Aussi ironique que cela puisse paraître, voilà déjà presque deux ans que j’ai assisté au dévoilement des deux berlines les plus récentes de Cadillac dans une réunion privée à Detroit, les CT4 et CT5. Mais, ce n’est seulement que depuis la semaine dernière que j’ai pu les conduire l’une derrière l’autre !
J’ai donc pu commencer avec la CT5 en finition V. Mais avant de débuter avec ce modèle, laissez-moi vous informer un peu de la situation pour ce type d’auto en Amérique. Au départ, vous n’êtes pas sans savoir que le consommateur nord-américain boude de plus en plus les berlines intermédiaires. Toutefois, ce phénomène ne semble pas coller autant au domaine des voitures de luxe. Néanmoins, je considère que General Motors prend un certain risque en mettant autant d’effort dans ce type de véhicule. À titre de comparaison, l’éternel concurrent de Cadillac, Lincoln (de Ford) a tout dernièrement décidé d’abandonner toute construction de berlines en Amérique du Nord (mais pas en Chine!) en terminant la production des Lincoln MKZ et Continental (une des plus belles autos américaines jamais conçues!). Chez Lincoln, il n’est plus question que de VUS et de VUM ! Mais chez Cadillac, on retrouve toujours des berlines dont la compacte CT4 et l’intermédiaire CT5 qui sont aussi proposées en versions V dites «sportives». Il faut comprendre ici que Cadillac doit également se mesurer à certaines marques européennes dont les Audi S4, BMW M340i et Mercedes-Benz AMG C43. Cadillac veut toujours représenter (en partie) la performance. D’ailleurs, Cadillac est toujours en course automobile dans la série d’endurance WeatherTech. Mais le jeu en vaut-il la chandelle?
La Cadillac CT5-V de performance.
Donc, cette semaine, il est question de l’intermédiaire CT5- V, une toute nouvelle auto dont la version de base est une voiture plutôt modeste à propulsion arrière (notez que la CT5 ressemble de loin à la CT4 alors qu’elle en est complètement différente). Attention, cependant, la version V ne devrait pas être comparée à la CTS-V des années précédentes mais plutôt aux CTS- VSport! L’avant de l’auto ressemble beaucoup à celui des autres produits de la marque ce qui est, en soi, un plus pour l’auto. La caisse principale adopte une ligne plus fuyante alors que l’arrière semble vouloir faire concurrence à des autos européennes. Ici, je ne suis pas certain que le mariage des deux styles est réussi. Mais tout cela n’est qu’une question de goût.
La Cadillac CT5-V vue de l’arrière
Cependant, lorsqu’on se glisse dans la CT5-V, on sent immédiatement que l’on est dans une des plus belles Cadillac jamais produites (du moins de l’intérieur). Le tableau de bord est d’une grande élégance malgré son design relativement simple. Évidemment, tout y est électronique mais j’y ai remarqué que toutes les commandes de l’auto, que ce soit celles du chauffage et de la ventilation ou celles de la radio et de la navigation sont…manuelles! En effet, après avoir essayé de convaincre sa clientèle que les commandes de l’avenir allaient toutes être tactiles, Cadillac est revenu sur sa décision et nous propose désormais de «vrais» boutons! Par contre, Il est possible de transformer le rétroviseur intérieur en véritable écran vidéo qui donne une image plus claire et plus grande de ce qui suit la berline, une innovation qui a valu certains prix à Cadillac (et que j’ai reconnu à son lancement il y a quelques années) mais avec laquelle j’ai un peu de difficulté d’adaptation. Toutefois, un accessoire que j’apprécie vraiment, c’est l’affichage du compteur de vitesse par réflexion à l’intérieur du parebrise !
Le tableau de bord bien disposé de la CT5-V
Évidemment, cette auto est équipée de deux sièges baquets à l’avant et d’une banquette divisible (avec des dossiers rabattables) à l’arrière mais, j’en ai apprécié la qualité de finition. La console centrale retient le bras de changements de vitesses en son centre (mais il est à commandes électriques et non mécaniques). Les sièges d’avant sont chauffants et ventilés alors que ceux d’arrière ne sont que chauffants. De plus, ceux d’avant incluent de nombreuses positions et même le massage! Mentionnons aussi le volant ajustable gainé de suède (tout comme le pommeau du levier de vitesses). Je ne mentionne pas souvent la présence de la radio mais celle de la CT5-V est combinée à une sonorisation Bose appréciable. Ah oui! J’oubliais! Contrairement au petit Trailblazer de la semaine dernière qui exigeait la connexion au téléphone intelligent (Apple ou Android) pour obtenir la navigation, cette Cadillac avait son propre système de navigation (très lisible)! Quant au coffre, il est très suffisant pour une voiture du gabarit de la CT5 et, bien entendu, on peut l’agrandir en rabattant les dossiers des sièges d’arrière.
Les places arrière de la CT5-V sont spacieuses à souhait.
