À la recherche du tour parfait

Crédit photo : Cédrick Thivierge

(Québec, PQ) La semaine dernière, je n’ai pu résister à la tentation de rendre visite à un nouveau membre de l’équipe de 360Nitro.tv en compagnie de mon collègue photographe Cédrick Thivierge. Christian Gingras est certes un grand amateur de courses automobiles toutes catégories confondues (à part peut-être le Nascar et les courses sur terre battue), mais il est avant tout un passionné (déchaîné, maniaque, capoté, fou, etc.) de pistes de courses électriques.

Revenons dans le passé

Il y a de cela belle lurette, c’est-à-dire dans un passé de plus en plus lointain ou lorsque j’étais jeune garçon aux alentours du début de ma puberté, tout juste avant l’adolescence genre, j’avais en ma possession la piste de course « Aurora AFX FireCracker 400 » que mon père avait achetée de mon oncle Denis. Ce que j’aimais de cette piste était qu’on pouvait jouer jusqu’à quatre personnes en même temps ou encore changer le tracé pour en faire un circuit plus grand avec seulement deux voitures. De mémoire, mon oncle avait ajouté plusieurs accessoires additionnels augmentant ainsi le degré de difficulté. Malheureusement, il avait vendu ceux-ci à mon cousin Luc (que je salue en passant) pour une raison dont je ne me rappelle plus. La piste était tellement grande (à mes yeux) qu’elle prenait, une fois assemblée, pratiquement tout l’espace disponible dans ma chambre. Ce qui fâchait un peu ma mère car ça l’empêchait de faire le ménage. Dans le temps, je la trouvais un peu gâcheuse de party mais avec un peu de recul aujourd’hui je peux la comprendre.

La première fois que j’avais vu la piste « FireCracker 400 », c’était dans le sous-sol de mes grands-parents paternels ou habitait mon oncle. Du haut de mes 10 ans j’étais épaté de voir l’installation de la piste qui était fixée très solidement avec des clous sur une planche de « Vénir » montée sur des établis. Nous étions tout juste avant l’apparition de l’avènement des premières véritables consoles de jeux vidéo (Atari, Coleco Vision et Intellivision de Mattel) qui allaient d’une certaine façon sonner le glas des pistes de courses électriques. Dans les années 70, celles-ci étaient à leur âge d’or. Pour ceux qui se rappellent à part Aurora, il y avait entre autres Tyco et Lionel qui étaient parmi les autres fabricants connus.

Comme tout jeune homme rendu à un certain âge, mes centres d’intérêts ont changé et j’ai progressivement délaissé ma piste pour finir par la vendre à mon ami d’enfance Stéphane Hardy. Un geste que, je dois avouer, je regrette encore aujourd’hui.

Revenons au présent

La nostalgie m’a fait dévier de mon sujet, veuillez m’en excuser.

On ne peut se douter en se promenant dans les rues de Beauport, plus précisément dans le quartier de Courville, qu’il existe un complexe de sport motorisé. Celui-ci inclut un circuit en huit (avec tunnel) de 51 pieds de long, 4 voies de large avec tout l’équipement de préparation nécessaire pour l’assemblage de voitures électriques à peine différentes des modèles d’usines. Si vous cherchez ces installations vous ne le trouverez par car elles sont situées dans un sous-sol sous un garage, rien n’y paraît de la rue. Vous avez bien compris entre les lignes que je parle ici d’une piste de courses électriques.

Ce qui est surprenant à première vue est de constater que ce loisir est encore pratiqué par certains irréductibles. Lorsque Christian Gingras était jeune, son père aimait bien ce genre de «bébelle» mais le fils lui aimait ça mais pas plus qu’il ne le faut. Pendant plusieurs années ce loisir fut laissé de côté par Christian. Durant le temps des fêtes (j’ignore en qu’elle année), Christian qui avait 35 ans reçut de son père pour Noël une piste de courses électriques. Bien des gens auraient trouvé ça drôle sur le coup tout en se lassant rapidement de la chose, mais pour Christian cela déclencha une passion incroyable qui depuis ce temps ne s’est pas essoufflée.

Configuration du circuit

Le circuit d’une longueur de 51 pieds permet la présence de 4 voitures simultanément. Chacune des 4 lignes de course de couleurs différentes se retrouve sur une surface peinturée en noir composée de MDF. Il a fallu 4 planches de MDF taillées à partir d’un plan réalisé sur Autocad. Le tour de la piste est bordé d’une barrière jaune composée d’un matériel assez flexible pour être agrippée solidement le long du tracé.

Une telle configuration ne sera pas complète sans la télémétrie. Avec un tel système, le circuit passe à un niveau supérieur. Cela permet de calculer pour chacun des concurrents la durée d’un tour ainsi que le nombre de fois où la voiture a passé la ligne de départ/arrivée en un temps donné. Rien n’est laissé au hasard car pour qu’une épreuve soit valide il faut que chacun des pilotes ait sa chance sur chacune des lignes de courses. Le résultat cumulé sur chacune des lignes déterminera le gagnant de l’épreuve.

