Ne vous inquiétez pas, je n’ai pas le budget et les fonds nécessaires pour me déplacer dans la belle région de Maranello en Italie pour aller rendre hommage à un des dieux de la course. N’empêche que le film de Michael Mann « Ferrari » d’un peu plus de deux heures est un excellent divertissement qui nous ramène dans une période tumultueuse de la Scuderia Ferrari.

Une autre petite précision, je ne suis pas spécialiste de cinéma (Je vous nommerais bien quelques noms de critique de cinéma québécois. Il y a des chances, vu mon âge vénérable, que vous ne les connaissiez même pas) alors ne vous attendez à une critique exhaustive ou encore de pouce en l’air de ma part. Cependant, je crois être en mesure d’émettre mon opinion sur le film et sur l’époque dans laquelle se retrouve l’histoire.

L’âge d’or de Ferrari ?

Possiblement que le Tifosi qui sommeille en vous pourrait m’identifier quel serait le moment spécifique de l’histoire de Ferrari qu’on pourrait qualifier « d’âge d’or ». Encore là, l’histoire de la firme italienne est tellement riche en rebondissements et en faits marquants que si on posait la question à plusieurs personnes, on aurait autant de réponses différentes que de répondants.

L’intrigue du film se déroule en 1957 alors que l’entreprise d’Enzo Ferrari traverse une période difficile. Avant d’être entrepreneur, Enzo avait été pilote de course (pour ceux qui ne le savaient pas déjà). Le cinéphile assiste aux déboires de l’écurie pendant la préparation en vue de la participation au « Mille Miglia », une course de 1610 kilomètres à travers des villes et des routes de campagne de l’Italie. Une épreuve, un peu folle, qui n’existe plus aujourd’hui.

Comme tout bon film qui se respecte, il y a un petit volet « amoureux » qui met en vedette la maîtresse et la femme de Ferrari (joué admirablement par une Penélope Cruz en pleine possession de son rôle). On ne peut que constater la tristesse que traverse le couple Ferrari suite à la perte de leur fils Aldredino(Dino) décédé en 1956 à l’âge de 24 ans d’une maladie génétique. A l’époque,  l’enjeu d’avoir une descendance était majeur pour assurer la continuité de la lignée mais aussi de l’entreprise. Je n’en dis pas plus là-dessus, car loin de moi l’idée de devenir un « Divulgacheur » même si j’adore le faire.

La sécurité ? Quelle sécurité ?

Il y a une expression qui dit qu’à l’occasion les choses n’évoluent pas nécessairement dans le bon sens. Dans ce cas-ci, c’est faux. Si on retourne en arrière et que l’on regarde froidement la sécurité au niveau du sport automobile, on constate rapidement qu’à une certaine époque, les pilotes de course prenaient des risques élevés. Je dirais même plus, que dans certains contextes, ils allaient carrément à l’abattoir.

La protection était vraiment de base, un casque en cuir style aviateur seconde guerre mondiale avec des lunettes de protection du même gabarit. Pour ce qui est de l’habillement, certains portaient un manteau de cuir tandis que d’autres conduisaient leur monture en gilet à manches courtes.

Ajouter à cela le fait qu’aucun combattant (sans faire de jeux de mots poches) ne portait de ceinture de sécurité. Donc, à la moindre collision, ce dernier était carrément éjecté du véhicule. On en a d’ailleurs deux très beaux exemples dans le film. Dans plusieurs cas, une simple erreur de pilotage ou encore un bris mécanique pouvait s’avérer fatal.

Même faire le plein de carburant lors d’un arrêt pour ravitaillement frôlait le suicide.

Pas mieux pour les spectateurs

Les lacunes au niveau de la sécurité n’étaient pas exclusives aux pilotes. Durant cette époque, il n’y avait pas de protections très élaborées entre la piste et les spectateurs. Quand il y avait des balles de foin ou des clôtures métalliques vraiment rudimentaires, c’était déjà beaucoup. Certains amateurs un peu téméraires, insouciants ou courageux mettaient leurs vies en danger juste en assistant aux courses.

