Jessica Bessette: une femme inspirée et inspirante.

Crédit photo : Jessica Bessette

Les histoires que je vous raconte sont originales et divertissantes. Je tente de les écrire d’une façon pour sortir des sentiers battus. Je me laisse guider à travers votre vécu par rapport à la course automobile et j’en découvre chaque fois que je vous parle. La saison qui s’en vient promet d’être haute en rebondissements parce qu’il y a eu beaucoup de mouvements pendant l’entre saison. La course au titre pour le championnat Sportsman est plus ouverte que jamais. Qui prendra la pole ? Plusieurs pilotes ont décidé de faire le saut de la catégorie Slingshot vers les Sportsmans. De quoi venir mêler les cartes à savoir qui va réussir à se démarquer et connaître une saison respectable. Chez les modifiés, c’est une classe qui offre son lot d’actions à chaque soirée de course. Il faut avoir de l’expérience pour réussir à remonter le peloton et se retrouver à l’avant. Du moins, il faut être fin stratège et être patient pour devenir l’homme à battre. Avec plusieurs fins de semaine de course à l’horaire et des sorties chez nos voisins du sud pour certaines équipes, ça va être un été palpitant à suivre.

         Il y a de ça trois ans passés, une nouvelle classe faisait son apparition à l’autodrome Drummond: les Outlaws Kart. Une occasion supplémentaire s’est offerte, non seulement aux mordus de course, mais aussi à ceux et celles qui désiraient commencer l’aventure en tant que pilote. Même pour moi qui a vécu avec un père qui carburait aux sensations fortes avec la terre battue et l’asphalte et qui n’a jamais touché un volant de sa vie, ça pourrait s’avérer être une solution plus qu’intéressante pour valider ou non mon intérêt envers le statut de pilote automobile. Enfin bref, après avoir discuté rapidement avec Hélène Gravel, le bras droit du fondateur des deux classes, junior et senior, Raphael Neiderer, les catégories ont connu un «boom» incroyable en ayant doublé ses inscriptions dès la deuxième année d’activités. Plusieurs nouveaux visages se pointent déjà le bout du nez pour la saison à venir. Le futur est plus que prometteur pour la série. Du moins, elle semble être en très bonne santé. 

         Un des nouveaux visages que l’on va voir en cours de saison est Jessica Bessette. Elle pilotera en Outlaws Kart senior avec le bolide 29J et entamera sa toute première saison derrière le volant. J’ai donc décidé de m’entretenir avec la pilote de Drummondville afin de mettre le point sur ses motivations de sauter à pieds joints dans l’aventure de la course automobile et ainsi vous dresser un portrait d’une femme inspirée et inspirante. La passion des courses habite Jessica depuis belle lurette. Comme ses deux cousins sont également pilotes, il n’en fallait pas plus pour faire remonter à la surface le désir de faire partie intégrante du monde des courses:

«En fait, quand j’étais jeune, mon oncle Gilles Bessette coursait en modifié et mon père était son crew chief. Tous les week-ends aux courses, Granby, Drummondville etc. J’ai été quelques années seulement spectatrice et je trouvais chaque pilote brave et courageux à chaque tour de piste. En 2022, je me suis rapprochée beaucoup de mes deux cousins Julien Bessette et Charles-Antoine Bessette. J’étais un peu comme un membre de l’équipe en plus d’avoir débuté comme photographe amateur pour les courses. Je connaissais déjà certains pilotes et j’en ai connu d’autres avec les photos. J’avais demandé en 2022 à Yan Bussière si je pouvais aller prendre des photos au centre à l’Autodrome Drummond et c’est là que j’ai commencé à en faire plus et tripper».

Le fait d’avoir tissé des liens familiaux encore plus forts avec ses cousins avec, en plus, un fils qui adore les courses, c’était l’occasion parfaite pour consolider ces liens-là et ainsi vivre l’aventure de pilote automobile: «Ce qui m’a fait sauter le pas, c’est Charles-Antoine et mon fils Nathaniel. Depuis 2 ans, je commanditais Charles-Antoine et à toutes les fins de saison, il faisait les essais de son ModLite pour les commanditaires et la famille et je l’ai fait deux fois. J’ai vraiment tripper ma vie». Par la même occasion, elle a fait la connaissance des deux fondateurs de la série Outlaws Kart, Raphael Neiderer et Hélène Gravel. En analysant et en poursuivant la discussion avec Jessica, j’ai clairement décelé chez elle une envie et un désir très fort de concilier la famille et les courses. Elle s’est procurée son premier Outlaws Kart senior et la voilà derrière un volant au lieu d’un appareil photo.

