Crédit photo :Éric Descarries

Petit «road trip» en Suzuki à Cuba

Essais routiers Éric Descarries
Ceux qui lisent régulièrement ce blogue savent que j’aime bien me rendre à Cuba quelques fois par année. Les plus loustics diront que je m’y rend surtout pour voir les vieilles américaines qui y roulent toujours alors que d’autres penseront que j’aime y aller pour reculer un peu dans le temps et y vivre une époque qui ressemble plus à celle de la fin des années cinquante. En vérité, c’est un peu des deux avec un léger besoin de profiter de la chaleur du soleil et des eaux entourant l’île. En ce qui a trait à la nourriture, contrairement à ceux qui reviennent de cette belle île mais qui en critiquent la cuisine, j’aurais deux ou trois petits conseils à vous donner. Mais j’y reviens plus tard. Si vous aimez les voitures anciennes, vous allez être servis. Toutefois, ne vous attendez pas à voir à Cuba des exemplaires parfaits des produits de Detroit des années cinquante. En effet, la plupart des vieilles américaines qui y roulent sont un peu comme des épaves en sursis. Tout d’abord, sachez que la grande majorité d’entre elles sont mues par un moteur diesel (parfois anémique et souvent fumant) provenant d’une auto européenne (surtout russe) ou d’une camionnette européenne ou asiatique. Peu d’entre elles ont toujours leur V8 d’origine avec la boîte automatique. Qui plus est, plus près des grands hôtels sur le bord de la mer, certaines de ces autos semblent être des cabriolets alors que ce sont plutôt des berlines ou des coupés auxquels on aura coupé le toit! Qu’importe, rouler à Cuba est tout un exercice car sur certaines routes qui devraient être rapides (90 ou 100 kmh), il faut composer avec les camions poids lourds (fort possiblement les véhicules les plus modernes sur l’’île puisqu’il s’agit souvent des Kenworth, Peterbilt ou International plutôt récents, propriétés de grandes entreprises étrangères dont certaines du Canada). Il y a aussi d’anciens camions de poids moyens des années cinquante reposant maintenant sur un châssis de camion russe, des pick-up américains tout neufs qui appartiennent aussi aux grandes entreprises étrangères, plusieurs petites voitures asiatiques (de plus en plus de chinoises!), ces vieilles américaines, quelques Lada et vieilles européennes, une ou deux voitures très récentes d’Europe ou des États-Unis et…des charrettes tirées par des chevaux ou de bœufs ou encore des vélos. Tout cela pêle-mêle sur la même route. On ne voit pas de vraies belles américaines des années cinquante ou si peu car, selon mon ami Gilbert Bureau, président du club des Voitures Anciennes du Québec qui réside à La Havane en hiver, les propriétaires des plus belles autos n’osent pas les sortir car 1-) ou bien ils n’ont pas les moyens de rouler ces autos ni d’en payer les assurances ou 2-) ils ne veulent pas se faire remarquer ou ils ne veulent pas endommager leur belle pièce. Néanmoins, qui n’a pas rêvé de rouler dans ce paysage presque paradisiaque? Faire un « road trip » à Cuba demeure un de mes rêves. Rouler de La Havane à Santiago de Cuba devrait être fascinant surtout si l’on a eu une leçon d’histoire cubaine avant d’attaquer la route car, semble-t-il, il y aurait plusieurs points d’intérêt à y voir. Y a-t-il quelqu’un intéressé à m’accompagner? Je me suis déjà rendu dans le nord-ouest de l’île il y a quelques années mais cela, c’était en autocar. Disons que ça ne compte pas. Aussi, encore une fois il y a quelques années, j’ai loué un petit Suzuki Jimny sur l’île de Cayo Largo (un pauvre petit cabriolet qui avait certes vu de meilleurs temps) mais cela ne compte pas non plus vu qu’il n’y a qu’une quinzaine de kilomètres de route sur cette île dont moins de la moitié pavés, le reste étant en sable durci. En passant, le Jimny est une version encore plus petite des Sidekick que nous avons connues chez nous dans le passé. La semaine dernière alors que j’étais en vacances à Varadero, je fus tenté par une activité appelée « Adventure Jeep » dans cette même région. Je m’y suis donc enregistré avec ma femme ne sachant pas trop dans quoi je m’embarquais. Un autobus est donc venu nous chercher à l’hôtel