D’ailleurs (sans vous dévoiler le punch), il survient un accident dans le cadre du « Mille Miglia » à glacer le sang. Je me pose quand même la question à quel point la scène est réaliste ? Est-ce trop exagéré ? Est-ce près de la réalité ou bien en deçà ?

De toutes les beautés

Les voitures de course italiennes et autres présentes dans le film sont tout simplement sublimes. Et que dire du son des moteurs qui est incroyablement tonitruant (j’ai réussi à placer le mot suite à un défi d’un de mes amis). A cette époque, les équipes étaient bien loin de tout ce qui fait aujourd’hui coté technologie. Il y avait un petit côté artisanal qui est pratiquement disparu de nos jours. Les garages ressemblaient à des granges (un peu genre comme dans « Days of thunder ») et les machinistes étaient rois et maîtres quant à la conception des bagnoles et des pièces. Est-ce qu’il y avait un sentiment d’appartenance élevé à cette époque? Je ne serais dire. Selon moi, je peux me tromper, les gens étaient moins à l’argent dans ce temps-là. Il faut dire que les valeurs de la classe moyenne étaient très différentes de maintenant. Encore plus dans un contexte d’après-guerre où les gens avaient mangé leur pain noir et se contentaient de peu pour être heureux. Ils avaient connu la misère et savaient apprécier le peu qu’ils avaient.

« Ferrari » vs « Ford vs Ferrari »

Si vous avez aimé « Ford vs Ferrari », ce n’est pas certain que vous allez aimer « Ferrari ». Dans mon cas, j’ai bien aimé les deux films malgré le côté moins spectaculaire de « Ferrari ». Déjà en 1957, ça se jasait quant à un éventuel achat de Ferrari par Ford et pourtant la période couverte est à 10 ans d’écart entre les deux films. Je dirais que « Ford vs Ferrari » parle plus de l’exploit de Ford qui a remporté les 24 heures du Mans avec la légendaire GT-40 au travers de l’histoire des deux vedettes principales, tandis que Ferrari raconte une partie spécifique de la vie de son fondateur Enzo et de sa femme Claudette (ben non, il fallait bien que je place une petite blague, la femme d’Enzo se prénommait Laura tandis que sa maîtresse s’appelait Lina Lardi).

En conclusion  

Si vous aimez les films style « Jason Statham » qui font exploser la margoulette à tous ceux qui osent croiser son chemin, le film « Ferrari » n’est malheureusement pas pour vous (bande de violents). Par contre, si vous aimez des films qui racontent une histoire, qui parlent d’un personnage en particulier dans un contexte bien précis, ça s’adresse plus à vous ! Cependant, ça ne veut pas dire que parce que vous aimez les films de Statham que vous ne pouvez pas aller visionner le long métrage vedette de ce texte. Je veux dire, on peut très bien être violent et aimer quand même les films à tendance nostalgique.

L’aspect historique à savoir comment se vivait le monde des courses dans les années 50, surtout en Europe, est vraiment intéressant à découvrir. Avant la F1 d’aujourd’hui et les différentes disciplines modernes que nous connaissons en sport auto, il y a eu des passionnés comme Enzo Ferrari qui ont forgé le sport. C’est important là (François Legault sort de ce corps) de ne pas l’oublier.

J’ai lu dernièrement que le tournage d’un film sur la vie de Gilles Villeneuve allait débuter le mois prochain. Espérons que le budget sera au rendez-vous, mais surtout qu’on place en vedette la relation particulière qu’entretenait Enzo Ferrari et Gilles Villeneuve. Deux légendes vivantes qui se sont brièvement côtoyées au grand plaisir des Tifosi.

Que les dieux bénissent les rois de la course !

PS : Je n’ai pas encore vu le dernier « Transformer » pis à vrai dire je m’en [insérer ici un blasphème de votre choix compatible avec la phrase] un peu !