Libre d’esprit !

Il y a trois ans, j’ai personnellement eu l’opportunité de faire vivre les sensations de la course à M. Guy Falardeau. Amateur de stock-car, il n’a jamais pu assister à une épreuve ou en faire car il est atteint de sclérose latérale amyotrophique (Maladie de Lou Gehrig, maladie neurodégénératrice) et que déjà, à ce moment, il était paralysé du côté gauche. Je me souviens encore très bien du bonheur, de l’excitation et surtout de la lumière dans ses yeux alors qu’il sortait de la voiture NASCAR qui avait été conduite par nul autre que M. Jean-Paul Cabana lors d’une sortie spéciale. Comme on dit dans le domaine, il lui avait «payé toute une ride» sur la piste de Sanair devant famille et amis ! Mais la magie dans tout ça, c’est d’avoir réussi, ne serait-ce qu’un instant, à lui faire oublier sa condition sous le son du moteur rugissant à la sortie de chaque courbe, de la chaleur dans l’habitacle, du bruit de la gomme des pneus venir cogner la tôle de l’auto, de la sensation de la force G qui vous asseoit dans le banc, de la légère odeur d’essence de course qui flotte dans l’air, du vent qui vient glisser sur votre visière, de cette sensation de liberté de l’esprit! Ces instants précis où vous ne pensez à rien d’autre que de profiter du moment.

Cette journée est devenue un excellent souvenir et elle fût à l’origine de notre rencontre, le début d’une amitié entre Mme. Kathy Labrecque, la conjointe et proche aidante de son Guy de M. Guy Falardeau et de moi-même. Ces derniers jours, j’ai eu l’occasion de le revoir et de lui faire une surprise. C’est vraiment difficile de voir à quel point cette maladie avait pris de l’avance sur nous. Pendant que nous cherchions à trouver du temps pour se revoir parce que, sans tomber dans les détails, mon ami Guy est maintenant incapable de se déplacer seul, de manger ou de boire sans aide alors que moi, arrivant là, toujours plein d’entrain et de positivisme, je venais voir mon chum après tout ce temps. J’ai été pris entre les sentiments de peine, de regret, de colère face à cette maladie (pour laquelle on n’a pas encore de remède), mais toujours intérieurement, parce que d’entendre mon Guy, faire des blagues, et moi d’y en faire, d’avoir vu le plaisir et la surprise à mon arrivée, et que dire de nos «tchin», hahaha! C’était ça, notre moment présent de bonheur!! Parler de courses et de différents sujets, laissant de côté les phrases optimistes, puisque dans l’air, je devais respecter plutôt le climat d’acceptation avec force comme toute sa famille et amis. 

Combien de fois avez-vous déjà entendu parler de ce sentiment de liberté vécu par la plupart des participants à un sport motorisé du moment où l’on met notre casque et qu’on roule? Plus d’une fois! Faudrait commencer à croire au bienfait des sports motorisés sur la santé mentale au lieu de toujours y voir un signe d’irrespect envers la nature, de pollution ou plus encore. Les sports motorisés servent autant d’exécutoire pour le stress accumulé pendant la semaine ou pendant des mois. Alors que, pour d’autres, c’est plutôt leur trop plein d’énergie qu’ils peuvent enfin laisser échapper. Tous auront la réponse qu’ils leur convient, autant que celui qui s’adonne à la peinture à l’huile et qui pollue tout autant, même en ne l’admettant pas.

Mais, c’est de notre responsabilité, nous les pratiquants de sport motorisés, de faire en sorte que notre sport soit bien vu et respecté de tous. Pas en faisant rouler le vieux film noir et blanc qui revient chaque fois qu’un décès survient lors d’accident à vitesse élevé et de se dépêcher d’aller dire que c’est parce qu’on ferme des pistes que ça arrive. FAUX ! Ce n’est que la faute de gens qui ne respectent pas les règles, point. Est-ce vraiment eux qu’on veut comme représentant ? NON! Parce qu’ils ne représentent justement pas la majorité des adeptes de sports motorisés QUI, EUX, FONT LEUR PART et qui pratiquent leur activité préférée aux endroits appropriés! Et, de toute façon, avec le temps, on voit bien à quel point cette approche a été efficace pour empêcher la fermeture de pistes … L’an 2020 restera à jamais gravé dans nos mémoires de par ses conditions, ses interdictions, ses peines, ses changements, ses fermetures. Mais j’espère aussi qu’il nous aura appris à apprécier la présence des autres dans nos vies et, pourquoi pas, commencer ce vent de changement en montrant des photos ou des moments heureux sur vos réseaux sociaux que vous aussi pouvez créer autour de vous, avec votre cousin qui fera sa première course de démolition, votre fils qui commence le karting, votre fille qui gagne en motocross, votre oncle qui coure sur la terre battue, votre mère qui fait du drag, le beau-père qui court sur l’asphalte. Soyez fier de faire connaitre votre sport pour les bonnes raisons. C’est de cette façon que nos sports respectifs auront encore dans plusieurs années des jeunes pour les pratiquer pendant que nous, les plus vieux, on les regardera ou on leur donnera nos conseils qui seront peut-être rendu démodés techniquement, qui sait? Sentez-vous privilégiés de pratiquer ces sports car d’autres aimerait tellement le faire et ce sont ces instants de pure magie, de liberté d’esprit que vous offrez à ceux-ci en leur partageant votre passion. Parfois, juste cela, ça peut faire du bien. 

Je t’en envoie plein, mon Guy!

Chroniqueur
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