David Hébert l’invincible – Quand David devient Goliath
« Les puissants ne sont pas toujours aussi forts qu’ils paraissent. »
Mais que dire quand David lui-même devient le Goliath à abattre?
Sur la terre battue de l’Autodrome Granby, un nom fait grincer bien des dents cette saison : David Hébert. Le pilote de l’équipe ONE affiche une domination sans équivoque, avec cinq victoires en autant de départs. Imbattable, insaisissable. Un parcours parfait qui suscite à la fois l’admiration… et la grogne, dans les puits comme sur les réseaux sociaux.
On l’aime… ou pas. Mais tous reconnaissent son immense talent.
Hébert, autrefois le David capable de renverser les géants, incarne désormais le Goliath de la classe Modifié au Québec. La cible à atteindre.
Mais dans le sport, l’histoire aime les rebondissements. Et on le sait : même les plus puissants peuvent tituber. La beauté de la course, c’est aussi cette lueur d’espoir qui habite les moins favoris, ces équipes aux moyens modestes qui rêvent de le vaincre.
La question demeure : qui parviendra à faire tomber le géant cette saison?
Pourquoi David est devenu la cible.
Quand on domine autant, on devient inévitablement la cible à abattre.
David Hébert traîne avec lui une réputation bien établie : celle d’un pilote redoutable, soutenu par une équipe parmi les plus structurées et les mieux financées au Québec. Avec un bolide parfaitement réglé, une équipe expérimentée, et un pilote comme Hébert, il n’a pas seulement le devoir de performer – il est condamné à gagner.
Dans une entrevue récente après course, il a lancé, un brin nonchalant, qu’il « était sur le cruise dans sa voiture », jusqu’à ce qu’un adversaire apparaisse à sa porte… C’est alors qu’il a décidé de mettre « plein les gaz ».
Une déclaration qui fait réagir. Arrogance? Confiance? Supériorité assumée?
Pour certains, c’est la preuve que la compétition est inégale. Pour d’autres, un simple constat : David peut gérer la course, alors que les autres se battent pour survivre.
Mais à quel prix?
Une domination qui divise
Vendredi dernier, seulement 19 Modifiés ont pris le départ à Granby. Une tendance à la baisse, inquiétante, alors que le car count oscillait encore récemment autour de 23 ou 24 voitures. Les inscriptions chutent, les frustrations se multiplient… et les rumeurs circulent : la classe s’essouffle, et la domination d’un seul pilote pourrait en décourager plusieurs.
Et pourtant, pour certains compétiteurs, rien n’est plus motivant que de vaincre le meilleur.
Avec l’arrivée du moteur CT525, plus abordable et pensé pour rendre la classe plus accessible, plusieurs équipes à petit budget ont osé y croire. Elles ont investi, elles se sont battues, espérant que l’écart se resserre. Ce moteur devait niveler les forces.
Mais face à un pilote aussi complet que David Hébert… est-ce suffisant?
David devrait-il lever le pied?
Vendredi dernier, le Grand Prix de Trois-Rivières a offert une prime de 500 $ à quiconque parviendrait à mettre fin à la série de victoires du pilote du ONE.
Résultat? Plutôt que de l’ébranler, ce défi a semblé le stimuler davantage : une cinquième victoire de suite.
Alors la question revient, dérangeante mais inévitable :
David Hébert devrait-il lever le pied, au nom du spectacle?
C’est un débat délicat. Car sa domination n’est pas le fruit du hasard : c’est le résultat d’un travail rigoureux, d’un talent pur, et d’une équipe bien huilée. Mais à force de le voir gagner, l’enjeu s’effrite. Certains amateurs – et même des pilotes – aimeraient voir de nouveaux visages sur la plus haute marche du podium.
Et si, par provocation, on se demandait :
L’Autodrome Granby pourrait-il se passer de l’équipe ONE?
Bien sûr que non. David Hébert est une référence. Il attire les foules, il élève le niveau, il donne de la valeur à la victoire. Mais Hébert porte aussi un poids : celui d’user, sans le vouloir, l’intérêt autour d’une classe, créant malgré lui un certain déséquilibre.
Quand la domination refroidit la classe
La domination de David Hébert est-elle en train de refroidir l’ardeur des compétiteurs? De tuer la classe?
C’est une hypothèse de plus en plus évoquée. Car si l’excellence peut élever une discipline, elle peut aussi devenir décourageante. Pour une équipe au budget limité, se battre pour une 8e ou 10e place sans réel espoir de podium peut sembler vain.
À quoi bon continuer quand le sommet paraît inatteignable?
C’est là que réside le danger : quand l’écart devient trop grand, on perd le cœur même de la compétition.
Et les chiffres parlent. La baisse des inscriptions, combinée aux commentaires de frustration sur les réseaux sociaux, laisse planer un doute sérieux.
On ne peut pas l’ignorer.
Force dominante… mais toujours à sa place
Soyons clairs : ce n’est pas la faute de David s’il gagne.
C’est le fruit d’une organisation efficace, d’un budget conséquent, et surtout, d’un pilote en pleine maîtrise de son art.
Granby est son royaume. Il y trace sa ligne, il dicte le rythme, il possède les bons ajustements.
Mais plusieurs compétiteurs ne baissent pas les bras. Ils continuent de travailler, d’ajuster, de rêver à ce jour où le Goliath tombera.
Et ça, c’est tout à leur honneur.
Et si David pilotait un CT525?
Certains se demandent : et si David Hébert pilotait un CT525?
La question revient souvent : se mesurer à armes égales.
Pas pour diminuer sa valeur, mais pour voir ce qu’il ferait avec les mêmes outils que les autres.
Difficile à dire… mais c’est une curiosité bien réelle dans le monde des courses.
Le défi à venir : la STSS à Granby
Le 22 juillet prochain, Granby accueillera la prestigieuse série Short Track Super Series. Un événement d’envergure, avec les meilleurs pilotes nord-américains en Modifié. Et devinez quoi?
David Hébert y sera une fois de plus la référence.
Rappelons que lors de la dernière visite de la STSS en 2024, il avait remporté la grande finale, offrant ainsi une victoire retentissante à l’équipe ONE sur la piste terre battue la plus rapide au Canada.
Le roi de Granby règne toujours, impitoyable et intouchable.
Mais chaque tour de piste, chaque relance, chaque ajustement fait naître une question dans l’air chargé de poussière :
Et si ce soir… c’était enfin le soir où le géant tomberait?