s’arrêtant à plusieurs autres hôtels pour y ramasser d’autres participants. Normalement, nous devions être deux couples à bord de chaque « Jeep » alors que nous allions partager le volant. Ironie du sort, notre guide me demanda si j’accepterais un couple qui ne pouvait conduire car les deux conjoints avaient laissé leur permis de conduire au Québec. Donc, on me présenta à Sylvain de Saint-Jérôme et à sa conjointe Nancy qui allaient s’avérer d’excellents compagnons de voyage. Autre ironie du sort, Sylvain était un camionneur! Mais il a accepté que je nous conduise tous les quatre toute la journée. « Aventures en Jeep » fut un bien grand mot. Tout d’abord, il en s’agissait pas de Jeep mais encore une fois de Suzuki Jimny à toit rigide (avec la climatisation) mû par un « anémique » moteur à quatre cylindres de 1,3 litre qui fait 84 chevaux combiné à une boîte manuelle à cinq rapports et à un système à quatre roues motrices sur demande par commande électrique…que nous n’allions jamais utiliser! J’avais donc le véhicule numéro un, le premier derrière notre (supposé) « trailmaster », un Cubain de forte taille avec le pied pesant qui ne semblait pas se rendre compte qu’un convoi de huit véhicules a trop souvent tendance à s’étirer ce qui laisse d’autres véhicules s’insérer dans les espaces. Les «Aventures en Jeep» se font en Suzuki Jimny ! (Photo Éric Descarries) J’attire ici votre attention sur le nom « Jeep ». Depuis des années, la division Chrysler de FCA fait des mains et des pieds pour que le nom Jeep ne soit pas galvaudé, pour qu’il ne soit utilisé que pour ses propres véhicules de marque officielle Jeep (d’ailleurs, ne voit-on pas le sigle de la marque frappé d’un C encerclé (©) suivre le mot Jeep?) et non pour identifier n’importe lequel véhicule tout-terrain. Semble-t-il qu’à Cuba, cette « loi » commerciale ne soit pas reconnue (serait-ce pour cela que Trump ne veut pas reconnaître Cuba?…je fabule!). Pire encore, j’y ai vu une compagnie concurrentielle utiliser aussi le terme « Jeep Adventures » avec de tout récents VUS chinois, des BAIC Beijing Jeep (!) BJ40 qui, ma foi, n’étaient pas mal du tout. Les BAIC Jeep BJ40 sont des VUS chinois mus par un quatre cylindres turbo de 2,3 litres qui fait 247 chevaux! Et ils sont vendus au Mexique! (Photo Éric Descarries) Nous avons donc quitté l’enclos des « Jeep »…pardon… des VUS de location (tous de couleur noire) pour aller d’abord de Varadero vers la ville portuaire de Matanzas. Mon Suzuki se conduisait avec grande facilité mais on ne peut dire qu’il s’agissait d’un « foudre de guerre » pour reprendre l’expression préférée d’un de mes distingués confrères. Malgré toute ma bonne volonté, j’avais peine à suivre notre « trailmaster » qui s’envolait déjà sur la grand-route. Il eut toutefois la grande délicatesse de ralentir pour que l’on prenne une petite route sur le bord de la mer où nous devions nous arrêter pour un peu de plongée en apnée. Je vous fais grâce des détails de cette escale pour reprendre la route une heure plus tard et enfin tourner sur un petit chemin de terre…Enfin, un peu de « off-road »….fausse joie, ce raccourci n’allait durer que deux ou trois minutes, le temps de revenir sur la route principale qui nous mènerait vers Matanzas. Mais avant d’y arriver, nous avons fait une autre escale où il y avait une caverne naturelle où l’on pouvait se baigner. Matanzas n’est pas une ville touristique mais plutôt une ville portuaire avec une tendance commerciale nous donnant une bonne idée de ce que représente la vie cubaine urbaine avec ses rues étroites, ses autobus vieillots (j’y ai déjà photographié un ancien bus bleu et argent de la Ville de Montréal affichant toujours le sigle de la STCUM de l’époque!) Matanzas, c’est aussi une foule de petits commerces difficiles à distinguer tant il y a de portes ouvertes donnant sur la rue avec à peine quelques petits écriteaux. Incidemment, j’ai du m’arrêter en quelque part donnant sur le parc publique central pour y sortir deux guêpes qui s’étaient invitées à bord. Les petites rues de Matanzas. (Photo Éric Descarries) Le parc central d’un des quartiers de Matanzas. (Photo Éric Descarries) Une fois repartis, nous