Junior Lehoux, des projets plein la tête !

Crédit photo : François Richard

À l’origine, quand j’ai contacté Éric « Junior » Lehoux pour réaliser cette entrevue, j’ignorais qu’il allait être nommé la recrue de l’année en ACT LMS Québec. Le jeune pilote de 19 ans vient de terminer sa première saison partielle en LMS et déjà de grande aspiration pour la suite de sa carrière.

Huit courses, plusieurs tops 10… et un peu de malchance

Junior a disputé huit courses cette saison dans la série ACT LMS Québec au volant de sa Toyota arborant le numéro 21. Les résultats ? Plusieurs tops 10, souvent proche du podium, surtout du côté de Vallée-Jonction.

« Mais on n’a jamais eu de chance », me confie-t-il avec une pointe de déception dans la voix. « Je sens que tu as été bad lucké », lui dis-je. « Oui, c’est ça. C’est les courses », répond-il simplement, comme quelqu’un qui a déjà compris que dans ce sport, la patience est une vertu.

Et parlant de patience, c’est justement sa plus grande force selon lui. « Ma plus grande force dans ce sport-là, c’est ma patience qui paye », affirme Junior. Par contre, du côté des faiblesses, il identifie la constance et la concentration à long terme. « Ce n’est pas facile de rester concentré. Avec la chaleur, l’endurance, puis tout ce qui va avec », ajoute-t-il. À 19 ans, il a déjà cette lucidité qui permet aux pilotes de progresser rapidement.

Une passion transmise de père en fils

D’où vient cette passion pour les courses ? L’histoire remonte à son enfance. « Mon père course depuis que je suis au monde », explique Junior. Son père, Éric Lehoux, a couru environ cinq ans en LMS avant de lever le pied à cause des coûts astronomiques. Il s’est ensuite tourné vers les courses de camions dix roues pendant cinq autres années avant de décider d’impliquer son fils.

« Il a décidé d’acheter un pick-up, puis de voir où ça allait aller », raconte Junior. Deux saisons en pick-up, et lors de la deuxième avec une camionnette neuve, le jeune pilote récolte trois podiums et une victoire. Son père n’a pas attendu longtemps : « Il a tout de suite acheté un ‘LMS, puis il a dit qu’on allait arrêter et qu’on allait monter. »

L’histoire prend d’ailleurs un tournant intéressant quand on apprend que la série des camionnettes à Vallée-Jonction a été abandonnée faute de participants. « C’est terminé, il n’y avait pas assez de monde. Quand il y a en bas de 10 chars ce n’est pas suffisant », confirme Junior.

Le projet Pro-Lite et la connexion avec Alex Labbé

La dernière course de l’année a réservé une surprise. Junior et son équipe ont participé à une épreuve en Pro-Lite, une voiture beaucoup plus puissante qu’une LMS (environ 550 forces) avec un châssis « straight rail » et des suspensions différentes. « L’auto, elle reste tout le temps à terre. C’est vraiment plus puissant que l’MS », explique-t-il.

Cependant, ce n’était pas Junior au volant cette fois-là, c’était Alex Labbé. L’histoire devient intéressante. Comment un jeune pilote de 19 ans de Saint-Elzéar se retrouve-t-il avec Alex Labbé comme mentor et partenaire de projet ?

« Mon père, il connaissait Mario Gosselin des États-Unis, et c’est mon père qui a présenté Alex à Mario », révèle Junior. Cette connexion remonte à l’époque où son père avait acheté le LMS d’Alex. « Depuis ce temps-là, ils ne se sont pas lâchés », dit-il. Une belle histoire d’entraide et de transmission de connaissances dans le milieu.

Aujourd’hui, Alex participe régulièrement à la préparation des bolides chez les Lehoux, situés à environ 1h30 de chez lui. « Je l’aide à faire le setup. Rendu à la track, ça m’a amélioré vu que je l’ai fait avec. Je suis capable de lui parler de ce que l’auto fait exactement, puis on fait vraiment une bonne équipe », souligne Junior avec fierté.

