Je viendrais à bout de mes ressources de vous raconter que des histoires reliées aux pilotes. Certes qu’ils sont l’attraction principale d’une soirée de course, mais il y a tellement plus de gens d’impliqués, et ce, à tous les niveaux. Je ne pourrais pas vous dresser une liste complète de ces personnes-là, mais la famille proche, les copines des pilotes, le mécano en chef, la personne en charge des réseaux sociaux, le spécialiste des pneus ne sont qu’une infime partie des gens qui peuvent faire la différence. Elles s’assurent que leur pilote préféré soit dans de bonnes dispositions pour la course et que leur sport soit bien visible sur les médias sociaux. Le pilote ne peut avoir sa concentration à cent pour cent s’il doit s’occuper de plusieurs choses en même temps. Cela dit, avoir de l’aide d’un peu partout, va indiscutablement lui permettre de garder cette étincelle bien allumée dans les yeux et ce, pour longtemps, sans oublier l’implication de nombreux commanditaires pour toutes les équipes de course leur permettant de «vivre» de leur passion. Mettez tout ça ensemble et vous avez un sport en excellente santé.
Le pilote veut à tout prix courser quoiqu’il se passe, au détriment de sa santé physique et mentale et peut-être même de ses relations interpersonnelles. On voit sur les différents médias sociaux que ce dernier manifeste souvent son mécontentement ou sa déception quand une décision ne lui plaît pas ou encore qu’une soirée soit carrément annulée. À travers mes textes, j’ai compris que plusieurs personnes, peu importe leur implication, ont un rôle primordial à jouer dans leur équipe de course respective. Je présume que d’être entouré de bonnes personnes est un plus pour connaître une excellente saison. Maude Mercier baigne dans les courses depuis plusieurs années. Elle est la copine du pilote modifié 1M, Mathieu Desjardins. De par son métier, son attirance envers la course automobile s’est faite naturellement. Encore une fois, une belle conversation sur le monde de la course et sur la responsabilité qu’elle a dans le succès de Mathieu.
Depuis le tout début, je comprends que vous décrochez très rarement des courses. L’horaire d’un pilote de course est, à toute fin pratique, réservé uniquement au garage et à la préparation de la voiture pour la fin de semaine qui s’en vient. Très peu de place est laissée aux activités quotidiennes de la vie de tous les jours. Il faut être une fan finie des courses sur terre battue pour ne jamais rien lâcher. Qui plus est, son occupation professionnelle lui permet d’être encore plus impliquée dans la préparation de la voiture: «Ahahhaha oui assez! Très très rare que je manque. Mais ça tombe bien, j’aide sur les voitures aussi de par mon métier. Je suis quand même pas si mal. Je suis professionnelle en gestion de maintenance et Technicienne en Génie Mécanique. En gros, je gère les installations de Sorel d’une division de groupe Océan à Sorel et toute la flotte d’équipements de travaux maritimes».
Je vais toujours me considérer chanceuse d’avoir pu développer un goût pour la course automobile grâce à mon père. Un goût qui s’est éparpillé avec le temps, mais qui est vite revenu par la suite. Je voulais donc savoir comment elle a développé cette attirance envers la course sur terre battue qui est très vite devenue sa sortie du samedi. Comme elle me le mentionnait, c’est vraiment à la rencontre de Mathieu que le tout s’est solidifié: «J’y étais allée un peu avant. J’allais voir Keven Berthiaume qui coursait aussi et qui partageait le garage avec Mathieu. C’est dans ce contexte-là que j’ai rencontré Mathieu. J’aimais beaucoup y aller comme spectatrice, mais c’est vraiment avec Mathieu que j’ai appris et que j’ai eu la piqûre pour les courses et faire partie de l’équipe comme les autres». Je ne sais pas si on peut jouer avec le destin et tenter de le contourner, mais force est d’admettre, qu’à l’occasion, le chemin est déjà tracé d’avance. On aura beau se battre pour changer tout ça, mais c’est peine perdue. C’est comme si la vie nous le remet en pleine face chaque fois qu’elle en a l’occasion. On ne pourra pas s’en sortir. À notre grand bonheur, bien sûr!
Selon ses dires, la saison hivernale est très longue parce que le plaisir est d’autant plus grand quand les amitiés se retrouvent l’été suivant. C’est pour vous dire que les gens de course finissent par décrocher, mais pas vraiment. C’est ancré en nous. C’est une des choses qui expliquent l’attirance de Maude vers la course automobile, mais il y a encore beaucoup plus: «J’adore la compétition et, étant Technicienne en Génie Mécanique de formation, c’est sûr que j’ai eu un penchant pour les courses automobiles. Je trippe à voir comment les équipes préparent leurs voitures, le challenge lors des courses, comment on s’ajuste selon le déroulement de la soirée. Assurément qu’avec Mathieu, qui travaille autant fort pour avoir une voiture performante et pour qui tous les petits détails sont importants, j’adore faire partie de l’équipe». Je ne sais pas si je le réalisais étant donné mon très jeune âge, mais je trouvais mon père hyper courageux de courir à chaque soir de fin de semaine. C’était mon idole à moi! Dans la journée, je courrais partout et je prenais des photos des bolides. D’aussi loin que je me souvienne, j’ai même embarqué dans la voiture de Léo Poirier et Jean-Paul Cabana.