        

Elle a l’occasion, depuis quelques années, de profiter du fait que Charles-Antoine fait des essais, notamment au RPM Speedway, avec son Modlite. Est-ce qu’elle avait besoin de se convaincre qu’elle voulait et pouvait être assise dans une voiture de course ? Un genre de prochaine étape ? Chose certaine, le fait que beaucoup de femmes s’immiscent dans un monde qui était majoritairement masculin quelques années passées, est une source de motivation additionnelle pour franchir la barrière:

«Non pas du tout! C’est l’inspiration, de plus en plus de femmes m’ont inspiré. Je n’avais juste jamais eu le courage de faire le pas. Je n’étais pas aussi éduquée sur l’envers du décor. Et mon fils aimait tellement aider aux courses. L’an dernier, j’ai voulu lui offrir la possibilité d’avoir une auto avec sa maman et de voir qu’on peut tout faire si on veut avec de la détermination et une tête de cochon (rire)». Jessica me disait que la peur de ne pas réussir était l’élément numéro un qui la faisait hésiter, qui la freinait, dans son processus d’avoir sa propre voiture de course et de la piloter.

         Par la force des choses, il devient évident que les femmes deviennent de plus en plus des modèles à suivre pour celles qui veulent devenir pilotes de course parce qu’elles sont de plus en plus nombreuses dans le milieu. Elles sont soudainement des références parce qu’elles réussissent là où peu de monde les voyaient réussir. Le cas de la pilote du bolide 29J ne fait pas exception à la règle:

«Tu vois, l’an dernier, mon amie Maxime Dupuis D12 en Modlite a été mon inspiration. Tout ce qu’elle a fait pour avancer, course après course, était inspirant. Sa détermination, sa volonté d’apprendre, surmonter ses mauvaises soirées de course etc. Également, Hélène Gravel et moi sommes devenues amies l’an dernier et elle est inspirante par ce qu’elle dégage et ses encouragements et ses podiums».

On est bien souvent les pires critiques envers soi-même. On se met des bâtons dans les roues, alors que l’on ne devrait pas s’imposer autant de limites. Pour reprendre ses propres mots, pourquoi moi je ne pourrais pas après tout ? Ma seule barrière, c’est moi. Elle ne manque clairement pas d’ambition à l’approche de la nouvelle saison. Je ne mettrais pas ma main au feu, mais je suis persuadé que les accomplissements de sa meilleure amie sur la piste lui ont donné ce petit coup de pouce qui lui manquait pour vaincre la peur qui l’habitait et qui l’empêchait d’avancer.

         Je ne comprendrai jamais pourquoi les gens ne souhaitent pas de succès à quelqu’un. Même si la personne ne connaît pas un succès instantané quand elle débute, on peut tout de même s’incliner devant sa résilience à vouloir réussir dans un univers majoritairement masculin. Je ne dis pas que les commentaires déplacés faits à son endroit ne l’ont pas affectée, mais disons qu’elle en a fait fi pour se concentrer uniquement sur le positif:

«Oui j’en ai eu et j’en ai su, mais j’en ai tellement d’autres qui, au contraire, m’ont tellement encouragée et accueillie surtout dans ma catégorie, mais je dirais dans toutes les classes généralement. Passer par les Outlaws Kart pour débuter, il n’y a pas meilleure école pour apprendre tes lignes, les bases et, surtout, ils ont l’esprit de famille que je recherche. Je suis fière de débuter avec eux et j’ai la chance d’avoir ma famille qui me soutient et c’est tout ce qui compte. L’important c’est de le faire pour les bonnes raisons et avoir du fun».