Le nombre idéal de participants est de 6. À chacune des extrémités du circuit loin des pilotes, il y a deux tabourets d’installés permettant à deux participants qui ne sont pas en course de replacer les voitures sur le circuit lorsqu’il y a pertes de contrôle. Encore une fois, selon le type d’épreuves le système de télémétrie s’assure que chacun des participants aient fait les 4 tracés en plus des deux périodes où ils seront sur les tabourets.

Chacune des lignes de courses possède sont propre «Stand» où le pilote doit s’installer. Pour ce qui est des manettes, nous sommes bien loin des vielles pistes de courses AFX puisque celles-ci sont très loin des manettes originales et possèdent des boutons de calibrations pour le freinage et l’accélération entre autres.

Parlons voitures

Ce qui m’a le plus marqué durant ma visite c’est le travail incroyable apporté à la configuration d’une voiture. Christian en possède plus de 600, oui, oui, vous avez bien lu, 600! Il y a en a pour tous les goûts. Des voitures de formule un (entre autres la première voiture en formule un conduite par Gilles Villeneuve), des voitures de type GT, des camions ou juste des voitures de séries bien ordinaires. L’éventail est très varié.

Pour les gens qui font des compétions, il existe plusieurs catégories. Celles-ci sont divisées en fonction de l’échelle (par exemple 1/24 ou 1/32) et du type de châssis (plastique, métal ou aluminium). La catégorie de prédilection de Christian est l’échelle 1/32 montée sur un châssis de plastique.

Le processus de préparation d’une voiture qui servira pour une compétition peut prendre plusieurs heures de travail. Chacun des détails est important pour aller chercher chaque petit centième de seconde au tour et ainsi se rapprocher de la quête du tour parfait. Le prix d’une voiture «stock» se situe entre 60 et 120 dollars environ. Dès que celle-ci quitte sa boîte, elle est immédiatement mise en morceaux pour être modifiée en machine de course. En premier lieu, Christian prend le châssis et s’assure que celui-ci est le plus droit possible. Ceci est effectué via un processus secret dont je ne peux vous dévoiler les détails. Cette opération permet de s’assurer que le châssis est parfaitement collé sur la piste. Par la suite le moteur, les essieux, les roues et les pneus peuvent être changés. Toutes les pièces changées n’ont qu’un seul but, diminuer le poids du véhicule pour en améliorer les performances. Dernier point important, pour ajouter de la difficulté les aimants présents sous le véhicule sont retirés. Il est donc ici impossible de toujours rouler à pleine vitesse, il faut faire attention dans les courbes pour éviter que la voiture sorte de sa voie. Une voiture destinée à la compétition peut avoir des modifications pouvant s’élever jusqu’à 120 dollars.

Une fois la voiture assemblée, il reste une dernière étape avant que celle-ci puisse prendre la piste d’assaut. Elle doit passer le test du «Dyno» comme ses grandes sœurs de taille réelle. Cette étape est le test ultime pour s’assurer que la voiture est bien montée et qu’elle sera stable sur la piste.

Différents types de pneus peuvent être utilisés. Mais comme chaque centième de seconde est importante ceux-ci, comme le circuit, doivent être exempts de toute poussière.

La compétition maintenant

Il ne serait pas valorisant de dépenser autant d’argent et d’énergie pour une telle passion sans pouvoir mettre ses talents à l’épreuve contre d’autres compétiteurs aguerris. Le prochain paragraphe vous jettera sans contredit en bas de votre chaise.

Depuis quelques années Christian Gingras avec son équipe partent en direction du Michigan ainsi que du Massachusetts pour participer croyez-le ou non à des épreuves d’endurance de 24 heures. La troupe prend les évènements très au sérieux puisque plusieurs voitures sont préparées à l’avance. La veille de l’évènement l’équipe sélectionne parmi l’ensemble, la voiture chanceuse qui sera utilisée pour l’épreuve. Rien n’est laissé au hasard, les membres de l’équipe portent même l’uniforme officiel incluant les chaussures assorties. Même la bagnole utilisée aborde la couleur officielle.

D’ailleurs Christian et son équipe détiennent le record du monde de la plus longue distance en 24 heures dans la catégorie des voitures à l’échelle 1/32 sur châssis de plastique.

En conclusion

Il n’y pas d’âge pour se trouver une nouvelle passion pas plus qu’il n’y en a pas pour en vivre une à fond. Certains y vont plus en profondeur que d’autres soit parce qu’ils ont trouvé leur voie ou tout simplement parce qu’à la base se sont des individus qui, peu importe ce qu’ils font, y vont toujours à fond. Une chose est certaine, il faut profiter de la vie et se trouver une passion qui nous permet de sortir de la lourdeur de la vie quotidienne. Autrement dit, il faut savoir tirer la «ploye».

Que les dieux bénissent les rois de la course!

Photos par Cédrick Thivierge

Chroniqueur
À propos de l'auteur
Archives de Francois Richard

Laisser un commentaire

Votre adresse courriel ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Scroll to top