Jérémie Goyette ne luttera pas pour le championnat

Crédit photo : Daniel Mailhot

Le pilote Jérémie Goyette déclare forfait au titre de champion Sport Compact 2023.

Je suis fier de mon 2e championnat qui a été remporté à la régulière sans qu’un règlement vienne décider l’issue d’un championnat, indique Jérémie.

Jérémie fait allusion à son premier championnat de 2021 qu’il a remporté de facto à la suite d’une disqualification d’un concurrent qui était premier au classement lors du dernier programme de course comptant pour le championnat. Son dernier championnat vient mettre un terme à tout ce qui a été véhiculé. 

Fort de deux titres consécutifs de championnat (2021, 2022) à l’autodrome Granby, Jérémie a indiqué presque du bout des lèvres qu’il ne défendra pas son titre. Il laisse ainsi la porte ouverte pour un nouveau champion 2023. 

Mais quelles sont les véritables raisons d’une telle décision? Curieux de nature, je n’ai pas eu à creuser bien longtemps, car Jérémie a bien voulu répondre aux questions du fouineur.

Ma situation familiale a quelque peu changé. Je suis père d’un enfant de 1 ½ an et d’un autre attendu sous peu, j’ai donc dû revoir ma situation. Ma décision de ne pas courir pour le championnat a été mûrie en tenant compte de la conciliation famille/course.    

Habituellement, Jérémie ne fait pas les choses à moitié, force d’admettre qu’il n’a pas juste les qualités d’un pilote, mais également les qualités humaines d’être père de famille et il faut en tenir compte dans l’équation.

Je vais prendre part à quelques courses durant la saison, mais je ne veux plus de stress. Je ne veux plus passer autant de temps dans le garage à réparer les voitures afin d’être sur la coche chaque soir. Je veux avant tout m’amuser et avoir du plaisir.

Jérémie est propriétaire de deux voitures Sport Compact. Une de ses voitures 67 est conduite par Mathieu Rivard qui, à sa première saison, a remporté le titre de recrue, en terminant 4e au classement. Avant de prendre part à des courses sur terre battue, Mathieu coursait sur les circuits routiers goudronnés.

Honnêtement, Mathieu est un ami de longue date et est tombé dans une bonne équipe. Il a une faculté d’adaptation et une capacité à prendre rapidement de bonnes décisions. Son expérience et son sens de compréhension nous permet d’échanger nos idées et évoluer ensemble dans le bon sens.

Par ailleurs, l’entreprise familiale Goyette s’implique en commandite dans une série Sport Compact. Le Challenge Ponts Élévateurs RGD compte trois finales de 25 tours qui auront lieu les 26 mai, 24 juin et le 18 août prochain. 

Fait à noter, la saison dernière, Jérémie s’est procuré un Sportsman avec lequel il a coursé 4 à 5 reprises. Je me suis demandé si on n’assistait pas à un début d’un nouveau chapitre important dans sa carrière.

Oui, je vais faire quelques courses ici et là dans le but de trouver les repères, les bons ajustements et être en mesure de mieux comprendre le comportement de la voiture afin d’en tirer profit.

Bien au fait qu’une période d’ajustement sera à prévoir afin retrouver le synchronisme qui va lui permettre de progresser dans la pyramide des courses.

Lors de mon entrevue, je me suis permis de lui demander comment se porte la classe Sport Compact au Québec.

En fait, la plus grande barrière par rapport aux courses sont les coûts élevés qui y sont liés. Notre classe est rendue trop dispendieuse. Ça prend un moteur très compétitif, un kit de balance, des coils ajustables, des pneus neufs presqu’à tous les programmes. On est loin d’être où la classe était il y a 5 ou 10 ans.

J’ai décroché un peu, on met trop d’argent et de temps dans cette classe. Il y a également le manque d’uniformité en termes de règlement entre les pistes. C’est pour cela que je vais en Sportsman, on peut courser partout au Canada et aux États-Unis.

Afin d’éviter de répéter les raisons alléguées, je lui ai plutôt demandé quel a été son meilleur moment aux courses ?

C’est à Cornwall le 22 juin 2019, lors d’une finale Mini-Stock, à la mémoire du pilote Dany Lefebvre, que j’ai vécu mon meilleur moment.

Je prends part à la qualification et je me retrouve bon premier à quelques mètres de recevoir le drapeau à damier. Je ne coursais pas pour les points de Cornwall et je ne voulais pas nuire aux pilotes qui se battaient pour le championnat. J’ai donc levé le pied pour permettre à Alexis Charbonneau de traverser la ligne d’arrivée avant moi.

Retour aux puits, l’impact de mon geste de générosité s’est vite transformé par un mécontentement de la part d’Alexis. Il était en furie contre moi, prétextant que les courses, ce n’est pas ça. Tu courses dans le but de gagner et ce que tu as fait pour me laisser gagner, je n’apprécie pas.

Alexis était comme ça, ce jour-là, il m’a fait comprendre bien des choses.

De retour sur la piste pour la finale, Alexis et moi nous nous sommes battus respectueusement jusqu’à la toute fin que j’ai remportée par une longueur de voiture devant lui. Je crois que l’impact des propos d’Alexis a eu une influence sur moi ce soir-là.

Il y aurait tellement à dire sur Alexis, il était mon chum, j’ai été ébranlé à la suite de son décès. Il laisse un trou immense. Alexis faisait partie d’une famille de coureurs, le père Christian et son grand-père Cyrille Charbonneau avec qui j’ai travaillé et partagé des moments inoubliables avec eux. Des passionnés qui trouvent toujours le moyen d’être performants malgré un petit budget.

Je souhaite à l’équipe 67 de connaître du plaisir en 2023 !

Chroniqueur / Photographe
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