Le numéro 21 : Simple comme bonjour

Quand je lui demande d’où vient le choix du numéro 21, pas de grande histoire ici. « C’est carrément ma date de fête », répond-il. Né le 21, il roule avec le 21. Simple et efficace. Contrairement à d’autres pilotes qui ont des histoires complexes derrière leur numéro, Junior garde ça simple.

2026 : Une année sous le signe de l’ambition

En 2025, Junior à des projets et ne chômera pas. Le plan est ambitieux :

  • ACT LMS Québec : Toutes les courses au Québec
  • NASCAR Canada : Quelques présences, car l’équipe a acquis une voiture de la série reine du sport automobile canadien dans le but de participer aux courses de Montmagny et de Vallée-Jonction
  • Pro-Lite aux États-Unis : Le but est simple, rouler le plus possible pour accumuler de l’expérience

« Le truc, c’est de rouler, de rouler, de rouler, de tout le temps rouler. C’est ça qui fait qu’à un moment donné tu deviens bon », résume-t-il avec sagesse.

Un apprentissage accéléré et un simulateur qui aide

Junior n’a pas fait de karting ni de catégories juniors. Son père l’a littéralement assis dans le pick-up à 14 ans et lui a dit : « Tu vas t’asseoir là-dedans, puis tu vas apprendre. » À 15 ans, il faisait ses premières courses officielles.

Pour compenser le manque d’expérience initiale, l’équipe a investi dans un simulateur lors de sa deuxième année de pick-up. « J’ai fait un an complet avec Alltrack. Je me pratique avec Alex et un ami », confie-t-il. « Pas les pires « profs » dans le domaine de la simulation ! »

La vie hors de la piste

Junior a lâché l’école à 14 ans pour aller travailler dans la construction avec son père comme monteur d’acier. « J’ai appris ça sur le tas », dit-il. Un travail qui demande du courage et qui n’est pas pour ceux qui ont le vertige. Il a déjà travaillé sur des projets à environ « 100 pieds dans les airs ».

La routine est bien établie : la semaine, il travaille dans la construction et le soir il prépare la voiture. Les fins de semaine, c’est les courses. « On souhaite beaucoup que la fin de semaine, on ne brise pas pour qu’on ait le moins d’ouvrage possible », dit-il avec un rire.

Une équipe familiale et une philosophie claire

L’équipe Lehoux Motorsport compte environ huit personnes, tous des bénévoles dévoués.

Côté commandites, la philosophie est claire : « Le monde voudrait nous commanditer, nous autres, on veut faire nos affaires », affirme Junior. Son père a une vision nette : « On ne va pas aux courses pour se faire de l’argent. Si on n’est pas capable d’aller aux courses, on n’y va pas. L’important, c’est de ne pas s’endetter. »

C’est grâce à l’entreprise de montage d’acier de son père que l’équipe peut rouler sans pression externe, ni influence de commanditaires qui voudraient dicter les décisions.

Quand je demande à Junior comment se passe la relation avec son père dans le garage, il éclate de rire : « Lui, c’est un gars énormément pas patient. Ça fait que j’essaie de transmettre un peu ma patience sur lui. »

La dynamique est particulière : le fils patient qui tempère le père impatient. « Il faut qu’il apprenne à se gérer un peu. Puis c’est mon *spotteur* en plus », ajoute Junior. Quand je lui dis que ça doit créer un bel équilibre, il confirme : « Quand ça va être le temps de brasser la cage, il y en a un des deux qui va pouvoir le faire, et l’autre, il va comprendre. »

« Ça n’a pas de valeur, ce temps que tu passes avec ton père », lui dis-je. « Tu vas garder ça en souvenir toute ta vie. » Junior comprend parfaitement cette chance qu’il a de vivre cette aventure avec son paternel.

En conclusion

Junior Lehoux représente exactement ce qu’une série comme l’ACT LMS Québec espère voir : un jeune talent local, travaillant, humble, patient et déterminé. Avec une structure familiale solide, l’accompagnement d’un mentor de la trempe d’Alex Labbé, et une éthique de travail irréprochable), Junior a tous les ingrédients pour devenir un pilote compétitif. Que les dieux bénissent les rois de la course !

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