Elle a l’occasion d’avoir la pleine confiance et le soutien de sa famille, Julien et Charlo entre-autres, dans le nouveau projet qu’elle va entamer en mai prochain. Je partage son opinion à l’idée que les mauvais commentaires et le sexisme vont toujours être présents et qu’il va falloir «dealer» avec. C’est tout en son honneur de vouloir avancer malgré l’adversité. Je crois, non seulement qu’elle va grandir en tant que personne à travers cette épreuve mais, qu’à son tour, va devenir un modèle à suivre pour ceux et celles qui vont vouloir emprunter le même chemin qu’elle.                  

           J’ai effleuré le sujet au tout début, mais Jessica a fait des essais en Modlite du côté du RPM Speedway. Je trouvais important de savoir si elle avait eu un bon feeling derrière le volant.

«Oui! L’adrénaline! Je viens du monde de la moto sport. Donc, là c’est en auto!! C’est impressionnant et trippant comme feeling. C’est certain que je n’ai pas mis le gaz au fond, car le véhicule n’était pas à moi et que c’était seulement 10 tours. À la fin, on est toujours plus à l’aise, mais je l’ai fait et je suis fière de moi». Avec l’obstination et la persévérance qu’elle a, je ne suis pas du tout inquiet qu’elle ne donnera pas sa place sur la piste.

         Comme ça va être son baptême en course automobile comme pilote de course, je m’interrogeais à savoir quels seront ses plus gros défis pour l’été qui s’en vient. Il y aura assurément beaucoup de pain sur la planche pour la pilote du bolide 29J et toute son équipe, mais faudra, entre autre chose, apprivoiser sa nouvelle voiture: «La première fois que je vais embarquer avec d’autres autos avec moi, je dois  rester concentrée et rester fixée sur mon objectif. Connaître mon auto aussi. Faire ma place quoi!». Elle ne manque pas de cran de sauter à pieds joints dans l’aventure et comme vous avez pu le constater, elle ne s’en laissera pas imposer. «Terminer ma course à chaque soirée et j’aimerais faire au moins 1 podium» sont les principaux objectifs que Jessica veut atteindre pour sa toute première saison. De commencer sa carrière en course automobile en Outlaws Kart senior est une belle occasion pour Jessica d’accumuler les tours de piste et d’acquérir de l’expérience. Je croyais qu’elle allait débuter avec une voiture Modlite, étant donné qu’elle en a déjà fait l’essai, mais comme elle me l’a rappelé, il faut commencer par le commencement: «On commence par le début; apprendre à gérer et entretenir son auto, s’équiper. Apprendre ses lignes, m’habituer à la piste et les règles etc.».   

         Je le demande presque à chaque conversation que l’on a ensemble parce que je trouve intéressant de savoir les manières de tous et chacun. Comme elle s’apprête à vivre le moment pour la toute première fois, à quoi va penser notre pilote quand elle fermera les yeux avant d’embarquer sur la piste pour sa course?: «Regarde en avant, concentre-toi, t’es capable et amuse-toi». J’adore ce très court moment que les pilotes gardent pour eux-mêmes. Je considère ça comme un privilège de pouvoir y assister à chaque week-end de course. 

Mon but, quand je prends contact avec vous pour une collaboration, est d’en apprendre un peu plus sur vous et de savoir de quoi votre quotidien est construit. Je veux connaître vos histoires et profiter de la tribune que j’ai pour la raconter. Je me laisse transporter par la vague et je constate les différents chemins que vous prenez pour arriver à vos fins et c’est ça que je trouve qui fait un beau portrait. J’espère vous avoir fait découvrir Jessica Bessette, la pilote de course. J’ai découvert une femme qui n’a définitivement pas froid aux yeux et pour qui la famille est au centre de toutes ses décisions. Dans la vie de tous les jours, j’ai eu tendance à manquer légèrement de confiance en moi. Ça m’a sûrement empêcher d’accomplir bien des choses dans ma vie et d’aller au bout de mes rêves les plus fous. Ce qui est tout le contraire pour Jessica. Elle fonce et advienne que pourra! Je suis persuadé que peu importe la saison qu’elle va connaître, elle va avoir le sentiment du devoir accompli.

Tu as toute mon admiration! Bonne saison !

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