Un été sans GP3R

Sérieusement, c’est plaisant de regarder des courses à la télé mais, ce n’est rien à comparer à être sur place. Pour plusieurs amateurs de courses du Québec, le Grand Prix de Trois-Rivières est une occasion en or de se rapprocher de leurs idoles et d’être au cœur de l’action.

La COVID-19 est malheureusement venue contrer les plans des dirigeants de l’évènement trifluvien qui n’ont eu d’autre choix que d’annuler la présentation des deux fins de semaine de courses prévues pour 2020  laissant ainsi plusieurs amateurs et de nombreux bénévoles orphelins de grand prix cette année.  Je suis convaincu que Dominic Fugère et ses collègues travaillent déjà très fort pour le retour en force du GP3R en 2021.  Restons quand même positifs. Le mois d’août 2021 est loin mais qui sait ce qui peut se passer d’ici là !

Un grand-prix dans ma cour

Nul ne peut contredire qu’avant d’être la capitale de la poésie, la ville de Trois-Rivières était la capitale du Grand Prix. J’ai grandi dans Saint-Philippe, quartier voisin de la paroisse St-Marguerite, tout juste en bas du coteau avoisinant le circuit Trifluvien. Pour y accéder, il y avait deux options : soit on traversait la 755 par le pont «Lejeune» qui l’enjambait ou encore on passait par la fameuse «Côte à deux fesses», cette dernière étant  située tout juste devant l’épicerie «Dominion» maintenant devenue un «IGA».  Je me rappelle de ma grand-mère Richard qui disait «Bon, faut que j’aille faire mon Dominion». Ma mère, elle, allait faire son «Steinberg» et d’autres faisaient…leur possible. N’empêche que les deux trajets nous menaient au pied de la porte «Pacifique-Duplessis» construite en 1938 en l’honneur du frère Franciscain considéré comme étant le premier enseignant de la Nouvelle-France.  

Tout en étant la porte d’entrée du site de l’exposition, cette fameuse porte a été et est toujours la marque de commerce du Grand Prix de Trois-Rivières. Pendant la Seconde Guerre mondiale, le site fut fermé à la  population pour devenir un camp militaire où ont été hébergés des prisonniers de guerre allemands. Selon la croyance populaire, ce seraient les prisonniers de guerre qui auraient construit la fameuse piscine. Ce qui est faux puisque celle-ci fut construite en même temps que le stade de baseball, l’hippodrome, la vacherie, l’ancien Colisée et la bâtisse industrielle. L’ensemble de ces bâtiments existe encore aujourd’hui. Ils ont été construits dans le cadre d’un programme gouvernemental permettant de relancer l’économie suite au krach boursier de 1929 (eh oui, la PCU n’existait pas dans ce temps-là).

Durant une bonne partie de son histoire, le Grand Prix a été présenté la fin de la semaine de la Fête du Travail. Avec l’exposition agricole et la classique de canot, c’était le plus important évènement de la région. Je me rappelle, du haut de mes 7 ans, entendre le vendredi matin les premiers vrombissements des moteurs des bolides de courses. Sans le savoir, il se déroulait tout juste à quelques kilomètres de chez moi des moments importants de l’histoire de la course automobile au Québec. Il y a de ces instants, quand tu es un ti-cul, qui marquent ta vie à tout jamais pour différentes raisons. Pour moi, le Grand Prix en fait partie, et ce pour toujours. Si la course est une passion pour moi, c’est en grande partie à cause des visites que je rendais au Grand Prix, année après année, avec mon père et mes chums de jeunesse. De beaux souvenirs avec mes amis Stéphane, Alain, Steven, Frédo, Guy et Yvan.

Je me souviens entre autres, au début des années 90 quand je travaillais au Steinberg au centre commercial «Les Rivières» (ouf,  ça ma rajeunit pas), on voyait souvent des membres des équipes venir faire une épicerie pour la fin de semaine. Je m’étais mis à discuter, sans le savoir, avec un chef d’équipe de la série «GM Players» qui commanditait, entre autres, le pilote canadien Scott Goodyear. Le commanditaire était «Mackenzie», une société d’investissement. Pour en revenir au chef d’équipe, ce dernier me demanda si j’allais assister au Grand Prix. En répondant oui, j’ai reçu une invitation pour aller à sa rencontre au Grand Prix.  J’y suis allé avec un des mes chums de l’époque, nous avons pu visiter les installations et regarder des extraits de course de Scott Goodyear en Formule Indy. Nous en sommes repartis avec quelques cadeaux, dont une calotte que je possède encore aujourd’hui.

