Crédit photo : Daniel Mailhot

La victoire n'a pas de prix !

Chroniques Joel Brulé
Le prix d'une victoire, un collant à 12 cennes! Combien d’entre vous avez déjà pris un moment pour analyser les sacrifices à faire pour accéder à une victoire? Que ce soit en modifié, sportsman, prostock ou tout autre catégorie, cela ne fait aucune différence. Une victoire est une victoire et elle n’a pas moins de valeur si elle est acquise dans une catégorie de soutien. La victoire est le but ultime à atteindre pour tous les pilotes c’est bien connu. Se couvrir de gloire, poser fièrement dans le cercle des vainqueurs, une entrevue sous la caméra, les applaudissements, les regards envieux et tout le tralala, voilà la motivation de TOUS les pilotes. N’est‑ce pas génial de vivre la satisfaction de la victoire? Assurément me direz-vous! Mais à quel prix? Crédit photo : Daniel Mailhot Plusieurs d’entre vous n’avez aucune espèce d’idée du travail nécessaire pour goûter à la victoire, ne serait-ce qu’une seule. Dans les garages, les passionnés qui composent les équipes de courses investissent temps, efforts et argent pour une seule cause commune, faire courir leur BÉBÉ! Les mécanos en herbe se couvrent de saleté, de sueur, de blessures, de coupures à la semaine longue par respect pour le sport qu’ils chérissent fièrement. Crédit photo : Daniel Mailhot Être pilote, c’est investir ses vacances d’été sur la voiture, c’est retarder son compte d’Hydro, c’est  manger du "Kraft Dinner" 2 jours en ligne pour pouvoir se permettre un seul pneu neuf. Être pilote de course c’est négliger sa conjointe, ses enfants, sa santé physique, mentale et financière. C’est mettre en péril des amitiés de longue date. C’est aussi risquer les réprimandes du patron, car moins performant en milieu de travail dû aux nuits blanches nécessaires pour réparer la voiture. C’est ça la réalité d’être pilote de course. Y avez-vous déjà pensé? Crédit photo : Daniel Mailhot Dans le cockpit grand comme une boîte de souliers, vient inévitablement un moment dément. Quand on mène la meute et qu’on passe sous le drapeau blanc, c’est le début de l’angoisse insoutenable. C’est à croire que SATAN déploie ses enfers dans ce foutu drapeau, MAUDIT DRAPEAU BLANC! Dès qu’on passe sous le drapeau maudit, on a l’impression que le moteur vient de perdre 200 chevaux, que la voiture vibre de partout et que des bruits inquiétants se manifestent soudainement. Crédit photo : Daniel Mailhot Batince qu’on se sent seul! Bientôt la courbe no 1 à négocier, on s’applique au travers de toute la nervosité qui nous habite. On a l’impression que la meute au grand complet rugit sur le "bumper" arrière à la sortie de la 2, au tour du "backstretch" maintenant, on tient l’accélérateur bien enfoncé et tout le travail fait dans le garage se déroule dans notre tête à la vitesse de l’éclair. Ai-je oublié un boulon? Oublié de mettre de l’huile dans le différentiel? Oublié de bien serrer les roues? Ai-je assez de "gaz dans la maudite tank"? Crédit photo : Daniel Mailhot La courbe 3 maintenant, DÉJÀ! L’oxygène se fait rare, le cœur bat à tout rompre, les mains qui tremblent sur le volant, l’espace dans le cockpit semble vouloir se refermer contre la combinaison ignifuge. OUF! Difficile de garder la ligne et un bon rythme quand nos mais tremblent comme des feuilles.  Et pourtant, à la sortie de la 4, ce dernier tour maudit s’achève enfin. L’enfer s’adoucit au rythme des chevaux-vapeur que produit le moteur hurlant sous le capot. La voiture s’avance enfin vers le quadrillé sans honte ni complexe pour enfin se fusionner avec le drapeau "carreauté". Enfin, c’est gagné! Toutes les douleurs, les plaies qui recouvrent nos mains se libèrent au relâchement de l’accélérateur. OH MY GOD! C’est le plus beau soir de l’été! La bière va être bonne en TA ! Crédit photo : Daniel Mailhot Dans le cercle du vainqueur, on se couvre d’accolades et les guerriers qui composent l’équipe se gonflent de fierté. L’entrevue sous la caméra de 360nitro, les remerciements d’usages, la joie de la victoire sont tous réservés au gagnant ultime. Reste l’inspection technique, encore une petite frayeur à gérer. Crédit photo : Daniel Mailhot Rien n’est encore officiel, manque le collant, LE FAMEUX COLLANT! Comme un tampon sur un acte notarié, le collant "FEATURE WINNER" représente la coupe Stanley du "char de course". Le bref moment que prend la pose du COLLANT, ce que l’on ressent, c’est indescriptible... ça goûte le ciel! Je vous dis, une puissante drogue ce fameux COLLANT. Quand on pense qu’il coûte à peine 12 cennes à produire. Une vraie folie ! Je m’adresse donc à vous fins connaisseurs de course, avez-vous déjà imaginé que c’est ça être pilote? Sachez que derrière chaque victoire se cache une multitude de détails, d’inconnus, de sacrifices qui font de chacune d’elles un moment unique. Mais la magie du COLLANT à 12 cennes nous y ramène encore et toujours.
Joel Brulé
Chroniqueur
360nitro.tv