Au p’tit tour
En définitive, la cohabitation entre la belle température pour permettre la présentation d’un programme de courses et l’autodrome Drummond n’est pas compatible du tout. Visiblement, ce n’était que passager, samedi dernier, d’avoir eu une belle soirée de courses. Comme disait ma grand-mère: qu’est-ce que l’on a fait au bon Dieu pour mériter ça. J’ose espérer, et on va se croiser les doigts pour que ça soit le cas, qu’il fasse beau soleil parce que les deux plus gros shows de l’année s’en viennent avec la venue de la Short Track Super Series les 31 juillet et 1er août prochain. Je crois que je vais regarder dans mon répertoire téléphonique pour contacter le grand patron pour le supplier de nous laisser deux semaines de beau temps consécutives pour qu’on ait la chance de les voir courser. Ce petit temps d’arrêt me donne l’opportunité, non seulement d’avancer dans mon tri de photos, mais également de préparer mon prochain texte et de contacter les personnes avec qui je veux discuter. D’ailleurs, je tiens à remercier tous ceux et celles qui ont pris de leur temps pour partager et lire tous mes textes jusqu’à présent. Vous ne savez pas ce que ça représente pour moi que de voir mon travail, s’il en est un, être apprécié à ce point-là. Je ne prends rien pour acquis et je suis extrêmement reconnaissant que tout le monde prenne ce temps- là pour moi et lise mes textes. Comme j’ai toujours eu de la difficulté à l’école et dans les activités sportives en général, c’est encore plus glorifiant que quelque chose de la sorte m’arrive.
Après avoir fait un texte sur la famille Gougeon avec le père et le fils, j’ai décidé d’en faire un sur la famille Plante avec le frère et la sœur. Josianne et Maxime Plante sont dans le monde des courses depuis plusieurs années. Toute la famille, incluant la sœur aînée, a commencé l’aventure en 2005 sur asphalte avec le karting. Ça semble être un chemin, sans dire tracé d’avance et obligatoire, mais une voie que les pilotes de course se doivent de suivre pour ensuite graduer dans d’autres circuits de course, que ce soit sur asphalte ou sur terre battue. Le cas de Josianne ne fait pas exception: «J’ai fait du kart de 2005 à 2012. Mais en 2011, Max et moi, on a monté en Revstar (str). Cette catégorie faisait asphalte et terre battue en alternance dans la saison. Nous avons fait du STR de 2011 à 2014». Suite à sa dernière saison en STR en 2014, elle a gradué en Sportsman pour y faire deux saisons complètes. Elle a monté ensuite chez les Modifiés où elle évolue depuis 2017.
J’ai évidemment jasé avec son frère, le pilote du Modifié #79, Maxime Plante. Comme toute la famille était dans le bain des courses, ce n’était qu’une question de temps avant qu’il emprunte la même voie. J’ai dû ré-écouter ses messages vocaux en messagerie privée à quelques reprises pour être certain d’avoir pris en notes, bien comme il faut, toute la nomenclature de ses réalisations au fil des années. Laissez-moi vous dire que c’est un méchant beau palmarès. Il a fait, comme le reste de la famille, ses débuts en karting en 2005 où il a fait quelques courses. L’année suivante, en 2016, il a gradué en catégorie Cadet où il a remporté le championnat du Québec. L’histoire se répète en 2017 où il est à nouveau sacré champion du Québec. Par la suite, il fait le saut dans la catégorie supérieure, Rotax mini max où il termine troisième en championnat canadien. Un fait d’arme assez important que personne ne va pouvoir lui enlever est qu’il a coursé contre des pilotes reconnus mondialement aujourd’hui, comme le pilote de F1 chez Aston Martin, Lance Stroll. Il a également fait une saison en Rotax Junior avant de faire le saut en terre battue. En 2011, la famille fait l’acquisition de trois STR. À sa première saison en 2012, Maxime termine en troisième position. De 2013 à 2015, il remporte le championnat canadien qui regroupait des pistes du Québec et de l’Ontario. Entre-temps, en 2014, il est sacré champion au niveau national américain.