Pendant plusieurs années, j’avais mon «spot» pour regarder les courses, tellement qu’on finissait par connaître les gens qui étaient autour de nous. Tous des vrais passionnés. Il y a bien sûr eu de petites déceptions au fil des ans qui ont fait que je me suis absenté quelques années. Il faut dire que la vie change et les responsabilités qui viennent avec, aussi. Au grand total, excluant 1986 à 1988, je dois avoir manqué seulement 5 ou 6 Grand-Prix depuis 1975. Chaque année, je m’achetais (aussi pour mes parents) l’album souvenir où l’on pouvait inscrire à l’aide d’un tableau le déroulement d’une course. Je dois avouer que ce n’était pas facile à faire. Il fallait être un passionné pour s’y mettre.  J’ai conservé chacun des albums. Entre autres, on peut y voir des publicités du «Le Culottier», une entreprise de Bastiscan (qui n’existe plus) qui fabriquait des jeans.

Je me rappelle aussi les quelques années où la porte Duplessis fut abandonnée au détriment de l’hippodrome. Pour accéder aux estrades du complexe équestre, il fallait emprunter une passerelle qui était située entre le boulevard des Forges et la courbe numéro deux menant a l’intérieur de la piste de chevaux. Les piétons qui marchaient sur la traverse pouvaient se retrouver avec des voitures au-dessus et sous eux. C’était assez impressionnant quand deux Formules Atlantique se croisaient en même temps. Avec mon ami Stéphane, on s’installait devant l’hippodrome pour voir passer les autos «à full pine».

Lors des deux dernières éditions, j’ai eu la chance en tant que membre des médias, de couvrir l’évènement, un privilège que jamais je n’aurais cru possible lorsque j’étais haut comme trois pommes et que je tournais en rond dans ma cour de la rue St-Roch en me prenant pour Bill Brack ! Pourquoi Bill Brack? Je n’en ai aucune espèce d’idée. Mais, dans la tête d’un enfant, ça sonnait gros ! Bill, toujours vivant, est maintenant âgé de 84 ans.

Pendant ce temps au conseil de ville …

Il faut que j’arrête de vous raconter des souvenirs, car j’en aurais pour plusieurs pages. Vous finiriez sûrement par décrocher avant la fin. Déjà que j’en ai trop dit (il faut que je me relise pour être certain que mes phrases tiennent la route et je pense à mon collègue Éric qui doit se farcir toutes mes fautes)

Je pense à certains individus désagréables siégeant au conseil municipal de la ville au fond de leur sous-sol à l’abri de la chaleur et des changements climatiques (j’imagine quand on se dit «vert» qu’une des premières choses dont on se prive pour sauver la planète est un système de climatisation. Alors, le meilleur endroit où aller se cacher dans ce cas là est bien entendu son sous-sol. En tous cas, moi c’est ce que je fais). Donc ces personnes salivent à l’idée que leur ville sera plus propre cette année à cause de l’absence du Grand Prix. Ceux-ci, ayant d’une certaine façon un emploi assuré en ces temps de crise, ont peut-être une certaine tendance à se balancer des impacts économiques de l’absence des deux fins de semaine de courses. Après tout, il leur reste la poésie qui, elle, est source de joie et de verdure.  Mais, ne vous en déplaise, j’ai le sentiment que le GP3R sera de retour en force en 2021 pour le grand plaisir de la populace.

Pour vous rassurer, chère membre du conseil, au fil des ans, le sport  motorisé deviendra de plus en plus vert pour ainsi répondre a vos plus grandes aspirations environnementales. Entre-temps, ayez un peu de vision et laissez la chance au coureur de vous prouver que vous avez tort. C’est tout le monde qui en ressortira plus fort et vous aurez le mérite d’avoir participé à mettre en place un évènement grandiose absent de gaz polluants et de bruits désagréables.

En conclusion

Quelle envolée oratoire mes amis. Le pire c’est que je n’ai consommé aucune substance avant d’écrire toutes ces lignes.

Lorsque le sport automobile repartira pour de bon à l’abri des restrictions sanitaires (justifiées ou non), allez encourager en grand nombre tous les artisans de ce beau sport qu’est la course automobile. Surveillez bien 360Nitro.tv pour tous les développements à venir !

Que les dieux bénissent les rois de la course et nous ramènent au plus vite à une vie plus normale !

Chroniqueur
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Archives de Francois Richard

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