Lors de la septième épreuve de la saison de la série «NASCAR Cup Autodrome Chaudière» présentée par LM production et 360Nitro.tv, la Camaro no 50 pilotée par Martin Giroux arborait un design bien particulier qui a attiré mon attention ainsi que celle des animateurs de SFTV.
La voiture cinquante rendait hommage à Gilles Forget décédé la semaine dernière à l’âge de 76 ans. Bien avant les Lessard, Labbé et Carpentier, il y a eu d’autres pilotes québécois qui ont laissé leur trace du côté du pays de l’oncle Sam.
Pourquoi un article sur Gilles Forget? Parce que ce dernier a joué un rôle important dans la vie de Denis Giroux (père de Martin Giroux). Monsieur Forget a permis à Giroux en 1973 de participer à l’épreuve de Daytona dans la seconde série en importance de NASCAR aujourd’hui nommée Xfinity.
Forget avait contacté Bobby Allison pour que celui-ci fabrique une voiture pour Denis Giroux. À l’époque, Giroux, qui était un pilote prometteur, participait à des séries de voitures modifiées. Allison avait alors répondu à Forget : «Qu’il vienne chez nous, il va le construire lui-même».
Denis Giroux, aussi mécanicien, est parti en octobre 1972 aux installations de Bobby Allison à Hueytown en Alabama pour participer à la fabrication de la Chevelle no 50. Il arrivait tout juste de participer à une course en Modifiés tenue à Martinsville. Giroux était resté chez Allison jusqu’à l’épreuve du Permatex 300 tenue en février 1973 à Daytona. Giroux avait dû partir derrière le peloton, car l’équipe avait dû effectuer un changement de moteur (le nouveau moteur étant choisi par Gilles Forget) tout juste avant le départ. Qu’à cela ne tienne, Denis Giroux avait effectué toute une remontée pour finalement rallier l’arrivée en 3e place. La légende Denis Giroux était née !
Par la suite, le pilote originaire de Beauport dans la région de Québec n’a pu continuer son aventure chez Allison. Il s’en est donc retourné en Modifiés où il a fait la pluie et le beau temps. En avril 1974, sur le circuit de Stafford au Connecticut, suite à un bris sur sa voiture, Giroux avait emprunté un mulet (une Pinto) à un autre pilote pour prendre part à la course. Juste avant les qualifications, le carburateur de la voiture no 12 a été transféré à la Pinto no 7. Cependant, celui-ci avait été vissé trop serré. Lors des qualifications, dans le premier droit, l’accélérateur est resté collé à fond et la voiture numéro 7 a grimpé sur le toit de la voiture d’un concurrent avant de s’enfoncer dans le muret de protection du premier virage. Le lendemain, Ed Flemke père, en vérifiant la voiture accidentée, n’a pu que constater que l’ajustement du carburateur était possiblement la cause menant à l’accident, une erreur qui, selon Flemke, était souvent commise à l’époque.
Gravement blessé, le père de Martin Giroux est resté 3 mois dans le coma sous respirateur artificiel. Les médecins conseillaient de le laisser partir, mais la mère de Martin n’a jamais voulu. Par la suite, Giroux n’a plus jamais été le même et n’a repris le volant qu’une seule fois quelques années plus tard dans un évènement spécial au circuit de Sainte-Croix.
Le monde est petit
Martin Giroux a fait peindre son bolide Iracing par «Desjardins design» aux couleurs de la voiture de son père. Par la suite, la photo de l’auto a été mise en ligne sur Facebook. Quelques heures plus tard, un internaute à répondu comme suit à la publication : «Hé! C’est la voiture de mon père». C’était le fils de Gilles Forget, Emmanuel Forté-Forget. Ensuite, les deux hommes ont commencé à s’écrire régulièrement. Emmanuel a même avoué à Martin que son père appréciait tellement le sien qu’il lui avait volé son numéro 50.
Je vous raconte ici une anecdote qu’Emmanuel Forté-Forget a partagée avec Martin Giroux.
«Lors du week-end du Daytona 500 en 1973, ton père participait au Permatex 300 sous les précieux conseils de Bobby Allison, qui lui, participait au Daytona le dimanche. Pendant la pratique du vendredi, Denis a sauté son moteur. Gilles Forget s’est occupé de faire venir deux moteurs directement de la shop d’Allison à Hueytown en Alabama. Dans ce temps-là, la Cup et l’Xfinity utilisaient les mêmes moteurs. M. Forget a choisi le moteur avec les couvre-culbuteurs chromés pour son bolide no 50. Ce choix s’est avéré fructueux, car l’autre moteur a été utilisé par Allison le dimanche et il a rendu l’âme au 30e tour du Daytona 500. Le moteur aux couvercles chromés, lui, a terminé au 3e rang du Permatex 300 ce qui l’a fait connaître »
En conclusion
La course automobile est ancrée dans bien des familles québécoises comme celle de Martin Giroux. Denis Giroux avait attrapé la piqûre de la course avec ses cousins à Beauport à l’Autodrome Ste-Thérèse situé à Ste-Thèrèse de Lisieux dans la région de Québec.
Aujourd’hui disparu, le circuit a été en activité de 1958 à 1971. Beaucoup de grands noms du stock-car québécois y sont passés tels que Denis Giroux, Jean-Paul Cabana, Marcel Corriveau, Jack Lessard et plusieurs autres. Même le pilote américain Kenny King y est venu à quelques reprises. Aujourd’hui la piste n’existe plus, mais la maison de Martin Giroux est construite sur l’ancien terrain où était situé le circuit. Quelle belle façon de rendre hommage à son père. Le circuit de Stafford au Connecticut est toujours en activité. Au fil des ans, plusieurs séries prestigieuses s’y sont arrêtées. Le complexe motorisé du Connecticut est l’un des plus importants dans l’est des États-Unis.
Toute l’équipe de 360Nitro.tv offre ses plus sincères condoléances aux proches de Gilles Forget.
Je suis convaincu que la première chose que Gilles à fait en arrivant là-haut est d’aller rejoindre son ami Denis Giroux pour s’ouvrir une bonne 50 tablette. Ils auront sûrement bien des choses à se raconter.
Que les dieux bénissent les rois de la course !!!
Merci énormément pour ce texte. Mon père et le père de Emmanuel serait bien fière.
J’étais présent lors de l’accident
Petite precision Kenny King pilote originaire de Rosemere au Quebec