D’autres réalisations au cours de sa carrière qui ne démentent pas de son talent derrière le volant d’une voiture de course. En 2014, lors de son championnat, il a mis la main sur le trophée «Driver’s of the Year» qui récompense le meilleur pilote aux États-Unis. Après vérifications, il est le seul québécois de l’histoire, en STR, à l’avoir obtenu. Pour terminer avec la classe STR, toujours âgé de 14 ans, il est devenu le plus jeune pilote à remporter une course sur le grand circuit à l’autodrome Granby. Il fait le saut en Modifié en 2015. En 2016, âgé de 18ans, il établit une nouvelle marque en devenant, encore une fois, le plus jeune à remporter une épreuve en classe Modifié. Il a devancé, pas n’importe quels noms, Paul St-Sauveur et François Bernier. David Hébert est arrivé en quatrième position. Je continue! Il a été élu recrue de l’année en Modifié au RPM ainsi qu’à l’autodrome Drummond. Il a été devancé que par Michaël Parent pour le titre du côté de Granby. De ce que j’ai compris en l’écoutant me donner ses différentes statistiques, il n’en manquait vraiment pas gros pour qu’il complète le balayage dans la classe maîtresse de la terre battue. D’avoir accompli tous ces exploits à un si jeune âge, c’est plus qu’admirable.
À l’époque de mon père, je ne crois pas qu’il y avait cette espèce d’échelle où tu dois mettre un pied devant l’autre sur les travers pour pouvoir monter de classe. Dans mes souvenirs les plus proches, j’ai toujours vu mon père dans la classe LMS ou Sportsman. C’est peut-être une des raisons pourquoi c’était un peu «kamikaze» par moment. Pendant les quelques années où il a coursé sur la terre battue, c’était une voiture de type semi-pro open dans les catégories d’aujourd’hui. Enfin, le monde du stock-car a bien évolué depuis le temps où mon père coursait.
À titre indicatif et instructif, je me suis questionné à savoir comment les pilotes montent de catégorie. Est-ce qu’il faut faire un certain nombre de courses ou en remporter un certain nombre ? Comme Maxime me l’expliquait, c’est ton bon jugement et tes talents qui font que la décision est facile à prendre: «Quand tu veux graduer dans le monde de la course automobile, c’est vraiment aux niveaux de tes compétence et de tes talents. Par rapport à toi-même. À 17 ans, j’ai monté en Modifié par rapport aux preuves que j’avais faites. J’ai remporté trois championnats canadiens, un américain. Ça faisait un beau bagage par la suite». La seule course faite en Sportsman en 2014-2015 a été suffisante pour que lui et son équipe fasse le saut directement en Modifié: «J’avais fini septième. J’étais parti dernier et j’avais remonté tout le monde pis j’avais fini 7. Il n’y avait même pas eu de drapeau jaune. On s’est dit que j’étais vraiment plus apte à monter tout de suite en classe Modifié. Il y a même du monde en Modifié, les vieux de la vieille, qui disaient que je n’avais pas ma place là parce que j’étais trop jeune. Je pense qu’à ma 2e course à Drummond, j’avais fini 3e. C’était un deux fois 40 tours. J’avais fini sur le podium avec Chris Raabe et Yan Bussière». Tu as toute mon admiration pour avoir persévérer et tracer ton propre chemin.
