Raphaël Lessard: Regarder droit devant !

Crédit photo : Jessica Menard

J’ai eu le privilège de m’entretenir avec Raphaël Lessard lundi soir. Raphaël est revenu chez les siens en Beauce vendredi de la semaine dernière, au grand plaisir de ses parents, François et Chantal, qui ne l’avaient pas vu depuis un bon bout de temps. Il est présentement en quarantaine  (moi aussi, mais dans quelques mois je tombe en cinquantaine) et les résultats de son test sur la COVID-19 se sont avérés négatifs. Raphaël m’a certifié qu’il n’était pas contagieux.

Je dois avouer que j’avais préparé une liste de questions, mais après quelques minutes de discussions celle-ci a pris le bord.  Avant même le début de notre conversation, j’avais rayé celles de ma copine (inscrites à mon insu)  qui aurait donné une tendance «7 jours» ou « Le lundi» à l’entrevue. Je ne me vois pas en train de demander au jeune Lessard sa couleur favorite ou son mets préféré.

Retour sur la saison 2020

J’ai demandé à Raphaël de comparer le pilote qu’il était en février à Daytona face à celui que s’est présenté à Phoenix pour la dernière course de la saison 2020. Le mot qui en est ressorti est «Confiance». Plus la saison avançait, plus il comprenait ce qu’il fallait faire pour aller vite. Sa compréhension du comportement de son bolide s’améliorait de course en course. La complicité qui s’est installée tout au long de l’année avec les membres de son équipe est, selon lui, un facteur marquant quant à ses bons résultats de la seconde moitié de la saison.

Les heures passées en simulateur ont certes été profitables mais, jamais elles ne pourraient remplacer des situations en course réelle. L’expérience acquise à chaque épreuve lui a permis de comprendre comment bien maîtriser la «draft».

Raphaël considère 2020 comme une année d’apprentissage qui a été plus difficile qu’annoncée puisque la COVID-19 est venue mêler les cartes. Le fait de ne plus avoir de pratiques, de qualifications et de tomber directement en situation de course est venu complexifier les choses. Cependant, ce contexte l’a forcé à apprendre à mieux gérer sa course tout en améliorant la configuration de son bolide au fil des tours. L’important était de rester calme et concentré.

Des trois séries, la série «Gander RV & Outdoors» est possiblement la plus compétitive. Selon Lessard, rouler dans le top 15 avec un tel de niveau de compétition était déjà très satisfaisant car, parmi tout ce lot de pilotes,  chacun avait une chance de gagner.

Plus difficile pour un pilote canadien ?

J’ai posé la question à Raphaël s’il sentait qu’il avait un traitement particulier de la part de ses collègues ou des médias parce qu’il n’était pas un pilote américain. Selon lui, le fait de bien performer fait en sorte qu’il s’intègre bien au groupe. Tout est une question d’avoir de bons partenaires pour être attrayant envers les équipes américaines. Raphaël est convaincu que d’avoir des pilotes canadiens performants en piste est bon pour NASCAR. Il rêve d’être le fer-de-lance de la discipline au Canada pour attirer de nouveaux amateurs de ce côté-ci de la frontière. Tout cela lui permettrait d’obtenir un maximum de visibilité pour lui et ses partenaires et par le fait même d’attirer de nouveaux investisseurs.

Le pilote le plus sympathique et celui le plus difficile à dépasser

J’ai lancé à la blague que Ben Rhodes (Ford no 99) avait compris que  NASCAR était un sport de contact. Raphaël a vite fait de me ramener à l’ordre me signifiant que Rhodes exagérait peut-être un peu trop ses contacts.

Il a vraiment apprécié sa relation avec Sheldon Creed (Chevrolet no 2) qui est selon lui un des pilotes les plus sympathiques du groupe. Il lui a même rendu visite chez lui. Creed a beaucoup d’entregent et prend le temps de discuter pour bien connaître ses interlocuteurs. En piste, il est agressif mais, il demeure quand même très respectueux. Selon lui, Sheldon Creed mérite plus qu’amplement son championnat.

Le pilote le plus difficile à dépasser (c’est drôle, j’étais peu surpris de sa réponse) est Grant Enfiger (Ford no 98). Comme par hasard, Enfinger est le coéquipier de Ben Rhodes.