L’aspect familial va toujours demeurer extrêmement présent. Les tous petits continuent de courir partout et participent bien souvent à aider leur papa dans les puits. La plus grosse différence comparativement aux années 90, à mon avis, est que ces derniers sont animés un peu plus par l’aspect compétitif du sport. Tout est à un autre niveau que jamais je n’aurais imaginé. «Après la victoire de Mathieu à Charlotte ou après son accident à Malta l’an passé, il y a des gens de partout qui lui ont écrit pour le féliciter ou prendre des nouvelles. C’est spécial quand même! On voit pas ça souvent quand même» me racontait Maude sur l’énorme vague de soutien et des vœux de prompt rétablissement faits à l’endroit de Mathieu suite à sa victoire historique et à son terrible accident. Je constate de plus en plus que c’est un milieu où les liens sont tissés très serrés.
Je discerne qu’une équipe de course aujourd’hui est beaucoup plus structurée qu’à l’époque. Les gens qui font partie intégrante de l’équipe ont beaucoup plus de connaissances et plusieurs d’entre eux ont une formation académique, ce qui ne peut qu’aider un pilote de course à avoir la meilleure voiture du plateau. Le cas de Maude ne fait pas exception et son rôle est beaucoup plus important que si elle avait été une simple fan qui suit son pilote préféré pendant les week-ends: «Est-ce que mon métier m’aide? Oui c’est sûr! Mais c’est vraiment parce que j’aime ça. Je donne un coup de main comme je peux au garage et surtout aux courses. Changer des shocks, m’occuper des pneus. Je m’assure aussi où on est dans le programme, qu’on soit à l’heure, que tout le monde ait à manger et je fais du social. (ahahha) Rien de gros, mais je m’implique comme je peux. Je fais ce que Mathieu a besoin pour lui donner. On n’a pas une grosse équipe, donc je mets la main à la pâte». Je ne vois pas autre chose que des bénéfices que d’avoir une personne hautement qualifiée dans son entourage.
Il y a un paquet de raisons qui font que j’adore les courses. Le petit côté imprévisible est attirant parce qu’on ne peut jamais prévoir et prédire ce qui va se passer sur la piste. C’est un sport dangereux où les pilotes risquent leur vie à chaque tour de piste. Le risque élevé combiné au fait qu’elle est très impliquée dans le succès de Mathieu ne l’effraie pas outre mesure quand ce dernier embarque sur la piste: «Non, j’ai confiance aux équipements de sécurité. En même temps, il aime ce qu’il fait. C’est l’important ! Et tu peux aussi marcher dans la rue et te faire frapper. Je ne pense pas qu’il faut s’arrêter à ça! Le seul moment où j’angoisse, c’est quand je ne suis pas sur place. Ça, j’aime pas ça». Elle me rassurait du fait que d’être constamment à ses côtés et le fait d’angoisser n’affecte aucunement leur relation dans la vie de tous les jours. Mathieu sait qu’elle aime ça et qu’elle le supporte dans cette aventure. Ça va de soi que les deux marchent main dans la main pour que ça fonctionne et qu’ils soient sur la même page.
Ce n’est pas un secret de polichinelle pour personne que les courses prennent beaucoup de place dans l’horaire de tous et chacun. La planification d’une fin de semaine de course ne doit pas laisser énormément d’espace pour d’autres activités sociales. Malgré le fait qu’elle est une mordue des courses, c’est le petit côté négatif qu’elle aime moins parce que tout est dirigé vers les courses: «Je te dirais que c’est sûr qu’on manque beaucoup d’autres événements ou d’activités. L’été, comme on va aux courses, on adore les restos, les voyages, Mathieu trippe sur la pêche, mais on s’en prive beaucoup car nos horaires sont en fonction des courses. Mais c’est un choix qu’on fait et c’est correct comme ça». Je n’ai pas croisé Maude très souvent, mais de ce que j’ai pu constater, elle est toujours en train de faire quelque chose pour que tout soit au beau fixe avant que les hostilités commencent. Un «trailer» de course où il ne se passe pas grand-chose n’est certainement pas une bonne nouvelle.
