6 apparue sur le marché en 2005 est en apparence une évolution importante de la C5. Tout en étant plus étroite avec un empattement allongé, elle se distingue des générations précédentes par une meilleure tenue de route. Le retrait des phrases escamotables ouvrait la porte toute grande pour d’autres modifications importantes pour les générations qui suivront. Dorénavant, Corvette devient une division à part entière chez General Motors sauf en Amérique du Nord. La C6 de base est équipée d’un moteur V8 de 6 litres développant 404 chevaux disponible avec une boîte manuelle à six rapports ou automatique à quatre vitesses. En 2007, l’option du changement de vitesses au volant devient disponible. En 2008, une nouvelle évolution du moteur apparaît sur le marché. La cylindrée passe 6,0  à 6,2 litres avec, en prime, 33 chevaux supplémentaires. La Z06, quant à elle, possède un moteur de 7 litres développant 505 forces. Cette configuration permet des accélérations fulgurantes de 3,9 secondes en accélérant de 0 à 100 km/h avec une vitesse de pointe avoisinant le 320 km/h. De plus, la Z06, contrairement au modèle de base, possédait un châssis entièrement en aluminium en plus d’avoir certains éléments de carrosserie en fibre de carbone ou en magnésium. Chevrolet n’étant pas rassasié avec la Z06 mit en marché en 2009 la ZR1 avec un moteur V8 suralimenté développant 647 chevaux. Ce dernier atteignait les 100 km/h en 3.5 secondes.   En 2007, une édition spéciale Ron Fellows fut mise sur le marché. Celle-ci rendait hommage au pilote canadien de ce nom qui a connu énormément de succès au volant d’une Corvette dans des épreuves d’endurance.
C72014-2019  Après une absence de plusieurs générations, le terme Stingray refait son apparition sur la C7. Elle est équipée d’un moteur de base de 6,2L à injection directe de 466 chevaux. Chevrolet rompt avec la tradition en faisant disparaître les quatre feux ronds à l’arrière du véhicule qui agissaient comme un lien entre chacune des générations.

  La Z06 arrive avec un nouveau moteur V8 suralimenté de 6,2 litres produisant 659 chevaux qui permettait une vitesse de pointe de 331 km /h. La version Grand Sport de 466 chevaux est disponible avec un transmission manuelle à sept vitesses ou automatique à huit rapports. La Corvette R Edition est mise sur le marché en 2016 avec seulement 500 exemplaires offerts.   La version ZR1 munie d’un V8 suralimenté de 6,2 litres cache sous son capot un impressionnant 755 chevaux.
C82019-Le prix du modèle de base de la C8 en a surpris plus d’un. Lors de son lancement en juillet 2019, il était possible de se procurer la Corvette de 8e génération pour un montant avoisinant les 60 000$ américains.  La plus grande nouveauté est l’apparition d’un moteur central venant complètement modifier le comportement routier du bolide. Elle est toujours offerte avec un moteur V8 mais couplé à une transmission à double embrayage.

Mordu de Corvette

Crédit photo: Sébastien Dutl

Un article qui traite de Corvette ne peut être complet sans la présentation d’un amoureux des Corvettes. Lorsqu’il était jeune, il y a de cela belle lurette, Sébastien Dutil était loin d’être amateur de l’emblème de Chevrolet. Il était plutôt attiré par les voitures sportives asiatiques telles que les Civic, Supra, Celica, S2000 ou encore Honda Prélude. Cette culture des produits japonais venait principalement de ses parents qui ont toujours eu des Toyota. Sébastien n’était pas du tout attiré par les véhicules américains.

Lorsque la C7 a fait son apparition vers le milieu des années 2010,  le vent a soudainement changé de direction.  La génération précédente de la Corvette ne cadrait pas avec ce qu’il recherchait. La C7, cependant, représentait pour lui un dynamisme et une image moderne. Pour la première fois, il se voyait au volant d’un de ces bolides.

Depuis la sortie de la C7, Sébastien a mis la main sur deux Corvettes différentes. Sa première acquisition date de 2018 (Stingray Z51 2019). Presque un an et demi plus tard, désirant obtenir plus de performance, notre ami opta pour une Z06 2019. 

Le soir même du dévoilement la C8, Sébastien prit le téléphone et contacta son vendeur préféré pour en faire la réservation. Il désirait être le premier au haut de la liste. Cependant, quelques mois plus tard, déçu ne pas avoir été bien servi, il décida de se retirer de la liste pour changer de concessionnaire. Comme bien des gens, il considère que l’achat d’un tel véhicule exige une bonne relation d’affaires avec le garage. D’ailleurs, j’aime bien la petite attention portée par l’établissement sherbrookois qu’il a choisi lors de la livraison du véhicule (voir photo). Il paraîtrait que la C8 n’aurait pas une finition irréprochable surtout à l’intérieur. Un détail important surtout quand on considère le prix payé pour un tel bolide.                                                                                

Crédit photo: Sébastien Dutl

Un point que j’ai trouvé vraiment intéressant est que le garage avec lequel Sébastien fait affaire signe un document stipulant un prix plancher sur le véhicule en cas d’échange selon certaines conditions (kilométrage, état du véhicule et nombre d’années d’utilisation). La liste d’attente est quand même assez volumineuse et contrairement à ce qu’on pourrait penser, celle-ci est établie par concession et non selon la province ou le pays.  L’attente semble longue, General Motors doit sûrement privilégier certains marchés. En septembre, il était 43e sur la liste d’attente de son concessionnaire, tous modèles confondus et 21e pour la Z06 qui n’est pas encore disponible sur le marché.

Il existe quelques clubs de Corvette au Québec. Plusieurs activités sont organisées chaque été. Il semble y avoir une constante parmi le groupe de Québec, ils aiment changer de véhicules souvent.  Un vrai admirateur de Corvette se doit d’avoir un garage qui fait honneur à son véhicule. Alors, notre amateur a fait aménager le lieu de stationnement de son bolide avec un design représentant sa passion. Sébastien a choisi Corvette, pas seulement pour la performance mais, surtout pour le côté distinctif de la marque et le son du moteur en accélération (espérons pour lui que la version électrique de la Corvette ne soit pas pour demain). Lorsqu’il travaille sur son terrain, il en profite pour ouvrir sa porte de garage pour admirer son bolide pendant qu’il taille ses haies et entretient ses plantes annuelles !

Crédit Photo: Sébastien Dutl

Sébastien a le sentiment qu’il sera bientôt contacté par les dieux de la course pour commander sa Corvette. D’ailleurs son «set-up» est déjà prêt. La voiture qu’il désire est déjà bien configurée et sauvegardée sur le site de Chevrolet depuis un bout. La couleur est choisie et la configuration autant intérieure qu’extérieure est établie.

Ce que je retire de ma conversation avec ce passionné, c’est qu’on a juste une vie à vivre et il faut en profiter le temps que ça passe.

En conclusion

Je n’ai qu’une seule expression pour définir la C8 : Wow! Méchant bolide ! La voiture a su évoluer au fil du temps tout en devenant aujourd’hui une référence de l’industrie. Selon plusieurs experts, elle représente un des meilleurs achats qualité/prix sur le marché et ce, toutes catégories confondues.

Du côté de notre fanatique de Corvette, l’année 2021 risque d’être merveilleuse pour lui car il pourra indubitablement stationner sa nouvelle acquisition dans son temple rendant hommage à la célèbre marque américaine. Que les dieux bénissent les rois de la course !

Chroniqueur
À propos de l'auteur
Archives de Francois Richard

Laisser un commentaire

Votre adresse courriel ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Scroll to top