Le coffre est vaste et il peut même s’agrandir en rabattant les dossiers des sièges d’arrière.
Et maintenant, le plat de résistance, la mécanique. Le moteur de la CT5-V est un V6 biturbo de 3,0 litres qui développe 360 chevaux (une quarantaine de moins que le moteur 3,6 de la CTS-Vsport de l’année dernière) et 405 li-pi de couple. Il est combiné à une boîte automatique à 10 rapports (note, il demande de l’essence Super). Vu que, de base, cette auto est à propulsion, cet ensemble mécanique est longitudinal. Dans le cas de ma voiture d’essai, cette Cadillac était à traction intégrale ce qui sera utile en hiver avec des pneus appropriés! Pour «dompter» toute cette puissance, Cadillac a ajouté une suspension indépendante ajustable (grâce à une commande au tableau de bord) pour un comportement régulier, sport ou même de piste. Les freins ont aussi été grandement améliorés par des systèmes Brembo alors que les pneus de ma voiture d’essai étaient d’imposants Michelin Pilot Sport 245-40 R-19 qui sont des pneus de type «Run-Flat» qui, en passant, ne sont pas recommandés en température froide et surtout pas dans la neige, aussi fine soit-elle!
Le moteur de la Cadillac CT5-V est un V6 biturbo de 360 chevaux.
D’imposants pneus Michelin Pilot Sport aident à la tenue de route de la CT5-V.
Sur la route
Bien entendu, je n’ai pu essayer cette auto sur une piste vu que nous sommes quand même assez tard durant la saison et que, de toute façon, les pistes sont devenues une denrée rare autour de Montréal, Même qu’elles seraient fermées pour la saison. C’est dommage car, ironiquement, il a fait plutôt chaud pour un mois de novembre. Néanmoins, les propriétaires de telles Cadillac (soulignons qu’elles sont aussi disponibles en versions plus «civilisées») les utiliseront à 99% sur la route.
Si je fus déçu au départ par des performances moins étincelantes auxquelles je m’attendais, j’ai quand même réussi à passer du point mort à 100 km/h en quelques cinq secondes. Les reprises m’ont aussi parues un peu «lentes» mais avec une boîte à dix rapports, elles sont plus subtiles et tout aussi rapides. Notez que l’on peut utiliser les palettes au volant au besoin pour une conduite plus sportive. Le constructeur annonce une vitesse maximale de 270 km/h à cette CT5-V. Toutefois, une chose est certaine, le comportement routier de cette Cadillac est remarquable pour une voiture de ce gabarit et cela, même en mode Régulier. La suspension est un peu ferme pour une voiture de luxe (et encore plus en mode Sport) mais il faut se souvenir que c’est une berline de performance d’abord et avant tout. Cependant, il faut souligner la puissance évidente du freinage. Combiné aux pneus Michelin mordants, il arrête cette lourde auto (quelque 4000 livres) plus rapidement que l’on puisse l’imaginer.
L’intérieur est confortable et invitant et toutes les commandes sont à la portée de la main. Cependant, la V n’est pas des plus silencieuses, le son des échappements envahissant facilement l’habitacle et ce, à toutes les vitesses. Sous vives accélérations, on entend distinctement le retour des gaz lors des changements de rapports, un son typique des autos européennes qui peut devenir agaçant à la longue (j’ai lu récemment que le gouvernement allemand avait demandé aux constructeurs locaux d’arrêter cette pratique trop bruyante!). Autrement, je peux vous dire que la visibilité y est supérieure aux anciennes CTS sauf, peut-être, dans certains cas en vue trois-quarts arrière. La voiture pourrait sembler un peu grande pour des manœuvres de stationnement mais je m’y suis très bien débrouillé, malgré tout.
Si vous recherchez une voiture économique en carburant, vous êtes mieux de regarder ailleurs. Alors que l’ordinateur de bord indiquait une consommation moyenne de 11,6 l/100 km au tableau de bord, j’ai obtenu un résultat de 12,83 ! Mais c’est le prix à payer pour ce genre d’auto! Le prix de base de la CT5-V est de 49 798 $. L’option du volant gainé de suède vaut 350$, celle des jantes spéciales vaut 60 $, le toit ouvrant 1685 $, la traction intégrale 2200 $, la peinture métallisée 900 $, la sellerie de cuir 1725 $, l’ensemble Premium 4275 $, l’aide à la conduite 1495 $ et l’aide au stationnement 2405 $ alors qu’il faille ajouter les 100 $ de la taxe du climatiseur et les 2100 $ de transport et préparation, la facture finale s’établira à 67 723 $ ! Sauf pour les autos spécifiques mentionnées plus haut, je ne crois pas que la Cadillac CT5-V connaisse une vive concurrence. Heureusement qu’il reste encore une certaine demande pour des berlines intermédiaires de performance. Enfin, si cette auto vous intéresse vraiment mais que vous aimeriez mieux un moteur V8 sous le capot…je vous dirais d’attendre un peu, la version Blackwing s’en vient…mais à quel prix?