À chaque fois que je me déplace aux courses, je finis par toujours voir les mêmes visages. Autant qu’eux peuvent avoir un commentaire à mon endroit, autant que moi je l’ai envers eux. C’est-à-dire qu’il faut vraiment être un passionné pour faire toutes ces heures de route à chaque week-end pour aller prendre des photos et d’aller virer en rond pendant 50 tours un samedi soir. Je ne vois pas d’autre chose que cette petite étincelle qui nous allume quand on part de chez soi pour nous garder bien éveillé et continuer de faire ce que l’on aime. Pour Josianne, le fait de pouvoir faire ça avec les siens, ça représente beaucoup: «L’adrénaline que la course peut apporter, la vitesse, l’esprit de compétition! Ce sont tous des facteurs, et j’en passe, qui font que j’aime les courses. Et aussi le fait que l’on fasse cela en famille». Comme son frère Maxime course dans la même catégorie, je me demandais s’il existait une certaine rivalité entre les deux: «On a toujours eu une petite compétition frère/sœur au même type que quand on était kid. Mais on a un énorme respect un envers l’autre. Et on s’entraide beaucoup. Donc non, il n’y a pas vraiment de rivalité un envers l’autre». Dans le cas de Maxime, tout est une question de respect: «Il n’y a vraiment pas de rivalité. Beaucoup de gens essaient d’en créer, vu qu’on est frère et sœur. Mais non, sur la piste on se respecte toujours». Pour ce qui est de Maxime, simplement le fait de continuer d’y croire lui permet d’avoir toujours le feu sacré pour les courses: «La passion, l’adrénaline, la vitesse et le cercle des vainqueurs. Même si ces temps-ci sont plus difficiles, je continue à y croire et c’est ce qui garde la flamme allumée».
Un des plus gros événements, sinon le plus gros événement de course automobile au Québec, aura lieu dans quelques semaines du côté de Trois-Rivières les 4, 5 et 6 août prochain. Le Défi Urbain Chevrolet fait partie du programme depuis maintenant trois ans. C’est un spectacle unique en son genre parce que l’on n’était aucunement habitué de voir ce type de bolide rouler sur l’asphalte. «The Gentleman» a réussi à ramener son Modifié #79 sur la troisième marche du podium en 2022 lors de la 2e édition derrière Mac-Antoine Camirand et Sébastien Gougeon. Comme il me le mentionnait, il ne fait aucun doute que l’événement du Grand-Prix est le moment le plus important de la saison: «Ça représente gros. Pour moi, c’est l’événement le plus important de ma saison et on se prépare 2 semaines d’avance pour tout débâtir l’auto et la refaire pour le Grand-Prix. Évidemment, on espère la victoire, mais un podium serait parfait aussi». Pour «The Lady», lors des deux premières éditions, elle a réussi a frappé aux portes du top 10 en terminant en 12e place en 2021 et en 11e position l’année dernière. Elle est dans la grosse préparation en vue de l’événement et pour elle, c’est simplement retourner à ses racines parce que l’aventure du stock-car a commencé sur l’asphalte: «Un retour aux sources de retourner sur l’asphalte en circuit routier vu que nous avons commencé là-dessus». Je vous souhaite à tous les deux bons succès et pourquoi pas un podium pour les deux Plante.
Comme je vous l’ai déjà dit, mon père, avec sa très petite équipe, passait des heures inimaginables dans son garage pour préparer la voiture pour la prochaine fin de semaine, en plus de compliquer la tâche avec trois places visitées en trois jours. Il fallait bien souvent se présenter quelques heures d’avance pour mettre le bon «set up» sur l’auto. Le temps d’attente pour tout le reste de la famille paraissait interminable, mais on essayait de s’occuper comme on pouvait. Enfin bref, Maxime me décrivait son emploi du temps à l’approche du grand jour. En plus du sien et celui de sa sœur, l’équipe a la voiture de Yannick Ledoux à préparer. Cela veut dire des heures pas possibles à peaufiner les réglages des trois voitures pour être prêts le plus possible pour le jour de la course. De 9h à 16h les week-ends et de 17h à 21h les soirs de semaine. Et ce, à chaque jour. Il ne reste plus grand-place pour prendre une bonne bière froide.
