Félix Gratton : La passion de la course comme héritage familial
Dans le monde trépidant du stock-car québécois, certaines étoiles brillent plus intensément que d’autres. À 19 ans seulement, Félix Gratton fait partie de ces jeunes talents qui redéfinissent le paysage de la course automobile au Québec. Il représente la troisième génération d’une lignée de coureurs, perpétuant avec brio une tradition tout en traçant sa propre trajectoire dans un sport exigeant tant techniquement que financièrement.
Un jeune talent forgé par trois générations de pilotes
À seulement 19 ans, Félix s’impose déjà comme l’une des figures montantes du stock-car québécois. Issu d’une lignée de passionnés de course automobile, ce jeune pilote de la série ACT (American-Canadian Tour) suit les traces de son grand-père, champion provincial pendant 15 ans, et de son père, ancien coureur en série LMS.
« Ça part de mon grand-père. Mon grand-père, il a couru pendant 25 ans, 30 ans. Il a été champion au Québec pendant 15 ans. Après ça, ça a été mon père qui a coursé aussi, » confie Félix avec une fierté évidente pour cet héritage familial qui l’a naturellement guidé vers les circuits.
Des débuts discrets mais déterminés
Contrairement à ce qu’on pourrait penser, Félix n’a pas immédiatement suivi les traces de ses aînés. « Je n’allais pas nécessairement aux courses. Je ne sais pas, ça ne m’intéressait pas avant 10 ans à peu près, » admet-il. C’est d’abord par le biais des voitures télécommandées au circuit Saint-Roch qu’il a développé ses premiers réflexes de pilote.
La véritable passion s’est ensuite manifestée grâce à des amitiés nouées dans le milieu. « Je me suis fait des chums au téléguidé, il y avait Zachary Fauteux et Mathieu Goulet. […] Ça m’a emmené aux courses un peu à Saint-Eustache. Leurs parents coursaient là, » se souvient-il.
Une première voiture achetée en cachette
C’est durant l’été 2020, en pleine pandémie de COVID-19, que Félix a franchi le pas décisif vers la compétition automobile. Avec une détermination remarquable pour son jeune âge, il a économisé pour s’offrir sa première voiture de course.
« Ma mère, elle n’était pas d’accord que j’aie un char de course. Fait que moi, je suis allé travailler au golf à côté de chez nous, pis dans mon été, je me suis fait 4000$ […] je l’ai mis sur le char de course que j’ai acheté en cachette avec mon père. Ma mère n’était pas au courant. Le char est arrivé dans le garage et elle l’a vu et elle a fait ‘Oups!’, » raconte-t-il avec humour.
Un double parcours : de la piste au chantier
Au-delà des circuits, Félix mène une vie professionnelle bien remplie. Contrairement à de nombreux jeunes de son âge qui poursuivent des études, il a choisi d’entrer directement dans le marché du travail après son secondaire 5. Depuis près de trois ans, il exerce le métier d’opérateur de machinerie lourde chez Roxborough Excavation, une entreprise qui compte plus de 3 000 employés.
« Je commence à 6h et à 4h30, je finis. On fait des grosses journées, par exemple, mais le vendredi, je finis à 11h, » explique-t-il. Un horaire qui lui permet de concilier vie professionnelle et passion pour la course, particulièrement pour les week-ends de compétition.
Une progression méthodique

Le parcours sportif de Félix témoigne d’une progression réfléchie. Après ses débuts en sport compact à ICAR avec seulement trois courses, il est passé à la catégorie Sportsman qu’il a pratiquée pendant deux ans, avant de se consacrer entièrement à l’ACT, une série plus exigeante tant techniquement que financièrement.
« On va faire nos classes en Surface en premier. Puis, après ça, peut-être qu’on va faire le saut, » indique-t-il lorsqu’on lui demande s’il envisage d’autres catégories comme la terre battue.
Une saison 2025 bien planifiée avec des contraintes
Pour la saison actuelle, Félix a programmé environ 8 courses sur les 12 que compte le calendrier ACT. « À date, on a comme 8 courses de prévues. C’est quand même un bon calendrier, » précise-t-il. Parmi les rendez-vous importants figurent Sainte-Croix, Montmagny (visite de l’ACT USA) et le Bacon Bowl.
Ses objectifs restent mesurés mais ambitieux : « Après ça, on va voir comment on va être dans les points. Si on est dans le Top 5, peut-être qu’on va continuer. » À Montmagny, circuit qui lui a posé quelques difficultés par le passé, il espère « un beau Top 5 » le plus rapidement possible ce qui le mettrait « de bonne humeur ».
Comme beaucoup de pilotes, Félix doit composer avec les contraintes budgétaires. Malgré plusieurs commanditaires (Isolation Maupi, Maerix, P. Dion Excavation, Excavation Maisonneuve et DG Électrique), il reconnaît les limites financières qui conditionnent ses ambitions.
« J’en ai beaucoup [de commanditaires], mais je n’ai pas des commanditaires qui donnent beaucoup d’argent non plus, » explique-t-il, soulignant la difficulté particulière de convaincre des sponsors locaux lorsqu’on court principalement dans une autre région.
Un modèle et des aspirations claires
Félix ne cache pas son admiration pour Patrick Laperle, figure emblématique de l’ACT. « Ce gars-là, il a fait juste ça dans sa vie du ACT. Il est reconnu pour… Tout le monde le connaît pour les ACT. Je ne vois pas d’honte de courir tout le temps dans cette série-là. »
Si la perspective de courir un jour aux États-Unis l’enthousiasme – « C’est dans les projets de sortir une couple de fois US » – Félix garde les pieds sur terre et avance étape par étape.
Derrière chaque course se cache un important travail d’équipe. « Dans la semaine, dans le garage, je te dirais qu’on est quatre gars. […] Aux courses, on est à peu près sept ou huit. On est une bonne gang, » détaille Félix, soulignant l’importance de ces bénévoles passionnés qui contribuent à ses performances.
En conclusion
À seulement 19 ans, Félix incarne parfaitement cette nouvelle génération de pilotes qui fait souffler un vent de fraîcheur sur le sport automobile québécois.
« J’essaie en tout cas, » répond-il modestement quand on souligne qu’il fait partie de la relève de la course au Québec. Une relève d’autant plus précieuse que, comme il le note lui-même, « des jeunes dans le bas de 20 ans qui s’intéressent aux courses, ils en ont de moins en moins. »
Par son parcours atypique, conjuguant carrière professionnelle et ambitions sportives, Félix démontre qu’avec passion et persévérance, il est possible de vivre ses rêves, une inspiration pour toute une génération qui, comme lui, rêve de vitesse et d’adrénaline.

Avant de terminer Félix tenait à remercier les membres de sa précieuse équipe sans lesquels il serait impossible pour lui de vivre sa passion : Pierre Gratton, Michel Patry, Martin Colin, Martino Pastore, Luc Renaud et Zac Colin.
Que les dieux bénissent les rois de la course !