D’avoir une routine avec un ordre spécifique doit augmenter les chances de ne rien oublier. Que ce soit dans la préparation ou pendant une soirée. Au départ, elle m’avait dit qu’il y en avait pas vraiment, mais finalement, il y en a peut-être une qui occupe le couple dans la préparation d’une fin de semaine de course: «Pas vraiment! On prépare les choses, pacte le traileur et on part. (rire) Mais avec Mathieu, je pense qu’on se complète bien. Math est plus concentré dans ses affaires: ses set up, est gêné. Et moi, je suis un peu plus sociale, gérer ce qui se passe autour, jaser avec les gens et tout. Mais tsé, avant chaque fois que Mathieu embarque, je suis proche, je check toujours qu’il ne manque rien. Je gère les petites urgences s’il y a tout simplement. Un petit poing avant qu’il parte». Le poing semble être le plus important de toute la routine parce que Mathieu l’a rappelé à Maude qu’il ne fallait pas oublier le «poing». (rire) Elle m’a également mentionné que des pneus et des shocks étaient prêts advenant que Mathieu doit faire un «pit stop» d’urgence. Une vraie membre d’équipe!
Les courses sont un mode de vie. Je comprends que de sacrifier des voyages de pêche au détriment des courses peut faire mal au cœur, mais les courses accaparent tout le temps disponible. «Je manque rarement! Si je manque, c’est vraiment parce que j’ai un engagement important et j’aime pas ça. Je passe mon temps à regarder my racepass et à essayer d’avoir des nouvelles. Nos vacances sont en fonction des courses. (rire) J’en ai une de cédulée pour la SDS à Drummond en juillet et une pour Charlotte de prévue au cas où. Aucune chance que je manque ça». Ce n’est pas la première fois que j’entends dire que de ne pas être présent sur les lieux des courses augmente le degré de stress. Comment voulez-vous décrocher après ça? C’est presque mission impossible.
On n’avait pas vu Mathieu depuis un bon moment sur la piste avant qu’il soit présent en début d’année. C’était dans ses plans de faire la Super DirtCar series au complet. Avec la victoire historique du côté de Charlotte, tous les espoirs étaient permis pour qu’il connaisse du succès. Malheureusement, un grave accident sur le tracé de Malta Albany Saratoga en juin 2023 aura eu raison de son ambition de faire toutes les courses de la série. Il a tenté de revenir à la compétition, mais la douleur était trop intense pour continuer.
Le verdict est tombé quelque temps après: traumatisme crânien et entorse cervicale. Elle me disait ne pas avoir vraiment peur quand il embarque sur la piste. On ne se le cachera pas que la peur doit être doublement présente quand on sait par quoi il a dû passer pour revenir en piste en pleine santé:
«C’est sûr que je suis plus vigilante aux signes. On a eu des mois un peu plus difficiles, veut veut pas, suite à son accident et les conséquences de ça. Il a traîné ça des semaines avant de finalement consulter et les conséquences auraient pu être dramatiques au final. Mais j’ai pour mon dire que tu ne peux pas vivre dans la peur non plus tout le temps. Il a pris le temps de récupérer. Il a écouté son corps et il a recommencé parce qu’il se sentait prêt. Je ne peux pas rien demander de plus. L’empêcher? Qu’il soit malheureux? Et si ce n’est pas les courses, ça va être autre chose tu sais. Peu importe, il y aura toujours des risques, mais on est prudent et on s’assure que tout est fait de façon la plus sécuritaire possible».
Les accidents font partie du sport, mais on ne veut au grand jamais vivre ça de près et voir que son amoureux aurait pu y rester. Elle n’était pas présente ce soir-là. Heureusement, un ami était sur place pour la tenir informée et rassurée sur l’état de la situation: «Et je n’étais pas là. Ça été ça le pire. Là, j’ai vraiment eu peur après l’avoir vu sortir de son auto, avoir de la misère à se tenir debout. J’ai eu un appel d’un ami, Alain, qui était là-bas avec lui et qui me tenait au courant de ce qui se passait».
Beaucoup de gens gravitent autour des courses et sacrifient beaucoup de choses pour être avec leur pilote préféré. On ne connaît pas leurs histoires. Ce sont des personnes qui sont encore plus dans l’ombre. Pourtant, leur rôle est primordial et on a intérêt à les découvrir. En discutant avec Maude, j’ai découvert une belle surprise. Une femme beaucoup plus impliquée que je l’aurais cru et qui a à cœur le succès et la réussite de Mathieu. Son métier l’aide assurément à développer une expertise que personne d’autre possède et que plusieurs aimeraient avoir. Malgré la mauvaise passe, en raison de l’accident de Mathieu l’an dernier, le couple semble plus fort que jamais. Mathieu est revenu sur les pistes du Québec en pleine santé.
Au grand plaisir de Maude!