Cela dit, j’ai encore essayé…loll pour tenter de savoir qu’est-ce qu’ils font pour s’occuper en dehors des courses. Je comprends, qu’avec un gros événement comme le GP3R qui approche, toutes les équipes s’y préparent pour que l’auto que le pilote va conduire soit au top. Ce qui laisse très peu de place pour d’autres activités pour se dégourdir les jambes. Mais j’aurai essayé! Le garage est devenu comme la deuxième maison pour à peu près tout le monde. Du côté de Maxime, il y a seulement durant l’hiver qu’il peut décompresser: «Ça dépend! L’été je suis toujours dans le garage pareil. L’hiver je joue au hockey». Pour Josianne, avec un emploi du temps très serré durant la semaine et le long trajet qu’elle doit faire pour se rendre au garage, impossible pour elle d’aller aider l’équipe. Cela dit, il reste la fin de semaine où elle apporte son coup de main. Elle n’a pas de place pour faire des ballades en nature: «En dehors des courses, honnêtement je n’ai pas le temps pour des balades en nature. (rire) Le travail, le retour de ma fille, le soir après la garderie, routine souper, douche et dodo. Et ce, à tous les jours de la semaine. C’est mon frère et mon père qui font la préparation des voitures la semaine. Je reste à 1h30 de route sans compter le trafic de Montréal. Donc, je ne descends pas la semaine. Je les aide la fin de semaine par contre. Et on ne décroche jamais des courses à la maison. Étant donné que mon conjoint, Dave Coursol, fait lui aussi de la course en LMS et en Pinty’s sur l’asphalte, on parle toujours de course! Mais ça ne me dérange pas du tout».
Maxime et Josianne ont coursé à un très jeune âge parmi les meilleurs de la profession. En étant toute jeune et une femme dans un monde essentiellement masculin, ils ont dû faire face à certains défis au cours de leur carrière respective. Les deux pilotes ont dû tracer leur propre chemin dans le but de réussir. Pour la pilote Modifié #97, elle a dû faire sa place et prouver qu’elle méritait d’être sur la même ligne de départ que les hommes: «J’ai dû faire ma place et démontrer que je pouvais compétitionner avec les hommes, mais j’ai toujours été habituée comme cela parce qu’en karting c’était pareil. Très peu de femmes ! Donc, aujourd’hui cela ne m’intimide plus et c’est rendu naturel pour moi de courser avec les gars». Dans le parcours et le cheminement du pilote Modifié #79, le fait d’avoir été le seul pilote en bas de 18 ans a été, sans aucun doute, le plus gros défi auquel il a fait face en course sur terre battue: «Le plus grand défi a été de performer en étant le plus jeune. En STR, j’avais 14 ans quand j’ai commencé. J’étais le seul en bas de 18 ans. Quand je coursais aux États-Unis, on devait faire des demandes de dérogation à l’état pour que je puisse courser, sinon on prenait le «guess» en arrivant au circuit en révélant pas mon âge. Et, par la suite, j’essayais de performer au max pour finir dans le cercle des vainqueurs pour prouver que c’est pas l’âge qui fait le talent». Il m’a envoyé une photo pour me montrer que le tout était véridique. Évidemment, pas comme vous tous, je ne connais pas tous les pilotes, les meilleurs dans chacune des classes, mais force est d’admettre que Maxime n’a juste pas «voler» tout ce qu’il lui est arrivé depuis le début de son aventure en terre battue. À Path Valley, en Pennsylvannie, en classe STR, il a remporté l’épreuve devant Rick Ecker (champion Woo Late Model) et Dale Plank (champion mod 358). Le tout se passait en 2011. Je dois m’incliner devant votre détermination à tous les deux à toujours vouloir pousser encore plus pour garder votre place. Je suis ébahi à chaque fois que je vous vois rouler sur la piste.
Autre petit volet instructif, comme me l’expliquait Maxime, une lettre de dérogation était une lettre qu’il devait rédiger envers l’État où il coursait pour mentionner qu’il se portait garant des risques qui pouvaient arriver parce que les circuits exigeaient 16 ans et plus pour pouvoir courser. Seul l’État du New Jersey lui a toujours refusé. Ce qui lui a, fort probablement, coûté de très précieux points aux classements pour le championnat.
Comme je le dis souvent, je suis juste content d’être bien présent à chaque samedi de courses pour aller prendre des photos. Je profite de chaque moment comme si c’était le dernier. De par un confrère photographe, il y a de ça quelques années, j’avais su que mon style de photo ne plaisait pas à certains. Honnêtement, je crois que ça ne m’a pas dérangé plus que ça. Du moins, ça ne me dérange plus du tout. J’ai continué et je continue de prendre les meilleurs clichés possibles tout en restant moi-même. Je crois que c’est ce qui fait que j’aime toujours autant ça que le premier jour où j’ai commencé de prendre des photos.