nous sommes retrouvés en tournant à droite sur une route secondaire (tertiaire ?) qui allait nous mener d’abord au petit village de Corral Nuevo, une sorte de petit hameau que l’on ne pourrait retrouver sur un guide touristique. Décidemment, il y a toujours de petits villages pittoresques à Cuba, de petites places vraiment pas riches où il n’y a presque pas de voitures sauf quelques épaves (dans ce cas de Mercedes 190 des années quatre-vingt! Je vous le jure!) et des chevaux avec des charrettes. Attendez-vous à rencontrer toutes sortes de «véhicules» dans la campagne cubaine. (Photo Éric Descarries) Le petit village de Corral Nuevo. (Photo Éric Descarries) J’oubliais un petit détail ici. La route dite pavée s’était sérieusement dégradée de Matanzas à Corral Nuevo au point où il me fallut ralentir pour respecter le rythme des autres conducteurs derrière moi qui commençaient aussi à se demander où cela allait nous mener. Et notre « trailmaster » qui continuait de filer bon train! J’ai alors compris que l’aventure en Jeep (ou en VUS), c’était de voyager sur ces routes d’une autre époque, certes pires que celles du Québec. J’ai aussi compris pourquoi les pneus Bridgestone Dueler HT de mon petit véhicule (dont les ailes avant affichaient des chiffres à la craie de cire indiquant qu’elles avaient déjà été remplacées suite à un accident…peut-être (?) parce que le klaxon ne fonctionnait pas non plus!) étaient gonflés à bloc!. La situation allait s’empirer quand le dit « trailmaster » tourna à gauche sur une route de terre fortement érodée par des rigoles du passé qui ne permettaient pas alors de rouler trop vite…sauf pour notre « trailmaster ». Il y a tellement longtemps que je fais du « off-road » que j’ai appris à respecter ma mécanique. Tout semble indiquer que ce n’est pas son cas! La route d’accès à la ferme n’était guère plus carrossable. (Photo Éric Descarries) Nous en sommes donc arrivés à notre destination finale, un ranch où il y avait chevaux et plantations d’ananas et de canne à sucre. Un excellent repas typiquement cubain (soupe épaisse ressemblant à notre soupe aux poids, porc, riz, légumes) nous y attendait suivi de quelques activités. Votre humble serviteur avec «son» Suzuki…remarquez les ailes avec des chiffres faits à la craie de cire… (Photo via Éric Descarries) Évidemment, il nous a fallu reprendre le même chemin pour le retour et j’ai conduit tout le long du trajet…ce qui a fait mon affaire puisque je rêvais depuis longtemps de visiter la vraie campagne cubaine en tout-terrain. Enfin…le petit Jimny n’est peut-être pas le VUS tout-terrain rêvé des amateurs d’excursions hors-route mais je peux vous dire que c’est un petit véhicule robuste. La pollution à Cuba? Connaît pas… (Photo Éric Descarries) On y voit toutes sortes de véhicules à Cuba…(Photo Éric Descarries) Mais alors, pourquoi n’a-t-il jamais été commercialisé chez nous? Qui sait? Peut-être est-ce qu’il ne rencontrait pas certaines normes nord-américaines ? Ou peut-être que la demande pour de petits VUS « urbains » l’écartaient du marché local? Non, ce ne serait pas le concurrent idéal aux Honda HR-V, Toyota CH-R, Ford Eco Sport actuels car son comportement routier et surtout son confort sont d’une autre époque (plus ressemblante à celle de ma Jeep TJ…une vraie Jeep, celle-là!) mais il me semble que ce pourrait être un petit 4 x4 à prix très abordable qui pourrait plaire à de jeunes conducteurs débutants? À moins que leur téléphone portable leur serait plus attirant? En ce qui me concerne, j’ai bien aimé ma petite expérience de « road trip » cubaine qui, en fin de compte, aura duré un peu plus de 150 kilomètres. Si vous êtes en vacances dans la région de Varadero et que l’on vous propose cette petite excursion, n’hésitez pas à la prendre. Ce ne sera certes pas une vraie sortie « off-road » à la californienne mais vous y aurez du plaisir (et vous vous demanderez pourquoi Suzuki n’est pas demeurée en Amérique du Nord en offrant ce drôle de petit 4 x 4 presque rudimentaire). Quant à moi, cette expérience étant maintenant du passé, je vais me remettre à rêver à un autre « road trip »…peut-être de La Havane à Santiago de Cuba…