«Grant Enfiger ne laisse pas de place. Il va tout faire pour bloquer. Il est très difficile à dépasser sur les pistes d’un demi-mille, il est renommé pour s’appuyer dans ta porte. Il faut avoir un bon momentum pour le dépasser du premier coup et surtout éviter de lui donner une chance de revenir.»                                                                                                                                                                                                                                                                                                            – Raphaël Lessard

Simulateur TRD

Comme je suis curieux de nature, je voulais en savoir plus sur le fameux simulateur TRD mis à la disposition des pilotes Toyota. Le simulateur n’est pas utilisé en situation de course même si Raphaël doit porter tout son équipement lorsqu’il l’utilise. Les nombreux tours de pratique effectués seul en piste, lui permettent avec son équipe de travailler tous les «set-up» possibles de suspensions qui pourraient être utilisés lors d’un week-end de course. L’appareil en question demeure un secret bien gardé pour Toyota.  Les gens de Toyota auraient acheté un ancien simulateur de F1 et l’auraient adapté pour NASCAR. Impossible d’en savoir plus.

Construire l’avenir une étape à la fois

Les liens avec Kyle Busch Motorsports sont loin d’être rompus. Cependant, le clan Lessard ne met aucune option de côté. Raphaël ne le cache pas, son souhait le plus cher est de retourner chez KBM en 2021. Il est convaincu qu’il serait compétitif et qu’il pourrait se battre pour le titre. Il doit une fière chandelle à Toyota et à Kyle Busch qui lui ont permis de faire une saison complète. Le plan A est Kyle Busch. Sinon il devra regarder ailleurs en fonction du budget qu’il aura à sa disposition.

Le rêve ultime (comme bien des pilotes qui espèrent gravir les échelons) est la Cup. Cependant, il est conscient qui lui reste des «croûtes à manger» avant d’y arriver. Pour lui et son équipe, il est important de bien faire les choses et de bâtir l’avenir de façon solide en comptant sur des partenaires qui lui permettront d’établir un plan de match à long terme. Lessard fera le grand saut quand il se sentira prêt à le faire. Il ressent le besoin de gagner des courses pour augmenter sa confiance et continuer de s’améliorer. Pour lui, la série de camionnettes représente l’école dont il a besoin pour apprendre. Il est plus que convaincu qu’il pourra y arriver dans un avenir rapproché car, il croit fermement en ses capacités.

Raphaël a souligné l’importance de ses commanditaires : le groupe Canac, Toyota, Mobil 1, JBL ainsi que le groupe d’investisseurs du Québec qui le supporte depuis le début.

Séparation avec Alan Labrosse

Sur les ondes d’une radio de Québec, on apprenait la semaine dernière que le clan Lessard s’était séparé du populaire agent Alan Labrosse, une décision qui peut paraître surprenante. Raphaël m’a avoué que même s’il était satisfait du travail accompli par Labrosse qui l’a entre autre aidé pour certains partenariats, il était rendu temps de passer à autre chose. Son équipe travaille sur une nouvelle structure qui, aux dires de Lessard, sera plus solide et plus forte. Raphaël conserve toujours son agent américain Christopher J. Biby avec lequel il est en relation depuis près de 3 ans.

La perte de Labrosse ne devrait pas causer de problèmes quant à l’obtention de nouveaux commanditaires québécois ou canadiens. Des gens travaillent à temps plein sur le sujet. Lessard est convaincu que la télédiffusion de l’ensemble des épreuves sur le télédiffuseur officiel francophone de NASCAR au Québec a joué pour beaucoup dans l’ajout de Canac comme partenaire à son aventure. Le retour de la célèbre quincaillerie québécoise en 2021 n’est pas encore confirmé mais, selon Raphaël, le dossier avance bien.

En conclusion

Raphaël se garde en forme à la maison en vue de 2021. Pour l’instant, il s’entraîne seul en espérant que les gym ouvrent bientôt. Il désire retourner s’entraîner dans son gym local appartenant à son ancien entraîneur de hockey avec qui il a une belle complicité depuis longtemps.

Même si le côté médiatique demande une certaine charge de travail, il prévoit passer du temps sur Iracing pour continuer à rouler en attendant la suite des choses.

Ce que je retiens de ma discussion avec Raphaël Lessard ? Il parle constamment de l’importance de l’équipe qui l’entoure. Il est conscient qu’il ne peut pas tout faire seul et qu’il doit être bien entouré. Le défi qui l’attend au cours des prochaines années est colossal. Il a confiance en ses moyens et semble convaincu d’y parvenir. Tout amateur de NASCAR au Québec ne peut que souhaiter que les plans de Lessard se réalisent car nous aurons beaucoup de courses a nos mettre sous la dent.

Que les dieux bénissent les rois de la course !

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Archives de Francois Richard

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