Je sais que plusieurs d’entre vous ont suivi les activités de Raphaël Lessard et d’Alex Labbé la semaine dernière lors de la présentation du « World Series of Asphalt Stock Car Racing » à New Smyrna, en Floride. J’ai donc saisi la balle au bond et j’ai contacté Jeff Côté. Ce dernier était responsable, avec son équipe, de préparer le bolide de Lessard en vue de l’événement. Lorsque j’ai discuté avec Jeff, il venait tout juste de revenir de son périple en sol américain.
L’expérience devait être une occasion en or, une opportunité de se mesurer aux meilleurs et de voir jusqu’où la machine pouvait être poussée. Mais, comme souvent en sport automobile, le scénario ne suit pas toujours le plan. Ce voyage en Floride s’est transformé en un véritable test d’endurance, entre mécanique capricieuse et imprévus à répétition.
Un départ sous de bons auspices
L’équipe était fin prête. Après des semaines de travail acharné, chaque détail du véhicule avait été peaufiné, chaque pièce vérifiée. La remorque chargée, direction le sud avec un objectif clair : accumuler de l’expérience et revenir plus forts. Mais la route est longue et le défi a été bien plus grand qu’anticipé.
Le trajet en lui-même n’est pas de tout repos. Conduire des heures durant avec une remorque pleine, gérer les arrêts techniques, anticiper les besoins en carburant et en matériel, tout cela demande une coordination parfaite. Arrivés en Floride après plusieurs jours de route, la fatigue était déjà présente, mais l’adrénaline prenait le dessus.
Dès l’arrivée, les premiers ennuis apparaissent. « On savait qu’on n’avait pas la meilleure voiture du plateau, mais on ne s’attendait pas à être autant en retard sur les autres », confie mon interlocuteur. Très vite, le verdict tombe : la voiture manque cruellement de puissance.
Une bataille mécanique sans relâche
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Les vérifications s’enchaînent et le constat est sans appel : il manque près de 40 chevaux au moteur. Impossible d’être compétitif dans ces conditions. La seule solution ? Trouver un nouveau moteur. Une mission express de trois heures pour aller chercher un « Robbie White » flambant neuf à Sarasota s’organise, tandis qu’en piste, l’équipe démonte à la hâte l’ancien bloc pour être prête à l’installation dès l’arrivée du nouveau.
L’installation du nouveau moteur s’effectue dans des délais records. Mais un problème en cache souvent un autre. Une fois le moteur en place, une nouvelle complication apparaît : le châssis n’est tout simplement pas assez rigide pour encaisser les contraintes de la piste. « On n’avait pas vu venir ce coup-là », avoue Côté, fatigué mais lucide. Le frame se tord sous l’effort, rendant tout ajustement vain.
Mais les problèmes ne s’arrêtent pas là. Des vibrations inhabituelles apparaissent en sortie de virage, suggérant un problème potentiel au niveau de la suspension. Malgré des tentatives de réglages en urgence, rien ne semble vouloir stabiliser la voiture. « À un moment, on avait l’impression qu’on courait contre le temps autant que contre les autres équipes ».
Les jours suivants sont marqués par de nombreuses discussions avec d’autres équipes, des analyses techniques approfondies et une remise en question générale. Pourquoi ces problèmes n’ont-ils pas été détectés plus tôt ? Quelles modifications auraient pu éviter cet échec ? Ce sont ces questions qui reviennent sans cesse.
Une leçon qui vaut cher
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Malgré la déception, l’équipe refuse de repartir les mains vides. « On a tout donné. On a travaillé comme jamais en un temps record », témoigne Côté. Si les résultats n’ont pas suivi, l’expérience acquise n’a pas de prix. Chaque échec est une opportunité d’apprendre, et celui-ci ne fait pas exception.
Le retour se fait avec une feuille de route bien remplie. « On sait exactement ce qu’il faut changer, où on a perdu du temps et surtout, ce qu’on ne refera plus. » Car en sport automobile, l’amélioration est un processus constant, un perfectionnement sans fin.
Cap sur l’avenir
Pour « Côté Racing Enterprises », le repos sera de courte durée puisque la nouvelle saison approche. Pas de temps à perdre. L’équipe doit penser aux prochaines semaines puisque série « ACT Québec » va débuter ses activités en mai prochain.
D’ici là, ils doivent remettre la voiture ACT arborant le numéro 51 en état, tester les nouvelles configurations et s’assurer que chaque pièce est à la hauteur des ambitions. Le prochain calendrier est chargé, mais la motivation est intacte. Cette mésaventure en Floride n’était qu’un chapitre de plus dans une histoire bien plus grande.
Conclusion
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Ce voyage en Floride n’a peut-être pas apporté la victoire tant espérée, mais il a permis à l’équipe de grandir et d’acquérir des connaissances précieuses. Chaque revers est une opportunité, et cette expérience servira de tremplin pour l’avenir. Loin d’être une défaite, cette aventure marque le début d’une nouvelle approche, plus réfléchie et plus efficace.
Les prochaines courses seront un test ultime pour voir si les leçons ont été bien retenues. Mais une chose est sûre : la détermination et la passion qui animent l’équipe restent intactes. Ce n’est pas la fin d’une histoire, mais le début d’un nouveau chapitre, plus ambitieux que jamais.
Que les dieux bénissent les rois de la course !