En ce qui a trait à la nourriture…

Chaque fois que je suis à Cuba, j’entends les réflexions des touristes ayant opté pour la formule « tout inclus ». C’est toujours la même remarque : « Ce n’est pas bon, ce n’est même pas mangeable » (pourtant, il y en a qui se bourrent littéralement la face, retournant deux ou trois fois au buffet!). Depuis quelques années, ma femme et moi (et mon frère avec sa compagne quand nous voyageons ensemble) avons adopté la formule dite européenne qui n’inclut que les déplacements en avion et le logement. Nous nous occupons donc de la nourriture en apportant quelques articles non périssables et en essayant de petits restaurants locaux dont les prix sont parfois ridicules et la nourriture excellente. Essayez donc un de ces petits restaurants la prochaine fois que vous êtes à Cuba. Peut-être y découvrirez-vous une gastronomie différente qui vous réconciliera avec Cuba?

Vus à Cuba…

Cette Dodge Custom Royal 1956 semblait originale…jusqu’à ce que je remarque les passages de roue arrière modifiés! (Photo Éric Descarries) Cette Oldsmobile du début des années cinquante connaît maintenant une deuxième vie…sur un châssis de camion. (Photo Éric Descarries) Cette Dodge 1959 serait-elle trop modifiée? (Photo Éric Descarries) N’est-elle pas superbe cette Chevrolet 1955 avec ses roues chromées, ses barres de traction arrière Edelbrock…et son moteur diesel ? (Photo Éric Descarries) Cette Mercury Montclair 1955 sert désormais de taxi… (Photo Éric Descarries) Au moins, cette Rambler 1958 semble originale…sauf pour le moteur diesel. (Photo Éric Descarries)

Le nouveau GMC Sierra 2019

À peine descendu de l’avion de Varadero, je me suis envolé le lendemain pour Detroit afin d’assister au dévoilement officiel de la toute nouvelle camionnette Sierra de GMC. Autrefois, les Sierra étaient les presque jumelles des Chevrolet Silverado. Mais, avec le temps et surtout avec ce nouvel engouement pour des pick-up de plus en plus personnalisés, les dirigeants de General Motors semblent vouloir que la marque GMC se distingue de Chevrolet et que, surtout, elle propose des véhicules de plus en plus originaux et, avouons-le, plus luxueux. Autrefois, GM aurait présenté de nouvelles Sierra au Salon de Chicago mais, ne voulant pas répéter l’expérience du dévoilement de la Silverado à Detroit (qui fut dilué par le dévoilement presque simultané des Ford Ranger et Ram redessinés), GMC a plutôt choisi de faire une présentation individuelle et unique de la nouvelle Sierra dans un complexe industriel de la Capitale de l’automobile. La décision fut certes la bonne car on constate, sur les photos que la Sierra affiche des lignes qui lui sont propres malgré le fait que le véhicule repose sur un châssis similaire à celui de la Silverado. On notera alors que le dessin général est agrémenté de sculptures de la carrosserie en « C », thème qui est répété plusieurs fois même au niveau des passages de roue. Évidemment, la mécanique semble être pareille, les dirigeants de GMC ayant annoncé la possibilité de V8 de 5,3 et 6,2 litres fortement révisés (sans, toutefois, en dévoiler la puissance) et de la disponibilité éventuelle d’un nouveau six cylindres en ligne turbodiesel de 3,0 litres. Ces moteurs viendront avec une nouvelle boîte automatique à dix rapports et avec la motricité aux quatre roues sur demande optionnelle. L’intérieur des Sierra sera différent de celui des Silverado mais il suivra également un thème semblable. Notons l’ajout d’un centre d’information central plus grand et plus élaboré et la possibilité de l’affichage à tête haute dans le pare-brise (une première pour le segment des camionnettes). Plusieurs autres détails viendront s’ajouter à la liste des accessoires disponibles à la Sierra dont des compartiments de rangement atteignables en ouvrant le dossier des sièges d’arrière. La nouvelle GMC Sierra 2019 fut dévoilée cette semaine lors d’une présentation privée à Detroit. (Photo Éric Descarries) Cependant, là où l’on note une grande différence, c’est au niveau de la caisse. Celle-ci (plus logeable que celle de la concurrence selon GMC) sera disponible avec un panneau arrière qui aura une ouverture supérieure pour permettre une accessibilité et une modulation de la caisse en plus de pouvoir se déplier, lorsque le panneau est rabattu, et former un véritable escalier. De plus, les présentateurs de GMC nous ont dévoilé le prototype d’une caisse en fibre de carbone très légère et virtuellement indestructible. On ne peut même l’égratigner ! Le panneau très modulable de la caisse des Sierra. (Photo Éric Descarries) Il ne s’agit ici que d’un premier contact avec la nouvelle Sierra 2019 qui sera surtout livrable en finitions de luxe SLT et Denali (celles-ci forment la majorité du marché des Sierra) car déjà, GMC nous a annoncé que d’autres détails importants viendront s’ajouter à la déjà très longue liste des spécifications de la Sierra au prochain Salon de l’auto de New York. Serait-il possible que l’on y présente une version hybride électrique? Ou encore une autre motorisation avec un quatre cylindres turbocompressé ou turbodiesel? C’est ce que nous saurons à la fin de mars! Pour lire le blog d'Éric Descarries