Une belle surprise, même pour un non-initié

Lorsque le Grand Prix de Trois-Rivières a annoncé qu’il  invitait les voitures de catégorie Sportsman DIRT à se joindre au programme de l’édition 2021 de l’événement, plusieurs personnes ont froncé les sourcils. J’étais de ceux-là. Ne connaissant presque rien du monde des courses sur terre battue, je ne comprenais pas comment des véhicules, conçus pour de petits ovales sur terre, pouvaient être adaptés pour un circuit routier asphalté. Et, je ne m’attendais pas, non plus, à ce que les pilotes soient enthousiastes à tenter le coup.

Mais après avoir découvert ces véhicules et leurs artisans dans les paddocks du GP3R, j’ai été surpris par le sérieux que les équipes mettaient pour que cette expérience soit une réussite. Et surtout surpris par le spectacle offert sur la piste. Et je pense que la grande majorité des amateurs qui avaient des doutes, comme moi, ont aussi été conquis par les Sportsman DIRT.

La vitesse est impressionnante, malgré le changement de moteur requis par le présentateur principal de la série (Chevrolet), et le travail constant de la suspension dans les virages (même ceux à droite!)c’ est beau à voir. Les véhicules sont gros et sur le circuit urbain de Trois-Rivières, la marge de manœuvre n’est pas grande. Pourtant, jusqu’à la course principale, les pilotes ont été très disciplinés, ont évité les incidents et n’ont pas trop visité les célèbres murs de béton du Grand Prix (ça c’est un peu gâté en course, il fallait bien s’y attendre!).

Avant le weekend, il avait été décidé qu’un seul ensemble de pneus pourrait être utilisé pour toutes les sessions de la fin de la semaine. Selon ce que je comprends, cette décision a été prise puisque des pneus à gomme très dure et très résistante ont été trouvés dans un entrepôt, quelque part en Ontario, ces pneus étant maintenant discontinués. La quantité disponible ne permettait pas d’en fournir plusieurs ensembles par voiture. Certains pilotes ont décidé de conserver leurs pneus pour la course du samedi soir alors que d’autres ont fait le pari qu’ils seraient assez résistants pour pouvoir pousser à fond à chaque session. Au final, les pneus ne semblent pas avoir été un facteur.

L’autre notion qui causait des inquiétudes concernait le freinage. Avec quelques longues lignes droites et des virages serrés, dans un véhicule à une seule vitesse, sans compression possible pour le freinage, l’inquiétude était fondée. Les organisateurs ont ajouté une chicane dans la ligne droite du Carmel, pour réduire la vitesse, afin d’éviter un carnage à ce point de freinage, le plus important du circuit. Encore une fois, il semble que cette inquiétude ait pu être exagérée et les pilotes ont bien travaillé de ce côté pour s’assurer que leur monture pouvait voir la fin de l’épreuve.

Évidemment, le GP3R a aussi ses pilotes «chouchou» et il était tout naturel que certains de ces pilotes soient invités à piloter ces bolides pour la fin de semaine. Ranger et Camirand ont pris part à la fête, entre autres, de même que Raphaël Lessard, qui pilote déjà le bolide #24 depuis le début de la saison pour le clan Bernier. Le combat entre les pilotes d’asphalte et les pilotes de terre battue s’est avéré une des belles histoires de la fin de semaine. Dans les premières séances, les pilotes habitués à l’asphalte et au circuit urbain ont réussi à bien faire. Mais au fur et à mesure que les pilotes de terre battue apprivoisaient le bitume, la distinction est devenue plus difficile à faire. Et bien que Camirand ait pu prendre la pole position pour la course principale, ce sont, finalement, les pilotes de terre battue qui ont assuré le spectacle après son accident dans le premier tour. Andrew Ranger a tout de même occupé le troisième échelon du podium, pour venir «sauver la face» des pilotes de circuit routier.

Au final, les voitures Sportsman DIRT ont créé une excellente première impression au GP3R et il faut remercier la pandémie pour nous avoir permis de découvrir cette série. Les non-initiés, comme moi, ont été conquis et je me déplacerai fort probablement pour voir ces bolides dans leur milieu naturel, sur un ovale de terre battue. Reviendront-ils l’année prochaine? On le souhaite. Ils devront cependant trouver des pneus spéciaux pour cette épreuve et le GP3R devra trouver un espace dans leur programme toujours très chargé, après le retour des séries habituelles qui ont été délaissées cette année en raison de la situation sanitaire.

Chroniqueur / Photographe
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